Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Traversées christiques - Page 43

  • La clef du royaume (2)

    Saint Paul affirme mystérieusement que notre souffrance sert à compléter ce qui manque à la Passion du Christ. Si saint Paul ne l'affirmait solennement, jamais je ne croirais qu'il puisse manquer quelque chose à la Passion du Christ. Mais apparemment Dieu qui nous a créés libres, ne veut pas opérer sans nous l'oeuvre de notre salut. Il veut que chacun apporte sa propre pierre à l'édification de cette immense cathédrale de la souffrance que constitue la Passion du Christ, qui, dans la chair et l'âme de ses amis, se poursuit à travers les siècles. Quand le monde finira, alors seulement la cathédrale sera achevée. La douleur et la mort sont donc un moyen de nous conformer au Christ, de prendre sa figure, de nous identifier mystérieusement à lui afin qu'au moment voulu nous participions aussi à sa Gloire, à la joie sans rivages qui est éternellement sienne. Dans le  christianisme authentique, la souffrance et la mort, surtout l'acceptation libre de la souffrance et de la mort, sont un moyen, mais ne sont qu'un moyen. Si elles deviennent but, elles sont chrétiennement suspectes. La joie seule est notre destinantion finale.  

     

    R.L Bruckberger - La Révélation de Jésus-Christ - Grasset, 1983 

  • La clef du Royaume (1)

    Le véritable patron de notre monde moderne, celui qui lui tend le miroir prophétique de sa conversion possible, c'est le bon larron, si près de la piété russe traditionnelle.

    - Seigneur, souvenez-vous de moi, quand vous serez dans votre paradis !

    - En vérité, en vérité, je te le dis, aujourd'hui même, tu seras avec moi au paradis ! 

    Il me semble que Jésus ne pouvait dire plus clairement que du moment qu'on est sur la croix, la clef est déjà introduite dans la serrure du paradis, à la condition bien entendu que cette croix soit acceptée et même aimée. Car enfin le mauvais larron est dans la même situation que le bon larron, et il blasphème jusque sur la croix. N'oublions jamais que le seul saint canonisé par Jésus-Christ est un bandit de grands chemins, justement puni pour ses crimes. Mais il accepte de plein coeur - et c'est là qu'il est antimoderne - et son châtiment, et sa souffrance, et sa mort, parce qu'il a deviné que la croix sur laquelle il est cloué est la clef même du paradis dont son voisin de supplice est le Seigneur.

    Non ! Mille fois non ! le christianisme n'est pas un dolorisme, ni un sadisme, ni un masochisme, ceux qui le disent mentent. C'est littéralement la religion de la joie et de la Gloire, puisqu'il est la religion de la Vie et de son épanouissement, il est vrai, sur-naturel. Il place très haut cette joie, il situe très haut cette Gloire, sur des sommets naturellement inaccessibles, dont le seul Christ nous a ouvert le sentier escarpé. Entre d'une part cette joie et cette Gloire et d'autre part nous, nous autres hommes, il y a des obstacles à franchir : notre nature même, paradoxale, animale et spirituelle, enfant de la terre et du ciel, de plain-pied avec ce que ce monde a d'éphémère, et en même temps ouverte sur un infini de désir. Et cette nature humaine elle-même n'est pas intacte, elle est blessée, affaiblie, claudicante, atteinte dans ses forces vives par le péché dont le fruit est la mort. Je sais bien que cette conception de l'homme ne correspond à aucune des données actuelles de la science : la science ne connaît pas le péché et ne peut pas le connaître, et elle hait la mort qu'elle est pourtant bien obligée d'admettre.  

     

    R.L Bruckberger - La Révélation de Jésus-Christ - Grasset 1983 

  • Il s'est approché de nous

    A mon sens, l'incarnation de Dieu est une révolution de la vision humaine sur Dieu. Il n'est pas seulement un personnage lointain ; il s'est manifesté en Jésus. Il est devenu visible ; on peut le connaître ; il s'est lié à l'homme ; il me rencontre "les yeux dans les yeux". Il m'est possible de le connaître dans le visage d'un homme. Dieu est descendu sur cette terre pour sauver la totalité de la terre. (...)

    En Jésus, Dieu est entré dans l'histoire humaine - ainsi que bien sûr dans l'histoire du mal. Il a connu la souffrance humaine dans son corps. Il a appris ce qu'était la souffrance.

    Telle est la vision révolutionnaire sur Dieu qui nous distingue des images divines des autres religions. Dieu n'est pas le personnage lointain inaccessible qui - selon la description qu'en font les Grecs - est insensible à la souffrance. Au contraire, il s'est fait homme et il a assumé lui-même toute souffrance humaine.

