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Traversées christiques - Page 15

  • 1er Dimanche de Carême - année B

    Texte tiré de " Seigneur, rien n'est plus vrai que Ta Parole. Méditations et homélies dominicales pour l'année B "  Éditions Parole et Silence de Marie Joseph Le Guillou.

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  • L' apparition mariale à Pontmain le 17 janvier 1871 (3)

    Ce texte est extrait du livre "Dictionnaire des Apparitions" pages 746 et sv. (lien ICI) paru aux éditions Fayard.

     

    (suite)

    Il arrive avec ses deux filles et, dans ses bras, le troisième, Auguste, âgé de quatre ans. Comme les deux autres petits, il regarde vers la maison Guidecoq et dit tout bas : " Je vois."

    - Qu'est-ce que tu vois ?

    - Une belle dame, une robe bleue, avec des étoiles comme dans l'église , [...] belles !

    - Tu ne sais pas seulement ce que c'est que du bleu.

    - Si, le dimanche j'ai un gilet à manches bleues.

    Cela conforte l'opinion générale, mais le charpentier n'est pas convaincu.

    - Est-ce qu'on peut se fier à un enfant de cet âge ! Il est comme tous les enfants, il répète ce qu'il entend.

    Et à l'enfant dans ses bras :

    - Regarde, mais ne dis plus rien.

    L'apparition n'a pas parlé. Elle n'ouvrira pas la bouche, mais le message d'actualité est entré dans les cœurs. Les enfants sautent de joie, battent des mains et répètent plusieurs fois : " Oh ! quelle est belle ! " " Ah ! si j'avais des ailes !" Ils sautent de joie  comme pour s'envoler vers le ciel.  " Jamais on a rien vu de pareil, ni en personne, ni en image", conclura l'un d'eux.

    Le message est terminé, mais voici un nouveau signe : les enfants le décrivent : " Un grand crucifix apparaît dans le ciel. Notre-Dame le tient devant elle, à deux mains, légèrement incliné. Une croix d'environ 40 centimètres", ont-ils évalué. En haut, un écriteau est fixé : " JÉSUS-CHRIST "; rouge, couleur du sang versé durant la Passion et aujourd'hui dans la guerre qui déferle. La foule chante le Parce Domine : Épargne, Seigneur !

    C'est le moment le plus poignant. La tristesse devient plus profonde sur le visage de l'apparition. Une étoile monte dans le ciel. Elle vient allumer successivement les quatre bougies de la mandorle. Notre-Dame salue cette lumière d'un nouveau sourire.

    Il est environ vingt heures trente : " Faisons tous ensemble la prière du soir" demande le curé.

    Pendant l'examen de conscience, avant l'acte de contrition, une dernière phase commence. Les enfants la décrivent au fur et à mesure : un grand voile blanc apparaît aux pieds de la Vierge. Il monte lentement  devant elle et la cache progressivement, de bas en haut  : " Comme si elle était entrée dans une poche ", dit Eugène (il prononce "pouche"). 

    Le voile s'arrête au bas de la couronne qui reste un moment seule visible et disparaît d'elle-même sans être recouverte, tandis que le cercle  et les quatre bougies s'évanouissent à leur tour.

    - Voyez-vous encore ? dit l'abbé Guérin

    - Non, monsieur le curé, c'est tout fini.

    Il est près de vingt et une heures. Chacun rentre chez soi, dans le recueillement et l'espérance. l'angoisse de la guerre s'est évanouie. Les Allemands ne viendront pas jusqu'à Pontmain. Tous les soldats du village  reviendront successivement sains et saufs. La joie est profonde et discrète. (...) 

     

  • L' apparition mariale à Pontmain le 17 janvier 1871 (2)

    Ce texte est extrait du livre "Dictionnaire des Apparitions" pages 746 et sv. (lien ICI) paru aux éditions Fayard.

     

    (suite)

    Il y a maintenant plus de cinquante personnes : " V'là qu'elle tombe en humilité " (c'est-à-dire en tristesse), dit Eugène. Une discussion commence avec une femme qui conteste, au détriment de la prière, car elle ne voit rien...

    " Silence, dit le curé. S'il n'y a que les enfants à voir, c'est qu'ils en sont plus dignes que nous. Prions !" conclut-il.

    L'apparition semble grandir ainsi que la mandorle. L'étoile qui entoure l'apparition semble s'écarter ou même se poser sous ses pieds, tandis que les étoiles de la robe grandissent.

    "Ça se tape sû sa robe, c'est comme une fourmilière. Elle est bientôt toute dorée." Ils s'efforcent de distinguer "les étoiles du temps" (les constellations) des étoiles de l'apparition, sans y bien parvenir. Tandis que sœur Édouard entonne le Magnificat "sur le grand ton de Bretagne", les enfants s'écrient ensemble : "V'là cor de qué qui s'fait ! V'là un bâton !"

    Dans l'intervalle, entre les pieds de l'apparition et le toit de la maison, une banderole apparaît dans le ciel, horizontalement, "aussi longue que la maison Guidecoq : d'une cheminée à l'autre." Sur ce fond clair, un trait vertical se forme lentement et se prolonge en forme de lettre : " C'est un M !" disent les enfants. Puis : " V'là un A !"

    Ils déchiffrent ensemble, synchroniquement. C'est trop beau pour être vrai : " Il faut les séparer" dit un témoin méfiant. Aussitôt dit, aussitôt fait, car la foule, partagée, s'étonne de ne pas voir.

    Arrive le charretier Joseph Babin, de retour d'Ernée, avec une triste nouvelle : " Vous n'avez qu'à prier les Prusses sont à Laval." La foule continue sa prière. Dans le ciel, un premier mot est achevé : "MAIS".

    Sœur Vitaline proteste au nom de la grammaire : "Une phrase ne peut commencer par "mais", s'il n'y a rien avant.

    - Si, ma sœur, quand nous nous agitons, vous nous dites bien : "Mais étudiez donc, les enfants !"

    Les voyants continuent à déchiffrer lettre par lettre, en parfait accord, sans savoir où ils vont : "Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils..." Tout le monde avait compris. On salue la confirmation : c'est bien la Vierge ! Le déchiffrement continue : "se laisse...

    Sœur Vitaline connaît l'apparition de La Salette où  la Vierge disait : "Mon Fils se lasse".

