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Une initiation à la vie spirituelle (8)

Nous pouvons tenter une définition plus précise de la vie spirituelle. Elle comporte  tout d'abord la certitude d'une présence. Je ne suis plus enfermé en moi-même, mais je sais qu'un Autre intervient pour m'ordonner ce qu'il veut. Impossible de le confondre avec mes pensées et mes sentiments, puisqu'il m'atteint , au-delà des émotions et des velléités passagères, en ce domaine du vouloir le plus libre où ma personne se pose dans son autonomie. 

 

 

 

Si je suis certain qu'il est là dans l'intime, ce ne peut être à la manière de ces forces obscures qui s'imposent du dehors et indépendamment de toute décision, car sa présence est douce quand je  l'accepte. De plus, loin de provoquer une désintégration, elle a pour fruit une création harmonieuse et riche, qui avive le désir d'une nouvelle rencontre et d'un nouveau dépassement dont on ne peut cependant soupçonner le terme. 

Cette certitude d'une présence introduit à la possibilité d'un dialogue. Dieu ne se montre pas comme une puissance vague et informe, désireuse de nous envahir à notre insu ; il nous parle, il nous interpelle, il nous sollicite et il n'a de cesse d'avoir obtenu une réponse claire, un accord libre, une acceptation sans mélange. Il nous respecte, il nous attend ; infiniment plus patient que nous, il ne veut en aucun cas nous ravir une adhésion de mauvais aloi. Mais voilà qui est plus extraordinaire : il nous communique son pouvoir pour que nous en disposions ; il nous rend plus forts, plus clairvoyants, et il veut même que nous lui ressemblions. Ce n'est point là un dialogue inconsistant, forgé par notre imagination, car un jour viendra même où nous pourrons à notre tour l'appeler et il nous répondra, allant même jusqu'à se soumettre à nos désirs. 

   Au sein de ce dialogue solitaire, me découvrant ses secrets, il m'apprend ses desseins sur le monde et il élargit l'étroitesse de mon horizon jusqu'aux limites de l'univers. S'il vient  vers moi seul parce que l'intérêt qu'il me porte est unique, je ne puis revenir à lui qu'avec tous les autres et les rapports qu'il entretient avec moi et moi avec lui ne seront pas conduits à leur perfection tant qu'il y aura des hommes à ne pas y prendre part de la façon et à la place qu'il désire. On ne se sauve jamais seul, et notre salut ne pourra trouver son achèvement que dans celui de l'humanité tout entière. 

 

   Certitude d'une présence, possibilité d'un dialogue, solitude qui ouvre aux autres, ce sont là trois traits caractéristiques de la vie spirituelle, qui composent en nous une image de l'amour trinitaire. Qui donc pourrait en nos cœurs accueillir la présence paternelle, à jamais étrangère et à jamais inaccessible, si ce n'est le Fils Bien-aimé ? Si la source trinitaire est contrainte de descendre en nous si profond, au point qu'elle semble nous détruire, c'est qu'il lui faut retrouver à notre origine le Verbe en qui nous avons été créés. Elle peut alors jaillir et s'infiltrer partout comme une eau vivifiante. Identifiés au Christ, qui est à chaque instant un pur " recevoir " de son Père, nous pouvons nous laisser porter par l'amour qui est Esprit. 

 

   Rencontrer Dieu, c'est donc se laisser rencontrer comme fils par le Père, c'est l'accueillir toujours davantage pour lui rendre ce qui lui appartient, c'est-à-dire nous-mêmes, l'humanité et le monde

 

A suivre…   

"Une initiation à la vie spirituelle"

François ROUSTANG -

DDB coll. Christus 1961

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