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marie

  • Cinquième mystère glorieux : le couronnement de la Vierge

    Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme !

    Le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds

    et douze étoiles couronnent sa tête. 

    Livre de l'Apocalypse (Ap 12,1)

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  • Assomption de la Vierge Marie

    Références scripturaires de la liturgie de ce jour :

    Apocalypse 11, 19. 12,10  / 1 Corinthiens 15, 20-26

    Évangile selon st Luc  chapitre 1 versets 39 à 56

    Texte tiré de (ci-dessous) : P. Marie-Joseph Le Guillou, o.p.  -  L'Amour du Père révélé dans sa Parole, homélies année A - Éditeur : Parole et Silence, 1998

     

    Nous fêtons aujourd'hui Marie. L'Assomption est une des plus grandes fêtes de l’Église. Il est curieux qu'elle se situe en plein cœur de l'été alors qu'elle est au cœur de la résurrection du Christ. Car c'est bien ce mystère du Seigneur que nous avons aujourd'hui à affirmer et à proclamer.

    Le monde est traversé par le mal, la souffrance, le péché et la mort. Toutes les misères et l'atrocité du monde pèsent tellement sur les hommes que beaucoup se demandent si Dieu existe vraiment. Oui, cette immense interrogation se pose au cœur du monde : Dieu, le Dieu de l’Évangile est-il vraiment là au milieu de nous ?

    Marie est celle qui peut nous répondre. Il n'y a pas de créature qui ait senti le mal plus profondément qu'elle; Il n'y a pas de créature qui soit entrée dans la profondeur de la passion du Christ comme elle. Il n'y a personne qui ait mesuré  plus qu'elle l'ampleur de l'amour de Dieu. Est-il possible de parler de l'amour dans un monde où l'on tue, où les nations se battent comme jamais ? 

    Je le crois de toutes mes forces. Je le crois parce que St Paul nous dit : " le Christ est ressuscité des morts pour être parmi les morts le premier ressuscité". Je le crois aussi parce qu'il y a Marie, celle qui a fait l'expérience des souffrances de son Fils jusqu'au bout de l'amour. On imagine trop souvent la vie de Marie comme une vie simple, sans souci, alors que c'est la vie la plus délicate, la plus complexe que le Seigneur a faite. Marie a compris du fond de son cœur ce qu'est " être abandonnée jusqu'au bout". Il ne faut pas voir la croix uniquement dans la gloire. Bien sûr, la gloire existe mais il faut la voir dans sa réalité la plus profonde, dans sa réalité, je dirai invraisemblable.

     

    Que le Fils de Dieu ait voulu que sa mère soit au pied de la Croix, n'y-a-t-il pas là un scandale ? Que le Fils de Dieu ait voulu que sa mère  soit toute présente à son sacrifice, n'est-ce pas scandaleux ? Et pourtant, je crois profondément que là s'affirme l'amour de Dieu et la réponse d'une créature humaine à l'amour de Dieu. Marie a connu la joie  de la bénédiction. Vous l'avez entendu dans les paroles d’Élisabeth : " Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ". Marie est bénie mais au prix de quelle croix, au prix de quels tourments, au prix de quelles souffrances ! Les merveilles du Seigneur traversent souvent des existences douloureuses, broyées, livrées à Dieu. L'amour de Dieu n'est pas quelque chose de tout simple. L'amour de Dieu dépasse à chaque instant les apparences et Marie a appris à découvrir, au-delà des apparences, la vérité de l'amour de son Fils. Toutes les apparences étaient contre Marie et pourtant, elle s'est tenue debout comme personne, debout au cœur de la vérité, debout au cœur de l'amour.

    En cette fête de l'Assomption, Marie nous fait percevoir la splendeur de l'amour de Dieu qui pénètre tout. Il transforme tout, il élève les humbles, il les fait passer  de la mort à la vie. L'amour de Dieu s'étend d'âge en âge, nous dit Marie dans son Magnificat. Elle l'a vécu comme nul ne l'a vécu et comme elle, il nous faut passer au-delà de toutes les apparences pour rejoindre la puissance de l'amour de Dieu, sa créativité, son invention, son imagination, je dirais même, sa fantaisie. 