    Elle corrige :

    - "Se laisse" ça ne veut rien dire.

    - Si ma sœur, il y a un I. 

    D'autres lettres viennent résoudre l'illogisme : "MON FILS SE LAISSE TOUCHER."

    L'apparition confirme la phrase d'un sourire : "V'là qu' è rit..."

    Il n'y a qu'un mot en patois pour dire "rire" et "sourire".

    La phrase consolante s'achève par un point conclusif : " gros comme un soleil ", disent les enfants.

    La prière est fervente, mais la contestation a son mot à dire dans ce village pourtant unanime dans le fond. Marie Guidecoq élève la voix dans la foule : "Le curé ne voit rien, ni les sœurs, ni moi ; les enfants non plus ! La vue leur beluette " (du patois "belot" qui signifie "éblouissement" ; autrement dit : ils ont la berlue).

    Mais soudain ses jambes fléchissent : elle tombe à genoux, clouée sur place, prie et pleure.

    Alors arrive le charpentier Basile Avice ; on vient de l'alerter : "Venez vite, des enfants voient la Sainte Vierge."

     

    A suivre...

     

  • L' apparition mariale à Pontmain le 17 janvier 1871 (1)

    Ce texte est extrait du livre "Dictionnaire des Apparitions" pages 746 et sv. (lien ICI) paru aux éditions Fayard.

     

    L'apparition de Pontmain est à certains égards la plus populaire et la plus limpide des apparitions, dans sa sobriété et sa brièveté harmonieuse à l'heure où l'armée allemande approchait du village.

    C'est arrivé le 17 janvier 1871. L'invasion allemande déferle vers la Loire. Le village de Pontmain, à cinquante kilomètres au nord de Laval, est menacé. On est sans nouvelles des villageois mobilisés. Une épidémie de typhoïde et de variole sévit par-dessus le marché. Vers midi, ce 17 janvier, la terre tremble, mais le travail paysan continue après dix-huit heures, dans la longue nuit d'hiver déjà commencée. Dans la grange des Barbedette, ce soir, on pile des ajoncs : les piquants ainsi désarmés font une nourriture substantielle pour les vaches, durant l'hiver. Eugène et Joseph Barbedette, enfants de chœur à la messe paroissiale, aident leur père au "pilage" à la lumière d'une torche de résine. Peu avant dix-huit heures, Jeannette Détais, l'ensevelisseuse (c'est son métier d'indigente), apporte aux Barbedette des nouvelles des soldats. Eugène en profite pour faire la pause et observer "les signes dans le temps" : le ciel est limpide , étoilé, et la neige couvre les toits. Va t-il revoir l'aurore boréale du 11 janvier ? 

    Non, mais tout autre chose qui l'intrigue et l'attire : du côté de la Grande Ourse, au-dessus du toit de la maison Guidecoq, voici une silhouette humaine : robe bleue parsemée d'étoiles d'or (analogue à celles du plafond de l'église) ; un sourire dans le ciel ; les mains de cette femme sont un geste d'accueil. Eugène est saisi et déconcerté : " Je la regarde et elle me regarde", dira t-il. Elle semble heureuse de le voir. Un voile noir, assorti au deuil de l'invasion encadre la figure "petite et blanche"  : " il couvre le front aux deux tiers et tombe derrière jusqu'à la taille." Sur la tête, une sorte de couronne "sans fleurons", plutôt une sorte de toque dont les bords s'écartent en trapèze vers le haut. Les étoiles sont plus lumineuses que ciel du ciel. Eugène fait part de sa découverte : " Jeannette, voyez-vous ce qu'il y a de beau ?" L'ensevelisseuse ne voit rien, le père non plus, mais Joseph s'exclame : " J'vè bin, mé !" (Je vois bien, moi !)

    Eugène l'interroge pour vérifier s'il voit bien la même chose, ce que les autres ne voient pas. Le père les ramène au travail et invite Jeannette à la discrétion, pour qu'on ne jase pas au village : " N'en dites rien, cela ferait du scandale."

    Les enfants obéissent, malgré l'attrait fascinant du ciel. Ils pilent consciencieusement, mais c'est le père qui s'inquiète : " Gàs Ugèn', va donc voir si tu vè encore. "Oui, c'est cor pareil", répond Eugène au premier coup d’œil. On vérifie avec la mère : seuls les deux garçons voient. Du coup, le village se rassemble. On appelle sœur Vitaline, l'institutrice qui loge dans l'école. Elle ne voit pas davantage, malgré les explications des voyants : " Mais si ! Les trois étoiles qui sont comme un trépied (la Grande Ourse)... eh bien, la tête de la Dame est juste au milieu."

    Arrivent Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé : deux filles de l'école. Elles voient et battent des mains, joyeuses, comme les garçons  : " Oh ! la belle Dame !" On avertit le curé : l'abbé Guérin  (soixante-neuf ans). Il arrive inquiet, avec sa gouvernante munie d'une lanterne. La prière s'est déjà improvisée , y compris le chapelet des martyrs japonais, connu de sœur Vitaline. Une litanie alterne. Deux tout-petits regardent aussi avec un sourire ravi : Eugène Friteau (deux ans), infirme, enveloppé dans le châle de sa maman et Augustine Boiteau, encore plus petite, qui gazouille  avec enthousiasme : " Le Zésus ! Le Zésus !" " Que lui avez-vous dit ?" demande le Curé. " Je ne lui ai rien dit, et elle ne m'a rien dit."

    Les voyants signalent alors : " V'là d'qué qui s'fait" (quelque chose se fait). Un cadre s'est formé autour de l'apparition, une sorte de mandorle, ornée de quatre bougies, à l'intérieur. Une petite croix rouge est apparue à l'endroit du cœur.

     

    A  suivre...

  • converser avec le Maître (06) : cinquième méthode

     

    LE FEU

     

    C'est l'illustration de la phrase de Notre Seigneur : " Je suis venu apporter le feu sur la terre, et que puis-Je vouloir sinon qu'il s'allume (Lc 12,49). Cette méthode a l'avantage de mettre l'accent sur la vertu essentielle du christianisme qu'est la charité. Vous pouvez prier de la manière suivante :

    1°) Faites un acte de foi en l'amour infini de Dieu pour vous. Pensez que Dieu vous a aimé jusqu'à la folie de la crèche, jusqu'à la folie de la croix, jusqu'à la folie de l'hostie, d'un amour personnel, s'adressant vraiment particulièrement à vous.