    Précisément, ce fut pour Dietrich Bonhoeffer l'essence du christianisme : " Les chrétiens sont avec Dieu dans sa passion." Voilà ce qui distingue les chrétiens des païens : "Ne pouvez-vous pas veiller une heure avec moi ?" demande Jésus à Gethsémani. C'est l'inversion de tout ce que l'homme religieux attend de Dieu. L'être humain est appelé à souffrir la souffrance de Dieu pour le monde sans Dieu."

    Depuis son incarnation, Dieu nous rencontre dans chaque visage humain. Il nous rencontre précisément dans les démunis et les pauvres. Cela est aussi une révolution de l'image de Dieu ; il ne s'est pas retranché quelque part dans le ciel : il s'est approché de nous. Et Dieu n'est pas insensible, mais c'est quelqu'un qui est entré dans notre humanité et qui a éprouvé dans son propre corps tous les sentiments humains.

    (...)

    L'expérience chrétienne de Dieu a toujours un aspect sensible et corporel. Cela nous différencie, nous les chrétiens, des autres religions (...)

     

    Anselm Grün - La foi des chrétiens - Desclée de Brouwer 2008

  • Le christianisme c'est le Christ

    Durand son séjour à Berlin, Romano Guardini avait été en contact avec la Maison de Bouddha. C'est pourquoi il a travaillé sur l'essence du christianisme justement pour montrer sa différence avec le bouddhisme. Bouddha est l'éveillé qui a trouvé la voie qui conduit à l'illumination et à la délivrance de la souffrance de ce monde. Mais dès que ses disciples sont à leur tour éveillés, ils n'ont plus besoin de leur maître.

    Dans le cas du Christ, il en va autrement. L'essence du christianisme consiste dans la relation permanente à Jésus-Christ. Guardini  cite les nombreux passages bibliques où Jésus fait dépendre les hommes de sa relation à lui-même. C'est avant tout dans l'évangile de saint Jean que la relation de Jésus et la foi qui voit en lui le Père est la dimension déterminante du christianisme : « Je suis la Lumière du monde. Qui me suit, ne marchera plus dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». (Jn 8,12)

    Jésus se compare à la vigne et il nous compare aux sarments. C'est seulement si nous demeurons en lui que nous portons du fruit. Certes, il le dit davantage encore : « Qui demeure en moi et celui en qui je demeure, celui-là porte du fruit ; car sans moi vous ne pouvez rien faire »  (Jn 15,15)

    Jésus est le fondement intime qui nous fait vivre. Il nous conduit dans toutes les virtualités de notre âme. Et c'est seulement si nous vivons de sa source interne que l'amour féconde notre vie. Dans la première Lettre de Jean, cette relation à Jésus est vue comme la condition du salut : « Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu. Et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu »(1 Jn  4,2 s.) Et peu après, Jean déclare de façon encore plus explicite : « Celui qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu » (1 Jn 4,15)

    Après avoir cité tous ces passages bibliques, Guardini  tire la conclusion suivante : « Il n'y a pas de doctrine ni de système de valeurs morales, ni d'attitude religieuse ni de programme de vie qui pourrait être détaché de la personne du Christ et dont on pourrait dire : voilà le christianisme. Le christianisme c'est Lui-même ; ce qui par lui parvient à l'homme et la relation que par lui l'homme peut avoir avec Dieu[1]. »

     

    Anselm Grün- La foi des chrétiens - Desclée de Brouwer 2008

     


    [1] Romano Guardini, L'Essence du christianisme, Alsatia, 1950, trad. Pierre Lorson, p. 87

  • La légalité du côté du crime

    Ils avaient devant les yeux, en chair et en os, Celui dont toutes leurs Ecritures, où ils s'usaient les yeux, parlaient, et elles ne parlaient que de lui. Ils avaient devant les yeux Celui qui était la finalité et l'accomplissement de la Loi, cette Loi dont ils étaient les docteurs et les gardiens. Ils avaient devant les yeux le Dieu d'Israël lui-même, pour lequel ils avaient construit le Temple, à qui ils immolaient des victimes prophétiques, mais sa Divinité était voilée par une humanité comme jadis la face éblouissante de Moïse leur apparaissait cachée par un voile.

    Ils ne le reconnurent pas. Ils l'ont tué.

    Le moins qu'on puisse dire - et cela est de la plus haute importance pour définir exactement les ennemis de Jésus-Christ dans n'importe quelle société - est que le meurtre de Jésus n'est absolument pas un crime crapuleux, un meurtre de chenapans. Il ne fut pas davantage un crime révolutionnaire, commis par une foule en délire. Il ne fut pas un crime du peuple comme les exécutions de la Commune. Il fut un crime de ce que les Anglais appellent l ' establishment. Comme le meurtre de Jeanne d'Arc, qui lui ressemble à tant d'égards, ce fut un meurtre prémédité, hautement motivé, crime de notables et de juristes, crime de prêtres et d'intellectuels, avec tous les raffinements d'une mise en scène éléborée, infiniment respectueuse des formes et des formalités. A part la canaille qu'on retrouve autour de toutes les exécutions, qui n'a rien à voir avec le peuple, et qui n'est là que pour hurler avec les loups, le peuple d'Israël que Jésus avait aimé, qui l'avait acclamé, n'était pas là : il fut mis par ses élites devant le fait accompli. Il en fut consterné.