    Tout est fait dans l'amour de Dieu, tout est travaillé par l'amour de Dieu, tout est transpercé par l'amour de Dieu. Nous avons à le découvrir mais il faut y mettre le prix. Il y a dans la vie de Marie une présence éclatante qui nous apparaît grâce à Élisabeth : "Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur". Il y a ce "heureuse celle...". Marie est heureuse jusqu'au cœur de la croix. Pourtant, avec son Fils, elle a connu la division des cœurs comme personne et son cœur en a été transpercé. Le rôle de Marie dans l’Église est de nous faire entrer dans cet amour triomphant. Si elle est entrée dans le ciel, si elle est auprès de son Fils, c'est parce qu'elle a été toute proche de la Passion. 

    Passion et résurrection ne font qu'un en Marie. Pour elle, la Passion lui ouvre tout grand le chemin de l'Assomption, le chemin de la Gloire, de ce corps illuminé par l'Esprit, transformé par l' Esprit. " Le puissant fit pour moi des merveilles ", dit Marie. Elle n'a cessé de le dire tout au long de sa vie, mais nous avons à la prier pour pouvoir tenir nous aussi, à notre tour, car tenir dans la joie, tenir dans la paix, tenir dans l'amour est plus compliqué que beaucoup l'imaginent, à commencer par nous-mêmes.

    Nous ne sommes pas là pour fêter Marie comme n'importe quelle femme. Nous sommes là pour fêter Marie, Mère de Dieu, glorifiée dans le ciel. Croyez-vous vraiment que Marie est ressuscitée avec son corps comme son Fils ? Croyez-vous que nous sommes promis à la même résurrection ? Si non, notre présence ici ne signifie rien. Croire à l'amour ; aimer jusqu'au bout comme Jésus Christ a aimé : tel a été le mystère de Marie, tel est notre mystère. Le mystère de la glorification du corps de Marie est l'accomplissement de la participation à la Passion de son Fils. C'est la Passion qui éclate, qui éclate de joie dans ce monde enténébré, dans ce monde qui a refusé la présence du Christ, dans ce monde  où le Christ ne se reconnaît pas. " Les siens ne l'ont pas accueilli " (Jn 1,11) Et pourtant, c'est dans ce monde que le Christ proclame ce qu'il est. Nous aussi, nous avons à le proclamer comme étant le christ de gloire, d'amour, de vérité mais à travers l'angoisse, à travers la mort.

    Demandons au Seigneur, dans cette Eucharistie, d'être entraînés dans ce mouvement d'amour. Nous croyons à la vie éternelle qui ne passera pas, à la vie pour toujours. Réfléchissez-vous quelques fois à cette vie qui attend chacun d'entre vous, qui nous attend tous, cette vie qui sera une vie dans la chair, mais dans une chair transfigurée et illuminée par l'Esprit Saint ? Pour vous, la vie chrétienne est-ce bien cela ? Êtes-vous capables de tout quitter, de tout lâcher pour cela ? Je vous le demande, comme un pauvre qui est comme vous et qui demande d'être fidèle à l'amour du Seigneur. Marie a été fidèle et sa joie a éclaté. Aujourd'hui, l’Église est éclatante de joie parce que Marie a été glorifiée. 

    Demandons au Seigneur de nous laisser prendre par cette glorification. Que la joie de Dieu éclate en nous avec sa paix ! Oui, que le joie de Dieu pénètre votre cœur et vous emporte là où est Marie ! Nous pouvons le faire beaucoup plus simplement que nous le pensons. Il suffit de prier le Rosaire, il suffit de dire des " Je vous salue Marie..." qui paraissent si simples et qui pourtant sont si profonds parce qu'ils engagent tout l'être. Demandons à Marie de prier comme elle a prié, humblement, pauvrement, mais avec la puissance de l'Esprit et nous verrons que dans notre vie, le Seigneur fera des merveilles, des merveilles d'amour dans la croix. Amen !      

     

     

  • Marie, femme de tous les jours

    Texte extrait du livre de Tonino Bello : " Marie, femme de nos jours " édité par Médiaspaul 1998 (ISBN 2-7122-0688-6). Mgr Tonino Bello (1935-1993), évêque de Molfetta, dans les Pouilles, fut président du Mouvement Pax Christi d'Italie.

     

    16 Qui sait combien de fois je l'ai lue, sans éprouver d'émotion. L'autre soir toutefois, cette phrase du concile, citée sous une image de la Vierge, m'apparut si audacieuse que je suis allé à la source pour en vérifier l'authenticité.

    C'est en effet au quatrième paragraphe du Décret sur l'apostolat des laïcs, qu'il est écrit textuellement : " Marie menait sur la terre une vie semblable à celle de tous, remplie par les soins et les labeurs familiaux."

