Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Initiation par François Roustang

  • 21. Une initiation à la vie spirituelle

    Dans le combat contre Satan, la liberté se trouve aux prises avec des forces contraires qui la sollicitent : elle doit accueillir la lumière et rejeter les ténèbres. Mais, comme notre ennemi utilise le mensonge pour nous faire désirer le mal sous une apparence heureuse, un travail de discernement s’impose. L’Évangile conseille d’unir à la simplicité de la colombe la prudence du serpent, car nous risquons d’être égarés non seulement par l’attirance des choses de ce monde, mais par notre bonne volonté et notre générosité même. Ce n’est pas le courage qui a manqué aux pharisiens, mais la perspicacité. « Ils ont du zèle pour Dieu, affirme saint Paul, mais ce zèle est mal éclairé » (Rm 10,2).

    Lire la suite

  • 20. Une initiation à la vie spirituelle

    Pour que le détachement à l’égard du travail à entreprendre et à poursuivre ne conduise pas au désintérêt, pour que la certitude de n’avoir rien fait ne mène pas au désespoir, et que, heureuse ou malheureuse, l’issue nous trouve également paisibles, il nous faut agir dans et par l’Esprit, il faut que lui seul soit notre récompense.

    Ce que notre Seigneur dit de l’aumône doit s’appliquer à toutes nos activités petites et grandes : « Pour toi, fais-tu l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le revaudra » (Mt 6,3-4).

    Non seulement nous ne devons pas agir pour être vus des autres, mais nous ne devons rien accomplir qui soit vu de nous-mêmes. Nous serons libres et passionnés à la fois lorsque notre regard ne reviendra plus sur nous, mais que, parti de l’Esprit qui nous suggère de commencer tel labeur, il ne considérera que le Seigneur, terme de toute entreprise.

    Quand seule nous intéresse l’obéissance à Dieu et qu’il est seul à étancher notre soif, nous pouvons aisément nous dépenser pour qu’il soit notre unique salaire. Lorsqu’une entreprise a été commencée, parce que l’Esprit s’est uni à nous pour nous mouvoir, on peut l’achever sans retour sur soi, car on voit l’Esprit s’avancer pour nous combler de lui seul. Notre action devient alors transparente : l’Esprit se joint à notre esprit pour produire les fruits de l’Esprit.

    Lire la suite

  • 19. Une initiation à la vie spirituelle

    Mais le combat ne s’achève pas encore, car il faut qu’apparaisse la victoire du Christ. De même que Jésus est ressuscité des morts, envoyant les siens parcourir la terre, afin d’annoncer la bonne nouvelle, ainsi faut-il qu’à l’écrasement et à l’humiliation du juste, succède une vie nouvelle qui se répande. Nous avons « porté en notre corps les souffrances de mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre chair mortelle. » (2 Co 4,10-11).

    Lire la suite

  • 18. Une initiation à la vie spirituelle

    L’histoire, contée par Jésus, de l’esprit immonde expulsé et qui revient pour tenter d’emporter la place avec sept autres plus méchants que lui (cf. Mt 12,45), retrace le conflit de qui s’approche de Dieu. Selon un processus coutumier à toutes les luttes, lorsque l’un des adversaires a gagné une première bataille, l’autre redouble de vigueur pour écraser son ennemi. Ainsi en fut-il du Christ qui, lumière du monde, affronta les ténèbres à l’état pur et dut rencontrer Satan dès le commencement de son ministère, avant de le voir augmenter ses violences et son audace pendant la vie publique.

    Lire la suite

  • 17. Une initiation à la vie spirituelle

    En cette phase présente du combat spirituel, il ne s’agit  plus seulement de reconnaître que nous sommes de la race d’Adam et de nous identifier à lui comme cause de tout le mal, selon la formule de sainte Catherine de Sienne, car c’est assumer un fait antérieur à nous, à notre nature historique ; il faut nous saisir dans notre liberté actuelle comme susceptibles de faire le mal, d’avancer consciemment et volontairement dans les ténèbres, de former le mensonge et l’hypocrisie, c’est-à-dire de nous rendre pareils à des démons.