    Une fois de plus dans l'histoire - mais cette fois-là fut de conséquence infinie - les élites ont trahi à la fois leur vocation propre et le peuple dont elles avaient officiellement charge et responsabilité. Une fois de plus dans l'histoire la légalité était d'un côté, la légitimité de l'autre. Et la légalité fut du côté du crime. Une fois de plus.

     

    R.L Bruckberger - La Révélation de Jésus-Christ - Grasset 1983

  • Les fondements

    Pourquoi est-ce que nous croyons ?

    Parce qu'on nous a élevé comme cela ?

    Parce que cela aide à supporter la vie, la souffrance ?

    Et si moi je n'ai pas été élevé comme cela ?

    Et si moi je n'ai pas besoin de cela pour supporter la vie, pourquoi est-ce que je crois ?

    Je crois parce qu' il y a eu, dans l'histoire de l'humanité, ce matin de Pâques où une femme, des femmes, des hommes, ont reconnu, ont constaté vivant ce Maître que, la veille, ils avaient vu mort.

    Je crois parce qu'il y a eu le cri de ces premiers témoins. Parce que Marie a crié cela. Parce que Thomas a crié cela. Parce que Pierre et Paul, et Jean et tous les autres, chacun à leur manière, au Cénacle, sur les routes, au bord  du lac, parce que tous ont crié cela : «C'est le Seigneur ! C'est le Seigneur ! » (Jn 21, 7).

    La réalité de ma foi, elle est là d'abord, dans le témoignage irrécusable de ces premiers témoins.

    À eux Dieu s'est montré.

    A eux Dieu a parlé : « Ce que nous avons  entendu, vu, touché du Verbe de Vie. »

    À eux a été confiée cette mission de dire aux autres hommes cette parole qu'ils avaient entendue, ces choses qu'ils avaient vues, touchées, contemplées.

    Lorsque nous souffrons, dans notre foi ;

    lorsque nous nous demandons si nous croyons encore et pourquoi nous croyons, c'est à la réalité de ces premiers témoignages apostoliques que nous devons revenir.


    P.J Houyvet - « Jésus, que ma joie demeure » Ed. du Cerf, 1994

     

  • Le souci du Royaume

    Les paraboles du trésor et de la perle nous révèlent une des exigences les plus profondes du Royaume. Le Royaume n'est pas quelque chose qui puisse être simplement surajouté à notre vie personnelle, même en prenant encore une grande part de notre pensée et de notre activité.

    On a le vrai  souci du Royaume que lorsque ce souci domine tout. Le Royaume est absolu : il ne souffre pas le plus et le moins. Il n'est pas quelque chose que l'on possède à moitié, ou à quoi l'on fait une part. On ne le possède que lorsque tout a été abandonné pour lui.

     

    Yves de Montcheuil - Le Royaume et ses exigences - Ed. de l'Epi, 1959

     

  • Comme le paralytique

    L'Evangile est le livre de la vie du Seigneur. Il est fait pour devenir le livre de notre vie.

    Il n'est pas fait pour être compris, mais pour être abordé comme un seuil de mystère. Il n'est pas fait pour être lu, mais pour être reçu en nous.

    Chacune de ses paroles est esprit et vie. Agiles et libres, elles n'attendent que l'avidité de notre âme pour fuser en elle. Vivantes, elles sont elles-mêmes comme le levain initial qui attaquera notre pâte et la fera fermenter d'un mode de vie nouveau.

    Les paroles des livres humains se comprennent et se  soupèsent.

    Les paroles de l'Evangile sont subies et supportées. Nous assimilons les paroles des livres. Les paroles de l'Évangile nous pétrissent, nous modifient, nous assimilent pour ainsi dire à elles. Les paroles de l'Évangile sont miraculeuses. Elles  ne nous  transforment pas parce que nous ne leur demandons pas de nous transformer. Mais, dans chaque phrase  de Jésus, dans chacun de ses exemples demeure la vertu foudroyante qui guérissait, purifiait, ressuscitait. A la condition d'être, vis-à-vis de lui, comme le paralytique ou le centurion ; d'agir immédiatement en pleine obéissance.

    L'Évangile de Jésus a des passages presque totalement mystérieux. Nous ne savons pas comment les passer dans notre vie. Mais il en est d'autres qui sont impitoyablement limpides.