    " J'ai pensé à toi dans mon agonie. J'ai versé telle goutte de sang pour toi." (Pascal) Et cela malgré vos négligences et vos fautes : " Je t'aime plus ardemment que tu n'as aimé tes souillures." (Pascal) "Si l'on pouvait se rendre compte, disait sainte Thérèse, de l'intensité de l'amour de Jésus pour nous, nous serions comme anéantis."

    2°) Après Lui avoir demandé pardon de si peu L'aimer, suppliez-Le de vous accorder la grâce de L'aimer davantage. Ne craignez pas d'insister :

    "Seigneur, Vous qui savez tout, Vous savez bien que je suis loin de Vous aimer comme Vous méritez de l'être. Vous savez bien que je Vous ai souvent déçu et que je Vous déçois encore. Je Vous en supplie, mettez le feu à mon cœur, pour que toute ma vie soit dominée par votre amour."

    3°) Communiez à l'amour de Marie pour Jésus. Personne ne L'a aimé comme elle. Il n'y a pas de plus grande joie à lui faire que de lui demander de faire passer en nous quelque chose de son amour pour Jésus. (...)

    4°) C'est le point culminant de cette méthode : il s'agit pendant quelques instants, sans rien dire à Jésus, de Lui faire sentir l'intensité de votre amour pour Lui.  Il ne s'agit pas de vous forcer, mais, très paisiblement et très loyalement, de concentrer sur Lui toute votre volonté d'amour.

    5°) L'amour de Jésus doit avoir comme principale expression une plus grande charité vis-à-vis du prochain, aussi importe t-il de faire grandir en votre cœur quelque chose de l'amour de Jésus pour le monde entier et plus spécialement pour les personnes de votre entourage. (...)

    6°) Efforcez-vous de vous faire poste émetteur, et d'envoyer comme des ondes de charité, de bienveillance, de sympathie, à toutes les personnes auxquelles vous avez affaire et, d'une manière générale, à toute l'humanité. Prévoyez les personnes avec lesquelles vous serez en contact, et d'avance adressez-leur des pensées de bienvenue, des souhaites de bonheur et de vie meilleure.

    Alors, finalement, en esprit offrez toute l'humanité actuellement sur la terre, et offrez-la aux rayons du Cœur de Jésus, pour qu'Il daigne les embraser du feu de sa divine charité.

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)

     

     

  • converser avec le Maître (05) : quatrième méthode

     

    LES TROIS OFFERTOIRES

     

    Cette méthode des trois offertoires consiste :

    1. A s'offrir soi-même à Jésus pour se remplir de lui.

    2. A lui offrir l'humanité pour qu'il puisse la guérir et la sanctifier ;

    3. A l'offrir lui-même à son Père comme l'hostie parfaite de louange et d'amour, au nom de toute l'humanité.

     

    Reprenons ces trois points.

    1. S'offrir soi-même à Jésus

    Dans la vie du moine  Dom Marmion, il nous est rapporté que son père, fervent Irlandais, avait pris la résolution de ne jamais rester plus de dix minutes sans faire à Dieu l'offrande de tout lui-même. Sans arriver à cette performance spirituelle, il est bien certain que tout chrétien trouverait un enrichissement spirituel extraordinaire à s'offrir plus fréquemment à Notre Seigneur.

    Ce qui empêche peut-être certaines âmes de s'offrir à Dieu, c'est, pour les unes, la peur : "Songez donc, Dieu pourrait m'enlever ce que je vais Lui offrir !" ; pour les autres, une humilité pusillanime : " Que puis-je offrir à Dieu ? Je n'ai rien, et je ne suis rien."

    Si Dieu désire que nous nous offrions à Lui, ce n'est pas pour nous enlever ce que nous Lui présentons, mais pour nous remplir de tout ce qu' Il est, de tout ce qu'Il a. Infiniment respectueux de notre liberté humaine, Il ne pénètre en nous que dans la mesure où nous nous ouvrons à Lui, ou, en d'autres termes, dans la mesure où nous nous offrons à Lui. Il est tout don, toujours disposé à se répandre en chacun de nous et à dilater notre âme en intensifiant notre désir de nous laisser envahir par Lui.

    Le sentiment de notre misère, loin de ralentir l'élan de notre offrande, doit au contraire le stimuler. Et c'est précisément parce que nous sommes pauvres et misérables que nous avons besoin des richesses divines.

    Pour vous aider à faire ce premier offertoire, vous pouvez utiliser des phrases comme celles-ci (mais en veillant à ce qu'elles correspondent à votre véritable mouvement intérieur, car il n'y a de prière véritable que là où il y a loyauté du désir) :

    " Seigneur, je Vous offre mon esprit, remplissez-le de Vos pensées, pour que j'arrive à pensez comme Vous." (Arrêtez-vous quelques instants et précisez même les sujets sur lesquels vous désirez que le Christ fasse passer en vous son idée divine).

    " Seigneur, je Vous offre mes yeux, remplissez-les de votre regard pour que j'arrive à voir les gens, les événements et les choses comme Vous les voyez Vous-même."

    " Seigneur je Vous offre mon cœur, remplissez-le de votre amour, afin que j'arrive à aimer comme Vous."

    " Seigneur, je Vous offre ma volonté, remplissez-la de vos énergies, pour que j'arrive à vouloir comme Vous."

    " Seigneur, je Vous offre ma vie, remplissez-la de votre grâce, pour qu'elle serve à votre gloire."

    " Je Vous offre mon être tout entier, remplissez-le de tout Vous-même, pour que Vous puissiez Vous servir de moi, à volonté, en vue de la réalisation de vos desseins d'amour."

    Dans le même esprit, on peut offrir ce que l'on fait, ce que l'on souffre, ce que l'on espère, afin que tout cela, uni aux travaux de Jésus, aux souffrances de Jésus, aux désirs de Jésus, serve efficacement à la rédemption du monde.

    On peut même offrir l'heure de notre mort, afin qu'unie à la mort de Jésus en Croix, elle contribue, pour son humble part, au salut de l'humanité.

