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Jean-Paul II et les jeunes : 01 - au Parc des Princes - juin 1980

Réponses  de Jean-Paul II aux questions des jeunes rassemblés au Parc des Princes - Paris dimanche 1er juin 1980 (suite du post du 29/04). Jean-Paul II se révèle ici être un vrai guide spirituel. Ce dialogue avec la jeunesse allait se poursuivre tout au long de son pontificat en particulier par ces temps forts que furent les JMJ

(Des livres pour aller plus loin avec Jean-Paul II  ici)

La page de Jean-PaulII sur le site du Saint Siège ici

 

11. Vous avez aussi posé la question - la quatrième -  sur la prière. Il y a plusieurs définitions de la prière. Mais on l'appelle le plus souvent un colloque, une conversation, un entretien avec Dieu. En conversant avec quelqu'un, non seulement nous parlons, mais aussi nous écoutons. La prière est donc aussi une écoute. Elle consiste à se mettre à l'écoute de la voix intérieure de la grâce. A l'écoute de l'appel. Et alors, comme vous me demandez comment le Pape prie, je vous réponds : comme tout chrétien : il parle et il écoute. Parfois, il prie sans paroles, et alors il écoute d'autant plus. Le plus important est précisément  ce qu'il "entend". Et il cherche aussi à unir la prière à ses obligations, à ses activités, à son travail, et à unir son travail à la prière. Et de cette manière, jour après jour, il cherche à accomplir son "service", son "ministère", qui lui vient de la volonté du Christ et de la tradition vivante de l’Église.

12. Vous me demandez aussi comment je vois ce service maintenant que j'ai été appelé depuis deux ans à être Successeur de Pierre (question numéro six). Je le vois surtout comme une maturation dans le sacerdoce et comme la permanence dans la prière, avec Marie, la Mère du Christ, de la manière dont les Apôtres étaient assidus à la prière, dans le Cénacle de Jérusalem, quand ils ont reçu l'Esprit-Saint.

En plus de cela, vous trouverez ma réponse à cette question à partir des questions suivantes. Et par-dessus tout celle concernant la réalisation du Concile Vatican II (question quatorze). Vous demandez si elle est possible. Et je vous réponds : non seulement la réalisation du Concile est possible, mais elle est nécessaire. Et cette réponse est avant tout la réponse de la foi. C'est la première réponse que j'ai donnée, au lendemain de mon élection, devant les cardinaux réunis dans la Chapelle Sixtine.

C'est la réponse que je me suis donnée à moi-même et aux autres, d'abord comme évêque et comme cardinal, et c'est la réponse que je donne continuellement. C'est le problème principal. Je crois qu'à travers le Concile se sont réalisées pour l’Église à notre époque les paroles du Christ par lesquelles il a promis à son Église l' Esprit de vérité, qui conduira les esprits et les cœurs des Apôtres et de leurs successeurs, en leur permettant de demeurer dans la vérité et de guider l’Église dans la vérité, en réalisant à la lumière de cette vérité " les signes des temps ". 

C'est justement ce que le Concile a fait en fonction des besoins de notre temps, de notre époque. Je crois que, grâce au Concile, l'Esprit-Saint " parle " à l’Église. Je dis cela en reprenant l'expression de saint Jean. Notre devoir est de comprendre de manière ferme et honnête ce que  " dit l'Esprit-Saint ", et de le réaliser, en évitant les déviations  hors de la route que le Concile a tracée à tant points de vue.

(...)

14. L’œuvre de l'unité des chrétiens, j'estime qu'elle est une des plus grandes et des plus belle tâches de l’Église pour notre époque.

Vous voudriez savoir si j'attends cette unité et comment je me la représente ? Je vous répondrai la même chose qu'à propos de la mise en œuvre du Concile. Là aussi je vois un appel particulier de l'Esprit-Saint. Pour ce qui concerne sa réalisation, les diverses étapes de cette réalisation, nous trouvons dans l'enseignement du Concile tous les éléments fondamentaux. Ce sont eux qu'il faut mettre en œuvre, chercher leurs applications concrètes, et surtout prier toujours avec ferveur, avec constance, avec humilité. L'union des chrétiens ne peut se réaliser autrement que par une maturation profonde dans la vérité, et une conversion constante des cœurs. Tout cela, nous devons le faire dans la mesure de nos capacités humaines, en reprenant tous les " processus historiques " qui ont duré des siècles. Mais en définitive, cette union, pour laquelle nous ne devons ménager ni nos efforts ni nos travaux, sera le don du Christ à son Église. Tout comme c'est déjà un de ses dons que nous soyons entrés sur le chemin de l'unité.

15. En poursuivant la liste de vos question, je vous réponds : j'ai déjà parlé très souvent des devoirs de l’Église dans le domaine de la justice et de la paix (quinzième question), prenant ainsi le relais de l'activité de mes grands prédécesseurs Jean XXIII et Paul VI. demain en particulier, j'ai l'intention de prendre la parole au siège de l'UNESCO, à Paris.

Je me réfère à tout cela parce que vous demandez : que pouvons-nous faire pour cette cause, nous les jeunes ? Pouvons-nous faire quelque chose pour empêcher une nouvelle guerre, une catastrophe qui serait incomparable, plus terrible que la précédente ? Je pense que, dans la formulation même de vos questions, vous trouverez la réponse attendue. Lisez ces questions. Méditez-les. Faites-en un programme communautaire, un programme de vie.