    " Marie vivait sur la terre ", non dans les nuages. Ses pensées n'étaient pas éthérées. Ses gestes portaient la marque du concret.

    Même si Dieu l'appelait souvent à la contemplation, elle ne se sentait pas dispensée de la fatigue d'avoir les pieds sur terre.

    Loin des abstractions des visionnaires, loin des évasions des mécontents ou des échappatoires des illusionnistes, elle tenait obstinément sa maison dans le terrible quotidien.

    Mais il y a plus encore. " Elle vivait une vie semblable à celle de tous." C'est-à-dire semblable à la vie de sa voisine. Elle buvait l'eau même du puits. Elle pilait le grain dans le même mortier. Elle s'asseyait à la fraîcheur de la même cour. Elle aussi rentrait fatiguée, le soir, après avoir glané dans les champs.

    A elle aussi, on a dit un jour : " Marie, tu commences à avoir des cheveux blancs." Elle s'est alors 17 regardée dans la fontaine et a éprouvé, elle aussi, un sentiment de vive nostalgie, comme toutes les femmes du monde, quand elles s'aperçoivent que la jeunesse vient à se faner.

    Mais on n'a pas fini d'être surpris, car apprendre que la vie de Marie fut, comme la nôtre, " remplie par les soins et les labeurs familiaux ", nous la rend si participante des fatigues humaines que cela nous fait entrevoir que notre pénible quotidien n'est peut-être pas aussi banal que nous le pensions.

    Oui, elle aussi a eu ses problèmes : de santé, d'argent, de relation, d'adaptation.

    Qui sait combien de fois elle est rentrée du lavoir avec un mal de tête ou perdue dans ses pensées parce que, depuis plusieurs jours, Joseph voyait les clients se faire plus rares à l'atelier.

    Qui sait à combien de portes elle a frappé en demandant quelques journées de travail pour son Jésus à la saison des olives.

    Qui sait combien de fois, en plein midi, elle s'est évertuée à retourner et à tailler dans la pelisse déjà usée de Joseph un manteau pour son fils afin qu'il ne fasse pas trop mauvaise figure au milieu de ses camarades de Nazareth.

    Comme toutes les épouses, elle aura eu des moments de crise avec son mari dont, taciturne comme il l'était, elle ne comprenait pas toujours les silences.

    (...)

    Comme toutes les femmes, elle aura souffert de l'incompréhension, même de la part de ses deux plus 18 grands amours sur la terre. Elle aura craint de les décevoir. Ou de ne pas être à la hauteur de son rôle.

    Et, après avoir épanché dans les larmes la peine d'une solitude immense, elle aura finalement trouvé dans la prière, faite en commun, le bonheur d'une communion située bien au-delà de la nature humaine.

    Sainte Marie, femme de tous les jours, tu es peut-être la seule à pouvoir comprendre que notre folie de te ramener dans les limites de notre expérience terre à terre n'est pas un signe de désacralisation.

    Si nous osons, pour un instant, enlever ton auréole, c'est parce que nous voulons voir combien tu es belle la tête découverte.

    Si nous éteignons les projecteurs dirigés sur toi, c'est qu'il nous semble ainsi pouvoir mieux mesurer la toute-puissance de Dieu qui, derrière les ombres de ta chair, a caché les sources de la lumière.

    Nous savons bien que tu as été destinée à naviguer en haute mer. Mais, si nous te contraignons à voguer près de la côte, ce n'est pas pour te réduire à pratiquer notre petit cabotage. C'est  pour que, en te voyant si proche des plages de notre découragement, nous puissions prendre conscience que nous sommes appelés aussi à nous aventurer sur les océans de la liberté.

    Sainte Marie, femme de tous les jours, aide-nous à comprendre que le chapitre le plus fécond de la théologie n'est pas celui qui te place au centre de la Bible ou de la patristique, de la spiritualité ou de la liturgie, des dogmes ou de l'art. Mais c'est celui qui te place à l'intérieur de la maison de Nazareth. Là 19 où, parmi les marmites et les métiers à tisser, au milieu des larmes et des prières, entre les pelotes de laine et les rouleaux de l’Écriture, tu as expérimenté dans la profondeur de ta féminité toute simple, des joies sans malice, des amertumes sans désespoirs, des départs sans retours. 

    Sainte Marie, femme de tous les jours, libère-nous des nostalgies de l'épopée et apprends-nous à considérer la vie quotidienne comme le chantier où se construit l'histoire du Salut.