     

    2. Offrir l'humanité à Jésus pour qu'il puisse la guérir et la sanctifier

    En vertu de la communion des Saints, vous avez le droit, dans un grand élan de charité, de Lui offrir tous nos frères et sœurs de l'humanité. Vous pouvez aussi Lui offrir les prières de ceux qui prient, les douleurs de ceux qui souffrent, les combats de ceux qui luttent, les fatigues de ceux qui peinent, pour que tout cela, se coulant dans son oblation incessante, puisse prendre valeur de rédemption.

    Vous pouvez également Lui offrir les âmes découragées pour qu'Il les réconforte, les âmes en détresse pour qu'Il les console, les âmes courageuses pour qu'Il les soutienne, les âmes dans l'épreuve pour qu'Il les fortifie.

    Vous pouvez Lui offrir les péchés du monde pour qu'Il les pardonne, les efforts et les actes de vertu pour qu'Il les fasse fructifier, les défauts et les misères morales pour qu'Il y apporte le remède salutaire.

    "Seigneur, j'offre aux rayons de votre humilité toutes les âmes orgueilleuses, aux rayons de votre pureté toutes les âmes sensuelles, aux rayons de votre amour tous les égoïsmes et toutes les haines de la terre... etc..."

    Vous pouvez à ce moment-là renouveler le geste de ces disciples dont nous parle l’Évangile, qui n'hésitaient pas à présenter à Jésus tous les malades et tous les infirmes de leur voisinage. " Une force sortait de lui qui les guérissait tous " relate saint Luc (Lc 6,19). Vous pouvez prendre tous les malades du monde et les offrir ainsi aux radiations salutaires du Christ Sauveur.

     

    3. Offrir Jésus à son Père

    Jésus, Verbe incarné, est la parfaite Hostie de louange. C'est par Lui, avec Lui et en Lui que sont rendus au Père des cieux une gloire véritable et un honneur total, c'est-à-dire digne de Lui. Lui seul est capable d'adorer le Père autant qu'il est adorable, de L'aimer autant qu'il est aimable, de Lui demander pardon autant qu'Il a été offensé, de Le remercier autant qu' Il a été bienfaisant.

    Or, au baptême, en devenant membre du Christ, vous avez acquis le droit d'offrir au Père Celui qui est l'oblation parfaite.

    Pour réaliser ce troisième offertoire, vous pouvez, en union avec Marie, procéder ainsi :

    "Père éternel, en union avec Marie Vous présentant Jésus à Bethléem, au temple de Jérusalem, au Calvaire, à la descente de Croix, je Vous offre la prière incessante de Jésus pour tous les besoins du monde. Je vous offre ses humiliations, en réparation de toutes les fautes d'orgueil ; ses jeûnes au désert, en réparation des fautes de gourmandise ; ses fatigues, en réparation des fautes de paresse ; sa flagellation, en réparation des fautes d'impureté; sa charité totale, en réparation de tous les égoïsmes de la terre."

    Vous pouvez également vous unir à Lui dans l'acte incessant d'offrande qu'Il ne cesse de faire Lui-même à son Père, par ses prêtres, sur tous les autels de la terre.

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)

     

     

  • converser avec le Maître (04) : troisième méthode

    LES PHRASES D'ÉVANGILE

     

    Vous possédez certainement un Évangile ; pas simplement les passages d’Évangile qui sont dans votre missel, mais les quatre récits évangéliques complets de saint Matthieu, saint Marc, saint Luc, saint Jean. 

    Constituez-vous une anthologie, ou, si vous préférez, des morceaux choisis, à votre usage personnel, des phrases d’Évangile, et surtout des phrases de Notre Seigneur qui vous touchent davantage.

    Et maintenant, voici comment vous pouvez procéder :

    Après avoir adoré Notre Seigneur, imaginez que Jésus vous adresse telle parole - et ce n'est pas une imagination factice, car en prononçant cette phrase, Il savait qu'un jour vous la noteriez, et Il y a caché un sens spécial pour vous. Demandez-Lui de vous la faire comprendre, et répétez-la plusieurs fois, savourez-la pour en extraire tout le suc caché. 

    Peut-être ces simples mots seront-ils le point de départ d'une conversation cœur à cœur avec Lui ? Alors, ne cherchez pas plus loin, et laissez-vous aller avec une grande simplicité à cette conversation intérieure qui facilite la mystique étreinte de l'âme avec son Dieu où, par le don mutuel, s'opère en nous une imprégnation plus profonde des vertus divines. 

    Si, au contraire, telle phrase s'est vite usée, et aujourd'hui ne vous dit rien, prenez-en une autre, puis une troisième. Vous en tirerez au moins une prière courte et fervente que vous pourrez murmurer, méditer tout au long de votre journée.

    En tout cas, on ne perd jamais à "presser" l’Évangile. Et même si, sur le champ, on ne semble rien en retirer, plus tard, dans le travail, à l'heure de la lutte ou de la souffrance, on s'aperçoit que les idées de Jésus ont pénétré notre substantifique moelle.

    Vous pourriez d'ailleurs faire la même chose avec les psaumes, les lettres de saint Paul, les textes de la liturgie du jour.

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)

  • converser avec le Maître (03) : deuxième méthode

    GETHSEMANI

     

    Cette méthode convient surtout en cas de fatigue, de manque de temps ou de goût à prier, d'absence d'idées.

    Rappelez-vous ce que l’Évangile nous rapporte de la prière de Jésus au Jardin des Oliviers : "Entrant en agonie, Il prolongeait sa prière" (au lieu de la raccourcir comme nous serions tous tentés), répétant toujours la même chose : " Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de Moi, mais que votre volonté soit faite, et non la mienne !" (Lc 22,42). 

    Il n'y a rien de plus simple que cette méthode. Pour être toujours en mesure de l'utiliser, ayez habituellement avec vous, sur un petit carnet, une liste d'intentions qui vous tiennent à cœur, ou, si vous préférez, un catalogue personnel de courts versets bibliques correspondant à vos véritables besoins d'âme et aux désirs que vous avez au fond de vous-même concernant la gloire de Dieu, le bien de l’Église, le bonheur de tous ceux qui vous sont chers...

