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M-J Le Guillou

  • 3e Dimanche de Carême - année B -

    Elle ne s'attendait pas à cette rencontre, elle n'y était pas préparée.  La Samaritaine rencontre au puits de Jacob Jésus fatigué par la route. Elle trouve quelqu'un, un juif, qui lui demande à boire. Cela surprend car les Juifs n'ont rien en commun avec les Samaritains. Et Jésus lui dit : " Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te demande à boire, c'est toi qui l'aurait prié et il t'aurait donné de l'eau vive ". C'est le Seigneur qui a l'initiative. C'est le Seigneur qui pose le premier les questions.  C'est lui qui oriente tout le débat et qui oriente toute la conversation. Il veut dévoiler à cette samaritaine le mystère de Dieu.

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  • 2e Dimanche de Carême - année B - Cette Parole à nulle autre pareille

    Nos vies sont des montées à Jérusalem, nos vies sont des chemins de croix : l’Évangile de ce jour nous invite à le reconnaître. Pierre a confessé le Christ comme le Messie, le Fils du Dieu vivant. Tout le contenu de la plénitude de la foi est donné là et pourtant dès que le Seigneur lui apprend sa montée à Jérusalem, sa mort et sa résurrection, le scandale est là.

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  • 1er Dimanche de Carême - année B

    Texte tiré de " Seigneur, rien n'est plus vrai que Ta Parole. Méditations et homélies dominicales pour l'année B "  Éditions Parole et Silence de Marie Joseph Le Guillou.

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  • Messe de la nuit de Noël - année B

    Isaïe 9, 1-6 ; Tite 2, 11-14 - Lc 2, 1-14

    Le texte est tiré du livre : "Seigneur, rien n'est plus vrai que ta Parole" du Père M.J Le Guillou

    il est actuellement indisponible dans les librairies. Possibilité de le commander ici ou

     

     

    Le texte de l'évangile de Luc nous met devant le mystère de l'histoire de Dieu et de l'homme, c'est-à-dire devant le Seigneur qui vient sauver son peuple. "Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : aujourd'hui vous est né un Sauveur." Cette annonce a quelque chose d'étonnant et de merveilleux : un Sauveur nous est né et les signes qui sont donnés sont déroutants : le nouveau-né est emmailloté et couché dans une mangeoire. Le Seigneur que nous adorons cette nuit, c'est le Seigneur, le Dieu qui a fait le ciel et la terre, le créateur du monde. Il est là, le plus petit d'entre les petits ; il se fait accessible à nous pour que nous entrions dans son mystère. Dieu est là merveilleusement présent, et il nous appelle à le découvrir pour ce qu'il est lui-même : Dieu est Amour. 

    Dans l'annonce de la naissance du Sauveur faite aux bergers, il y a le mystère du Messie triomphant qui vient pour nous sauver sous l'aspect le plus humble qui soit. Il est tout petit, lui le Créateur du monde. Il est le plus petit d'entre les hommes, il n'est même pas reçu dignement au moment de sa naissance puisqu'il n'y avait plus de place pour lui dans la salle commune. Le bébé est emmailloté et couché dans une mangeoire, c'est Dieu au-delà de tout, le Dieu vivant qui devient l'un d'entre nous : voilà ce que l'évangile nous demande de croire.

    Dieu devient, en Jésus-Christ, humble et pauvre et toute la vie du Christ qui était de condition divine, sera celle d'une homme comme nous, d'une infinie pauvreté, qui nous appelle à entrer dans sa gloire à condition de le suivre. Le Seigneur nous révèle qu'il est le Tout-puissant mais qu'il est, en même temps, celui sur lequel personne n'a de prise parce qu'il est infiniment petit et pourtant le plus grand de tous. "Aujourd'hui vous est né un Sauveur dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur." Nous avons un Sauveur qui vient nous faire rentrer dans sa vie divine.

    Au cours de cette nuit, je voudrais que nous découvrions le mystère d'amour du Seigneur. Le paradoxe que nous avons découvert au moment de la naissance de Jésus se réfléchit dans toute sa vie. Il a beau naître dans une petite ville de Judée, il a beau naître dans un monde en proie à la misère, à la souffrance, à l'occupation, il a beau être infiniment caché, c'est lui qui porte le monde entier, qui en fait sa demeure et qui veut notre salut.

    Nous avons à connaître le Seigneur de l'intérieur, comme quelqu'un qui nous est très cher et qui est là près de nous. Il est le Messie envoyé du Seigneur pour sauver le monde. Et pourtant quels signes de petitesse avons-nous sous les yeux au moment de sa naissance ! On dirait que le Seigneur prend plaisir à prendre les plus petites choses pour se présenter à nous. Je voudrais que nous découvrions combien l'amour de Dieu passe à travers toutes les déficiences humaines, à travers toutes les limites.

    Le Seigneur est le Seigneur, le Seigneur est le Messie vivant, le Seigneur est notre maître à tous, il nous appelle à le connaître. Je voudrais vous crier combien le Seigneur est là, combien le Seigneur peut tout, combien il nous montre l'amour de son Père. Oui, il m'appelle à la sainteté, à l'amour, à la joie. " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu'il aime." 

    Dieu, un enfant. Dieu, un pauvre. Dieu, un homme comme les autres. Dieu, un être qui passera par la mort pour nous communiquer la résurrection : n'ayons pas peur. Une grande joie doit habiter notre cœur en cette fête de Noël. Le tout est d'aimer comme le Seigneur a aimé, sans limites. La mesure d'aimer Dieu est de l'aimer sans mesure [ici le Père Le Guillou reprend St Bernard : "La raison pour laquelle on aime Dieu, c'est Dieu lui-même, et la mesure de cet amour, c'est de l'aimer sans mesure, Traité de l'Amour de Dieu chapitre I]Laissons-nous prendre par cette réalité fondamentale.

    Noël n'est pas une fête folklorique. Noël n'est pas une fête de joie purement humaine. Ce que le Seigneur veut, c'est que nous découvrions que chacun d'entre nous est choisi par le Seigneur, est enveloppé de la gloire du Seigneur. Nous avons besoin de découvrir cette gloire infinie, cette gloire qui est la nature même de Dieu. Au cœur de l’Évangile, nous sommes appelés à aimer comme jamais on n'a aimé. Chacun de nous doit essayer de vivre cet appel. Je voudrais que nous chantions du plus profond de notre cœur cet amour qui est joie et gloire, cet amour qui est joie et paix. Le Seigneur ne nous montre qu'un seul visage : Dieu est Amour. Tout nous est donné  dans ces mots parce que tout nous est donné dans la vie du Christ.

    Ce petit enfant nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire, cet enfant-là est le Sauveur du monde, c'est lui qui récapitulera toutes choses en lui et qui fera de nous des êtres tout nouveaux par sa puissance et sa joie.

    Cela dérange nos vues et nous bouleverse ; nous avons bien des difficultés pour reconnaître là la présence du Seigneur qui est la présence même de l'amour. Un amour qui se cache, un amour qui se donne à l'infini, sans mesure. J'aimerais, au cours de cette fête de Noël que nous découvrions cette joie qui réside dans cette présence  du Seigneur au plus intime de nous-mêmes. Nous avons grâce à elle, un regard nouveau sur le monde et tout naturellement nous nous mettons au service de nos frères. 

    Il faut passer par la pauvreté de Jésus-Christ décrite à sa naissance pour participer à la joie de Dieu. " L'ange du Seigneur s'approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière." Quel mystère ! Nous sommes devant le mystère le plus étonnant qui soit, le plus bouleversant qui soit. Dieu, le vrai Dieu, le Dieu qui a tout créé est là devant nous comme un enfant, et il nous demande de croire par la foi qu'il est le Sauveur du monde, qu'il est en même temps le tout-petit et le Seigneur.

    Demandons au Seigneur de rentrer dans sa joie, de le louer en disant : " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu'Il aime." Laissons-nous prendre par l'amour de Dieu, qu'il soit notre lumière et notre guide. Demandons au Seigneur de nous apprendre à prier et à aimer, à laisser notre cœur se transfigurer par la toute-puissance de Dieu. Le Seigneur n'a qu'un but, que nous soyons heureux de son bonheur, heureux de sa joie que nous découvrirons en plénitude lorsque le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ se manifestera à la fin des temps. Le Christ reviendra : nous devons attendre ce grand bonheur. Il nous rachètera de toutes nos fautes et il fera de nous des hommes libres et emplis d'amour.

    Dieu nous met aujourd'hui devant l'abaissement suprême, puisque Dieu devient un petit enfant. Méditons que le mouvement de l'amour est de descendre pour prendre la dernière place. Demandons au Seigneur  d'entrer au plus profond de son amour autant que nous le pouvons. Nous sommes appelés à être de vrais fidèles, à être de vrais saints. Que le Seigneur nous donne sa paix et sa joie dans la charité, dans la gloire et dans la paix. Amen !

     

     

     

     

     

  • 3e dimanche de l'Avent - année B

    Homélie du Père M-J Le Guillou, O.P (Ordre des frères Prêcheurs)

    Réf  des textes : Is 61, -2a. 10- 11  1 Thess 5, 16-24     Jn 1, 6-8.19-28

    Ce texte est extrait du livre "Seigneur, rien n'est plus vrai que ta parole" (Éditions Parole et Silence) Homélies pour l'année B. Ce livre est malheureusement épuisé.

    Un livre pour connaître le père Le Guillou ici

     

    Les trois lectures que l’Église, en ce dimanche, nous demande de méditer sont comme trois appels à la joie. Saint Paul nous dit : " Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toutes circonstances : c'est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus". C'est le cri de Paul, c'est le cri d'un homme qui a passé sa vie sur les routes du monde et qui a subi tant de difficultés et de souffrances.

    Et pourtant c'est le même qui nous dit : " Soyez toujours dans la joie " La joie est le signe que la nature a atteint son but et alors tout s'éclaire à sa lumière divine : " Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers et qu'il garde parfaits et sans reproche votre esprit, votre âme et votre corps pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ."

    Nous sommes en marche vers Noël et nous devons comprendre qu'au plus profond de ce mystère, il nous faut recevoir la connaissance de Dieu que Jésus Christ veut pour nous. " N'éteignez pas l'Esprit, ne repoussez pas les prophètes, mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal... Il est fidèle le Dieu qui vous appelle : tout cela il l'accomplira."

    Le Seigneur nous demande la joie de la fidélité qui jaillit de notre adhésion à la volonté de Dieu, à la volonté toute puissante qui repose dans le cœur du Christ et qu'il nous a transmise.

    Le Seigneur nous demande de nous appuyer sur la vérité de Dieu. Et l’Église veut nous dire ce que Jean-Baptiste dit clairement : il n'est pas le Seigneur : " Voici quel fut le témoignage de Jean-Baptiste quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : " Qui es-tu ? " Il le reconnut ouvertement, il déclara : " Je ne suis pas le Messie." Ils lui demandèrent : "Qui es-tu donc ? es-tu le prophète Élie ? il répondit : Non. Alors, es-tu le grand prophète ? Il répondit : Ce n'est pas moi." On constate facilement la force de son non : il dit la vérité.

    Jean-Baptiste est une figure extraordinaire du début du christianisme. Il est chargé d'annoncer la venue du Seigneur et de l'Esprit-Saint : " Moi, je baptise dans l'eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c'est lui qui vient après moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale." C'est là qu'éclate la grandeur de Jean-Baptiste. Il disparaît derrière son Maître, celui qu'il annonce afin que la vraie présence du Christ se manifeste.  

    Jean-Baptiste ne baptise pas comme le Christ baptisera dans l'Esprit- Saint et le feu. L'Esprit-Saint est toute lumière et toute fidélité. Nous avons à découvrir avec Jean-Baptiste la vérité de Dieu. Jean-Baptiste est le témoin de la lumière mais il n'est pas la lumière. Jésus baptisera d'une tout autre manière avec l'Esprit-Saint que le Père lui donne, avec l'amour même de Dieu. 