Vous les jeunes, vous avez déjà la possibilité de promouvoir la paix et la justice, là où vous êtes, dans votre monde. Cela comprend déjà des attitudes précises de bienveillance dans le jugement, de vérité sur vous-mêmes et sur les autres, un désir de justice basé sur le respect des autres, de leurs différences, de leurs droits importants : ainsi se prépare pour demain un climat de fraternité lorsque vous aurez de plus grandes responsabilités dans la société. Si l'on veut faire un monde nouveau et fraternel, il faut préparer des hommes nouveaux.

16. Et maintenant la question sur le Tiers-Monde (question numéro huit). C'est une grande question historique, culturelle, de civilisation. Mais c'est surtout un problème moral. Vous demandez à juste titre quelles doivent être les relations entre notre pays et les pays du Tiers Monde de l'Afrique et de l'Asie. Il y a là, en effet, de grandes obligations de nature morale. Notre monde " occidental " est en même temps " septentrional " (européen ou atlantique). Ses richesses et son progrès doivent beaucoup aux ressources et aux hommes de ces continents.

Dans la nouvelle situation dans laquelle nous nous trouvons après le Concile, il ne peut pas ne chercher là-bas que les sources d'un enrichissement ultérieur  et de son propre progrès. Il doit consciemment, et en s'organisant pour cela, servir leur développement. Tel est peut-être le problème le plus important en ce qui concerne la justice et la paix dans le monde d'aujourd'hui et de demain. La solution de ce problème dépend de la génération actuelle, et elle dépendra de votre génération et de celles qui suivront. Ici aussi, il s'agit de continuer le témoignage rendu au Christ et à l’Église par plusieurs générations antérieures de missionnaires religieux et laïcs.

17. La question: comment être aujourd'hui le témoin du Christ ? (numéro 18). C'est la question fondamentale, la continuation de la méditation que nous avons placée au centre de notre dialogue, l'entretien avec un jeune. Le Christ dit : " Suis-moi ". C'est ce qu'il a dit à Simon, le fils de Jonas auquel il a donné le nom de Pierre, à son frère André, aux fils de Zébédée, à Nathanaël. Il dit : " Suis-moi", pour répéter ensuite, après la Résurrection : " Vous serez mes témoins (Ac 1,8) "

Pour être témoin du Christ, pour lui rendre témoignage, il faut d'abord le suivre. Il faut apprendre à le connaître, il faut se mettre, pour ainsi dire, à son école, pénétrer son mystère. C'est une tâche fondamentale et centrale. Si nous ne le faisons pas, si nous ne sommes pas prêts à le faire constamment et honnêtement, notre témoignage risque de devenir superficiel et extérieur. Il risque de ne plus être un témoignage. Si au contraire nous restons attentifs à cela, le Christ lui-même nous enseignera par son Esprit, ce que nous avons à faire, comment nous comporter, en quoi et comment nous engager, comment conduire le dialogue avec le monde contemporain, ce dialogue que Paul VI a appelé le dialogue du salut.

18. Si vous me demandez par conséquent : " Que devons-nous faire dans l’Église, surtout nous les jeunes ? ", je vous répondrai : apprendre à connaître le Christ. Constamment. Apprendre le Christ. En Lui se trouvent vraiment les trésors insondables de la sagesse et de la science. En Lui l'homme sur lequel pèsent ses limites, ses vices, sa faiblesse et son péché, devient vraiment " l'homme nouveau ". Il devient l' homme " pour les autres ", il devient aussi la gloire de Dieu, parce que " la gloire de Dieu c'est l'homme vivant " comme l'a dit au deuxième siècle saint Irénée de Lyon, évêque et martyr. 

L'expérience de deux millénaires nous enseigne que dans cette œuvre fondamentale, la mission de tout le peuple de Dieu, il n'existe aucune différence essentielle entre l'homme et la femme. Chacun dans son genre, selon les caractéristiques spécifiques de la féminité et de la masculinité devient cet " homme nouveau ", c'est-à-dire cet homme " pour les autres ", et comme homme vivant il devient la gloire de Dieu. Si cela est vrai, tout comme il est vrai que l' Église, au sens hiérarchique, est dirigée par les successeurs des Apôtres et donc par les hommes, il est certainement d'autant plus vrai que, au sens charismatique, les femmes la " conduisent " tout autant, et peut-être encore plus. Je vous invite à penser souvent à Marie, la Mère du Christ.

19. Avant de conclure ce témoignage basé sur vos questions, je voudrais encore remercier très spécialement les nombreux représentants de la jeunesse française qui, avant mon arrivée à Paris, m'ont envoyée des milliers de lettres. Je vous remercie d'avoir manifesté ce lien, cette communion, cette coresponsabilité. Je souhaite que ce lien, cette communion et cette coresponsabilité se poursuivent, s'approfondissent et se développent après notre rencontre de ce soir.

Je vous demande aussi de renforcer votre union avec les jeunes de l'ensemble de l’Église et du monde, dans l'esprit de cette certitude que le Christ est notre chemin, la vérité et la Vie (cf. Jn 14,6)

Unissons-nous maintenant dans cette prière que Lui-même nous a enseignée, en chantant le " Notre-Père ", et recevez tous pour vous, pour les garçons et les filles de votre âge, pour vos familles et pour les hommes qui souffrent le plus, la bénédiction de l'évêque de Rome, successeur de saint Pierre.

Notre Père qui êtes aux cieux...

 

Le chrétien, dans  cette "méditation" de Jean-Paul II avec la jeunesse, se définit comme un être en dialogue avec le Christ. Le Pape invite à " apprendre à connaître le Christ... constamment " : condition nécessaire pour être un témoin authentique. C'est la pédagogie du Christ qui appelle ses apôtres à venir à sa suite avant d'être envoyés aux Nations,pour annoncer la Bonne Nouvelle du salut.

 

 

 

 

   

 

 

 

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