    Libère-nous de nos peurs pour que nous puissions expérimenter comme toi, l'abandon à la volonté de Dieu, dans la monotonie du temps et dans la lente agonie des heures qui passent.

    Et reviens marcher discrètement à nos côtés, ô créature extraordinaire, amoureuse des choses ordinaires, toi qui, avant d'être couronnée Reine du Ciel, as avalé la poussière de notre pauvre terre.

     

  • Jean-Paul II et les jeunes : 01 - au Parc des Princes - juin 1980

    Réponses  de Jean-Paul II aux questions des jeunes rassemblés au Parc des Princes - Paris dimanche 1er juin 1980 (suite du post du 29/04). Jean-Paul II se révèle ici être un vrai guide spirituel. Ce dialogue avec la jeunesse allait se poursuivre tout au long de son pontificat en particulier par ces temps forts que furent les JMJ

    (Des livres pour aller plus loin avec Jean-Paul II  ici)

    La page de Jean-PaulII sur le site du Saint Siège ici

     

    11. Vous avez aussi posé la question - la quatrième -  sur la prière. Il y a plusieurs définitions de la prière. Mais on l'appelle le plus souvent un colloque, une conversation, un entretien avec Dieu. En conversant avec quelqu'un, non seulement nous parlons, mais aussi nous écoutons. La prière est donc aussi une écoute. Elle consiste à se mettre à l'écoute de la voix intérieure de la grâce. A l'écoute de l'appel. Et alors, comme vous me demandez comment le Pape prie, je vous réponds : comme tout chrétien : il parle et il écoute. Parfois, il prie sans paroles, et alors il écoute d'autant plus. Le plus important est précisément  ce qu'il "entend". Et il cherche aussi à unir la prière à ses obligations, à ses activités, à son travail, et à unir son travail à la prière. Et de cette manière, jour après jour, il cherche à accomplir son "service", son "ministère", qui lui vient de la volonté du Christ et de la tradition vivante de l’Église.

    12. Vous me demandez aussi comment je vois ce service maintenant que j'ai été appelé depuis deux ans à être Successeur de Pierre (question numéro six). Je le vois surtout comme une maturation dans le sacerdoce et comme la permanence dans la prière, avec Marie, la Mère du Christ, de la manière dont les Apôtres étaient assidus à la prière, dans le Cénacle de Jérusalem, quand ils ont reçu l'Esprit-Saint.

    En plus de cela, vous trouverez ma réponse à cette question à partir des questions suivantes. Et par-dessus tout celle concernant la réalisation du Concile Vatican II (question quatorze). Vous demandez si elle est possible. Et je vous réponds : non seulement la réalisation du Concile est possible, mais elle est nécessaire. Et cette réponse est avant tout la réponse de la foi. C'est la première réponse que j'ai donnée, au lendemain de mon élection, devant les cardinaux réunis dans la Chapelle Sixtine.

    C'est la réponse que je me suis donnée à moi-même et aux autres, d'abord comme évêque et comme cardinal, et c'est la réponse que je donne continuellement. C'est le problème principal. Je crois qu'à travers le Concile se sont réalisées pour l’Église à notre époque les paroles du Christ par lesquelles il a promis à son Église l' Esprit de vérité, qui conduira les esprits et les cœurs des Apôtres et de leurs successeurs, en leur permettant de demeurer dans la vérité et de guider l’Église dans la vérité, en réalisant à la lumière de cette vérité " les signes des temps ". 

    C'est justement ce que le Concile a fait en fonction des besoins de notre temps, de notre époque. Je crois que, grâce au Concile, l'Esprit-Saint " parle " à l’Église. Je dis cela en reprenant l'expression de saint Jean. Notre devoir est de comprendre de manière ferme et honnête ce que  " dit l'Esprit-Saint ", et de le réaliser, en évitant les déviations  hors de la route que le Concile a tracée à tant points de vue.

    (...)

    14. L’œuvre de l'unité des chrétiens, j'estime qu'elle est une des plus grandes et des plus belle tâches de l’Église pour notre époque.