    Pour établir ce carnet on peut se servir de phrases prises dans l’Évangile : " Seigneur, je crois, mais augmentez ma foi. - Seigneur, Vous qui savez tout, Vous savez bien que je vous aime. - Seigneur, si Vous le voulez, Vous pouvez me guérir "; des différentes paroles du Notre Père, etc. ou bien de prières prises dans les psaumes ou dans la liturgie; ou plus simplement encore, de formules que l'on invente soi-même parce qu'elles correspondent vraiment à nos nécessités personnelles.

    Il est parfaitement licite d'introduire dans cette liste des intentions d'ordre temporel, comme la santé, la réussite de tel projet, le succès de telle entreprise, etc. Notre Seigneur s'intéresse à tout ce qui nous touche. Dans le Pater, Il nous fait demander le pain quotidien. Il ne Lui est pas plus difficile de donner beaucoup que de donner moins. C'est de la mesure de notre confiance qu'Il fait dépendre la mesure de sa puissance effective à notre égard.

    Ne vous laissez jamais arrêter par la stupide objection : " Le Seigneur sait mieux que moi ce dont j'ai besoin, pourquoi donc Lui préciser mes intentions ? "

    Certes, le Seigneur sait toutes choses mieux que nous, mais Il sait aussi qu'il nous est salutaire, pour nous garder dans l'humilité et stimuler notre prière, de nous rendre compte de nos besoins, et c'est pourquoi Il tient à ce que nous entrions dans les détails.

    L'essentiel c'est de Lui faire confiance pour qu'il trie dans nos désirs ceux qui s'harmonisent avec son dessein d'amour sur nous.

    Ce qui est certain, c'est qu'aucune de nos demandes ne reste sans la réponse que nous aurions donnée nous-même, en voyant les choses comme Il les voit. Et Il attend notre prière pour nous accorder ce qui nous convient le mieux. "Demandez et vous recevrez ! Frappez et l'on vous ouvrira ! " (Mt 7,7)

    Après avoir adoré Notre Seigneur et vous être humilié devant Lui, choisissez quelques unes de ces intentions, et répétez-les lentement dix ou vingt fois de suite. Mais, prenez garde, il ne s'agit pas de vous transformer en moulin à prières ou de battre un record de vitesse, comme certaines personnes qui récitent en s'essoufflant  chapelets ou litanies. Méfiez de ce que Notre Seigneur appelle "l'abondance de paroles" (cf. Mt 6,7).

    Voici comment il vous faut procéder :

    Exprimez clairement, à voix basse ou au fond de vous-même, la phrase que vous avez choisie, en vous adressant à Notre Seigneur. Puis faites une pause d'une ou deux minutes ; pendant ce temps, concentrez votre volonté sur l'intention que vous venez d'exprimer, et sans rien dire essayez de faire sentir l'intensité de votre désir. Ce qui fait la force de notre prière, ce n'est pas le nombre de nos paroles, mais la puissance de notre cri intérieur. Vos prières, souvent, ne sont pas exaucées parce qu'elles ne sont pas assez "violentes" (cf. Mt 11,12)

    Puis exprimez à nouveau la même phrase, et ainsi de suite. Pour varier, vous pouvez d'ailleurs la prononcer en union avec Notre-Dame, avec votre Ange gardien, avec tel saint qui vous est cher, en union avec tous ceux qui prient en même temps que vous sur la terre, ou au nom de tous ceux qui ne prient pas.

    Quand une intention vous semble avoir été suffisamment présentée au seigneur, prenez-en une autre. Mais surtout ne cherchez ni la complication, ni la multiplication.

    Terminez comme Notre Seigneur à Gethsémani, ou sur la Croix, par un acte de communion à la volonté du Père et d'abandon confiant entre ses mains. " Père, que votre volonté soit faite et non la mienne" (Lc 22,42) - "Entre vos mains je remets mon esprit et tout ce que je suis" (Lc 23,46).

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)

     

     

  • Pour converser avec le Maître 02 : première méthode

    La Halte féconde

    Considérez le temps dont vous disposez comme le temps d'une halte bienfaisante, où vous rencontrez le Seigneur. Rencontre de deux regards, de deux cœurs, de deux désirs.

    Rencontre de deux regards :

    Pensez qu'Il est là, qu'Il vous voit, qu'Il vous regarde... Restez-là sans rien dire, à Le regarder vous aussi le plus longtemps possible, sans vous fatiguez, à la manière du paysan d'Ars qui résumait sa prière par ces mots : "Je L'avise et Il m'avise".

    Faites passer dans ce regard intérieur tous les sentiments qui vous viennent à l'esprit: votre foi... votre adoration... votre reconnaissance... votre repentir... votre confiance...

    Rencontre de deux cœurs :

    On raconte que sainte Thérèse de Lisieux interrogée sur ce qu'elle disait au Bon Dieu quand elle priait, répondit : " Je ne Lui dis rien, je L'aime."

    Vous aussi, sans rien Lui dire, pensez qu'Il vous aime comme Lui seul peut aimer, et en retour essayez de Lui faire sentir, du mieux que vous pouvez votre amour pour Lui. Ce sera peut être timide, mais avec sa grâce, peu à peu, ce sera de plus en plus loyal, de plus en plus profond, de plus en plus intense. Dites-vous bien que rien en vous ne Lui échappe, et ce qui compte à ses yeux c'est précisément la sincérité de vos sentiments intérieurs.

    Rencontre de deux désirs :

    Cette fois-ci, demandez-Lui tout ce que vous pouvez désirer, pour vous, pour l’Église, pour Lui-même. Si vous n'avez pas d'idées précises, récitez par exemple le Pater, en vous arrêtant quelques secondes après chaque demande.

    Puis, et ce n'est pas la partie la moins importante de votre entretien, demandez-Lui qu'Il vous inspire ce qu'Il peut bien avoir à désirer de vous en ce moment. Si vous ne trouvez pas, posez-Lui lentement la question, par une phrase très simple, comme celle de saint Paul sur le chemin de Damas : " Seigneur, que voulez-Vous que je fasse ? Seigneur, qu'attendez-vous de moi ? Seigneur que puis-je faire pour Vous faire plaisir ?" Ce serait bien étonnant que Dieu sous une forme ou sous une autre , ne vous envoie pas une inspiration sollicitée avec une telle confiance.