    C'est ce qui fait que le texte d' Isaïe, que nous avons en première lecture, est si important : " L'Esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres... Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu." Ce que le Seigneur nous demande, c'est d'avoir au cœur cette paix, cette joie immense qui est la joie de Dieu. Tout s'oriente vers la joie.  L’Évangile est un évangile de joie car c'est la bonne nouvelle, oui c'est la joie de la bonne nouvelle. Dans l’évangile, "ne crains pas" revient souvent. C'est la présence de Celui qui est le Tout-Puissant et qui veut nous manifester son amour. " Il m'a enveloppé du manteau de l'innocence, il m'a fait revêtir  les vêtements du salut, comme un jeune époux se pare du diadème, comme une mariée met ses bijoux." Il ne peut y avoir pour chacun d'entre nous plus beau souhait que celui-là.

    Nous avons à demander au Seigneur la transformation de notre être  mais à condition d'accepter  l'amour de Dieu tel qu'il se manifeste. C'est un abaissement de l'être de Jésus-Christ en notre faveur. De cette reconnaissance jaillit la joie, la joie qui ne se donne pas comme si on pouvait l'acheter mais la joie qui se donne gratuitement et librement, la joie qui  absorbe toutes nos inquiétudes et qui fait, comme le dit saint Paul, que nous rendons grâce en toutes circonstances. Cela peut paraître insensé, c'est pourtant la vérité.

    Nous attendons de vivre cette action de grâce en plénitude mais toute Eucharistie est la préfiguration de cette action de grâce. En ce temps préparatoire à Noël, je ne puis vous dire qu'une chose  : soyez dans la joie de Dieu malgré la souffrance du monde, malgré les difficultés quotidiennes, malgré tout ce qui peut se passer. Le Seigneur est là, dans sa transparence, dans sa paix qui est au-delà de tout et qui garde notre cœur et notre intelligence dans le Christ Jésus.

    "Le Seigneur vient !" Ce n'est pas une formule littéraire. Il s'est engagé, il est venu dans le Christ, il reviendra dans la gloire. Et nous serons avec lui. Pensez-vous souvent à cette rencontre que nous aurons chacun d'entre nous avec le Seigneur ? Elle doit commencer dès maintenant. Demandons au Seigneur d'entrer dans sa paix qu'on ne peut imaginer, qui dépasse toute espérance. Le Seigneur est plein de bonté et de miséricorde. Il nous aime et nous donne d'être fidèles. Que notre sérénité soit connue de tous les hommes. Le chrétien est un signe par sa simplicité et sa vérité dans le mystère de Dieu. Nous connaissons Dieu, nous avons fait l'expérience de Dieu. A nous de nous laisser emporter par ce don du Seigneur, alors nous rendrons grâce à Dieu en toutes circonstances et nous ne serons inquiets de rien. Amen.

  • Deuxième dimanche de l'Avent - année liturgique B

    Homélie du Père M-J Le Guillou, O.P (Ordre des frères Prêcheurs)

    Réf  des textes : Is 40, 1 - 11    2 Pierre 3, 8-14       Mc 1, 1-8

    Ce texte est extrait du livre "Seigneur, rien n'est plus vrai que ta parole" (Éditions Parole et Silence) Homélies pour l'année B. Ce livre est malheureusement épuisé.

    (Un livre pour connaître le Père Le Guillou : lien ici)

     

     

    L’Église nous donne aujourd'hui des textes de l’Écriture qui nous mettent dans un climat de fête et de joie. Ceux-ci nous rappellent tout de suite la joie que le Seigneur nous donnera et nous demandera d'avoir dans nos cœurs quand il nous quittera pour aller vers son Père.

    Dans le livre d'Isaïe, il y a un appel à dépasser tout ce qu'il y a de négatif pour retrouver la splendeur du mystère de Dieu : " Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné " ou encore : " Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur". Il n'y a pas de plus belles formules qui puissent nous donner la joie.

    Le temps de l'Avent n'est pas un temps de tristesse mais un temps de joie qui s'ouvre sur la fête de Noël et le retour du Christ qui mettra en pleine lumière la gloire de Dieu au cœur du monde, comme nous l'annonce Isaïe : " La gloire du Seigneur se révèlera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé." Il faut donc que notre joie soit vivante et qu'elle  se développe constamment. Cette joie est personnifiée par Jean Baptiste qui proclame un baptême de conversion pour le pardon des péchés.

    Un baptême de conversion. Conversion et joie vont ensemble. La conversion consiste à retourner son cœur comme un gant pour pouvoir, comme nous dit saint Marc : " Préparez le chemin du Seigneur et rendez droits ses sentiers". Cette invitation  est un appel à répondre au salut que le Seigneur vient nous apporter. Car si tout nous est donné merveilleusement par le Seigneur, il nous est demandé de nous engager dans son mystère. Il faut engager le tout de nos êtres, le tout de nos possibilités.

    Nous avons à dire au Seigneur que nous le suivons et que nous sommes à lui : " Moi, je vous ai baptisé dans l'eau ; lui vous baptisera dans l'Esprit-Saint". Quelle formule étonnante ! Mais quelle merveilleuse aventure que celle du chrétien qui découvre le salut de Dieu et l'action du Seigneur dans sa vie ! Nous sommes des êtres habités par Dieu qui ne demande qu'à venir habiter en nous encore encore plus profondément. Nos difficultés doivent disparaître pour qu'apparaisse le mystère du Seigneur.

    C'est à cette  condition que la joie du Seigneur transparaîtra dans nos  vies, qu'elle s'épanouira  comme elle l'a fait en Pierre qui montre dans sa lettre une tendresse infinie pour les membres de sa communauté.

    Pierre emploie une formule étonnante pour que tous entrent dans la vraie connaissance du Seigneur et la parfaite clairvoyance de ce qu'ils doivent faire : " Frères  bien aimés, il y a une chose que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. Le Seigneur n'est pas en retard  pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines personnes ; c'est pour vous qu'il patiente : car il n'accepte pas d'en laisser quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir... Dans l'attente de ce jour, frères bien-aimés, faites donc tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables, dans la paix."

    Nous sommes des êtres habités par Dieu et nous avons besoin de la connaissance de tout son amour qui nous emporte dans son cœur : c'est à ce niveau qu'il nous faut vivre. 

    Nous marchons vers le jour du Christ c'est-à-dire vers le jour où Dieu nous délivrera totalement de ce corps de mort pour nous livrer à sa plénitude et à sa joie. Dès maintenant, il nous faut devenir des êtres nouveaux comme le dit saint Irénée : " En s'apportant lui-même, il a apporté toute plénitude". C'est cette plénitude de justice, cette plénitude d'amour, cette plénitude de connaissance que nous demanderons au Seigneur. 

    J'aime souligner l'amour de Dieu qui habite  ces témoins vivants que sont les apôtres Pierre, Paul, Jacques ou Jean : ils doivent être pour nous plus proches que tout au monde dans le Christ. Il faut les découvrir dans la lumière du Seigneur car nous faisons partie du même mystère. 

     

    Oui, nous sommes engagés dans le même mystère et la gloire du Seigneur se révèlera. Nous avons à chanter Dieu, à le louer, à le bénir. Béni soit le Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les cieux (cf Eph 1).   Bénissons en ce temps d'Avent. Bénissons le Seigneur pour tout ce qu'il a fait, tout ce qu'il va faire en en sa venue ici-bas et pour sa seconde venue lorsqu'il viendra nous prendre pour transformer nos corps. 

    Demandons au Seigneur le pardon de nos péchés et ouvrons-nous à la miséricorde infinie de Dieu qui dépasse  tout ce qu'on peut imaginer en nous révélant son vrai visage. Tout ravin sera comblé. Tout homme verra le salut de Dieu. On ne peut mieux dire.

    Que le Seigneur nous aide à prier pour le salut du monde, pour le triomphe de son amour qui nous appelle à une intelligence plus vraie du mystère du Christ. Nous dépendons de son mystère ; notre vocation est d'aimer le Christ du plus profond de notre cœur.

    Que la joie et la paix du Christ soient dans votre cœur et vous verrez que le Seigneur est là dans une présence infinie, celle même de l'amour. Amen !

     

  • 1 er dimanche de l'Avent - Année liturgique B

    Homélie du Père M-J Le Guillou, O.P (Ordre des frères Prêcheurs)

    Réf  des textes : Is 63, 16 - 64,7    1 Co 1, 3-9       Mc 13, 33-37

    Si vous voulez commander le livre c'est ici

     

    "Le temps de l'Avent n'est pas un temps de tristesse"

     

    Aujourd'hui, je voudrais vous délivrer un message de joie. Saint Paul nous y invite ainsi: "Que la grâce et la paix soient avec vous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ le Seigneur." Nous avons donc à rendre grâce. Le temps de l'Avent n'est pas un temps de tristesse. C'est un temps d'attente de toutes les richesses du Seigneur, celles de la Puissance de sa Parole et celles de sa connaissance. Tout nous est donné dans le Christ  et par le Christ : aucun don spirituel ne nous manque et tout se révèlera au dernier jour. Mais en attendant, à l'évidence, nous bénéficions de la fidélité du Seigneur : elle est totale, elle est absolue. Dieu ne nous abandonne jamais puisqu'il nous a appelés à vivre en communion avec son fils Jésus-Christ notre Seigneur. Le temps de l'Avent nous demande de mieux percevoir la joie dans la fidélité du Seigneur, la joie dans son amour qui nous enveloppe et nous précède de partout.

    Le Livre d'Isaïe met en relief la conscience  que nous devons avoir du péché : " Tu étais irrité par notre obstination dans le péché et pourtant  nous serons sauvés. Nous étions tous semblables à des hommes souillés, et toutes nos belles actions étaient comme des vêtements salis".

    Pour être joyeux, il faut avoir en soi la conscience de notre péché et en même temps la conscience de l'Amour du Seigneur qui, dans sa fidélité, nous enveloppe de son amour. Nous avons besoin de lui pour découvrir notre misère, notre faiblesse, sinon, comme le dit Pascal : "Si tu voyais ton péché tu perdrais cœur". Il a raison. Voilà pourquoi Isaïe fait une demande à Dieu qui jaillit du fond de son cœur : "Ah ! si tu déchirais les cieux, si tu descendais". Et bien, le Seigneur a déchiré les cieux et il est descendu parmi nous. Il nous prend dans son mystère d'amour et de joie dont nous allons découvrir la profondeur dans la mesure où nous nous découvrons, comme le dit l’Écriture avec une certaine brutalité, des hommes souillés. Le Seigneur a besoin de venir en nous. Il vient à notre rencontre car c'est lui qui nous transforme.

    Lorsque le Christ parle de sa venue, il insiste sur la veille : "Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra... Ce que je vous dis là, je le dis à tous : " Veillez". Nous pouvons nous appuyer sur les paroles du Seigneur pour découvrir à quel point nous avons à lui être présents, d'une présence d'amour, de joie et de paix. En ce temps d'Avent, je vous convie à découvrir la joie paradisiaque qui est dans le cœur du Seigneur. C'est celle du Christ allant à la Croix pour aller vers le Père. Il nous laisse avec ces paroles : "Je vous laisse la paix ; c'est ma paix que je vous donne" (Jn 14,27) et " Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète." (Jn 15,11) Il n'y a pas de plus beau témoignage que celui-là : le Seigneur nous  donne la joie de Dieu, la joie intérieure de la communion avec Dieu et il nous fait tenir solidement jusqu'au bout. Nous devons demander au Seigneur la grâce de lui faire don de notre liberté pour tenir solidement  puisqu'il nous donne sa grâce et sa paix, son amour et sa tendresse avec une prodigalité invraisemblable, dans un don toujours renouvelé. Le Seigneur n'est que don et amour : nous devons être là présents pour tous les hommes.

    En ce temps d'Avent je voudrais que nous ayons dans le cœur la présence du monde entier et particulièrement des hommes qui ne sont pas chrétiens. Ceux-ci n'ont pas la Parole que le Seigneur a prononcée dans le monde et il dépend, peut-être de nous qu'ils l'entendent. Pour cela, il faut que les chrétiens témoignent de la Parole du Seigneur.

