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Année A - 19e dimanche du temps ordinaire

Références scripturaires de la liturgie de ce dimanche :

1 Roi 19, 9 et 11-13   / Romains 9, 1-5

Évangile selon st Matthieu chapitre 14 versets 22 à 33

Texte tiré de (ci-dessous) : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

 

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L’Église nous donne à méditer aujourd'hui trois textes merveilleux de l'ancien et du nouveau testament. Ils sont au cœur de nos vies parce qu'ils nous touchent au plus profond de nous-mêmes ; ils touchent à ce qu'il y a de plus secret en nous.

Arrêtons-nous d'abord au texte de St Matthieu. La barque des disciples est battue par les flots.

" Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés.

Ils disaient :

- C'est un fantôme !

Et la peur leur fit pousser des cris.

Mais aussitôt Jésus leur parla :

- Confiance ! C'est moi ; n'ayez pas peur !

Le Christ leur dit : " Confiance ! C'est moi - Je Suis - n'ayez pas peur". Le Seigneur s'adresse ainsi à nous lorsque nous sommes désemparés ou lorsque le Seigneur lui-même, pour nous faire progresser, nous désarçonne. Le Seigneur nous appelle toujours à la confiance. Il faut alors se rappeler tout le mystère de l'Exode où Dieu dit à Moïse son Nom : "Je Suis". C'est en nous donnant son Nom que Dieu a révélé son propre mystère. Nous sommes donc situés dans cette confiance en Dieu, vraiment Dieu, dans le seul qui puisse dire : "Je Suis". C'est sur Lui que nous devons nous appuyer au plus fort de la tempête : "Confiance ! C'est moi, je Suis ! " Je suis là pour vous aider, pour vous faire sortir de vos ténèbres, de vos tempêtes, de tout ce qui vous entrave.

Il y a quelque chose de plus merveilleux à découvrir. Pierre est tenté d'aller vers Jésus : " Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l'eau". Pierre veut un signe 192 mais il n'entend que Jésus lui dire : "Viens !". "Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant qu'il y avait du vent, il eut peur ; et comme il commençait à s'enfoncer, il cria : Seigneur, sauve-moi ! " Pierre a vraiment cru dans le mystère du Seigneur.

Toute l'histoire d'Israël se joue là, tout le dessein  de Dieu pour son peuple se trouve condensé ici. Pierre a l'audace de marcher sur les eaux et le Seigneur répond à son attente. Mais Pierre a peur et le Christ n'a qu'un mot pour qualifier cette peur : " Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?" Il suffisait  en effet que Pierre comprît que dans "c'est moi", c'était tout le mystère de Dieu qui se dévoilait, c' était la présence même de Dieu qui était là, se manifestait et l'appelait. C'est le résumé de notre propre mystère. Dès que les ténèbres nous environnent et que la tempête est là, nous oublions que nous avons demandé au Seigneur de marcher sur les eaux et comme nous ne le regardons pas, nous sombrons. Fort heureusement, le Seigneur est toujours là, Il nous répond et nous sauve. Ici, dans l’Évangile, Jésus étendit la main et saisit Pierre.  Jésus prend notre main à nous aussi et il nous sauve.

C'est aussi le mystère de Dieu qui se révèle dans le premier livre des Rois à travers l'histoire d’Élie arrivé au Sinaï. Élie s'apprête  à voir Dieu. Mais Dieu n'est pas dans l'ouragan. Dieu n'est pas dans les montagnes qui se fendent, Dieu n'est pas dans le tremblement de terre, Dieu n'est pas dans le fracas du tonnerre,  dans le bruit. Dieu est dans le murmure de la brise légère ou plutôt - et le texte veut dire cela - Dieu est dans le murmure au plus profond du cœur. Élie a découvert " Je Suis". Comme Moïse, Élie connaît le Seigneur. "Je Suis" est dans ce cœur qui s'ouvre au mystère de Dieu qui se dévoile à lui.

Paul découvre le même mystère. Il est juif et voit ses frères de race s'éloigner du message du Seigneur. Il a dans son cœur une douleur incessante. C'est la douleur de "Je Suis" 193. Il voit son peuple qui ne répond pas aux appels du Seigneur. Nous sentons l'appel étonnant du Seigneur dans la vie de Paul. Il accepterait d'être maudit, séparé du Christ pour sauver ses frères. "Je Suis" est le mystère de l'Alliance, le mystère du dévoilement de Dieu. C'est aussi le mystère de l'ouverture de notre cœur pour nous livrer à la place de nos frères. Cela n'est possible que dans la toute-puissance de Dieu qui nous fait marcher sur les eaux.

Nous savons bien quelles difficultés nous rencontrons pour suivre le Christ. Nous savons trop bien que la tempête est là, que la barque qui représente l’Église est ballotée par les flots. Nous le savons. Parfois, nous en prenons conscience avec terreur. Pourtant, nous savons que lorsque la tempête en est à son point culminant, la seule chose essentielle à faire est de nous répéter la parole du Seigneur : "Confiance ! Je suis ! N'ayez pas peur !" Nous découvrirons alors la présence de Dieu dans le murmure de notre cœur, présence invincible, présence qui triomphe de tout parce qu'elle est celle de l'amour, de l'amour déjà vainqueur. Le Seigneur ne nous présente pas un monde dans lequel  il n'y aurait ni vagues, ni tempêtes ; il nous présente un monde réel dans lequel notre foi en lui doit triompher. Il faut croire que le Seigneur est vraiment au cœur du mystère de son Père et que nous avons à le suivre sur le chemin qu'il nous indique. Ces trois textes se répondent les uns les autres : Moïse et Élie, le Christ et Paul.  C'est le même mouvement, c'est le même enveloppement de gloire et de sainteté.

Nous sommes enveloppés dans la gloire et dans la sainteté de Dieu. Nous avons à nous laisser prendre par cette gloire et cette sainteté qui nous entraîneront là où nous devons aller sans savoir où. Nous n'avons qu'à dire : " Seigneur, sauve-moi !" et le Seigneur vient nous sauver.

 

Demandons au Seigneur d'étendre sa main sur nous, comme il le fit sur son peuple à l' Exode, demandons-lui de nous saisir, et si nous doutons, d'entendre profondément la 194 parole du Seigneur : " Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?"

Nous n'avons qu'une chose à dire : " Seigneur, nous croyons en toi. Tu es le vainqueur du monde, tu es celui qui a triomphé de tout, tu es celui qui marche sur les eaux, celui qui triomphe du mal à tout jamais et qui nous fera triompher même de la mort. Amen !

 

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