    C'est une fidélité candide à ce que nous comprenons qui nous conduira à comprendre ce qui reste mystérieux.

    Si nous sommes appelés à simplifier ce qui nous semble compliqué, nous ne sommes, en revanche, jamais appelés à compliquer ce qui est simple.


    Madeleine Delbrel - La joie de croire - Seuil 1968

     

  • Tenir à Jésus-Christ

    Qui peut dire jusqu'où il a connu Jésus-Christ ? Ce sont des confidences qu'on ne peut pas faire et qu'il vaut mieux ne pas faire, de peur d'être de ceux qui, lors de son avènement, auront la confusion d'être plus éloignés de  lui qu'ils ne le croyaient (cf. 1 Jn 2,28) !

    Mais la foi chrétienne  consiste au moins humblement en ceci : tenir à Jésus-Christ par un attachement qui, si je m'interroge à son sujet (et je dois m'interroger, tirer au clair, devenir honnête à l'égard des autres et de moi-même) ne peut se ramener à l'attachement d'une habitude, d'une curiosité, d'un malentendu  ou de quoi que ce   soit de ce genre. Je devrais  presque dire : « quelque chose en moi tient à Jésus-Christ », mais quelque chose de si profond que, sans l'élucider tout à fait, j'y tiens à mon tour comme à un morceau précieux de ma personnalité, comme à une chance de mon destin et à une  réponse pour mes attentes. (...)

    Il est possible que Dieu-avec nous, cela veuille dire des choses bien plus immenses que tout ce qui s'en est dit et répété jusqu'ici, et que cela contienne un avenir encore inconnu dont les siècles précédents n'ont pas soupçonné les dimensions ni les horizons. Mais cette immensité, je le sais, c'était déjà l'abîme qu'était la personne de Jésus de Nazareth et que l'on côtoyait, bousculait, interpellait sans le connaître ; et cet avenir n'est autre que la continuation de son histoire personnelle, l'explicitation d'une Parole qu'il a commencé d'exprimer par sa seule existence, une certaine nuit à Bethléem.

    N'est-ce pas lui qui avait prévenu ses disciples, par ces mots dont l'énigme me poursuit mais, dont je crois pressentir la portée : « J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant » (Jn 16,12) ?

    A-M. Besnard - Un certain Jésus - Ed. du Cerf, 1968

  • Pour vous qui suis-je ?

     

    Les uns l'évacuent à force de ne faire de Jésus que le « personnage officialissime » du christianisme : tant de crucifix banalisés qui, à des yeux trop habitués, ne disent guère plus à l'âme religieuse que le buste de Marianne, dans nos mairies, ne peut dire à la conscience civique de la plupart des citoyens !

    A force d'être un personnage, dont on n'a pas même l'idée de se représenter qu'il a dû dormir, manger, se laver, saluer les voisins dans le petit matin, porter le bois, allumer le feu, Jésus devient une espèce d'abstraction personnifiée, et combien de chrétiens ont même honte de ce nom qu' il  porte, et qui leur semble vaguement ridicule au point de ne jamais le prononcer et d'éprouver je ne sais quelle gêne quand on le prononce autour d'eux !

    Les autres évacuent l'humanité de Jésus à force de le considérer simplement comme Dieu qu'ils  vénèrent et qu'ils invoquent. Dieu sous une forme humaine, mais cette forme humaine n'est guère plus qu'un vêtement provisoire, et presque superflu. Pour ceux-là, l’Évangile se perd encore en trop de récits et de détails, auxquels d'ailleurs ils ne s'intéressent nullement. Ils imaginent vaguement que, puisqu' il était  Dieu, Jésus  a dû vivre sa vie terrestre dans des conditions assez spéciales de facilité, de merveilleux, de supériorité absolue. Un peu comme pour    l'enfant, ces héros aux pouvoirs insoupçonnés, et dont les histoires se terminent toujours bien. Et ne faut-il pas dire qu'il y a, dans cette manière si répandue de vivre la foi chrétienne, des restes d'infantilisme religieux ?

    La foi est autrement grave ! Elle n'a de sens que  si elle assume toute la réalité de Jésus de Nazareth. Elle ne peut se contenter de dire : Dieu s'est fait homme. Elle doit affirmer : Dieu s'est fait ce Jésus. D'une manière ou d'une autre, il lui faut franchir le « mur du scandale », en deçà duquel elle peut avoir belle apparence mais n'est encore que croyance trop humaine. Ce  mur du scandale, les contemporains de Jésus en ont très fortement perçu l'existence, et même les disciples s'y sont heurtés.