    Demandons au Seigneur dans l'Eucharistie, une ouverture incessante à sa Parole, une découverte renouvelée de ce qu'il est. Veillez, réveillez-vous ! C'est le moment de découvrir ce qui fait la joie du Seigneur. Il est là, il est vivant, il aime chacun d'entre nous avec une tendresse incomparable puisque c'est celle de Dieu, donc de l'Amour. Chantons au Seigneur notre reconnaissance et demandons-lui la grâce  de communiquer le témoignage de sa paix, le témoignage de son don, le témoignage de son amour.

    Soyons des hommes libérés par la Parole de Dieu, des hommes transfigurés par sa Parole, des hommes marqués par la Parole de Dieu au plus profond de leur être.

    Dieu nous appelle et vient chercher chacun de nous à sa façon. Laissons-nous faire, intercédons les uns pour les autres.

    Nous pouvons tout demander pour nos frères et nous sommes assurés que le Seigneur nous exaucera, je vous le promets. Alors soyons dans la joie et dans la paix. Amen !

  • Dimanche du Christ Roi - année liturgique A

    Références scripturaires de la liturgie de ce dimanche :

    Ez  34, 11-17   /  1ère Corinthiens 15, 20-26.28

    Évangile selon st Matthieu chapitre 25 versets 31 à 46

    Texte tiré de (ci-dessous) : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

     

    255-257

    Le texte de Matthieu que nous venons de proclamer nous met devant la venue du Fils de l'homme, pasteur, roi et juge de tout l' univers. Hier, je parcourais une enquête dans le journal Le Monde sur la croyance des chrétiens à la vie éternelle et au jugement. Dans ce sondage, vingt pour cent seulement des chrétiens catholiques croyaient au jugement. Il y a, en effet, une sorte d'allergie dans notre monde à l'idée du jugement, une sorte d'allergie qui nous empêche de comprendre le sens profond de ce que signifie le jugement.

    En Matthieu, le Seigneur nous présente le jugement comme une glorification des petits. Matthieu insiste constamment sur les petits des communautés, sur les petits du monde, sur tous les petits qu'il faut aider. Ici spécialement, le Christ se présente comme le roi des petits, non pas comme un roi grandiose, un roi loin de nous, mais un roi qui prend sur lui le péché du monde et qui appelle tous les hommes à la rencontrer. "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde." Le visage du Seigneur que nous présente cet évangile est une image merveilleuse. C'est l'image du Seigneur qui a eu faim, qui a eu soif, qui a été étranger, qui était nu, qui était malade, qui était en prison, c'est-à-dire le visage de tous les hommes qui souffrent, qui sont opprimés, qui sont bafoués dans leur dignité la plus profonde. Le Seigneur est là dans tous ces hommes.

    L’ Évangile nous découvre cet dignité invraisemblable de tout homme appelé à rencontrer le Seigneur dans la vérité. Le Seigneur insiste aussi sur le fait que les justes ne se rendent pas compte de ce qu'ils font. " Quand donc t'avons-nous vu avoir faim et nous t'avons nourri, avoir soif et nous t'avons donné à boire ? Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ?" Et le Seigneur leur répond : " Vraiment, je vous le dis, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait." C'est cela le mystère du christianisme, la rencontre avec la miséricorde de Dieu, avec la vérité de l'amour qui nous met à nu dans la vérité de nos vies. Ce que le Seigneur veut, c'est que nous soyons, à son image, des êtres constamment au service de leurs frères qui ont faim, qui ont soif, qui sont étrangers, qui sont nus, qui sont malades. C'est à leur service que nous sommes et c'est le Christ que nous servons en eux. 

    Il faut découvrir cette profondeur de l'amour de Dieu qui est venu prendre sur lui le jugement et nous en libérer car il est évident que le Seigneur nous libère du jugement. Si nous suivons la loi de liberté, nous nous rions du jugement. Le jugement disparaît parce qu'il n'y a plus que la joie de Dieu, que la miséricorde de Dieu. Vous allez me rétorquez : mais il y a ceux qui refusent. Oui, il y a une seconde partie du texte où le Seigneur dit : "Allez-vous en loin de moi, maudits, dans le feu éternel." C'est tout simplement parce que l'amour nous engage jusqu'au bout, tout entiers ; il nous engage jusqu'au tréfonds de nous-mêmes dans la miséricorde de Dieu.

    Nous avons à découvrir la miséricorde de Dieu qui nous sauve de tout péché. Elle est notre délivrance. Cette scène si déconcertante est au cœur de l’ évangile parce qu'il est un choix, il est une option. L' évangile nous oblige à prendre partie pour le Seigneur, pour tous les pauvres, pour tous les malades, pour tous ceux qui sont nus. Nous avons à faire connaître au monde la miséricorde infinie du Seigneur. Les chrétiens ont un rôle de révélateurs de la miséricorde de Dieu. Agir pour l'un de ces petits, c'est agir pour le Christ et le Christ nous donne tout ce qu'il est. Le Seigneur nous demande de devenir des petits, le Seigneur est le roi des petits, non pas le roi majestueux mais le roi qui s'identifie à tous les pauvres du monde, à tous ceux qui souffrent, à tous ceux qui sont dans la peine. Le Seigneur a connu cela, il s'est engagé jusqu'au bout pour nous apprendre l'amour. Il s'est humilié jusqu'au bout, il nous a lavé les pieds, il est monté sur la croix pour répondre, dans la joie de son cœur, à l'amour de son Père, et il nous demande de rentrer dans ce même mystère.

    Alors nous n'avons pas à craindre de ne pas être sauvés. Notre seule crainte est de ne pas obéir à la Parole de Dieu, mais si nous écoutons cette Parole, elle nous sauvera et pénétrera jusqu'au cœur de notre être. Notre liberté répondra à la liberté de l'amour. Nous avons besoin de cette liberté, nous avons besoin de cet amour. Au plus profond de notre être, il y a l'appel de Dieu à rencontrer son mystère dans sa joie, dans sa miséricorde, à rencontrer ce visage penché sur le monde pour nous sauver. Nous avons à le découvrir pour en vivre ; nous n'avons pas à nous interroger  sur notre salut, nous avons à nous livrer à la miséricorde de Dieu qui fera de nous des sauvés. Nous sommes des êtres sauvés en espérance et Paul, Jacques, Jean et tous les apôtres sont des témoins de ce sauvetage grâce à la miséricorde infinie de Dieu.

    Je ne voudrais pas que vous lisiez ce texte comme s'il vous brisait. C'est un texte qui ouvre le cœur, qui nous oblige à choisir, qui nous oblige à prendre position. Le Seigneur ne joue pas, l'amour ne joue pas, l'amour est vrai, l'amour est profondeur de la Trinité, l'amour est la vérité de toute notre vie.

    Nous avons à chanter du fond du cœur la venue du Seigneur jusqu'à nous et si nous ne l'avons pas encore reconnu, le Seigneur nous fera connaître son visage à travers tout ce que nous aurons fait, même sans le savoir. Tous les hommes seront pris dans les filets du Seigneur, tous les hommes sont engagés dans le salut de Dieu. Le Seigneur n'est pas pour nous un étranger. Nous le connaissons personnellement. Demandons-Lui de lui être fidèles, d'une fidélité qui aille jusqu'au bout. Il est le fidèle.

    Demandons au Seigneur d'être fidèles et de ne pas travestir la notion de jugement. Le Seigneur nous jugera, cela veut dire qu'il nous délivrera si nous écoutons sa Parole et si nous le laissons agir en nous et nous transfigurer. Il est capable de cela. Il est cette miséricorde infinie qui nous transfigure et nous avons à attendre dans la joie le royaume préparé pour nous  depuis la création du monde et que nous recevrons en héritage. Croyez-vous que vous êtes les bénis du Père, les bénis par l'amour infini de Dieu ? C'est cela que que je vous demande de croire et nous allons le demander ensemble. Découvrons cet héritage de bénédiction, d'amour qui est en Dieu, laissons nous faire par lui. L'amour triomphera de toutes nos misères, de toutes nos faiblesses. Il est l'amour et c'est pour cela qu'il juge. Il n'y a pas d'amour sans jugement, sans mise en question de tout notre être, dans une réponse positive de tout notre être. Que chacun d'entre nous réponde au plus profond de son cœur et que notre joie éclate dans l'amour au cœur de l'Eucharistie ! Le Christ a pris sur lui le jugement : c'est le moment de la révélation de l'amour. Amen !

     

  • Année A - 33e dimanche du temps ordinaire

    Références scripturaires de la liturgie de ce dimanche :

    Proverbes 31, 10-31  / 1 Thessaloniciens 5, 1-6

    Évangile selon st Matthieu chapitre 25 versets 14 à 30

    Texte tiré de (ci-dessous) : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

     

    Cette parabole des talents scandalise certains d'entre nous car le serviteur qui n'a reçu qu'un talent est jeté dehors avec sévérité. Il semble qu'il y ait une immense injustice à son égard. Mais ce n'est pas du tout le sens de la parabole. Celle-ci indique une autre perspective, celle du don de Dieu qu'il faut faire fructifier. Le Seigneur veut nous faire comprendre que tout don de Dieu est une responsabilité, que tout don de Dieu nous engage à construire le Royaume de Dieu. Le don de Dieu n'est pas un absolu en lui-même : il faut nous tourner vers les autres. Il s'agit donc de construire dans l'amour le royaume.

    Aimer est ce à quoi nous engage cette parabole et c'est ce que le Seigneur fait comprendre lorsque les serviteurs qui ont eu cinq ou deux talents entendent le Seigneur leur dire : " Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle en peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître." Ils ont compris que le Seigneur leur demandait de faire fructifier les talents qu'il leur avait donnés, que leur responsabilité était immense et ils se sont engagés finalement à répondre à l'amour de Dieu. Mais nous constatons du dépit chez celui qui n'a pas fait fructifié le seul talent confié. Au lieu de faire fructifier le don merveilleux de la grâce et de la charité, il va l'enfouir : " J'ai eu peur et je suis allé enfouir ton talent dans la terre, le voici ; tu as ce qui t'appartient". J'ai eu peur. Nous le disons souvent dans notre vie. Nous avons peur du mystère de Dieu, nous avons peur de sa conduite dans notre vie, nous avons peur de ce qu'il est. Le serviteur infidèle, finalement, renvoie au Seigneur une image qu'il s'est faite lui-même : " Maître, je savais que tu es un homme dur; tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain." C'est vraiment le visage de Dieu que s'est fait cet homme, un visage dur, cruel, un visage qui n'est pas celui de Dieu. Pour se faire comprendre, le Seigneur accepte de dire au serviteur : " Tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu".  Le Seigneur veut redresser l'image que son serviteur se fait de lui. Il lui explique que nous avons à faire fructifier les dons reçus pour les mettre au service des uns des autres, que nous en ayons peu ou beaucoup, tout cela nous est commun  et tout est mis dans la miséricorde de Dieu. Quoiqu'il arrive, l'amour de Dieu est vainqueur. Cette parabole est une invitation à l'espérance. Dieu est bon, il n'est que bonté. Il faut découvrir le vrai visage de Dieu, ce merveilleux visage à travers celui de Jésus Christ à l'agonie ou sur la croix. C'est celui du Fils de Dieu donnant sa vie pour ses frères. Par cette parabole le Seigneur nous enseigne que que seul l'amour compte et l'argent lui-même est au service de cet amour. L'argent n'a de sens que pour être donné, distribué, l'argent ne sert qu'à aider nos frères à construire. Nous devons découvrir que l'argent n'a de sens que pour vivre avec des frères, les aider, les servir, leur permettre d'être eux-mêmes. Nous avons de lourdes responsabilités. 

    Nous avons à méditer les textes de la femme vaillante que nous livrent les Proverbes. Il faut entrer dans l'activité de cette femme, toute entière au service de la charité, au service de l'amour, à la disposition du Seigneur pour manifester sa lumière. Nous sommes des fils de lumière, c'est-à-dire que nous sommes pris dans le mystère de la vérité et de l'amour du Seigneur. " Je savais que tu étais un homme dur." Il n'y a pas de plus grave offense au mystère de Dieu. Dieu n'est pas dur, Dieu est amour et la peur est une fuite. Nous avons souvent peur mais n'enfouissons pas notre talent dans la terre, faisons-le fructifier pour que la lumière apparaisse dans toute sa splendeur. Dieu crée un monde nouveau, un monde renouvelé par l'amour de Dieu. Le Seigneur n'a qu'un but :  construire des hommes libres, renouvelés par la charité de Dieu, fidèles à leur vocation. " Tu as été fidèle en peu de choses, je t'en confierai beaucoup. Entre dans la joie de ton maître."