    Vous voudriez savoir si j'attends cette unité et comment je me la représente ? Je vous répondrai la même chose qu'à propos de la mise en œuvre du Concile. Là aussi je vois un appel particulier de l'Esprit-Saint. Pour ce qui concerne sa réalisation, les diverses étapes de cette réalisation, nous trouvons dans l'enseignement du Concile tous les éléments fondamentaux. Ce sont eux qu'il faut mettre en œuvre, chercher leurs applications concrètes, et surtout prier toujours avec ferveur, avec constance, avec humilité. L'union des chrétiens ne peut se réaliser autrement que par une maturation profonde dans la vérité, et une conversion constante des cœurs. Tout cela, nous devons le faire dans la mesure de nos capacités humaines, en reprenant tous les " processus historiques " qui ont duré des siècles. Mais en définitive, cette union, pour laquelle nous ne devons ménager ni nos efforts ni nos travaux, sera le don du Christ à son Église. Tout comme c'est déjà un de ses dons que nous soyons entrés sur le chemin de l'unité.

    15. En poursuivant la liste de vos question, je vous réponds : j'ai déjà parlé très souvent des devoirs de l’Église dans le domaine de la justice et de la paix (quinzième question), prenant ainsi le relais de l'activité de mes grands prédécesseurs Jean XXIII et Paul VI. demain en particulier, j'ai l'intention de prendre la parole au siège de l'UNESCO, à Paris.

    Je me réfère à tout cela parce que vous demandez : que pouvons-nous faire pour cette cause, nous les jeunes ? Pouvons-nous faire quelque chose pour empêcher une nouvelle guerre, une catastrophe qui serait incomparable, plus terrible que la précédente ? Je pense que, dans la formulation même de vos questions, vous trouverez la réponse attendue. Lisez ces questions. Méditez-les. Faites-en un programme communautaire, un programme de vie.

    Vous les jeunes, vous avez déjà la possibilité de promouvoir la paix et la justice, là où vous êtes, dans votre monde. Cela comprend déjà des attitudes précises de bienveillance dans le jugement, de vérité sur vous-mêmes et sur les autres, un désir de justice basé sur le respect des autres, de leurs différences, de leurs droits importants : ainsi se prépare pour demain un climat de fraternité lorsque vous aurez de plus grandes responsabilités dans la société. Si l'on veut faire un monde nouveau et fraternel, il faut préparer des hommes nouveaux.

    16. Et maintenant la question sur le Tiers-Monde (question numéro huit). C'est une grande question historique, culturelle, de civilisation. Mais c'est surtout un problème moral. Vous demandez à juste titre quelles doivent être les relations entre notre pays et les pays du Tiers Monde de l'Afrique et de l'Asie. Il y a là, en effet, de grandes obligations de nature morale. Notre monde " occidental " est en même temps " septentrional " (européen ou atlantique). Ses richesses et son progrès doivent beaucoup aux ressources et aux hommes de ces continents.

    Dans la nouvelle situation dans laquelle nous nous trouvons après le Concile, il ne peut pas ne chercher là-bas que les sources d'un enrichissement ultérieur  et de son propre progrès. Il doit consciemment, et en s'organisant pour cela, servir leur développement. Tel est peut-être le problème le plus important en ce qui concerne la justice et la paix dans le monde d'aujourd'hui et de demain. La solution de ce problème dépend de la génération actuelle, et elle dépendra de votre génération et de celles qui suivront. Ici aussi, il s'agit de continuer le témoignage rendu au Christ et à l’Église par plusieurs générations antérieures de missionnaires religieux et laïcs.

    17. La question: comment être aujourd'hui le témoin du Christ ? (numéro 18). C'est la question fondamentale, la continuation de la méditation que nous avons placée au centre de notre dialogue, l'entretien avec un jeune. Le Christ dit : " Suis-moi ". C'est ce qu'il a dit à Simon, le fils de Jonas auquel il a donné le nom de Pierre, à son frère André, aux fils de Zébédée, à Nathanaël. Il dit : " Suis-moi", pour répéter ensuite, après la Résurrection : " Vous serez mes témoins (Ac 1,8) "

    Pour être témoin du Christ, pour lui rendre témoignage, il faut d'abord le suivre. Il faut apprendre à le connaître, il faut se mettre, pour ainsi dire, à son école, pénétrer son mystère. C'est une tâche fondamentale et centrale. Si nous ne le faisons pas, si nous ne sommes pas prêts à le faire constamment et honnêtement, notre témoignage risque de devenir superficiel et extérieur. Il risque de ne plus être un témoignage. Si au contraire nous restons attentifs à cela, le Christ lui-même nous enseignera par son Esprit, ce que nous avons à faire, comment nous comporter, en quoi et comment nous engager, comment conduire le dialogue avec le monde contemporain, ce dialogue que Paul VI a appelé le dialogue du salut.