     

    Pour terminer, demandez à Notre Dame de vous aider à réaliser ce que son Fils attend de vous, et repartez confiant pour une nouvelle étape.

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)

  • Pour converser avec le Maître (1) : introduction

    Jusqu'à présent, vous avez surtout conçu la prière comme une pieuse obligation qui consistait dans la récitation, aussi attentive et loyale que possible, de formules apprises par coeur, ou lues dans un livre. Oui, sans doute, prier c'est un peu cela. Mais ce n'est pas que cela.

    Voulez-vous une autre définition de la prière ? Je l'emprunte à sainte Thérèse d'Avila : " Prier, c'est converser cœur à cœur avec Dieu." Oh ! j'entends d'ici votre objection : " Converser avec Dieu ? Mais je ne saurais quoi dire... Je me trouverais très vite à court, surtout en face d'un interlocuteur muet !"

    Muet ? D'abord, pas tant que cela. Sans doute Il ne vous parlera pas par bruit de paroles qui frappent vos oreilles. Mais Il a d'autres moyens de faire passer en vous ses idées. Croyez-vous que Celui qui, selon la parole de saint Augustin, "est plus intime à nous-mêmes que nous-même" soit embarrassé pour faire jaillir en nous telle lumière qu' Il lui plaît, ou simplement pour dégager, à travers le mystérieux complexe de notre psychisme, telle pensée qu'il désire mettre en valeur ?

    " Mais, dira-t-on, ne serait-ce pas là purement et simplement le fruit de l'imagination ? d'une sorte d'autosuggestion ? " Appliquons ici la règle du discernement des esprits. On juge d'un arbre à ses fruits. Si les idées qui vous viennent vous incitent à devenir plus humble, plus généreux dans le sacrifice, plus charitable envers ceux qui nous entourent, plus fidèle à votre devoir d'état, allez, rassurez-vous, l'Esprit de Dieu est là, qui peut d'ailleurs, nous l'avons laissé entendre, se servir, pour nous communiquer sa parole ineffable, du jeu normal des lois psychologiques dont Il est l'auteur.  (...)

    " Mais précisément, dites-vous, je suis avant tout un homme (ou une femme) d'action, un esprit pratique, je ne suis pas du tout un mystique..."

    Eh ! qui vous parle de mystique ! Croyez-vous d'abord que "mystique" s'oppose à "pratique" ? Personne n'a eu une vie mystique aussi profonde que la Sainte Vierge. Personne n'a été aussi pratique qu'elle. N'est-ce point elle qui, la première, à Cana, s'est aperçue que le vin allait manquer ? 

    De même, n'est-ce pas Notre Seigneur qui, le premier, se préoccupa de nourrir les foules qui L'avaient suivi au désert ?

    En vérité, puissiez-vous devenir un véritable mystique, c'est-à-dire une âme pour qui les réalités "cachées" ("mystique" vient d'un mot grec qui veut dire "caché") de la foi comptent pratiquement dans sa vie parce qu'elles sont devenues des réalités vécues. 

    Tout chrétien est appelé à vivre de foi, et par conséquent à vivre d'une certaine vie mystique. Il n'est pas nécessaire de connaître la définition de la mystique pour en vivre, pas plus qu'il n'était nécessaire à M. Jourdain de connaître la définition de la prose pour en faire.

    Précisément parce que vous êtes plongés dans l'action, vous avez besoin de venir de temps en temps passer un moment en tête à tête avec Celui qui est " la Voie, la Vérité et la Vie", source  de toute lumière et de toute fécondité.

    Vous l'avez déjà certainement constaté vous-même : sans l'aide de Dieu, nous ne pouvons pas faire grand chose. Le naturel revient si vite au galop ! Nous sommes tentés d'agir plus sous l'influence des considérations humaines que par fidélité à un idéal, plus par égoïsme que par amour véritable, et la recherche subtile de nous-même se glisse à travers tout ce que nous faisons.

    Rien de tel qu'une reprise de contact en profondeur avec Dieu pour nous remettre dans l'axe, voir les choses avec son regard, puiser auprès de Lui les lumières et les énergies en vue d'une nouvelle étape. Notre équilibre intérieur en bénéficiera et notre action aussi.

    Auprès du Maître, on acquiert un sens plus nuancé des proportions de toutes choses, une clairvoyance étonnante pour résoudre les problèmes qui se posent à nous, une intuition plus fine du plan divin sur nous. On acquiert surtout ce sens de Dieu et ses exigences d'amour qui sont le secret du véritable sens de l'homme.

    Ne l'oublions pas : un chrétien, ce n'est pas seulement celui qui pratique, qui va aux offices ; mais celui qui, dans toute sa vie, que ce soit sa vie de famille, de travail, de loisirs, de relations ou sa vie personnelle, s'efforce d'avoir dans la tête les idées de Jésus-Christ, dans le cœur les sentiments de Jésus-Christ, dans la volonté les réactions de Jésus-Christ.

    Or, le proverbe est toujours vrai : " Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es."

    Il n'y a pas de moyen plus efficace pour acquérir les réflexes du Christ que d'entrer peu à peu dans son intimité et de Lui réserver, chaque fois que la chose est possible, un temps d'entretien suffisant pour entretenir la flamme.  Peu importe le nom que l'on donne à ces minutes fécondes ou à ces précieux instants : oraison, méditation, action de grâces, visite au Saint-Sacrement, heure sainte. Peu importe le lieu : une cathédrale, une modeste chapelle, un jardin, une forêt, ou tout simplement un coin de votre chambre. L'essentiel est de venir au Seigneur avec toute votre bonne volonté et, en toute humilité, de vous mettre entièrement "face à Lui".

    Au début, laissez-vous conduire par ce modeste guide qui n'a d'autre prétention que de vous aider à orienter vos premiers pas. Vous trouverez ici exposées plusieurs méthodes. Prenez celle qui vous convient le mieux. Pour éviter la routine ou la fatigue, variez de temps en temps. Le rêve de l'auteur, c'est qu'assez tôt vous arriviez à vous passer de lui et à voler tout seul de vos propres ailes, à la rencontre ineffable du Seigneur. (...)