    Ce que nous attendons du Seigneur est une merveille, c'est un visage penché sur nous, un visage qui connaît notre vocation, qui nous connaît personnellement comme personne ne nous connaît, qui veut nous conduire  à cet amour désintéressé, à cet amour plein de pais et de joie, à cet amour de vérité et d'abondance. Dieu est prêt à tout donner et d'ailleurs, il nous donne tout.

    Demandons au Seigneur dans l'Eucharistie, de découvrir son visage qui nous demande de faire fructifier ses dons en attendant son retour. Il nous faut construire le Royaume mais celui-ci ne peut se construire qu'avec des hommes pauvres, des hommes humbles. Il faut que nous fassions qu'un avec le mystère du Christ et que nous nous ouvrions à la splendeur de l'amour de Dieu. Dieu est Dieu, réjouissons-nous de son dessein d'amour. Entrons dans sa miséricorde et devenons des fils de lumière, alors nous comprendrons que celui qui demeure dans le Seigneur porte beaucoup de fruits. Amen !

  • Assomption de la Vierge Marie

    Références scripturaires de la liturgie de ce jour :

    Apocalypse 11, 19. 12,10  / 1 Corinthiens 15, 20-26

    Évangile selon st Luc  chapitre 1 versets 39 à 56

    Texte tiré de (ci-dessous) : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

     

    Nous fêtons aujourd'hui Marie. L'Assomption est une des plus grandes fêtes de l’Église. Il est curieux qu'elle se situe en plein cœur de l'été alors qu'elle est au cœur de la résurrection du Christ. Car c'est bien ce mystère du Seigneur que nous avons aujourd'hui à affirmer et à proclamer.

    Le monde est traversé par le mal, la souffrance, le péché et la mort. Toutes les misères et l'atrocité du monde pèsent tellement sur les hommes que beaucoup se demandent si Dieu existe vraiment. Oui, cette immense interrogation se pose au cœur du monde : Dieu, le Dieu de l’Évangile est-il vraiment là au milieu de nous ?

    Marie est celle qui peut nous répondre. Il n'y a pas de créature qui ait senti le mal plus profondément qu'elle; Il n'y a pas de créature qui soit entrée dans la profondeur de la passion du Christ comme elle. Il n'y a personne qui ait mesuré  plus qu'elle l'ampleur de l'amour de Dieu. Est-il possible de parler de l'amour dans un monde où l'on tue, où les nations se battent comme jamais ? 

    Je le crois de toutes mes forces. Je le crois parce que St Paul nous dit : " le Christ est ressuscité des morts pour être parmi les morts le premier ressuscité". Je le crois aussi parce qu'il y a Marie, celle qui a fait l'expérience des souffrances de son Fils jusqu'au bout de l'amour. On imagine trop souvent la vie de Marie comme une vie simple, sans souci, alors que c'est la vie la plus délicate, la plus complexe que le Seigneur a faite. Marie a compris du fond de son cœur ce qu'est " être abandonnée jusqu'au bout". Il ne faut pas voir la croix uniquement dans la gloire. Bien sûr, la gloire existe mais il faut la voir dans sa réalité la plus profonde, dans sa réalité, je dirai invraisemblable.

     

    Que le Fils de Dieu ait voulu que sa mère soit au pied de la Croix, n'y-a-t-il pas là un scandale ? Que le Fils de Dieu ait voulu que sa mère  soit toute présente à son sacrifice, n'est-ce pas scandaleux ? Et pourtant, je crois profondément que là s'affirme l'amour de Dieu et la réponse d'une créature humaine à l'amour de Dieu. Marie a connu la joie  de la bénédiction. Vous l'avez entendu dans les paroles d’Élisabeth : " Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ". Marie est bénie mais au prix de quelle croix, au prix de quels tourments, au prix de quelles souffrances ! Les merveilles du Seigneur traversent souvent des existences douloureuses, broyées, livrées à Dieu. L'amour de Dieu n'est pas quelque chose de tout simple. L'amour de Dieu dépasse à chaque instant les apparences et Marie a appris à découvrir, au-delà des apparences, la vérité de l'amour de son Fils. Toutes les apparences étaient contre Marie et pourtant, elle s'est tenue debout comme personne, debout au cœur de la vérité, debout au cœur de l'amour.

    En cette fête de l'Assomption, Marie nous fait percevoir la splendeur de l'amour de Dieu qui pénètre tout. Il transforme tout, il élève les humbles, il les fait passer  de la mort à la vie. L'amour de Dieu s'étend d'âge en âge, nous dit Marie dans son Magnificat. Elle l'a vécu comme nul ne l'a vécu et comme elle, il nous faut passer au-delà de toutes les apparences pour rejoindre la puissance de l'amour de Dieu, sa créativité, son invention, son imagination, je dirais même, sa fantaisie. 

    Tout est fait dans l'amour de Dieu, tout est travaillé par l'amour de Dieu, tout est transpercé par l'amour de Dieu. Nous avons à le découvrir mais il faut y mettre le prix. Il y a dans la vie de Marie une présence éclatante qui nous apparaît grâce à Élisabeth : "Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur". Il y a ce "heureuse celle...". Marie est heureuse jusqu'au cœur de la croix. Pourtant, avec son Fils, elle a connu la division des cœurs comme personne et son cœur en a été transpercé. Le rôle de Marie dans l’Église est de nous faire entrer dans cet amour triomphant. Si elle est entrée dans le ciel, si elle est auprès de son Fils, c'est parce qu'elle a été toute proche de la Passion. 

    Passion et résurrection ne font qu'un en Marie. Pour elle, la Passion lui ouvre tout grand le chemin de l'Assomption, le chemin de la Gloire, de ce corps illuminé par l'Esprit, transformé par l' Esprit. " Le puissant fit pour moi des merveilles ", dit Marie. Elle n'a cessé de le dire tout au long de sa vie, mais nous avons à la prier pour pouvoir tenir nous aussi, à notre tour, car tenir dans la joie, tenir dans la paix, tenir dans l'amour est plus compliqué que beaucoup l'imaginent, à commencer par nous-mêmes.

    Nous ne sommes pas là pour fêter Marie comme n'importe quelle femme. Nous sommes là pour fêter Marie, Mère de Dieu, glorifiée dans le ciel. Croyez-vous vraiment que Marie est ressuscitée avec son corps comme son Fils ? Croyez-vous que nous sommes promis à la même résurrection ? Si non, notre présence ici ne signifie rien. Croire à l'amour ; aimer jusqu'au bout comme Jésus Christ a aimé : tel a été le mystère de Marie, tel est notre mystère. Le mystère de la glorification du corps de Marie est l'accomplissement de la participation à la Passion de son Fils. C'est la Passion qui éclate, qui éclate de joie dans ce monde enténébré, dans ce monde qui a refusé la présence du Christ, dans ce monde  où le Christ ne se reconnaît pas. " Les siens ne l'ont pas accueilli " (Jn 1,11) Et pourtant, c'est dans ce monde que le Christ proclame ce qu'il est. Nous aussi, nous avons à le proclamer comme étant le christ de gloire, d'amour, de vérité mais à travers l'angoisse, à travers la mort.

    Demandons au Seigneur, dans cette Eucharistie, d'être entraînés dans ce mouvement d'amour. Nous croyons à la vie éternelle qui ne passera pas, à la vie pour toujours. Réfléchissez-vous quelques fois à cette vie qui attend chacun d'entre vous, qui nous attend tous, cette vie qui sera une vie dans la chair, mais dans une chair transfigurée et illuminée par l'Esprit Saint ? Pour vous, la vie chrétienne est-ce bien cela ? Êtes-vous capables de tout quitter, de tout lâcher pour cela ? Je vous le demande, comme un pauvre qui est comme vous et qui demande d'être fidèle à l'amour du Seigneur. Marie a été fidèle et sa joie a éclaté. Aujourd'hui, l’Église est éclatante de joie parce que Marie a été glorifiée. 

    Demandons au Seigneur de nous laisser prendre par cette glorification. Que la joie de Dieu éclate en nous avec sa paix ! Oui, que le joie de Dieu pénètre votre cœur et vous emporte là où est Marie ! Nous pouvons le faire beaucoup plus simplement que nous le pensons. Il suffit de prier le Rosaire, il suffit de dire des " Je vous salue Marie..." qui paraissent si simples et qui pourtant sont si profonds parce qu'ils engagent tout l'être. Demandons à Marie de prier comme elle a prié, humblement, pauvrement, mais avec la puissance de l'Esprit et nous verrons que dans notre vie, le Seigneur fera des merveilles, des merveilles d'amour dans la croix. Amen !      

     

     

  • Année A - 19e dimanche du temps ordinaire

    Références scripturaires de la liturgie de ce dimanche :

    1 Roi 19, 9 et 11-13   / Romains 9, 1-5

    Évangile selon st Matthieu chapitre 14 versets 22 à 33

    Texte tiré de (ci-dessous) : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

     

    191

    L’Église nous donne à méditer aujourd'hui trois textes merveilleux de l'ancien et du nouveau testament. Ils sont au cœur de nos vies parce qu'ils nous touchent au plus profond de nous-mêmes ; ils touchent à ce qu'il y a de plus secret en nous.

    Arrêtons-nous d'abord au texte de St Matthieu. La barque des disciples est battue par les flots.

    " Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés.

    Ils disaient :

    - C'est un fantôme !

    Et la peur leur fit pousser des cris.

    Mais aussitôt Jésus leur parla :

    - Confiance ! C'est moi ; n'ayez pas peur !

    Le Christ leur dit : " Confiance ! C'est moi - Je Suis - n'ayez pas peur". Le Seigneur s'adresse ainsi à nous lorsque nous sommes désemparés ou lorsque le Seigneur lui-même, pour nous faire progresser, nous désarçonne. Le Seigneur nous appelle toujours à la confiance. Il faut alors se rappeler tout le mystère de l'Exode où Dieu dit à Moïse son Nom : "Je Suis". C'est en nous donnant son Nom que Dieu a révélé son propre mystère. Nous sommes donc situés dans cette confiance en Dieu, vraiment Dieu, dans le seul qui puisse dire : "Je Suis". C'est sur Lui que nous devons nous appuyer au plus fort de la tempête : "Confiance ! C'est moi, je Suis ! " Je suis là pour vous aider, pour vous faire sortir de vos ténèbres, de vos tempêtes, de tout ce qui vous entrave.

    Il y a quelque chose de plus merveilleux à découvrir. Pierre est tenté d'aller vers Jésus : " Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l'eau". Pierre veut un signe 192 mais il n'entend que Jésus lui dire : "Viens !". "Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant qu'il y avait du vent, il eut peur ; et comme il commençait à s'enfoncer, il cria : Seigneur, sauve-moi ! " Pierre a vraiment cru dans le mystère du Seigneur.

    Toute l'histoire d'Israël se joue là, tout le dessein  de Dieu pour son peuple se trouve condensé ici. Pierre a l'audace de marcher sur les eaux et le Seigneur répond à son attente. Mais Pierre a peur et le Christ n'a qu'un mot pour qualifier cette peur : " Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?" Il suffisait  en effet que Pierre comprît que dans "c'est moi", c'était tout le mystère de Dieu qui se dévoilait, c' était la présence même de Dieu qui était là, se manifestait et l'appelait. C'est le résumé de notre propre mystère. Dès que les ténèbres nous environnent et que la tempête est là, nous oublions que nous avons demandé au Seigneur de marcher sur les eaux et comme nous ne le regardons pas, nous sombrons. Fort heureusement, le Seigneur est toujours là, Il nous répond et nous sauve. Ici, dans l’Évangile, Jésus étendit la main et saisit Pierre.  Jésus prend notre main à nous aussi et il nous sauve.

