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silence

  • Devant Pilate

    (...) À propos de cela, le silence du Christ devant Pilate est très "parlant". Pourquoi se tait-il ? Parce que c'est une tactique devant un juge ? Peut-être. Mais surtout parce que les accusations  sont tellement fausses, tellement basses, qu'il n'y a rien à dire. Devant un certain degré de calomnie, ce n'est même plus la peine de répondre. Il se tait parce que ce qu'il veut indiquer est au-delà des mots. S'il avait argumenté il aurait réduit la relation à son Père au niveau de la valeur des arguments qu'il utilisait pour en parler. Mais il avait accosté dans ces terres où il n'y a plus de mots et c'est précisément parce qu'il ne peut plus rien dire, qu'il se tait, donc qu'il dit la vérité. Vous imaginez Jésus faisant une plaidoirie devant Pilate ? Ça aurait été du toc, du kitsch, elle aurait sonné faux. Ce n'est pas possible. S'il veut montrer qui il est, il ne peut que se taire, parce que ce qu' il a à évoquer, ce n' est pas « J'ai la  Vérité» - parole de toutes les tyrannies - mais « Je suis la Vérité ». Une vérité qui se livre, qui se met à hauteur d'homme, à la hauteur où l'homme se détruit, donc, sur la croix. Cette attitude ne se dit pas, elle se prend, parce que la dire, serait du théâtre. La faire en silence - seule expression possible de la vérité - résume sa propre vie. C' est très vrai, vous savez, les rares choses auxquelles on croit vraiment, on n' a que sa vie et sa mort pour les montrer. Pas de manière aussi ultime ou aussi tragique que le Christ, mais il arrive des moments où il faut savoir se taire. Je crois par exemple que devant des malades qui souffrent beaucoup, devant des drames humains, la seule vraie position, c' est le silence. Non pas un silence par absence, mais un silence par ouverture. « Tu ne pourras comprendre ce que j'ai à te dire que si tu mets tes pieds dans mes pas. »

    Albert Rouet - J'aimerais vous dire - Bayard 2009, pp. 134-135

  • Celui qui me suit (5)

    C‘est parce que notre cœur est dépourvu d’attente que les puits de solitude dont sont parsemées nos journées nous refusent l’eau vive dont ils débordent.

    Nous avons la superstition du temps.

    Si notre amour demande du temps, l’amour de Dieu se joue des heures et une âme disponible peut être bouleversée par lui en un instant.

    «  Je te conduirai dans la solitude et je parlerai à ton cœur. »

    Si nos solitudes sont pour nous mauvaises adductrices de la Parole, c’est que notre cœur est absent.  

    Il n’y a pas de solitude sans le silence. Le silence, c’est quelquefois se taire, mais le silence, c’est toujours écouter.

    Une absence de bruit qui serait vide de notre attention à la  Parole de Dieu ne serait pas du silence. Une  journée pleine de bruits et pleine de voix peut être une  journée de silence si le bruit devient pour nous écho de la présence de Dieu.

    Quand nous parlons de nous-mêmes et par nous-mêmes, nous sortons du silence. Quand nous répétons avec nos lèvres les suggestions intimes de la parole de Dieu au fond de nous, nous laissons le silence intact.  Le silence n’aime pas la profusion des mots.

    (…)

    Le silence est charité et vérité

    Il répond à celui qui lui demande quelque chose, mais il ne donne que des mots chargés de vie (…)

    On ne peut se donner quand on s’est gaspillé. Les paroles vaines dont nous habillons nos pensées sont un constant gaspillage de nous-mêmes.

     

     

    Madeleine Delbrel – « Nous autres, gens des rues » Seuil 1966