    J'entends votre objection : " Nous n'avons pas le temps." Si l'oraison est un luxe, j'admets que dans vos vies surchargées par les besognes professionnelles et familiales il ne puisse y avoir place pour elle. Mais si prier est une nécessité vitale, comme de manger et de dormir, alors l'objection est absurde (...)  Au vrai ce n'est pas le temps qui vous manque, c'est la foi : si vous étiez convaincus de l'importance  de la prière, vous trouveriez un quart d'heure ou une demi-heure par jour. Parmi les soirées  employées à la lecture, aux travaux de la maison ou réservées à un film, à une visite, vous n'hésiteriez pas à en garder une pour la recherche de Dieu. Ce qui vous fait aussi défaut c'est le sens de l'effort : alors que vous avez consacré des années à vos études, alors que vous dépensez des sommes considérables de temps, d'imagination d'énergie pour développer vos affaires, vous "calez" dès qu'il s'agit de vous initier à la plus haute activité humaine : la prière. 

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)

     

     

  • Messe de la nuit de Noël - année B

    Isaïe 9, 1-6 ; Tite 2, 11-14 - Lc 2, 1-14

    Le texte est tiré du livre : "Seigneur, rien n'est plus vrai que ta Parole" du Père M.J Le Guillou

    il est actuellement indisponible dans les librairies. Possibilité de le commander ici ou

     

     

    Le texte de l'évangile de Luc nous met devant le mystère de l'histoire de Dieu et de l'homme, c'est-à-dire devant le Seigneur qui vient sauver son peuple. "Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : aujourd'hui vous est né un Sauveur." Cette annonce a quelque chose d'étonnant et de merveilleux : un Sauveur nous est né et les signes qui sont donnés sont déroutants : le nouveau-né est emmailloté et couché dans une mangeoire. Le Seigneur que nous adorons cette nuit, c'est le Seigneur, le Dieu qui a fait le ciel et la terre, le créateur du monde. Il est là, le plus petit d'entre les petits ; il se fait accessible à nous pour que nous entrions dans son mystère. Dieu est là merveilleusement présent, et il nous appelle à le découvrir pour ce qu'il est lui-même : Dieu est Amour. 

    Dans l'annonce de la naissance du Sauveur faite aux bergers, il y a le mystère du Messie triomphant qui vient pour nous sauver sous l'aspect le plus humble qui soit. Il est tout petit, lui le Créateur du monde. Il est le plus petit d'entre les hommes, il n'est même pas reçu dignement au moment de sa naissance puisqu'il n'y avait plus de place pour lui dans la salle commune. Le bébé est emmailloté et couché dans une mangeoire, c'est Dieu au-delà de tout, le Dieu vivant qui devient l'un d'entre nous : voilà ce que l'évangile nous demande de croire.

    Dieu devient, en Jésus-Christ, humble et pauvre et toute la vie du Christ qui était de condition divine, sera celle d'une homme comme nous, d'une infinie pauvreté, qui nous appelle à entrer dans sa gloire à condition de le suivre. Le Seigneur nous révèle qu'il est le Tout-puissant mais qu'il est, en même temps, celui sur lequel personne n'a de prise parce qu'il est infiniment petit et pourtant le plus grand de tous. "Aujourd'hui vous est né un Sauveur dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur." Nous avons un Sauveur qui vient nous faire rentrer dans sa vie divine.

    Au cours de cette nuit, je voudrais que nous découvrions le mystère d'amour du Seigneur. Le paradoxe que nous avons découvert au moment de la naissance de Jésus se réfléchit dans toute sa vie. Il a beau naître dans une petite ville de Judée, il a beau naître dans un monde en proie à la misère, à la souffrance, à l'occupation, il a beau être infiniment caché, c'est lui qui porte le monde entier, qui en fait sa demeure et qui veut notre salut.

    Nous avons à connaître le Seigneur de l'intérieur, comme quelqu'un qui nous est très cher et qui est là près de nous. Il est le Messie envoyé du Seigneur pour sauver le monde. Et pourtant quels signes de petitesse avons-nous sous les yeux au moment de sa naissance ! On dirait que le Seigneur prend plaisir à prendre les plus petites choses pour se présenter à nous. Je voudrais que nous découvrions combien l'amour de Dieu passe à travers toutes les déficiences humaines, à travers toutes les limites.

    Le Seigneur est le Seigneur, le Seigneur est le Messie vivant, le Seigneur est notre maître à tous, il nous appelle à le connaître. Je voudrais vous crier combien le Seigneur est là, combien le Seigneur peut tout, combien il nous montre l'amour de son Père. Oui, il m'appelle à la sainteté, à l'amour, à la joie. " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu'il aime." 

    Dieu, un enfant. Dieu, un pauvre. Dieu, un homme comme les autres. Dieu, un être qui passera par la mort pour nous communiquer la résurrection : n'ayons pas peur. Une grande joie doit habiter notre cœur en cette fête de Noël. Le tout est d'aimer comme le Seigneur a aimé, sans limites. La mesure d'aimer Dieu est de l'aimer sans mesure [ici le Père Le Guillou reprend St Bernard : "La raison pour laquelle on aime Dieu, c'est Dieu lui-même, et la mesure de cet amour, c'est de l'aimer sans mesure, Traité de l'Amour de Dieu chapitre I]Laissons-nous prendre par cette réalité fondamentale.

    Noël n'est pas une fête folklorique. Noël n'est pas une fête de joie purement humaine. Ce que le Seigneur veut, c'est que nous découvrions que chacun d'entre nous est choisi par le Seigneur, est enveloppé de la gloire du Seigneur. Nous avons besoin de découvrir cette gloire infinie, cette gloire qui est la nature même de Dieu. Au cœur de l’Évangile, nous sommes appelés à aimer comme jamais on n'a aimé. Chacun de nous doit essayer de vivre cet appel. Je voudrais que nous chantions du plus profond de notre cœur cet amour qui est joie et gloire, cet amour qui est joie et paix. Le Seigneur ne nous montre qu'un seul visage : Dieu est Amour. Tout nous est donné  dans ces mots parce que tout nous est donné dans la vie du Christ.

    Ce petit enfant nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire, cet enfant-là est le Sauveur du monde, c'est lui qui récapitulera toutes choses en lui et qui fera de nous des êtres tout nouveaux par sa puissance et sa joie.