    18. Si vous me demandez par conséquent : " Que devons-nous faire dans l’Église, surtout nous les jeunes ? ", je vous répondrai : apprendre à connaître le Christ. Constamment. Apprendre le Christ. En Lui se trouvent vraiment les trésors insondables de la sagesse et de la science. En Lui l'homme sur lequel pèsent ses limites, ses vices, sa faiblesse et son péché, devient vraiment " l'homme nouveau ". Il devient l' homme " pour les autres ", il devient aussi la gloire de Dieu, parce que " la gloire de Dieu c'est l'homme vivant " comme l'a dit au deuxième siècle saint Irénée de Lyon, évêque et martyr. 

    L'expérience de deux millénaires nous enseigne que dans cette œuvre fondamentale, la mission de tout le peuple de Dieu, il n'existe aucune différence essentielle entre l'homme et la femme. Chacun dans son genre, selon les caractéristiques spécifiques de la féminité et de la masculinité devient cet " homme nouveau ", c'est-à-dire cet homme " pour les autres ", et comme homme vivant il devient la gloire de Dieu. Si cela est vrai, tout comme il est vrai que l' Église, au sens hiérarchique, est dirigée par les successeurs des Apôtres et donc par les hommes, il est certainement d'autant plus vrai que, au sens charismatique, les femmes la " conduisent " tout autant, et peut-être encore plus. Je vous invite à penser souvent à Marie, la Mère du Christ.

    19. Avant de conclure ce témoignage basé sur vos questions, je voudrais encore remercier très spécialement les nombreux représentants de la jeunesse française qui, avant mon arrivée à Paris, m'ont envoyée des milliers de lettres. Je vous remercie d'avoir manifesté ce lien, cette communion, cette coresponsabilité. Je souhaite que ce lien, cette communion et cette coresponsabilité se poursuivent, s'approfondissent et se développent après notre rencontre de ce soir.

    Je vous demande aussi de renforcer votre union avec les jeunes de l'ensemble de l’Église et du monde, dans l'esprit de cette certitude que le Christ est notre chemin, la vérité et la Vie (cf. Jn 14,6)

    Unissons-nous maintenant dans cette prière que Lui-même nous a enseignée, en chantant le " Notre-Père ", et recevez tous pour vous, pour les garçons et les filles de votre âge, pour vos familles et pour les hommes qui souffrent le plus, la bénédiction de l'évêque de Rome, successeur de saint Pierre.

    Notre Père qui êtes aux cieux...

     

    Le chrétien, dans  cette "méditation" de Jean-Paul II avec la jeunesse, se définit comme un être en dialogue avec le Christ. Le Pape invite à " apprendre à connaître le Christ... constamment " : condition nécessaire pour être un témoin authentique. C'est la pédagogie du Christ qui appelle ses apôtres à venir à sa suite avant d'être envoyés aux Nations,pour annoncer la Bonne Nouvelle du salut.

     

     

     

     

       

     

     

     

  • Lectio 5

    " Marie, nous dit Luc, conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son coeur " (Lc 2,19). Les deux verbes employés ici par l'évangéliste (sym-balleïn, syn-tèreïn)  contiennent tous deux la même idée de confrontation, d'assemblage, d'association, de comparaison. L'attitude intérieure de Marie face aux événements où elle savait découvrir sans cesse l'accomplissement des Ecritures, nous suggère alors à nous aussi une méthode de lecture : associative, comparative, symbolique (sym-balleïn).

    (...)

    Dans la mesure où elle nous fait ramasser, ressasser toutes choses, notre lectio divina est un exercice marial.

     

    François Cassingena-Trévedy - "Quand la Parole prend feu"

    abbaye de Bellefontaine 1999/2007.    p. 39           

     ISBN 978-2-85589-086-9 

    François Cassingena-Tréverdi est moine de Ligugé : www.abbaye-liguge.com

  • Coopérer au Salut

    (..) notre grâce est liée à la Croix du Christ ; elle a comme un poids qui la porte vers le mystère de la Croix, puisque nous sommes nés à la Croix. Ce lien n'est pas seulement une option libre (même si nous devons avoir cette option libre dans la foi et l'espérance) ; il y a dans la grâce quelque chose de plus, qui est ce lien - qu'on pourrait dire "ontologique"  avec la Croix du Christ. C'est pour cela qu'il y a vraiment en nous une orientation profonde de la grâce vers le mystère de la Croix du Christ. 