    Lire la suite

  • 16. Une initiation à la vie spirituelle

    Lorsque l’homme a compris que Dieu n’était pas l’adversaire et cherchait seulement, par son triomphe, a retrouver le visage de son Fils, il ressent un immense désir d’imiter le Christ et d’entrer dans sa victoire. Il sait qu’il n’y a pas d’autre voie pour que la bénédiction de Dieu se répande dans sa vie et dans le monde, apportant la paix et la joie qui sont les signes indubitables de son Royaume.

    Mais deux tentations se font jour : celle de confondre la victoire spirituelle avec la parfaite maîtrise de soi, celle de s’estimer déjà victorieux dans le Christ et de croire qu’une liberté totale à l’égard des choses créées est désormais possible.

    Lire la suite

  • 15. Une initiation à la vie spirituelle

    En vertu de la liberté réelle dont il jouit, l’homme peut se servir des dons de Dieu sans tenir compte de celui-ci. Mais, pétries à nouveau selon des projets orgueilleux, les choses de ce monde demeurent des créatures. Des lois immuables, qui se réfèrent au Créateur, sont inscrites en elles, et on ne saurait mépriser indéfiniment leur destination sans les détruire et sans que cette destruction atteigne l’homme qui en est l’auteur. Nous pouvons quelque temps nous mouvoir dans le monde en ignorant Dieu, mais, un jour, nous serons obligés de le reconnaître, lorsque les choses se révolteront contre nous. Voyant l’hostilité des créatures à notre égard, nous estimons que le Créateur est pour nous un ennemi, alors que c’est nous qui avons manqué d’intelligence et qui n’avons point voulu demander au Donateur comment il fallait se servir de ses dons.

    Lire la suite

  • 14. Une initiation à la vie spirituelle

    Chacun de nous est donc engagé dans un combat qui durera aussi longtemps que son existence sur cette terre. Parlant en son propre nom, mais également pour exprimer le drame qui est au cœur de tous, saint Paul a usé de mots décisifs : « L’homme intérieur en moi prend plaisir à la loi de Dieu ; mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de mon esprit et qui me tient captif sous la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux homme que je suis ! Grâces soient à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! Ainsi, je suis tout ensemble soumis à la loi de Dieu par l’esprit, et à la loi du péché par la chair » (Rm 7, 23-25). Nous sommes donc écartelés par des forces contraires, celle du péché qui veut nous asservir aux puissances de mort, celle de la grâce qui tente de nous conduire à la victoire totale et définitive de l’Esprit de Dieu sur toute créature.

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (13)

    L'action de grâces.

    Faire passer dans sa vie le dogme du péché originel ne conduit pas à désespérer, mais à rendre grâces. Plus l’expérience spirituelle pèse combien le péché détourne de Dieu, source unique de toute vie, plus elle saisit que l’existence, même physique, et à plus forte raison intellectuelle et morale, ne peut être que le fruit de la miséricorde et de la longanimité divines. Si rien de la création n’échappait à l’homme en Adam, puisque Dieu l’en avait fait seigneur et maître, rien n’aurait dû demeurer après qu’il eût rompu ses liens avec le Créateur. Lorsque Yahvé le menaçait de mort s’il touchait à l’arbre défendu, il ne lui proposait pas une punition ayant avec la faute une relation purement extérieure : la sanction s’identifiait à la transgression. Car refuser d’obéir à Dieu, c’est se couper de la vie, c’est aller vers la mort. Le Créateur n’a pas eu à punir Adam, c’est ce dernier qui s’est donné à lui-même la mort, qui l’a fait entrer dans le monde et qui aurait dû, normalement, consommer la destruction de l’univers créé pour lui. Mais puisque le retour au néant ne s’est pas effectué, c’est que Dieu n’a pas voulu que le péché atteigne à ses conséquences ultimes ; ou plutôt, à la logique inexorable du péché qui devra faire son œuvre, il en a ajouté une autre, celle de la promesse, et il nous a communiqué à nouveau sa vie. Si donc, prenant conscience de notre péché en Adam, de son ampleur, de l’effet universel qu’il aurait dû avoir, nous constatons pourtant que nous sommes encore vivants, nous ne pouvons pas ne pas être étonnés et ne pas reconnaître que nous existons par une grâce surabondante. Le corrupteur universel n’a pas réussi dans son entreprise ; c’est donc que le second Adam, Rédempteur universel, a déjà triomphé en toutes choses.

