Le secret de l’Évangile n’est pas un secret de curiosité, une initiation intellectuelle ; le secret de l’Évangile est essentiellement une communication de vie. La lumière de l’Évangile n’est pas une illumination qui nous demeure extérieure : elle est un feu qui exige de pénétrer en nous pour y opérer une dévastation et une transformation. Celui qui laisse pénétrer en lui une seule parole du Seigneur et qui la laisse s’accomplir dans sa vie, connaît plus l’Évangile que celui dont tout l’effort restera méditation abstraite ou considération historique.
L’Évangile n’est pas fait pour des esprits en quête d’idées. Il est fait pour des disciples qui veulent obéir. L’obéissance demandée au disciple de Jésus-Christ agenouillé devant la parole et l’exemple de son maître, n’est pas une obéissance discursive, raisonneuse, interprétative ; elle est une obéissance d’enfant revenu à son ignorance radicale de créature, à son aveuglément universel de pécheur.
Madeleine Delbrel – « Nous autres, gens des rues » Seuil 1966