    C'est bien ce qui nous est montré ici, si nous regardons attentivement : Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'homme, afin que tout homme qui croit en lui ait par lui la vie éternelle. Notre foi porte premièrement sur le mystère du Christ crucifié ; son orientation profonde consiste à regarder Jésus crucifié comme Sauveur, c'est-à-dire comme source de vie, en comprenant que cette source de vie nous est donnée, que nous lui sommes liés. C'est important parce que, quand nous ne voulons plus regarder le mystère de la Croix, quand nous le mettons entre parenthèses, nous supprimons du même coup cette orientation profonde de notre grâce chrétienne qui nous lie au mystère du Christ ; nous faisons alors un "refoulement " surnaturel terrible, de sorte que la foi ne peut plus s'épanouir pleinement en nous. A travers la Croix du Christ, notre foi rejoint la paternité de Dieu : Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. (...)

    Mais à ce mystère nous sommes nous-mêmes associés, en ce sens que Dieu ne peut pas, ne veut pas, nous sauver sans nous. Dieu réclame notre fiat comme il l'a réclamé de Marie. Nous sommes donc associés non seulement à la croissance de la grâce, mais aussi à notre naissance à la vie divine. Il est très important pour nous de comprendre cela, et de ne pas en rester à l'attitude de celui qui reçoit. Plus la gratuité du don est grande, plus Dieu réclame notre coopération. C'est là un grand principe de l'économie divine, et on le retrouve constamment : plus la gratuité est grande, exigeant donc de nous un état de pauvreté, un état de réceptivité, plus Dieu, en même temps, réclame une coopération aimante. La récéptivité implique donc une grande activité, puisque coopérer au don d'amour, c'est se donner. On ne peut dire son fiat à la grâce qu'en étant soi-même totalement donné. (...)

    Marie-Dominique Philippe - Suivre l'Agneau t.2 -Ed. St Paul 1999. pp 113 - 114.116

    ISBN : 2 85049 781 9

    Les ouvrages ainsi que les conférences  de Marie-Dominique Philippe sont disponibles à Notre-Dame de Rimont (71390 Fley. Site internet : www.stjean.com)

  • l'Oraison II

    Et saint Thomas ajoute - il s'agit là d'une petite remarque très importante - que Marie est toujours invitée...même si nous ne l'invitons pas. Il vaut mieux bien sûr l'inviter ; mais, dès que quelqu'un désire faire oraison, Marie est présente. Comment ne le serait-elle pas, elle qui a un tel désir de voir notre âme s'orienter vers le coeur de l'Agneau ? Marie voudrait tant que nous entrions dans les désirs les plus profonds du coeur du Christ, qu'elle est toujours là. Saint Thomas ajoute qu'elle a un rôle à jouer, si nous la laissons faire, et surtout si nous le lui demandons : elle nous unit au Christ, et elle hâte l'heure du Christ. (...)

    Marie est donc invitée pour hâter l'heure du Christ et nous unir à lui, parce que nous sommes tous indigne de l'oraison et de la contemplation. Ne disons pas : "Moi, je ne suis pas digne de l'oraison, je ne suis pas digne de la contemplation." C'est tout simplement de la bêtise, parce que personne d'entre nous n'en est digne. Nous sommes tout juste bons à être des serviteurs, ce qui n'est déjà pas si mal. Nous avons une bonne volonté, nous essayons de remplir d'eau les cruches, et, autant que possible, de les remplir jusqu'au bord. Voilà ce que nous faisons. Nous sommes bons à cela. Mais Jésus veut quelque chose de bien plus grand : il veut que nous entrions dans son intimité. Marie en a hâte, et c'est pour cela qu'elle présente notre âme à Jésus, qu'elle nous porte à Jésus afin de nous introduire dans son intimité. C'est cela la hâte de la Mère, dans son désir de nous voir pénétrer tout de suite dans le mystère de Jésus, dans le mystère de son amour. (...) Tout le rôle maternel de Marie sur nous est là présent, car son plus grand désir est que notre coeur soit changé dans le coeur du Christ. C'est même le seul désir de son coeur (...)

    Il n'y a donc pas de méthode d'oraison, mais il y a la présence de Marie qui est comme le milieu divin dans lequel nous pouvons faire oraison. C'est elle qui nous prend pour nous introduire dans l'intimité de Jésus; grâce à elle c'est beaucoup plus simple et plus rapide, parce que Jésus est particulièrement attentif à ses désirs et à sa prière. Marie ne cesse de prier Jésus pour nous, afin de nous introduire dans l'intimité du coeur de son Fils. (...)

