Par son exemple et ses paroles, Marie nous apprend à connaître, à aimer et à louer Dieu. Transportée de joie et d'allégresse, elle clame son bonheur, remerciant et louant Dieu d'avoir jeté les yeux sur elle, malgré sa bassesse et son néant. L'expression qu'elle emploie ici nous fait présumer qu'elle était d'une famille pauvre, inconnue et méprisée. Mais représentons-nous les choses d'une façon plus concrète. Il y avait bien, à Jérusalem, les filles des notables, grands prêtres et sanhédrites. La plupart d'entre elles étaient certainement jolies, jeunes, cultivée et fort honorées de tout le peuple, comme le sont, aujourd'hui encore, les filles de rois, les filles de princes ou de grands seigneurs. Il y avait d'ailleurs, en Palestine, bien d'autres villes que Jérusalem.
A Nazareth, où elle habitait, Marie, loin d'être la fille de quelque personnage en vue, appartenait à une humble et pauvre famille, peu connue et peu considérée. Marie ne se distinguait en rien, apparemment, des autres jeunes filles du voisinage. Comme elles, on la voyait soigner le bétail et faire le ménage... Mère de Dieu, Marie se voit élevée au-dessus de toute créature sans se départir pour autant de sa tranquille simplicité. Il n'est pas de pauvre servante à laquelle elle ne se sente inférieure. Et nous, misérables que nous sommes, dès que nous avons un peu de bien, un peu de puissance, quelques honneurs et une prestance un peu particulière, nous cessons de considérer les petits comme nos égaux et notre prétention n'a plus de bornes !
Le Magnificat
Martin Luther.