    Parmi ceux qui n'ont pu le surmonter, se trouvent  les compatriotes mêmes de Jésus, les gens de Nazareth. Il faut nous mettre à leur place, un instant - et même longuement. Ils l'ont trop connu, ce Jésus, comme l'un des leurs ! Ils ont trop vécu avec lui, trente années durant, dans les relations étroites d'un si petit village, pour ne pas être stupéfaits de ce qui surgit, un jour, d'extraordinaire en cet homme si familier. La Nazareth actuelle, véritable ville en pleine expansion israélo-arabe, ne peut plus nous donner l'idée de la minuscule bourgade du 1er siècle perdue sur sa colline.

     

    Albert-Marie Besnard - Un certain Jésus - Ed. du Cerf, 1968

     

  • Celui qui me suit (5)

    C‘est parce que notre cœur est dépourvu d’attente que les puits de solitude dont sont parsemées nos journées nous refusent l’eau vive dont ils débordent.

    Nous avons la superstition du temps.

    Si notre amour demande du temps, l’amour de Dieu se joue des heures et une âme disponible peut être bouleversée par lui en un instant.

    «  Je te conduirai dans la solitude et je parlerai à ton cœur. »

    Si nos solitudes sont pour nous mauvaises adductrices de la Parole, c’est que notre cœur est absent.  

    Il n’y a pas de solitude sans le silence. Le silence, c’est quelquefois se taire, mais le silence, c’est toujours écouter.

    Une absence de bruit qui serait vide de notre attention à la  Parole de Dieu ne serait pas du silence. Une  journée pleine de bruits et pleine de voix peut être une  journée de silence si le bruit devient pour nous écho de la présence de Dieu.

    Quand nous parlons de nous-mêmes et par nous-mêmes, nous sortons du silence. Quand nous répétons avec nos lèvres les suggestions intimes de la parole de Dieu au fond de nous, nous laissons le silence intact.  Le silence n’aime pas la profusion des mots.

    (…)

    Le silence est charité et vérité

    Il répond à celui qui lui demande quelque chose, mais il ne donne que des mots chargés de vie (…)

    On ne peut se donner quand on s’est gaspillé. Les paroles vaines dont nous habillons nos pensées sont un constant gaspillage de nous-mêmes.

     

     

    Madeleine Delbrel – « Nous autres, gens des rues » Seuil 1966

  • Celui qui me suit (4)

     

    La vraie solitude, ce n’est pas l’absence des hommes, c’est la présence de Dieu. (…)

    A celui qui consent cette rencontre solitaire avec Dieu, Dieu donne en surplus la solitude de l’homme. Il nous fait comprendre que, soustraction faite de ses dons, de ses impulsions, de ses vouloirs, il ne reste plus qu’une sorte de pâte commune faite d’un même néant et d’un même péché où l’homme ne voit dans les  autres  hommes qu’un triste et monotone prolongement de lui-même.

    (…)

     

    Nos minuscules solitudes sont aussi grandes, aussi exaltantes, aussi saintes que tous les déserts du monde, elles sont habitées par le même Dieu, le Dieu qui fait la solitude sainte.

    Solitude de la rue noire qui sépare la maison du métro, solitude d’une banquette où d’autres êtres portent leur part du monde, solitude des longs couloirs où coule le flot courant de toutes les   vies en route vers une nouvelle journée. Solitude de quelques minutes où, accroupi devant le poêle, on attend la flamme du petit bois avant de mettre le charbon ; solitude de la cuisine devant la bassine aux légumes. Solitude à genoux sur le plancher que l’on frotte, dans l’allée du jardin où l’on cherche un pied de salade. Petites solitudes de l’escalier monté et descendu cent fois par jour. Solitudes des longues heures de lessive, de raccommodage, de repassage. Solitudes que nous pourrions redouter et qui sont l’évidement de notre cœur : aimés qui s’en vont et qu’on voudrait garder ; amis que l’on attend et qui ne viennent pas ; choses qu’on voudrait dire que personne n’écoute, étrangeté de notre cœur parmi les hommes.

     

    Madeleine Delbrel – « Nous autres, gens des rues » Seuil 1966

  • celui qui me suit (3)

    Si notre vie est si bourrée par nos devoirs que les pauses y soient impossibles, si nos enfants, un mari, la maison, le travail envahissent presque tout, elle veut que nous croyions assez en elle, que nous la respections assez pour savoir que sa force divine lui fera toujours de la place. Alors nous la verrons luire pendant que nous marchons dans la rue, pendant que nous façonnons notre travail, pendant que nous épluchons nos légumes, que nous attendons la communication téléphonique, que nous balayons nos  parquets, nous la verrons luire entre deux phrases de notre prochain, entre deux lettres à écrire, quand nous nous réveillons et quand nous nous endormons.

    C’est qu’elle aura trouvé sa place, un cœur d’homme pauvre et chaud pour la recevoir.