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (12)

    Lorsque nous considérons Jésus-Christ, le juste par excellence, et la manière dont il nous a rachetés, les paradoxes évoqués ici s’éclairent de façon décisive. Plus que Moïse, il s’est solidarisé avec nous, il a pris sur lui nos péchés, lui qui était sans péché, et il s’est laissé conduire au gibet comme un malfaiteur. Il n’a pas fait de théorie sur les origines du mal, il n’a fourni aucune explication sur le fait du péché originel et sur les circonstances de son apparition, mais il s’est fait péché pour nous (cf. 2 Co 5,21). Les éclaircissements abstraits pourraient satisfaire nos intelligences, mais ils ne nous seraient d’aucun secours pratique. Ce que nous demandons, c’est d’être délivrés réellement du mal, nous-mêmes, nos semblables et le monde. À cette supplication, le Christ Jésus apporte le seul remède efficace : il nous invite à nous placer parmi les pécheurs qui sont devenus ses amis, à l’exclusion des autres qui s’estiment justes et qui cherchent à se distinguer du vil peuple sans foi ni loi.

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (11)

    Sens du péché et action de grâces (suite)

    La démarche qui précède n’est pas encore suffisante, car bien souvent il nous arrive, sans avoir voulu ces effets, de poser des actes dont les conséquences proches ou lointaines sont désastreuses. Bien plus, cherchant à unir des hommes entre eux sur le plan familial, politique, économique, etc., avec les meilleures intentions et une grande bonne volonté, nous aboutissons parfois à des résultats opposés. Peut-être sommes-nous coupables d’ignorance et de maladresse, mais puisque nous avons agi pour le mieux, dans les circonstances présentes et  avec les moyens dont nous disposions, nous ne pouvons penser avoir commis un péché, car nous n’avions aucune volonté consciente de mal faire. Si donc pourtant les actes que nous avons posés ont brisé des liens au lieu d’en créer, c’est que la source des divisions est plus profonde que notre vouloir et que notre jugement, qu’elle est en nous à un niveau où nous ne la percevons pas et qu’en un sens elle nous dépasse.

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (10)

    Sens du péché et action de grâces (suite)

    Tout ceci qui conduit, sous une forme très abstraite sans doute, à l’affirmation d’une évidence (le péché, parce qu’il est refus du Dieu amour, est essentiellement séparation), peut aussi amener, si l’on en tire toutes les conséquences, à élargir, et en même temps à mieux rapporter à son centre, l’expérience religieuse. Il faudrait s’exercer à voir le péché en toutes les circonstances où la division s’établit et surtout là où elle s’établit par nous. Sous la multiplicité des conseils qu’elle prodigue aux hommes, l’Église ne fait que détailler indéfiniment, selon tous les niveaux et dans tous les ordres en lesquels se manifeste l’activité humaine, les normes à suivre pour que règnent en chaque individu, en chaque cellule sociale, dans les communautés plus vastes et enfin dans l’univers entier, la paix et l’unité que le péché vient détruire.

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (9)

    Sens du péché et action de grâces

    Si le dialogue avec Dieu est souvent interrompu et menacé, si les réalités terrestres et humaines ne peuvent s'y introduire et se muer en durable amour, il faut en chercher la raison, non pas du côté du Créateur, car il se communique et livre, sans compter, la surabondance de ses richesses, mais du côté de l'homme qui ne souhaite pas recevoir, parce qu'il ne veut ni obéir ni dépendre de la gratuité divine. 

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (8)

    Nous pouvons tenter une définition plus précise de la vie spirituelle. Elle comporte  tout d'abord la certitude d'une présence. Je ne suis plus enfermé en moi-même, mais je sais qu'un Autre intervient pour m'ordonner ce qu'il veut. Impossible de le confondre avec mes pensées et mes sentiments, puisqu'il m'atteint , au-delà des émotions et des velléités passagères, en ce domaine du vouloir le plus libre où ma personne se pose dans son autonomie. 