    C'est aussi le mystère de Dieu qui se révèle dans le premier livre des Rois à travers l'histoire d’Élie arrivé au Sinaï. Élie s'apprête  à voir Dieu. Mais Dieu n'est pas dans l'ouragan. Dieu n'est pas dans les montagnes qui se fendent, Dieu n'est pas dans le tremblement de terre, Dieu n'est pas dans le fracas du tonnerre,  dans le bruit. Dieu est dans le murmure de la brise légère ou plutôt - et le texte veut dire cela - Dieu est dans le murmure au plus profond du cœur. Élie a découvert " Je Suis". Comme Moïse, Élie connaît le Seigneur. "Je Suis" est dans ce cœur qui s'ouvre au mystère de Dieu qui se dévoile à lui.

    Paul découvre le même mystère. Il est juif et voit ses frères de race s'éloigner du message du Seigneur. Il a dans son cœur une douleur incessante. C'est la douleur de "Je Suis" 193. Il voit son peuple qui ne répond pas aux appels du Seigneur. Nous sentons l'appel étonnant du Seigneur dans la vie de Paul. Il accepterait d'être maudit, séparé du Christ pour sauver ses frères. "Je Suis" est le mystère de l'Alliance, le mystère du dévoilement de Dieu. C'est aussi le mystère de l'ouverture de notre cœur pour nous livrer à la place de nos frères. Cela n'est possible que dans la toute-puissance de Dieu qui nous fait marcher sur les eaux.

    Nous savons bien quelles difficultés nous rencontrons pour suivre le Christ. Nous savons trop bien que la tempête est là, que la barque qui représente l’Église est ballotée par les flots. Nous le savons. Parfois, nous en prenons conscience avec terreur. Pourtant, nous savons que lorsque la tempête en est à son point culminant, la seule chose essentielle à faire est de nous répéter la parole du Seigneur : "Confiance ! Je suis ! N'ayez pas peur !" Nous découvrirons alors la présence de Dieu dans le murmure de notre cœur, présence invincible, présence qui triomphe de tout parce qu'elle est celle de l'amour, de l'amour déjà vainqueur. Le Seigneur ne nous présente pas un monde dans lequel  il n'y aurait ni vagues, ni tempêtes ; il nous présente un monde réel dans lequel notre foi en lui doit triompher. Il faut croire que le Seigneur est vraiment au cœur du mystère de son Père et que nous avons à le suivre sur le chemin qu'il nous indique. Ces trois textes se répondent les uns les autres : Moïse et Élie, le Christ et Paul.  C'est le même mouvement, c'est le même enveloppement de gloire et de sainteté.

    Nous sommes enveloppés dans la gloire et dans la sainteté de Dieu. Nous avons à nous laisser prendre par cette gloire et cette sainteté qui nous entraîneront là où nous devons aller sans savoir où. Nous n'avons qu'à dire : " Seigneur, sauve-moi !" et le Seigneur vient nous sauver.

     

    Demandons au Seigneur d'étendre sa main sur nous, comme il le fit sur son peuple à l' Exode, demandons-lui de nous saisir, et si nous doutons, d'entendre profondément la 194 parole du Seigneur : " Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?"

    Nous n'avons qu'une chose à dire : " Seigneur, nous croyons en toi. Tu es le vainqueur du monde, tu es celui qui a triomphé de tout, tu es celui qui marche sur les eaux, celui qui triomphe du mal à tout jamais et qui nous fera triompher même de la mort. Amen !

     

  • Année A - 18e dimanche du temps ordinaire

     Références scripturaires de la liturgie de ce dimanche 

    Isaïe 55, 1-3  / Romains 8, 35-39

    Évangile selon st Matthieu chapitre 14 versets 13 à 21

    Texte tiré de (ci-dessous) : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

     

    "Jésus partit en barque pour un endroit désert, à l'écart. Les foules l'apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied. En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de pitié."

    Cette douce pitié est merveilleuse dans l'évangile. Elle n'est pas, comme trop d'hommes l'imaginent, une pitié qui se déverse sur l'autre en raison de sa supériorité. Cette pitié, au contraire, nous met sur le même plan, elle nous met au cœur de l'amour de Dieu et nous l'offre. La pitié de Dieu n'est pas une condescendance qui nous détruirait, qui nous empêcherait d'être nous-mêmes, ou qui nous empêcherait  de devenir ce que nous devons devenir. La pitié de Dieu au cœur de notre vie est l'appel de Dieu donnant tout ce qu'il est, tout ce qu'il a et voulant toujours se donner davantage, toujours plus gratuitement. La pitié de Dieu n'a pas une note d'apitoiement . C'est un amour qui va jusqu'au bout un amour qui veut partager la misère et la détresse pour mieux nous en faire sortir. C'est bien dans cette perspective qu'a lieu la multiplication des pains. 

    "Tous mangèrent à satiété." La scène est une préfiguration de l'institution de l'Eucharistie. Matthieu emploie les termes que Jésus emploiera et note les gestes que Jésus fera. Les disciples ne comprennent pas ce que Jésus veut faire. Ils lui disent : " Nous n'avons là que cinq pains et deux poissons". Jésus dit : "Apportez-les moi ici." Puis, ordonnant à la foule de s'asseoir sur l'herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction : il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule". Jésus fait preuve ici d'une pitié pleine d'amour qui veut se jeter aux pieds de ses frères et les sauver. 

    Cette pitié veut donner la vie de Dieu gratuitement. Vous avez entendu Isaïe nous dire : " Même si vous n'avez pas d'argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer". Dieu donne son amour gratuitement, il se révèle gratuitement et il ne demande qu'à se révéler à nous tout entier. "Prêtez l'oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez". Le Seigneur nous rassasie de cette nourriture qu'il est lui-même. " Je ferai avec vous une alliance perpétuelle, qui confirmera ma bienveillance envers David." Cette alliance nous nourrit jusqu'au plus profond de nous-mêmes, comble nos besoins et nous appelle à entrer toujours plus dans le mystère de Dieu. Jésus a soif, soif de notre soif, soif que nous soyons ouverts à la réalité du mystère qu'il annonce. En effet, ce mystère de la multiplication des pains est le mystère de la croix et de la résurrection. Il vient  se donner pour toujours, se donner pour nourrir le monde, se donner pour nous ouvrir à son amour et qu'ainsi nous vivions de son propre amour. 

    C'est une joie ineffable qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer, une joie qui est capable de triompher de tout comme Paul nous le crie : " Qui pourra nous séparer de l'amour du Christ ? La détresse ? l'angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le supplice ? Non, car en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. j'en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur."

    Aujourd'hui, l’Église nous appelle à nous nourrir de la Parole du Seigneur qui transforme, de cette Parole que le Seigneur nous donne, jour après jour, et qui est vraie nourriture. Nous allons recevoir l'Eucharistie dont la multiplication des pains n'est qu'une figure. Celle-ci se transforme en don véritable dont nous avons à vivre et dont nous avons à être les témoins. Le Seigneur nous demande d'aimer comme il a aimé, d'avoir pitié de nous-mêmes et d'avoir pitié de nos frères, dans une compréhension infinie, dans une compréhension qui nous fait nous mettre à genoux aux pieds de nos frères, comme le Christ s'est mis aux pieds de ses disciples : " Jésus, sachant que son heure  était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde les aima jusqu'à la fin. Au cours d'un repas... Jésus se lève de table, dépose ses vêtements et, prenant un linge, il s'en ceignit...il commença à laver les pieds de ses disciples " (Jn 13,1-5). Le lavement des pieds évoque l'Eucharistie dont nous vivons.

    Demandons au Seigneur de découvrir que nous recevons l'Esprit Saint dans l'Eucharistie. Car l'Esprit Saint nous transforme et fait que nous avons en nous la certitude de la victoire finale. Nous croyons que l'amour de Dieu triomphera de tout, il n'y a rien de comparable à cela. C'est la révélation de l'amour de Dieu : l’Évangile n'est que cela. L'amour qui s'abaisse jusqu'à l'extrême et se met à la dernière place, peut tout. Il peut nous demander de le suivre sur ce chemin pour l'aimer véritablement et aimer de cet amour même nos frères.

    Demandons au Seigneur d'être enveloppés par son amour et de dire un oui profond à l'amour de Dieu qui triomphe de tout, même de ce qui le contredit apparemment. Le Seigneur est l'amour, il fait de nous des grands vainqueurs dans le Christ. Notre victoire c'est notre foi nous est-il dit dans la première épître de St Jean. C'est aussi ce que nous dit aujourd'hui St Paul : nous sommes les grands vainqueurs dans le Christ. Amen !

     

  • Année A - 17e dimanche du temps ordinaire

    Références scripturaires de la liturgie de ce dimanche 

    1 Rois 3, 5. 7-12    Rm 8,28-30

    Evangile selon st Matthieu chapitre 13 versets 44 à 52 (Mt 13, 44-52)

    Texte tiré de (ci-dessous) : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

     

     

    Nous sommes dépassés par la phrase de St Paul soulignant un paradoxe inouï : " tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu ".

    "Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu". C'est une folie d'affirmer cela dans le monde d'aujourd'hui, monde d'atrocités, de guerres et de souffrances, de malheurs et d'agonie. Pourtant St Paul exprime ici la réalité la plus profonde qui soit. Nous le savons, "tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu". Tout, absolument tout.

    Il faut le réaliser dans nos vies par-delà toutes les apparences, par-delà tout ce qui peut sembler contraire à cette affirmation. Qu'est-ce que veut dire cette réalité fondamentale ? Le Seigneur nous aime et nous guide sur son chemin. Il nous enveloppe dans le dessein de son amour pour que nous soyons à l'image de son Fils des enfants du Père céleste qui est dans les cieux.

    " Tout concourt..." Je voudrais insister sur ce petit mot " tout " car il se retrouve dans la parabole que nous rapporte St Matthieu, en particulier celle de la perle fine : " Le royaume des cieux est  comparable à un négociant  qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède et il achète la perle ". Le royaume des cieux est comparable  à une perle. Il faut trouver la perle et il faut tout vendre pour  l'obtenir. Il y a dans cette parabole quelque chose  d'extrêmement  étonnant : la perle est si chère qu'il faut tout vendre pour elle. Pour égaler la valeur de cette perle, il faut tout donner, il faut tout livrer. De plus, pour découvrir cette perle, il faut être un fin connaisseur. Il est très difficile de distinguer les perles les unes des autres : on peut payer très cher pour n'avoir que du "toc" et penser qu'on a obtenu une chose extraordinaire. En réalité il faut avoir confiance dans le marchand : celui-ci nous demande de tout lâcher.

    Le Seigneur nous demande d'avoir le cœur assez ouvert pour nous laisser prendre  par le Seigneur et l'entendre nous dire : " tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu". Cette affirmation transforme nos cœurs et les place dans la vérité , dans la plénitude qu'est la perle, c'est-à-dire Jésus Christ.

    Pourquoi, finalement cette perle vaut elle tout ? C'est parce qu'elle est donnée dans la croix et la résurrection de Jésus Christ. C'est là qu'est le "tout". " "Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu " : cette parole est manifestée dans sa vérité dans la croix du Christ, dans le don total que Jésus Christ fait de lui-même aux hommes, don qui va jusqu'au bout. Celui qui trouve la perle doit accepter du fond du cœur la croix et la résurrection de Jésus  et accepter de tout vendre  pour vivre avec le Christ. St Paul, dans l'épître aux Philippiens (ch.3), dit qu'il a tout quitté pour gagner le Christ et un peu plus tard, St Ignace  d'Antioche n'aura qu'une parole à la bouche : "Saisir le Christ". Voilà ce qu'est notre vie chrétienne.

    En effet, notre vie n'a de sens que dans le don total que nous faisons de nous-mêmes au Seigneur, ce don qui fait que nous nous perdons nous-mêmes pour gagner le Christ. La seule chose qui compte dans notre vie, c'est la perle, c'est-à-dire la croix et la résurrection de Jésus Christ, ou, si vous préférez, le mystère du royaume ou bien encore le mystère de Dieu.