     

    Madeleine Delbrel – « Nous autres, gens des rues » Seuil 1966

  • Celui qui me suit (2)

    La révélation de l’Évangile est esprit et vie. Elle demande à qui veut la recevoir l’audience de son esprit et de sa vie. Nous pensons souvent à lui donner la «  lettre » de notre existence, du temps, de la solitude matérielle, des évasions. Quand notre mode d’existence nous en empêche, nous croyons volontiers que l’Évangile n’est pas pour nous, ou que seul est pour nous un Évangile mutilé ou falsifié.

    Volontiers nous laisserions à ceux qui ont opté pour le désert la plénitude d’un message qui a été vécu et prêché dans l’épaisseur la plus intime du monde.

    Or ce sont toutes nos vies qui sont appelées à être « évangélisées », qui ont la vocation de recevoir la Parole entière de Jésus-Christ. Mais elles ne peuvent la recevoir que si elles se donnent en tant qu’elles-mêmes, en tant que vies, en tant que nos vies. Elles  ne peuvent la recevoir que si elles se donnent avec la totalité  leurs énergies intérieures, avec tout ce qu’il y a de moteur en elles, avec tout leur esprit.

    C’est dans notre vie que, du matin au soir, coule entre les rives  notre maison, de nos rues, de nos rencontres la parole où Dieu veut résider.

     

    C’est dans notre esprit qui nous fait nous-mêmes à travers les actes de notre travail, de nos peines, de nos joies, de nos amours, que la parole de Dieu veut demeurer.

    La phrase du Seigneur que nous avons arrachée à l’Evangile (…) dans une course de métro, ou entre deux travaux de ménage, ou le soir dans notre lit, elle ne doit plus nous quitter, pas plus que ne nous quitte notre vie ou notre esprit. Elle veut féconder, modifier, renouveler la poignée de main que nous aurons à donner, notre effort sur notre tâche, notre regard sur ceux que nous rencontrons, notre réaction sur la fatigue, notre sursaut devant la douleur, notre épanouissement dans la joie.

    Elle veut être chez elle partout où nous sommes chez nous.

    Elle veut être nous-mêmes partout où nous sommes nous.  

     

    Madeleine Delbrel – « Nous autres, gens des rues » Seuil 1966

  • Celui qui me suit (1)

    Le secret de l’Évangile n’est pas un secret de curiosité, une initiation intellectuelle ; le secret de l’Évangile est essentiellement une communication de vie. La lumière de l’Évangile n’est pas une illumination qui nous demeure extérieure : elle est un feu qui exige de pénétrer en nous pour y opérer une dévastation et une transformation. Celui qui laisse pénétrer en lui une seule parole du Seigneur et qui la laisse s’accomplir dans sa vie, connaît plus l’Évangile que celui dont tout l’effort restera méditation abstraite ou considération historique.

    L’Évangile n’est pas fait pour des esprits en quête d’idées. Il est fait pour des disciples qui veulent obéir. L’obéissance demandée au disciple de Jésus-Christ agenouillé devant la parole et l’exemple de son maître, n’est pas une obéissance discursive, raisonneuse, interprétative ; elle est une obéissance d’enfant revenu à son ignorance radicale de créature, à son aveuglément universel de pécheur.

     

    Madeleine Delbrel – « Nous autres, gens des rues » Seuil 1966

  • Souffrances

    Ainsi, de quelque côté que je me tourne, je ne vois personne qui  s'attache à écouter la plainte de Jésus pour sa souffrance et le sentiment  de sa faiblesse dans la tentation.

    Bien plus, il faut prendre conscience que si Jésus est vraiment Fils de Dieu, cette souffrance toute humaine, est une tentation qui est lancée à Dieu lui-même.

    Ce n'est donc nullement de la curiosité qui m'a fait relire les évangiles dans cette lumière, mais le désir d'approfondir la relation du Fils et du Père, et ce faisant apprendre à mieux connaître le Père.

    Ce n' est pas non plus pour émouvoir les âmes  sensibles que j'écris ces pages, et nous atteignons ici un autre aspect sérieux de ma petite recherche.

     

    Quand je parlerai de la souffrance de Jésus, il ne s'agira en aucun cas de faire une «théologie de la souffrance».

    Il ne s'agit pas d'une participation aux souffrances de Jésus. Mais, tout au contraire de la participation de Jésus le Christ, à nos propres souffrances.

    De même je ne vais pas réécrire l'Evangile des souffrances de Kierkegaard. Il y a certes là beaucoup de belles choses, mais c'est pourtant un des rares livres de Kierkegaard auquel je n'apporte pas une pleine adhésion.

    Je crois que Jésus souffrant n'est en rien une bonne nouvelle pour lui. Pour nous, voici Jésus infiniment plus proche, et nous communions par nos souffrances à sa souffrance ! Mais surtout n'allons pas plus loin. Le fait d'apprendre que Jésus a souffert ne doit pas nous entraîner à vouloir souffrir.

