Ainsi, de quelque côté que je me tourne, je ne vois personne qui s'attache à écouter la plainte de Jésus pour sa souffrance et le sentiment de sa faiblesse dans la tentation.
Bien plus, il faut prendre conscience que si Jésus est vraiment Fils de Dieu, cette souffrance toute humaine, est une tentation qui est lancée à Dieu lui-même.
Ce n'est donc nullement de la curiosité qui m'a fait relire les évangiles dans cette lumière, mais le désir d'approfondir la relation du Fils et du Père, et ce faisant apprendre à mieux connaître le Père.
Ce n' est pas non plus pour émouvoir les âmes sensibles que j'écris ces pages, et nous atteignons ici un autre aspect sérieux de ma petite recherche.
Quand je parlerai de la souffrance de Jésus, il ne s'agira en aucun cas de faire une «théologie de la souffrance».
Il ne s'agit pas d'une participation aux souffrances de Jésus. Mais, tout au contraire de la participation de Jésus le Christ, à nos propres souffrances.
De même je ne vais pas réécrire l'Evangile des souffrances de Kierkegaard. Il y a certes là beaucoup de belles choses, mais c'est pourtant un des rares livres de Kierkegaard auquel je n'apporte pas une pleine adhésion.
Je crois que Jésus souffrant n'est en rien une bonne nouvelle pour lui. Pour nous, voici Jésus infiniment plus proche, et nous communions par nos souffrances à sa souffrance ! Mais surtout n'allons pas plus loin. Le fait d'apprendre que Jésus a souffert ne doit pas nous entraîner à vouloir souffrir.
Jacques Ellul - « Si tu es le Fils de Dieu » EBV/Le Centurion 1991