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1er Dimanche de Carême - année B

Texte tiré de " Seigneur, rien n'est plus vrai que Ta Parole. Méditations et homélies dominicales pour l'année B "  Éditions Parole et Silence de Marie Joseph Le Guillou.

Nous entrons aujourd'hui en Carême. Nous entrons dans ce temps que l’Église a établi pour faire mention de la Croix et de la Résurrection du Christ et pour nous introduire dans son mystère.

 

Quelle est votre idée du Carême ? Je voudrais savoir si vous en faites une étape sans grande importance dans le déroulement de votre vie ou bien s'il s'agit pour vous d'un temps marqué par des sacrifices qui vous ont douloureusement marqués. 

Le Carême est autrement plus grand et plus profond que tout cela. C'est vraiment le Seigneur entrant dans notre vie et prenant sur lui notre épreuve. Car finalement le Carême est l'épreuve du Seigneur, et c'est notre épreuve en lui. Il s'agit de l'épreuve au sens biblique du mot, c'est-à-dire de la mise en question de nous mêmes par le Seigneur pour que nous devenions ce qu'il veut par l'écoute de sa Parole et par sa mise en pratique dans nos vies. Il s'agit d'abord de contempler le Christ qui a pris sur lui notre épreuve jusqu'au bout.

L'Esprit pousse le Christ en notre nom à tous au désert. Là, il jeûne quarante jours. Ce chiffre est le symbole de la vie humaine. C'est vraiment une entrée dans le désert qui se présente comme un temps monotone, un temps où rien ne paraît se dévoiler. Ce temps se présente avec une apparence sévère, où tout est chemin sans chemin, chemin qui ne mène nulle part. Le Seigneur passe quarante jours dans le désert pour supporter la tentation. " Tout fils qu'il était apprit, de ce qu'il souffrit l'obéissance ; après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel." ( Heb 5, 8-9). Il s'agit d'une entrée dans la vie humaine que le Christ a prise sur lui. Job nous dit que la vie est une corvée qui saisit toute la vie humaine. Le Seigneur par sa miséricorde nous prend dans cette vie, nous enveloppe de son amour et nous apprend à le reconnaître.

Il s'agit pour nous de découvrir ce temps d'épreuve que le Christ a vécu librement. Il s'est mis à notre place librement, aussi, nous avons, nous aussi, à entrer dans cette grande épreuve. Notre vie est un temps d'épreuve, d'épreuve dans l'amour, d'épreuve dans la vérité. C'est vraiment l'or qui est mis à nu, qui dévoile sa clarté et se dégage du minerai qui l'enveloppe.

Le Seigneur fait ainsi pour nous. Il veut dégager ce qu'il y a de mauvais en nous pour nous faire entrer dans sa propre plénitude. Saint Pierre nous dit que le Christ, " le juste est mort pour les coupables afin de vous introduire devant Dieu. Dans sa chair, il a été mis à mort, dans l'esprit il a été rendu à la vie ". C'est une chose merveilleuse de contempler le Christ juste, innocent, mort pour nos péchés qui nous introduit dans le mystère de Dieu. Nous sommes engagés dans ce mystère de mort  et de résurrection et nous ne pouvons pas passer ce temps de Carême sans entrer dans la joie de Dieu, dans la joie de Pâques, car ce qui est derrière  c'est la mort et la résurrection. "Dans sa chair il a été mis à mort, dans l'esprit il a été rendu à la vie ". Y a t-il parole plus merveilleuse ? Dans sa chair il a été mis à mort : voilà vraiment l'épreuve, l'épreuve suprême que nous aurons tous à passer, l'épreuve qui est vraiment un amour.

Nous n'avons pas le droit de regarder la mort comme un obstacle, mais comme une rencontre avec le Seigneur qui fait de nous des êtres libres, vivant pour Dieu. Mais vous me direz, mourir ainsi est-ce possible ? Je vous réponds sans hésiter que c'est le regard de Dieu sur notre vie et le regard qu'ont eu les Apôtres sur leur propre vie. C'est le regard qu'ont eu aussi les saints sur leur propre vie. Il s'agit de mourir pour vivre de toute la vie de Dieu, pour connaître l'aventure du mystère de Dieu.

Le Carême doit être pour nous une rencontre nouvelle avec le Seigneur, une rencontre que nous n'imaginons pas, une rencontre de quarante jours de méditation sur le visage défiguré du Christ que Dieu met dans sa lumière et rend merveilleux dans l'Esprit- Saint. Nous avons à découvrir que la vie chrétienne est une vie dans laquelle il faut s'engager. Nous avons à nous dégager du péché nous dit saint Pierre mais pour "nous engager envers Dieu avec une conscience droite". Le Christ a vécu sa mort dans un acte libre avec une conscience droite. Une conscience droite et lumineuse ne se fait pas d'illusions sur elle-même mais laisse le Seigneur découvrir notre misère et notre faiblesse.

Il s'agit de nous engager envers Dieu, je dirais, avec la conscience même du Christ s'engageant envers son Père car il nous donne de participer à cet engagement. Il s'est livré par amour pour nous, à nous de nous livrer par amour et de nous engager dans notre vie quotidienne avec une conscience droite. Nous avons à renouveler constamment notre baptême  : cela suppose que nous puissions voir toutes les épreuves de notre vie avec une conscience droite. 

S'engager envers Dieu avec une conscience droite. Il y a quelque chose de merveilleux dans cette formule qui tient certainement au fait que Pierre a su le prix de la fidélité. Il souhaite que ses fidèles disent un oui total à Dieu un oui lumineux qui les engage tout entiers. Nous allons vers Pâques , aussi ne cesserons-nous pas de monter à Jérusalem, nous ne cesserons pas cette ascension vers le Père, nous avancerons vers la Croix et la résurrection du Christ qui sont nôtres. 

Désormais l'Alliance est là, le Seigneur est fidèle, il nous a tout donné, il nous demande de suivre le Christ là où il va : pour le moment il est au désert ! " Il vivait parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient." C'est une formule qui, dans la Bible, signifie la restauration de la vie messianique, de la vie de la fin des temps. Poussé dans la monotonie du désert, Jésus n'est pas seul, il est avec son Père.

Nous avons à demander d'être avec le Seigneur et de nous livrer à lui. Nous avons à entrer dans la splendeur de l'amour que l’Église veut pour nous. L’Église nous veut tout ouverts à sa parole. Écouter la Parole, ce n'est pas simplement lire les textes, c'est laisser cette Parole nous pénétrer, nous briser, nous broyer.  Cette Parole est vivante, elle nous introduit dans le mystère de Dieu. Il faut que nous découvrions que notre vie a besoin d'être mise en cause par Dieu. Jésus-Christ nous met devant la vérité de Dieu  et là, nous ne pouvons pas nous dérober. La Parole de Dieu est là pour que nous reconnaissions dans l'Esprit-Saint  le Seigneur et que nous puissions lui dire  que nous sommes décidés à le suivre. Dans la Croix et la Résurrection, demandons au Seigneur de l'aimer jusqu'au bout, d'une façon tout à fait libre et droite. Si le Christ est passé par la tentation, c'est pour en triompher. Nous sommes déjà des grands vainqueurs dans le Christ.

Tout est gagné. Il est le victorieux. Il est le fidèle. Amen !

 

 

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