     Jacques  Ellul - « Si tu es le Fils de Dieu » EBV/Le Centurion 1991

  • le social et le spirituel

    Un paradis social peut être un enfer spirituel ; - auquel cas, d'ailleurs, il cesserait bien vite d'être même  un paradis social. Il peut être aussi tout simplement un désert spirituel, et s'il dure, alors ce ne peut être  qu'au bénéfice d'une humanité diminuée, atrophiée.

    Aussi tout comme il y aurait hypocrisie à négliger l'oeuvre sociale tant que n'est pas accomplie l'oeuvre, jamais achevée, d'éducation spirituelle, tout de même il serait inhumain de laisser ignorer à l'homme sa plus haute noblesse, de le détourner de lui-même et d'étouffer en lui la nostalgie de sa patrie divine tant que n'est pas achevée l'indispensable oeuvre sociale, - elle-même sans doute à jamais inachevable. Il faut appliquer ici, tout en la retournant, la consigne marxiste selon laquelle doivent s'épauler réciproquement l'action révolutionnaire et la lutte antireligieuse en vue de la libération totale.

    Les deux efforts, social et spirituel, doivent aller de pair. Chacun est garant du sérieux de l'autre et de son authenticité. Sans le souci de ses conséquences sociales et temporelles, la vie spirituelle est faussée ; sans approfondissement spirituel, tout progrès social demeure indigne de l'homme et peut finalement se retourner contre lui. Dieu, pour qui l'homme est fait, ne peut être atteint que par leur convergence.

     

    H. de Lubac - Paradoxes - Cerf, 1999

  • surmonter ce scandale

    (186)... Il n'y a pas de sentence de l'Evangile qui exprime mieux le conflit de Jésus avec les chefs de sa nation que cette Béatitude : " Bienheureux pour qui je ne suis pas un objet de scandale ! " De toutes les béatitudes évangéliques, elle est l'assise. Nul n'obtient la béatitude éternelle, pour laquelle il a été créé et mis au monde, s'il ne surmonte ce "scandale" qui est consubstantiel à la personne de Jésus.

    On croit que ce fut facile de suivre Jésus. Ce ne fut pas facile.

    Les autorités et la mode étaient contre lui. Toutes les autorités, aussi bien civiles que religieuses, qui d'ailleurs en Israël étaient les mêmes. Evidemment il y avait les miracles, mais les pharisiens les attribuaient à Belzébuth. Au reste les miracles n'ont jamais convaincu ceux qui se disent des " esprits forts ". Les miracles, même aujourd'hui, ajoutent le scandale au scandale.

    Je voudrais insister sur le scandale propre à Jésus, absolument propre et inaliénable, singulièrement révélateur. Ce n'est pas ce qu'il dit qui est le plus scandaleux, ce n'est pas ce qu'il fait - bien que tout cela le soit beaucoup -  c'est ce qu'il est, ce qu'il est toujours et éternellement.

    Ses ennemis pourraient transiger sur bien des choses, trouver des interprétations restrictives ou, comme on dit, "bienveillantes".  Mais sur l'essentiel il n'y a aucun compromis possible ; sur ce qu'il est, il n'y a aucune interprétation restrictive qui tienne.

    Dans l'Evangile de Jean (chapitre 11), et tout de suite après l'épisode de la Samaritaine, on le voit bien.  Cette fois-ci on est entre Juifs, à Jérusalem, au cours d'une fête religieuse et le jour du Shabbat. Jésus fait un miracle : il guérit un homme paralytique depuis trente ans, lui commande de se lever, de marcher, de rentrer chez lui en emportant son grabat(187) Or la loi du Shabbat est stricte, aggravée encore par la jurisprudence tatillonne des pharisiens : il ne faut rien porter le jour du Shabbat, c'est la loi du Seigneur, et il n'y aurait que Dieu qui pourrait relever de la Loi édictée par lui. Nous vivons dans une société tout entière modelée sur le sacré, qui se mobilise entièrement et instantanément contre celui qui ose outrager ce qu'elle a de suprême, la Loi de son Dieu.

    Jésus est un bon Juif. Pendant trente ans dans son village il a donné l'exemple de la piété et de l'observance de la Loi : qu'est-ce qui le prend aujourd'hui de la transgresser délibérément ? S'il est monté de sa Galilée lointaine, c'est bien pour célébrer une fête rituelle, et pour la célébrer dans le temple, là où réside la Gloire du vrai Dieu. Jésus n'a jamais renié sa qualité de Juif, il l'a revendiquée au contraire et la revendiquera jusque devant Pilate. Il est né et mourra Juif, au point que très véridiquement l'écriteau sur la croix portera l'inscription " roi des Juifs ".