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (7)

    La rencontre avec Dieu (suite)

    Notre aventure ne se termine pas à cette négation. On a vu que Dieu ne nous rencontrait jamais sans que ce contact avec Lui prenne la forme d'une injonction. L'accueil de son amour est toujours réponse et obéissance à son vouloir. Le Seigneur qui vient ne nous sort donc pas du monde ni du temps, mais il veut nous y insérer davantage. Ce qu'il nie en s'approchant, c'est notre indépendance ; tant qu'il la verra sur la terre de nos cœurs, de nos corps et de nos actions, il y descendra pour nous l'arracher. Ce Maître, qui ne veut rien trouver d'autre que lui, ne tente pas d'abolir, mais de transformer, de fonder à nouveau, et de changer la source polluée en la limpidité de son seul amour. Plus Dieu nous fait entrer dans l'étrange solitude du dialogue avec lui, plus il nous fait descendre dans les profondeurs de l'homme pour que nous acceptions qu'il y règne comme l'Unique.  

     

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (6)

    La rencontre avec Dieu (suite)

    Accueillir Dieu, c'est découvrit au bout du compte que son amour pour nous est toujours à son commencement et qu'il n'aura donc jamais de fin. 

    Mais dans son essence même, cet amour est exclusif de tout autre. Si Dieu n'était pas "jaloux" [analogie], absolument "jaloux", ce serait la preuve que sa bonté à notre égard n'est pas divine, qu'elle est incapable de nous contenter et de nous suffire, que son mouvement même ne tend pas à nous combler. 

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (5)

    La rencontre avec Dieu (suite)   

    Aussi faut-il parler maintenant de l'attitude qui doit précéder ou suivre l'action divine, imprévisible dans sa gratuité, afin d'y correspondre pleinement et de la reconnaître quand elle nous atteindra. Elle est accueil de la présence divine qui vient vers nous.  

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (4)

       La rencontre avec Dieu (suite)

    Ce qui est premier et dernier dans l'existence, c'est l'initiative de Dieu, car en lui se trouve l'origine et l'absolu commencement de toutes choses. Il est donc compréhensible que la vie spirituelle, en laquelle nous voyons l'épanouissement de la vie humaine et bien plus encore de la vie chrétienne, n'ait d'autre but que de percevoir, de peser et de mesurer ce fait primordial. Mais autre chose est de comprendre cette vérité au terme d'un raisonnement bien charpenté et, en apparence décisif, autre chose de découvrir que, pour moi, aujourd'hui et à jamais, il en est bien ainsi. 

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (3)

       La rencontre  avec Dieu (suite)

     

       A l'opposé de ceux pour qui le christianisme n'est rien de plus qu'une morale, il s'en trouve d'autres qui le réduisent à une vie secrète, dont le seul domaine est l'intimité de l'âme. Le Dieu que nous adorons n'est pas, en effet, seulement celui qui énonce des devoirs, mais le "Dieu sensible au cœur". 

    Lire la suite

  • Une initiation à la vie spirituelle (2)

    La rencontre avec Dieu (suite)

    Les chrétiens qui s'en tiennent à la défense des valeurs morales, même s'ils ignorent les prolongements qu'elles permettent ou préparent, n'en sont pas moins les auxiliaires anonymes de ceux qui seront appelés à une vie chrétienne plus transparente à ses fondements et à ses fins. Par l'application de la loi transmise par révélation, c'est Dieu, en effet, qui se répand dans la communauté et qui diffuse en elle son amour. Les règles de vie sont le lien du peuple, l'éduquent à recevoir le Seigneur qui veut transformer les siens en lui-même. Sans le maintient de cet aspect collectif, la vie spirituelle risquerait de se dissoudre dans un effort individuel qui n'aurait plus de chrétien que le nom. Au contraire, le respect des lois objectives, valables pour tous, rappelle que, si la foi vient par l'intermédiaire de la communauté et ne peut croître qu'en elle, il faut servir celle-ci afin de devenir pour elle un ferment nouveau. C'est pourquoi, à tant de faux spirituels qui s'enferment dans leur solitude, les hommes qui s'en tiennent à la morale ont le droit de dire : l'efficacité sociale de la loi vaut davantage que la stérilité d'une croyance prétendue supérieure à celle du commun. 

    Lire la suite