    Nous croyons que "tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu". Je voudrais  que cette affirmation solennelle soit comme un chant  dans votre cœur. Toutes les apparences  sont contraires. La mort est toujours là, les souffrances de toutes sortes sont toujours là, cependant  il y a quelque chose de radicalement changé dans le monde : ce sont les cieux nouveaux et les cœurs nouveaux que le Seigneur est en train de créer. Il nous faut découvrir cette présence de Dieu à nulle autre pareille. "Ceux qu'il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu'il a justifiés, il leur a donné la gloire".

    Demandons au Seigneur de nous laisser prendre par ce don car trouver le royaume de Dieu, c'est se donner  jusqu'au tréfonds de soi-même et s'ouvrir à la vérité de Dieu. Le trésor est la chose la plus cachée, au fond de notre  cœur, qu'il nous faut découvrir. Et la perle est cette  parole d'une valeur infinie, à nulle autre comparable, qui nous donne d'avoir tout, le tout de Dieu  dans le tout de l'homme. C'est cela le mystère de Dieu. Il nous veut tout entiers parce qu'il se donne tout entier, parce qu'il n'est que don.

    Le mystère de Dieu est un mystère  de don, de vérité, d'amour. Toutes les paraboles n'ont pas d'autre but que de manifester  que tout est organisé dans le monde  pour que nous découvrions  cette plénitude de l'amour. Je voudrais que cette messe soit un cri pour demander au Seigneur cette plénitude de don qui nous transforme, qui fait  de nous des êtres à la recherche de la vérité pour eux-mêmes et pour les hommes leurs frères. Le Seigneur  nous demande d'être libres, dans la sagesse qui nous fait tout regarder dans la lumière de Dieu.

    Demandons au Seigneur de tout perdre pour qu'il se donne à nous et que nous nous donnions à Lui. Alors notre vie aura son sens, son véritable sens, celui qui est le seul vrai, le seul véritable. Amen ! 

  • L'Ascension du Seigneur (année liturgique A)

    Références scripturaires de la liturgie de ce jour : Ac 1, 1-11 - Eph 1,17-23 - Mt 28,16-20

    homélie du P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  - " L'Amour du Père révélé dans sa Parole ", homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

    143

    Le début de l' évangile de Matthieu commence par la promesse de l'Emmanuel, Dieu avec nous, par l'annonce de l'évangile à la Galilée des païens. Dans le texte de la finale de Matthieu que nous avons aujourd'hui, il y a la correspondance exacte à ses annonces. Le Seigneur dit : " Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps." Et il demande à ses disciples d'aller en Galilée pour l'annoncer. Annoncer l’Évangile, annoncer le Mystère de de Dieu : " Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples." Cet universalisme des évangiles nous appelle à devenir chrétiens pour annoncer l' évangile à nos frères et pour en être de vrais témoins.

    En effet, la finale de saint Luc nous rappelle les paroles suivantes de Jésus : " Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d'entre les morts le troisième jour, et qu'en son Nom le repentir, en vue de la rémission des péchés, serait proclamer à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. De cela vous êtes témoin." Les disciples sont témoins du Christ, témoins de l'amour du Père, ils sont témoins dans la vie de l'Esprit Saint. Comme il est dit dans les Actes des apôtres : " Vous allez recevoir une force, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre ".

    Actuellement on parle beaucoup de témoignage. Mettons-nous dans ce mot la signification évangélique ? J'en doute très fort. On témoigne de tout et de rien, on témoigne en parlant, en partageant les expériences faites.

    144 Mais nous oublions que le mot témoignage a une autre ampleur : il s'agit d'être dans la puissance d'amour du Christ. Des hommes ont fait l'expérience du Christ, des hommes ont fait l'expérience de Dieu dans leur vie : la sagesse de Dieu les habite. 

    St Paul demande pour ses fidèles l'esprit de sagesse : " Que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment. Qu'il ouvre votre cœur à sa lumière pour vous faire comprendre l'espérance que donne son appel, la gloire sans prix de l'héritage que vous partagez avec les fidèles, et la puissance infinie qu'il déploie pour nous, les croyants ". Le Père agit dans nos vies de la même manière qu'il a agi dans la vie du Christ. Puisse t-il agir dans vos vies avec la même puissance, celle de la résurrection. Car témoigner c'est faire l'expérience de cette résurrection en nous. Il faut d'abord croire. Croire que la puissance de Dieu est à l’œuvre dans nos vies. Croyons-nous en vérité que la puissance de Dieu qui a ressuscité Jésus Christ d'entre les morts est à l’œuvre dans nos vies ? Elle doit être première dans nos vies pour que nous puissions en être les témoins mais attention, témoins dans l'Esprit Saint. C'est la gratuité du don de Dieu qui est première dans nos vies. Dieu d'abord. Il faut faire l'expérience du mystère du Seigneur, de ce mystère si simple et si étonnant que saint Paul et les apôtres chantent dans tout leurs textes.

    Pour être témoins de l'espérance , il faut laisser la parole de Dieu entrer en nous, nous transformer et nous transfigurer. Cette parole doit faire de nous des disciples et cela dans l'obéissance ; le témoignage repose sur l'obéissance du Christ à son Père. Au cœur de notre témoignage, il y a donc cette obéissance au cœur de notre vie, ce don de nous-mêmes à Dieu qui peut tout transformer. 

    " Apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. " Voilà ce que dit Jésus avant de se 145 séparer de ses disciples. Le commandement du Seigneur est au cœur même de l' évangile de Jean : " Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements " (Jn 14,15). Le Christ ne fait que ce qui plaît au Père ; si nous sommes pris dans le mystère de Dieu, il en sera de même pour nous. 

    A l'Ascension, le Christ disparaît aux yeux de ses apôtres. " Il vous est bon que je m'en aille " (Jn 16,7). Il disparaît pour être avec eux : " Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps ".  Le mystère du Seigneur, c'est le mystère de cette présence totale, enveloppante et décisive. " Et moi ". Nous connaissons l'ampleur de ce moi divin qui nous ramène au " Je Suis " de l' exode. Croyons-nous à cette parole du Seigneur ? Croyons-nous que " Je Suis " est avec nous jusqu'au bout, croyons nous qu'il nous mènera comme il a mené son propre Fils ? Le Seigneur nous demandera de prendre le même chemin, de le suivre jusqu'au bout, jusqu'au bout de l'amour. Il n'y a rien d'autre à demander si ce n'est de marcher à pas d'amour dans la foi et de se redire chaque qu'une difficulté se présente : " Moi, je suis avec vous ". Quelle intimité prodigieuse nous assure cette parole ! " Moi, je suis avec vous " définitivement pour vous guider, pour vous défendre, pour vous faire marcher dans les sentiers qui sont les miens  et cela jusqu'à la fin du monde. Cette parole transmise par Matthieu résume la toute-puissance dans laquelle le Christ est établi ; il est debout, à la droite du Père, il possède la même puissance que le Père et c'est lui qui nous donne l' Esprit.

    Dans l'Eucharistie, nous demanderons au Seigneur cette sagesse qui permet de comprendre la puissance de la Résurrection. Cette sagesse est au cœur de l'action de Dieu dans le monde. Certes, elle ne nous paraît pas très apparente, cependant nous savons bien que Dieu tourneboule le monde pour qu'une âme rencontre librement son propre mystère. Dieu n'a qu'un désir : se faire connaître à tous les 146 hommes. Si nous ne le connaissons pas, il faut le demander, il se donnera dans l'Esprit Saint. Dieu est prêt à tout pour que nous l'aimions du fond de notre cœur et que nous soyons ses témoins, c'est-à-dire des êtres illuminés par la présence de Dieu, des êtres qui s'adressent à leurs frères dans la simplicité du cœur et agissent conformément à l’ évangile. Témoigner, cela veut dire être, être témoin. Cela demande d'avoir une qualité de présence et d'écoute. Nous avons à demander cela au Seigneur avec joie, avec paix, avec certitude.

    " Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. " Si cette parole pénétrait définitivement dans votre cœur, tout serait changé. Qu'importe le reste, si nous sommes avec lui dans la sagesse de Dieu, dans cette puissance invraisemblable qui est la puissance de la résurrection. Nous sommes promis à la résurrection. Ce n'est pas une opinion comme une autre, c'est la vérité. La résurrection éclatera en nous comme elle a éclaté dans le Christ, avec la même force. La vie, c'est de participer à ce don de l'Esprit, ce don du Fils que le Père nous a fait. Nous vivons dans l'amour mutuel du Père et du Fils, c'est le Saint Esprit. " Moi je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde."  Que cette parole pénètre vos cœurs, qu'elle y demeure et qu'elle transforme votre vie. Amen ! 

  • Année A - Sixième dimanche de Pâques

    Références scripturaires de la liturgie de ce dimanche  : Ac 8, 5-17 - 1 P 3, 15-18 - Jn 14, 15-21

    Texte (i-dessous) : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

     

    139

     

    Saint Pierre nous exhorte aujourd'hui à "rendre compte de l’espérance qui est en nous." Témoigner de notre espérance est vraiment la chose la plus importante qui soit puisque l'espérance habite notre cœur par le fait que Jésus est ressuscité. Nous avons à en rendre témoignage devant nos frères. Or saint Paul dit que le monde païen est un monde sans Dieu et sans espérance. C'est dans ce monde sans espérance que nous vivons : voilà pourquoi se dévoile la profondeur du mal, de la souffrance et de l'atrocité des choses.

    Rendre compte de l'espérance. Y réfléchissez-vous ? Nous sommes-nous demandés jusqu'où cela mène, témoigner de l'espérance ?  D'autant plus que Pierre nous rappelle " d'avoir une conscience droite, pour faire honte à vos adversaires au moment même où ils vous calomnient." Êtes-vous capables de témoigner de l'espérance de la résurrection ? Oui, l'espérance de ressusciter avec le Christ est déjà dans cette vie, l'espérance nous entraîne, c'est un mouvement qui part du cœur du Père par le Christ qui lui-même, dans l'Esprit Saint nous fait rejoindre le cœur du Père.

    "Le Christ est mort au péché une foi pour toutes" (Rm 6,10). Dans sa chair il a été mis à mort, selon l'esprit il a été rendu à la vie. Nous avons dans notre vie cette présence extraordinaire : il faut le réaliser. Car enfin, que se passe-t-il ? Il se passe que si nous aimons le Seigneur et si nous lui sommes fidèles, le Seigneur nous donne un défenseur, un avocat, un esprit de consolation ou plus fortement un esprit de vérité qui témoigne de l'amour du Père pour nous. 

    140

    Dans ce temps préparatoire à la Pentecôte, nous devons demander de découvrir l'Esprit Saint qui n'est pas une personne abstraite. C'est une personne, nous dit le Christ, que nous connaissons puisqu'il demeure en nous. Réalisez que l'Esprit Saint est là, au cœur de chacune de nos vies dans la communauté, dans l’Église entière. " Je ne vous laisserai pas orphelins." C'est cela qui est merveilleux. Au moment où il part, le Seigneur, qui va quitter ses disciples, leur dit : "Je reviens vers vous". Partir signifie venir et si le Christ part, c'est pour nous donner l'Esprit Saint. Si le Christ meurt sur la croix, c'est pour nous donner l'Esprit Saint. Si Jésus Christ est venu dans  notre monde, s'il a pris notre humanité, c'est pour qu'en nous donnant l'Esprit Saint  nous communions au mystère du Christ et que nous découvrions que nous sommes dans le Père, avec le Christ, et que nous sommes en lui. " Vous êtes en moi, et moi en vous."

    Nous avons à rendre compte de l'espérance en croyant vraiment que le Saint-Esprit nous habite, en croyant que nous sommes aimés de Dieu et qu'il nous appelle à l'aimer davantage. "Celui qui m'aime sera aimé de mon Père." Il n'y a pas de parole plus étonnante dans l’Évangile que ces paroles d'amour, d'amour incessant, d'amour qui nous poursuit, d'amour qui nous met près de lui et qui se donne. 

    "Celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui". Nous avons à être des hommes debout face à la tourmente, face à la tempête. L’Évangile est vrai. Dieu n'a jamais biaisé devant l'atrocité du mal. Le mal est là et s'amplifie tous les jours. La vision que donne le Christ de l’Évangile n'est pas une vision facile ni commode. C'est une vision d'espérance.  