    Il y a toujours les ouvriers de la onzième heure, même dans le domaine de l'oraison. La Très Sainte Vierge peut, en un instant, réparer tout le temps perdu et nous introduire dans une très grande intimité, une intimité qui est peut-être réservée aux petits derniers.   

    M.D Philippe - Suivre l'Agneau t.II - Ed. St Paul 1999 / pp. 39-40 - ISBN : 2 85049 7819

  • Luc et Jean

    Ce lien entre jean et Luc me rappelle toujours celui que Dieu a réalisé entre Moïse et Aaron (cf Ex.3) (...)

    N'y a-t-il  pas quelque chose de très semblable entre Jean et Luc ? Jean ne bégaie pas - mais il aime trop, ce qui est une autre manière de bégayer. Quand on aime beaucoup, on n'a pas envie d'écrire. On a envie que d'aimer. Jean prêchait, c'est sûr. Il avait l'Eglise d'Ephèse, qui avait été fondée par lui. Il prêchait, cela oui. Mais écrire, il n'en avait aucune envie. Et lorsqu'il rencontre Luc, Jean se croit déchargé. C'est merveilleux : Luc transmettra tout ce que Jean a à dire, tout ce que Marie a transmis à Jean. C'est pour cela, du reste, que l'Evangile de Luc est tellement proche de celui de Jean, et les bons exégètes sont attentifs à cette dépendance de Luc à l'égard de Jean. Je crois que c'est Jean qui a communiqué à Luc la plupart des choses que celui-ci nous dit. Regardons tout ce que saint luc nous raconte sur le début de Jésus : l'Annociation, la Visitation, Bethléem, la naissance, toute la vie cachée... qui est-ce qui a été témoin de la vie cachée ? Luc est un historien, il a une très bonne intelligence ; et il nous prévient, dans le Prologue de son Evangile, qu'il veut nous dire les choses depuis le commencement (cf Lc 1,2-3 et Ac 1,1). Il veut donc avoir des témoins. Or qui est-ce qui a été  témoin du point de départ ? Il n'y a qu'un seul témoin, c'est Marie. Et qui est-ce qui a reçu Marie ? C'est Jean. Il est donc facile de comprendre que Luc a beaucoup reçu de Jean. Je ne dis pas qu'il a tout reçu de lui, mais Jean est tout de même sa source principale. Du reste, si nous avions été à la place de Luc, intelligents comme Luc, nous aurions tous fait cela. Mettons-nous un instant à la place de Luc : Marie, sans doute, vit encore, elle est chez Jean ; Luc, lui, veut écrire un Evangile plus complet que celui de Marc et de Matthieu. Que va t-il donc faire ? Il va trouver la source, cela va de soi. (...) Le coeur de Marie...c'est une source. "Elle gardait dans son coeur" la parole de Dieu... (Lc 2,19.51)

    Marie-Dominique Philippe - Suivre l'Agneau (1) - Ed. St Paul 2005 - pp.51-52

  • Marie de Nazareth

    Par son exemple et ses paroles, Marie nous apprend à connaître, à aimer et à louer Dieu. Transportée de joie et d'allégresse, elle clame son bonheur, remerciant et louant Dieu d'avoir jeté les yeux sur elle, malgré sa bassesse et son néant. L'expression qu'elle emploie ici nous fait présumer qu'elle était d'une famille pauvre, inconnue et méprisée. Mais représentons-nous les choses d'une façon plus concrète. Il y avait bien, à Jérusalem, les filles des notables, grands prêtres et sanhédrites. La plupart d'entre elles étaient certainement jolies, jeunes, cultivée et fort honorées de tout le peuple, comme le sont, aujourd'hui encore, les filles de rois, les filles de princes ou de grands seigneurs. Il y avait d'ailleurs, en Palestine, bien d'autres villes que Jérusalem.

    A Nazareth, où elle habitait, Marie, loin d'être la fille de quelque personnage en vue, appartenait à une humble et pauvre famille, peu connue et peu considérée. Marie ne se distinguait en rien, apparemment, des autres jeunes filles du voisinage. Comme elles, on la voyait soigner le bétail et faire le ménage... Mère de Dieu, Marie se voit élevée au-dessus de toute créature sans se départir pour autant de sa tranquille simplicité. Il n'est pas de pauvre servante à laquelle elle ne se sente inférieure. Et nous, misérables que nous sommes, dès que nous avons un peu de bien, un peu de puissance, quelques honneurs et une prestance un peu particulière, nous cessons de considérer les petits comme nos égaux et notre prétention n'a plus de bornes !

    Le Magnificat
    Martin Luther.