    R.L Bruckberger - " La Révélation de Jésus-Christ " Gallimard 1983

  • Le Livre de la Vie

    Il faudrait avoir pris conscience de ces deux masses ténébreuses entre lesquelles notre vie s'insère : ténèbre insondable de Dieu et ténèbre de l'homme, pour se livrer éperdument à l'Evangile, pour le découvrir à travers le double néant de notre état de créature et de notre état de pécheur.

    Il faut avoir plongé dans la mort ambiante de ce qui fait notre amour d'homme : dévastations du temps, de l'universelle fragilité, des deuils, décomposition du temps, de toutes les valeurs, des groupes humains, de nous-mêmes.

    Il faut avoir, à l'autre pôle, tâté l'univers impénétrable de la sécurité de Dieu pour percevoir en soi une telle horreur du noir que la lumière évangélique nous devienne plus nécessaire que le pain.

    Alors seulement nous nous cramponnons à elle comme à une corde tendue au-dessus d'un double abîme.

    Il faut se savoir perdu pour vouloir être sauvé.

    Celui qui ne prend pas dans ses mains le mince livre de l'Evangile avec la résolution d'un homme qui n'a qu'une seule espérance, ne peut ni en déchiffrer ni en recevoir le message.

    Peu importe alors que ce bienheureux désespéré, pauvre de toute attente humaine, prenne ce livre sur le rayon d'une riche bibliothèque ou dans la poche de sa veste de besogneux, ou dans une sacoche d'étudiant; peu importe qu'il le saisisse dans une halte de sa vie ou dans une journée pareille aux autres; dans une église ou dans sa cuisine; en plein champ ou dans son bureau , il saisira le livre mais lui-même sera saisi par les paroles qui sont esprit. Elles pénétreront en lui comme le grain dans la terre, comme le levain dans la pâte, comme l'arbre dans l'air, et lui, s'il y consent, pourra devenir simplement comme une expression nouvelle de ces paroles.  

    Là est le grand mystère caché dans le livre de l'Evangile.

     

    M. Delbrel - "Nous autres gens des rues" Seuil, 1966 p. 72

  • C'était le commencement de l'été

    Au temps de mes saisons dans le Sahara, j'ai fait la connaissance d'un Juif très pieux, sûrement mort depuis, car s'il vivait il aurait aujourd'hui cent trente ans. Il me parlait de sa petite enfance. Il était né sous la tente au milieu d'une nombreuse famille qui avait encore la structure primitive du clan. Il faut avoir vu ces tentes fabriquées avec des peaux de bêtes cousues, qui évoquent nos cirques ambulants ou ce qu'on appelle un "chapiteau", capables d'abriter pour la nuit ou la sieste deux ou trois cents personnes, toute une maisonnée patriarcale, avec en plus les chamelets et les poulains, les ânons et les agneaux, trop tendres pour supporter le poids du soleil ou les froidures de la nuit.

    Mon vieil ami me racontait que, tout enfant, il dormait dans le giron de sa grand-mère qui le réchauffait, le rassurait et, le jour, lui enseignait les rudiments. Le rabbin ne passait que de temps en temps pour circoncire les bébés mâles, bénir les mariages, pour rappeler les Dix Informations [les Dix Commandements ou les Dix Paroles, NDLR] dictées jadis sur le mont Sinaï et gravées par Moïse sur la pierre, pour affirmer à ces nomades perdus dans l'immense désert qu'ils faisaient bien partie de la race élue dont surgirait un jour le Messie. Une paix infinie régnerait alors dans les coeurs et parmi les peuples, le lion dormirait avec la gazelle sans lui faire de mal.

    Une nuit, le garçon fut réveillé par un irrépressible besoin de faire pipi. Il se dégagea doucement des bras de la vieille, souleva le bord de la tente, se glissa et se retrouva dehors. C'était le commencement de l'été, l'air était doux, le ciel illuminé de milliards d'étoiles qui, au désert, semblent à portée d'échelle. Les chevaux et les chameaux respiraient tranquillement. Cette paisible nature était si accueillante, avec une saveur de miel et de lait, pleine d'une promesse et d'un fruit déjà si mûr que le petit garçon fut frappé d'enthousiasme.

    L'espérance lui monta à la tête comme une fièvre brutale. Il retourna sous la tente, réveilla d'autorité sa grand-mère et lui dit à l'oreille : " Viens dehors ! C'est si beau ! Ne serait-ce pas cette nuit que le Messie va venir ? " Et la vieille irritée de répondre : " Oublie le Messie ! Apprends à compter ! "

    A la fin du récit, mon vieil ami pleurait. Il était de ces Juifs pieux et fidèles qui dépensent leur vie à espérer le Messie et qui  n'apprendront jamais à compter. Quand on en a rencontré un, on ne l'oublie jamais.

     

    R.L Bruckberger - " La Révélation de Jésus-Christ "- 1983