Saint Paul affirme mystérieusement que notre souffrance sert à compléter ce qui manque à la Passion du Christ. Si saint Paul ne l'affirmait solennement, jamais je ne croirais qu'il puisse manquer quelque chose à la Passion du Christ. Mais apparemment Dieu qui nous a créés libres, ne veut pas opérer sans nous l'oeuvre de notre salut. Il veut que chacun apporte sa propre pierre à l'édification de cette immense cathédrale de la souffrance que constitue la Passion du Christ, qui, dans la chair et l'âme de ses amis, se poursuit à travers les siècles. Quand le monde finira, alors seulement la cathédrale sera achevée. La douleur et la mort sont donc un moyen de nous conformer au Christ, de prendre sa figure, de nous identifier mystérieusement à lui afin qu'au moment voulu nous participions aussi à sa Gloire, à la joie sans rivages qui est éternellement sienne. Dans le christianisme authentique, la souffrance et la mort, surtout l'acceptation libre de la souffrance et de la mort, sont un moyen, mais ne sont qu'un moyen. Si elles deviennent but, elles sont chrétiennement suspectes. La joie seule est notre destinantion finale.
R.L Bruckberger - La Révélation de Jésus-Christ - Grasset, 1983