    "Je viens vers vous" et non je reviens car dans le départ du Christ, tout est déjà donné, tout, tout le mystère du Christ. Nous sommes entraînés dans son mystère et nous y communierons. Si Jésus a fait la volonté de son 141 Père, nous la ferons aussi. Vous voyez : si Jésus a été fidèle, nous devons être fidèle.

    "Je suis le Fidèle" dit le Christ dans l'Apocalypse [c'est le dernier livre de la Bible. Le terme "apocalypse" vient du grec qui signifie "dévoilement"]  Nous avons à être les fidèles au sens fort du mot c'est-à-dire que cet amour nous lie au Christ. C'est une alliance indissoluble qui nous emporte avec lui.

    Il faut demander les uns pour les autres l'espérance malgré toutes les tourmentes, malgré toutes nos faiblesses, malgré tous nos péchés. Le Seigneur est lumière et il est vérité. Nous n'avons qu'une chose à lui demander : qu'il se manifeste à nous. Nous sommes ses enfants, nous ne sommes pas orphelins. Nous sommes aimés, enveloppés d'amour, pris dans l'amour. Le monde ne peut pas savoir ce que cela signifie. Je dirai même que le chrétien qui ne se laisse pas prendre par la réalité du mystère du Christ ne peut comprendre de quoi il s'agit. Mais celui qui se laisse prendre découvre l'aventure que le Seigneur veut nous faire vivre avec lui. Je te connais personnellement, je te connais et je t'aime.

    Le monde est incapable de comprendre le mystère d'amour de Dieu qu'il nous donne librement. Demandons au Seigneur, dans l'Eucharistie, d'être pris dans la tornade de son amour. Il s'agit de se laisser emmener là où Il veut. Alors nous témoignerons de l'espérance d'être avec lui, un jour, ressuscités dans la gloire, dans la joie, dans la paix. Amen !

     

     

     

  • Année A - Cinquième dimanche de Pâques

    Références scripturaires de la liturgie de ce dimanche  : Ac 6, 1-7 - 1 P 2, 4-9 - Jn 14, 1-12

    Texte (i-dessous) : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

     

    135 Nous habitons un monde de violence. Elle s'appuie sur le mensonge. Nous en sentons-nous responsables ? Vous savez combien le Christ insiste sur la liberté qui nous fait adhérer à la vérité : " Celui qui fait la vérité vient à la lumière " (Jn 3,21). Nous avons besoin de faire la vérité et de découvrir en même temps la violence qui est au fond de notre cœur. Ne nous trompons pas : nous sommes tous des violents à moins que la douceur du Christ ne vienne nous transformer et que l'Esprit Saint fasse de nos cœurs de pierre des cœurs de chair.

    Aujourd'hui, le Christ nous dit : " Moi je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne va au Père sans passer par moi ". Quelle parole étonnante et merveilleuse : c'est la parole de celui qui est innocent, qui participe du mystère du Père, de celui qui est à l'image de son Père et qui nous ouvre le chemin. Le Christ est le seul chemin : " Il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés " nous disent les Actes des apôtres (4,12).

    Si nous suivons celui qui est le chemin, nous choisirons le chemin de la vérité et de la vie. Le Seigneur pénètre nos vies et les bouleverse. Il fait de nous des êtres qui devront passer par la mort et la résurrection. Quelquefois, nous n'accordons pas toute sa valeur au texte de l’Évangile, quand Jésus-Christ nous dit : " Suis-moi " (Lc 5,27), " Si quelqu'un veut me suivre, qu'il prenne sa croix " (Lc 9,23). Des études récentes nous disent que tous les hommes et les apôtres en particulier pouvaient voir autour de Jérusalem des croix sur lesquelles les brigands ou les mauvais esclaves étaient crucifiés : ce ne sont donc pas des  136 paroles en l'air que les disciples appelés par Jésus entendent ! C'est cette voie-là que le Seigneur a choisie pour lui. Il s'est identifié à tous les pauvres, à toutes les victimes innocentes, et c'est pour cela qu'il nous révèle le Père et son amour : " Celui qui m'a vu a vu le Père. "

    Nous avons à demeurer dans cet amour merveilleux que le Seigneur nous donne. C'est un amour qui brise nos faiblesses, qui panse nos blessures et les ouvre à l'amour du Père. C'est ainsi que se construit l’Église. Pierre nous dit : " Frères, allez vers le Seigneur Jésus : il est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu'il en connaît la valeur. Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus. " Il nous faut en prendre conscience pour annoncer les merveilles  de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. La foi nous demande de croire à cette lumière dans un monde de cruauté et de violence. Par contraste nous avons à être " doux et humbles de cœur ", semblables au Christ pauvre, humble, livré à l'amour de Dieu, livré pour tous les hommes. Il n'y a pas d'autre route : il est la voie  et son chemin est notre chemin sur lequel il nous demande de marcher à sa suite.

    Nous construisons le temple de Dieu en offrant des offrandes spirituelles, c'est-à-dire en nous offrant tout entiers dans le sacrifice du Christ pour qu'il fasse de nous de véritables offrandes au Père. Alors nous éliminerons la violence de nos vies, car ce qui doit être au cœur du chrétien, c'est la douceur. Être doux, humbles pour aimer toujours davantage, ce sont des vertus sur lesquelles les Pères de l’Église ont parlé ; elles sont capitales. Douceur infinie, compréhension infinie, pardon infini, charité dans la patience, dans l'ouverture aux autres.

    Demandons au Seigneur de regarder son visage et de voir en transparence le visage du Père. Tout repose sur 137 cela. Le Père demeure dans le Christ, ses paroles, ses actes, ses œuvres sont celles du Père.

    Demandons au Seigneur d'entrer dans ce mystère, que nous habitions ce mystère de demeure du Fils dans le Père et du Père dans le Fils. Nous sommes appelés à y communier ; c'est la douceur suprême, mais elle ne se conquiert que si l'on prend des épines dans ses mains et si on les serre avec amour : que le sang jaillisse, que l'amour jaillisse !

    Demandons au Seigneur d'entrer dans ce mystère d'amour suprême du témoignage de l'innocence, de l'innocence apparemment vaincue par le mal mais qui triomphe dans la vérité de Dieu, dans la splendeur de Dieu. Amen !

     

  • Année A - Quatrième dimanche de Pâques

    Références scripturaires de la liturgie de ce dimanche  : Ac 2, 14-41 - 1 P 2, 20-25 - Jn 10, 1-10

    Texte (i-dessous) : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

     

    129 En ce dimanche du Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis afin qu'elles aient la vie en abondance, l’Église nous demande avec insistance de prier pour les vocations, spécialement pour les vocations sacerdotales et religieuses. C'est en effet une nécessité fondamentale de prier car, pour que les chrétiens vivent, les communautés ont besoin de vocations sacerdotales qui les construisent et qui leur permettent de se développer. C'est un problème qui se pose de façon aiguë en notre temps car il y a une crise des vocations qui se résoudra en premier par la prière.

    Nous demanderons au Seigneur, du plus profond de notre cœur, des bons bergers qui donnent la vie au peuple de Dieu, marqués du sceau de l'Esprit, à l'image du Christ. Vous me direz peut-être : qu'y puis-je, en quoi cela me regarde-t-il ? Il est vrai qu'une vocation est toute gratuite, d'une gratuité comme il n'en est pas. Tout homme appelé à devenir prêtre en a fait l'expérience : il se demande souvent pourquoi il a été appelé et pas tel autre. C'est le Seigneur qui choisit, voilà pourquoi toute vocation est un don gratuit. C'est le Seigneur qui appelle dans l’Église. Il appelle des hommes à se consacrer à l'annonce de la Parole, au rassemblement de la communauté dans la célébration de l'Eucharistie, à la prière et à la vie fraternelle. Il est là " in persona Christi ", en lieu et place du Christ pour appeler les hommes à le connaître plus totalement, plus profondément, plus réellement.

    Le prêtre représente la tête du Corps c'est-à-dire le Christ. Ce n'est pas de lui-même qu'il re-présente le Christ, c'est parce qu'il a été appelé par l’Église qui l'a 130 consacré. Nous avons à demander au Seigneur que de nombreux jeunes se sentent appelés au sacerdoce. Cela ne germe pas tout seul : cela nous concerne tous. Il faut le demander dans la prière et le Seigneur nous exaucera comme il nous le dit lui-même : " La moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux ; priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson " (Lc 10,2).

    Il y a dans le monde une recherche de Dieu, un besoin de découvrir le mystère de Dieu que les prêtres devraient pouvoir satisfaire. Il y a un appel de Dieu dans de nombreuses vies, même dans la plupart des vies à des moments différents : il faudrait qu'il y ait des hommes consacrés qui détectent et qui aident ceux qui ont reçu un appel à cette vocation. Bien sûr, nous n'avons rien dans les mains. Un prêtre est un homme qui n'a rien dans les mains. Rien, si ce n'est la puissance de l'amour de Dieu. Là, tout nous est donné. Là tout peut se faire mais je crois qu'il faut que l’Église découvre plus profondément que jamais que le sacerdoce est un don dont personne ne peut s'attribuer le mérite mais qui témoigne de la plénitude de la gratuité de l'amour de Dieu. Rassembler les hommes dans l'unité, dans la vérité, les rassembler dans la charité fraternelle, les rassembler au plus profond de leur être. Il faut des vocations sacerdotales, il faut qu'elles soient nombreuses. A la mesure où nous y croirons, elles nous seront données plus largement que nous l'imaginons.

    Le Seigneur appelle les apôtres qui seront pêcheurs d'hommes. Prions le Seigneur de nous donner de nombreux pêcheurs d'hommes qui en prennent dans leurs filets pour les donner au Seigneur afin qu'ils vivent de sa vie. " Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance." Remarquez combien tout est centré sur la vie en abondance. Nous avons à vivre du mystère du Christ mais à en vivre au plus profond de notre être avec joie, dans la paix, dans la lumière. Ce mystère est 131 sur nos vies, c'est un don qui est fait à tous car le sacerdoce n'est pas donné à un seul, il est donné à quelques uns pour le profit et le bénéfice de tous.

    Je voudrais vous dire un mot des vocations religieuses : ce sont des vocations de témoignage. L'absolu de l'amour de Dieu réclame tout, demande tout, demande qu'on lui consacre toute sa vie au point de le suivre dans le célibat, dans la pauvreté, dans l'obéissance. Il y a là un appel spécial, un appel qui s'origine à la vie baptismale commune à tous mais manifestée plus profondément comme un signe vivant, un signe eschatologique : l'amour de Dieu est là présent. Les communautés religieuses sont au cœur de l’Église des témoignages de l'absolu de l'amour de Dieu. Consacrer tout au Seigneur, livrer tout au Seigneur, donner tout au Seigneur, c'est ce qu'Il demande à certains. Mais je voudrais souligner que s'il le demande, c'est pour que nous profitions tous de ses dons.

    Si le Seigneur nous donne d'avoir des communautés religieuses dans l’Église, c'est pour qu'elles témoignent en surabondance de l'amour qui les habite, de la charité fraternelle qui les construit. Nous avons à entrer dans ce mystère et il y a une complémentarité entre le sacerdoce, la vie religieuse et la vie laïque.

    Il y a aussi des vocations dans la vie laïque et nous devons prier pour elles, des vocations qui sont un appel à servir l’Église d'une façon ou d'une autre, humblement, chacun à notre place et nous aidant les uns les autres. Il faut que nous soyons fiers des vocations sacerdotales, il faut que nous soyons fiers des vocations religieuses. Il faut que nous soyons fiers des vocations qui naissent au sein du peuple de Dieu et  qui manifestent tel ou tel aspect de la miséricorde de Dieu.

    Je voudrais souligner ici que les vocations sacerdotales ou religieuses ne nous sont données que dans la prière. C'est la prière qui est première car elle est toute puissante 132 sur le cœur de Dieu et dans le temps difficile au milieu duquel nous vivons, nous devons être des hommes  qui dans la prière portent le salut du monde. Le Seigneur a prié jusqu'à l'agonie. Nous devons rentrer dans sa prière jusque dans son agonie. Il faut se donner au Seigneur jusqu'au bout, il faut aimer comme le Seigneur, jusqu'au bout.

    Relisez le texte de la lettre de St Pierre : il dit qu'il obéit au berger qu'est le Christ. Il nous prévient  qu'il faut vivre à son exemple: " Frères, si l'on vous fait souffrir alors que vous avez bien agi, vous rendrez hommage à Dieu en tenant bon. C'est bien à cela que vous avez été appelés., puisque le Christ lui-même a souffert pour vous  et vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces ".  C'est toute l'image du Serviteur souffrant que Pierre donne ici. C'est le cœur de la vie du Christ. C'est cela que nous avons à prêcher. C'est cela que nous avons à annoncer au monde, tous, que nous soyons prêtres, religieux ou laïcs : nous avons à annoncer cette entrée dans le mystère de Dieu. C'est vraiment à cela que nous avons été appelés. C'est parce que le Christ a souffert pour nous qu'il est devenu notre berger.

    Je pense qu'il faut lier la prière à la souffrance : l'accepter dans l'amour de Dieu, parce que le Seigneur comble son Église de façon à ce que nous formions un seul corps et que nous vivions dans la justice, dans la charité, que nous vivions dans l'amour de Dieu, que nous ne soyons pas errants mais que nous demeurions dans la main du bon berger. L'image du bon berger est une des images les plus anciennes. On la trouve dans les catacombes et dans les très anciennes églises. Le bon berger, c'est vraiment le mystère du Christ tout entier et c'est en lui que nous devons demeurer

    Demandons ensemble au Seigneur qu'il nous comble de vocations de toutes natures. Que les prêtres soient comme 133 des radars qui détectent des vocations, qui les aident à grandir et que nous soyons fidèles à obéir à cet appel. Je sais qu'il y a parmi vous certains qui sont touchés par la grâce de Dieu. Ils ont à laisser grandir en eux cet appel. Que le Seigneur fasse grandir en chacun de nous notre vérité  pour que nous entrions dans le mystère de Dieu à la suite du Christ dans la joie, la paix et la lumière. Laissons le Seigneur nous guider, laissons le Saint-Esprit être notre lumière. Confions-lui notre cause, c'est lui qui nous défendra et c'est lui qui nous donnera tout ce dont nous avons besoin. Amen ! 

     

     

     

     

  • Année A - Troisème dimanche de Pâques

    Textes de la liturgie du jour : Ac 2, 14-28 - 1 P 1, 17-21 - Lc 24, 13-35

    Textes : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Ed : Parole et Silence, 1998

     

    125 Nous sommes tous semblables aux pèlerins d'Emmaüs. Nous rêvons tous et sans doute nous rêvons encore du triomphe d'un Messie qui se serait manifesté dans humilité et la souffrance mais qui serait glorieux, triomphant, nous entraînant dans son triomphe et nous faisant passer ainsi dans le mystère de Dieu. Oui, nous avons d'autant plus ce sens d'un Messie triomphant que notre image de Dieu nous paraît plus belle, plus grande, plus transcendante. Comment est-il possible que cela arrive ? Nous sommes déçus de ce qui se passe dans le monde et que nous attribuons au Seigneur. Alors, comme les disciples d'Emmaüs, " nous espérions qu'il serait le libérateur d'Israël ! Avec tout cela, voici le troisième jour qui passe depuis que c'est arrivé... lui, ils ne l'ont pas vu ". Nous sommes les pèlerins d'Emmaüs dans la mesure où nous ne reconnaissons pas le visage du Messie dans le visage du Ressuscité. En effet, il nous est nécessaire de reconnaître le visage du Seigneur qui bien sûr nous fera connaître la gloire. Mais le chemin par lequel il passe n'est pas du tout celui que nous aurions imaginé. Il en va de même pour chacune de nos vies. 

    Il faut que le Seigneur éclaire nos vies ; il faut qu'il vous éclaire en vous montrant et en vous découvrant combien vos cœurs sont lents à croire. Pour découvrir le visage du Seigneur, il n'y a qu'un moyen : écouter le Christ, le laisser lui-même nous expliquer les Écritures et nous montrer que la volonté du Père est que la réalisation de son dessein d'amour passe par la croix. " Ne fallait-il pas que le Messie souffrît pour entrer dans la gloire ? " C'est ce que nous avons du mal à comprendre. Cette formule signifie 126 qu'il s'agit bien du dessein de Dieu. Dieu lui-même à voulu que la manifestation de son amour se dévoile de cette façon. Nous aurions facilement imaginé une autre façon de sauver le monde ! Le Seigneur nous introduit par sa croix dans l'intelligence de sa Parole, dans l'intelligence du Mystère de Dieu et il nous y fait participer par l'Eucharistie.

    Laissons le Seigneur nous expliquer l’Écriture. Elle s'illumine à partir de la Résurrection et, si je puis m'exprimer ainsi, les évangiles sont à lire à l'envers, c'est-à-dire à partir de la Résurrection du Christ parce que c'est le lieu de la lumière, c'est le lieu de l'éclatement du mystère de Dieu. Plus classiquement, il faut lire les Écritures en partant de Moïse et des prophètes pour constater que tout conduit à Jésus-Christ, centre du monde, pivot du monde.

    L'heure essentielle de toute l'histoire du monde, c'est l'heure de la croix. Le visage du Seigneur se dévoile alors ; c'est le visage de celui qui est doux et humble de cœur, le visage de celui qui est venu sauver les hommes par son humilité, par sa pauvreté, et nous dévoiler sa présence incessante à son Père. Nous avons à écouter le Christ non pas tel que nous l'imaginons, non pas tel que nous le voudrions, mais tel qu'Il est.

    Nous le découvrons dans l'Eucharistie. Les disciples d'Emmaüs le reconnaissent à la façon dont il rompt le pain. Qu'est-ce que cela signifie pour nos vies ? Cela implique que nous soyons prêts à nous laisser transformer par le mystère de Dieu, par sa façon déconcertante de se révéler. Le Christ entre dans nos vies de façon déroutante. Nous voulons trop souvent construire nos propres vies. Mais Jésus Christ ne construit pas sa vie, c'est son Père qui la lui donne et nous n'avons pas à construire nos vies mais bien au contraire à laisser le Seigneur les construire. Il ne s'agit pas d'être passifs, il convient de faire tout ce qu'il faut, mais en même temps, il faut se laisser prendre 127 par le visage du Seigneur tel qu'il se dévoile dans les Écritures et dans les Évangiles.

    " Reste avec nous " disent les disciples d’Emmaüs. Pour cela, lisez-vous l’Évangile ?  Lisez-vous quelquefois un évangile d'un bout à l'autre sans vous arrêter pour vous entraîner à reconnaître le visage du Christ ? Passez-vous un temps de prière plus ou moins long pour rencontrer le Christ  ? Pensez-vous que l'Eucharistie soit cet acte par lequel le Christ nous fait entrer dans son propre mystère en nous dévoilant son visage et en nous faisant participer à la gloire de son Père ? Oui, Jésus-Christ nous fait participer au mystère de sa Résurrection. C'est pour cela, comme nous dit l'apôtre Pierre, que nous ne vivons pas comme des gens sans but, mais comme des gens dont le sens de la vie est éclairée, illuminé par le sang précieux du Christ, par l'Agneau sans défaut et sans tache, discerné dès avant la fondation du monde. Voyez comme tout est pris dans le mystère d'amour du Seigneur : tout est là !

    Dans l'Eucharistie, nous avons à découvrir que nous croyons en Dieu par le Christ dans l'Esprit Saint. Nous croyons que le Père a ressuscité Jésus d'entre les morts et qu' Il lui a donné la gloire. Cette gloire, nous la connaîtrons. Nous sommes pris dans un élan d'amour qui nous déborde de partout, qui nous dépasse. Le mystère du Seigneur est un mystère ineffable, étonnant, c'est un mystère qui devrait, à chaque instant nous émerveiller. Dieu est merveilleux : Il organise les choses infiniment mieux que nous les aurions imaginées, de tout autre façon. Le Seigneur fait irruption dans nos vies à sa manière qui lui est unique. Il nous connaît chacun par notre petit nom. Il nous connaît de l'intérieur et il guide, si nous nous laissons faire, chacun de nos pas.

    En ce jour où nous sommes avec les pèlerins d'Emmaüs, nous demanderons au Seigneur de découvrir le sens de nos vies à la lumière de Dieu, 128 dans l' Écriture et dans l'Eucharistie. Que nous ayons les yeux de notre cœur illuminés, alors nos yeux s'ouvriront et nous reconnaîtrons le Seigneur. Nous pourrons entrer dans le mystère de Dieu, non pas un petit moment, mais toute notre vie parce qu'il l'imprégnera. Nous sommes dans l'ordre lorsque nous sommes suspendus à Dieu, que nous tenons à Dieu et que nous le regardons. Laissons-nous faire et nous découvrirons le visage du Seigneur et celui de nos frères qu'il nous donne gratuitement pour que nous les aimions. Amen !

      

     

     

     

     

     

  • ne vous découragez pas

    [79] Il ne faudrait pas que nous soyons ce [80] que l'Eglise appelle des pélagiens, c'est-à-dire des chrétiens qui comptent sur leurs propres forces, sans la grâce. Ce que l'Eglise demande, au contraire, c'est que les chrétiens n'aient d'autre force que "Je Suis" (cf. Ex 3,1-15), d'autre force que le Christ, d'autre force que l'Esprit donné par le Seigneur. Il s'agit d'être patients avec nous-mêmes. Si nous voulons nous convertir, cela ne se fera pas en un jour, cela demandera du temps, cela nous décevra peut-être : nous ne ferons pas ce que le Seigneur attend de nous. La dernière chose à faire, dans la vie chrétienne, c'est se dépiter, se centrer sur soi-même parce qu'on est tombé, se regarder. Ce que l'Eglise demande, au contraire, c'est de croire que quelles que soient nos fautes, quelles que soient nos misères, quelle que soit l'ampleur de nos péchés, le Seigneur est là et il peut nous faire porter du fruit. (...)

    Ne vous laissez pas agacer par vos péchés, ne vous laissez pas décourager par votre misère, nous en sommes tous là. Découvrons l'intérieur du mystère. Dieu est plus beau que nous ne l'imaginons, Dieu est celui qui vient en plein coeur de nos vies nous bouleverser (...)

    Marie-Joseph Le Guillou - La puissance de l'amour de Dieu dans sa paroles, homélies année C - Ed. Parole et Silence 2007. ISBN 978-2-911940-13-2

  • la résurrection à l'oeuvre

    [65] Au coeur de notre monde, il y a le Christ ressuscité. C'est lui qui nous libère de nos péchés, c'est lui qui nous ouvre à l'espérance, c'est lui qui nous ouvre les cieux, c'est lui qui nous donne la Vie. Oui, le Christ est ressuscité d'entre les morts, alors tout est possible, nous pouvons être dans l'allégresse et dans la joie.

    Paul est l'exemple du chrétien, pris dans et par le Seigneur, choisi par lui, qui répond à sa vocation. Il a découvert au coeur de sa vie la joie qui peut traverser la tristesse, le malheur, la misère, la souffrance, la maladie et même la mort.

    Oui, nous pouvons tout traverser à condition de croire à la résurrection des morts, de croire que Jésus-Christ est le premier-né d'entre les morts et que nous sommes tous promis à la résurrection. Notre joie est d'être déjà ressuscités dans la croix du Christ qui nous a pris dans le baptême et qui nous a libérés de tous nos péchés.

    S'il n'y avait que la vie d'ici-bas, nous serions les plus malheureux de tous les hommes. Mais croyez-vous à la [66] résurrection de la chair, croyez-vous à la résurrection de nos corps ? Vous vous retrouverez un jour ensemble dans la gloire pour chanter le Seigneur dans un corps transfiguré par l'Esprit, docile à l'Esprit.

     

    Marie-Joseph Le Guillou - La puissance de l'amour de Dieu dans sa paroles, homélies année C - Ed. Parole et Silence 2007. ISBN 978-2-911940-13-2