    Cela dérange nos vues et nous bouleverse ; nous avons bien des difficultés pour reconnaître là la présence du Seigneur qui est la présence même de l'amour. Un amour qui se cache, un amour qui se donne à l'infini, sans mesure. J'aimerais, au cours de cette fête de Noël que nous découvrions cette joie qui réside dans cette présence  du Seigneur au plus intime de nous-mêmes. Nous avons grâce à elle, un regard nouveau sur le monde et tout naturellement nous nous mettons au service de nos frères. 

    Il faut passer par la pauvreté de Jésus-Christ décrite à sa naissance pour participer à la joie de Dieu. " L'ange du Seigneur s'approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière." Quel mystère ! Nous sommes devant le mystère le plus étonnant qui soit, le plus bouleversant qui soit. Dieu, le vrai Dieu, le Dieu qui a tout créé est là devant nous comme un enfant, et il nous demande de croire par la foi qu'il est le Sauveur du monde, qu'il est en même temps le tout-petit et le Seigneur.

    Demandons au Seigneur de rentrer dans sa joie, de le louer en disant : " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu'Il aime." Laissons-nous prendre par l'amour de Dieu, qu'il soit notre lumière et notre guide. Demandons au Seigneur de nous apprendre à prier et à aimer, à laisser notre cœur se transfigurer par la toute-puissance de Dieu. Le Seigneur n'a qu'un but, que nous soyons heureux de son bonheur, heureux de sa joie que nous découvrirons en plénitude lorsque le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ se manifestera à la fin des temps. Le Christ reviendra : nous devons attendre ce grand bonheur. Il nous rachètera de toutes nos fautes et il fera de nous des hommes libres et emplis d'amour.

    Dieu nous met aujourd'hui devant l'abaissement suprême, puisque Dieu devient un petit enfant. Méditons que le mouvement de l'amour est de descendre pour prendre la dernière place. Demandons au Seigneur  d'entrer au plus profond de son amour autant que nous le pouvons. Nous sommes appelés à être de vrais fidèles, à être de vrais saints. Que le Seigneur nous donne sa paix et sa joie dans la charité, dans la gloire et dans la paix. Amen !

     

     

     

     

     

  • Au ciel - L'angelus

    c'est ici

  • Pater chanté en araméen

    c'est ici

    Je dédie ce chant aux chrétiens orientaux persécutés par Daech. Que le Seigneur les assiste dans cette épreuve. Que ces frères persécutés prient pour nous, chrétiens tièdes d' Occident.

  • Thérèse de Lisieux et la Grande Guerre - 09 suite et fin

    Textes tirés du livre :" Thérèse de Lisieux ou La Grande Saga d'une Petite Sœur "Auteurs : Bernard GOULEY - Rémi MAUGER - Emmanuelle CHEVALIER - Éditions Fayard 1997

     

    94-96

    L'exhumation est l'un des derniers actes de procédure et le procès apostolique peut être clos par Mgr Lemonnier le mardi 30 octobre 1917 dans la cathédrale de Bayeux.

    "Au bas du chœur, précise La Dépêche de Lisieux du 3 novembre, une grande table de chêne sculpté. Tout autour, 17 sièges au dossier de velours vert sont réservés aux membres du tribunal. A la croisée du transept, le grand séminaire et un certain nombre d'invités ; dans la grande nef, une centaine de fidèles viennent s'asseoir. C'est le public. La scène est curieuse et grandiose. Sous les hautes voûtes gothiques d'où la lumière blafarde descend à profusion, jamais pareil tribunal n'avait siégé...

    Il s'agit de juger la vie et les vertus de sœur Thérèse dont la gloire est devenue mondiale et qui, en cette guerre, a joué un rôle insoupçonné du grand public et pourtant affirmé par tant de témoins... C'est une morte qu'on juge. Devant les tribunaux laïques, le décès interrompt l'action judiciaire. Ici, c'est le contraire..."

    Dans cette cérémonie, il s'agit de vérifier et de sceller le dossier du procès - deux mille cinq cents pages ! - qui va être porté solennellement à Rome. La chose faite, Mgr Lemonnier précise, dans son allocution finale, qu'il a désiré que la séance de clôture ait lieu dans sa cathédrale, témoin depuis neuf cents ans des grands événements de la vie religieuse diocésaine. Et de conclure : "Il ne m'appartient pas d'appeler sœur Thérèse une "sainte" ; mais c'est tout au moins une âme fort agréable à Dieu. Qu'elle veuille employer son crédit auprès du Seigneur pour obtenir le progrès de la religion dans ce diocèse ! D'une manière toute spéciale je lui recommande  le recrutement et la formation de mon clergé, ainsi que la conservation, pour le corps et pour l'âme, de ceux de mes prêtres et de mes séminaristes que le malheur de cette terrible guerre retient si longtemps sous les armes..."

    Une semaine plus tard, le mardi 7 novembre 1917, Mgr Lemonnier quitte Paris pour Rome via Modane. Le 11 il est reçu en audience privée par Benoît XV. " Le Pape, annonce La Semaine religieuse de Bayeux, s'est montré très bienveillant, très affectueux pour l'évêque de Bayeux. Celui-ci n'a pas manqué, au cours de l'audience, de parler avantageusement de la France et d'appeler sur notre pays la sympathie, acquise d'avance d'ailleurs, du Souverain Pontife".

    A vrai dire, les appels répétés du Pape en faveur de la paix étaient l'objet de vives critiques en France. 1917, " l'année terrible", est l'année de la saignée du chemin des Dames, des mutineries de l'armée française, des procès pour trahison. Le pays est à bout de forces et parler de paix n'est pas bon pour le moral... D'où l'insistance de La Semaine religieuse à mentionner que le climat est au beau fixe entre Benoît XV et la France.

    Cinq jours après l'audience pontificale, Clemenceau est appelé à la présidence du Conseil. Il redressera la nation et la mènera à la victoire.

    Mgr Lemonnier visitera les cardinaux, s’entretiendra avec Camille Barrère, ambassadeur de France auprès du roi d'Italie (les relations diplomatiques entre la République et le Saint-Siège ne seront établies qu'après la guerre), remettra le dossier du procès à la Congrégation des rites, sera de nouveau reçu par le Pape, puis regagnera Bayeux, où il arrivera le mardi 20 novembre.

    Ainsi se termine la partie française du procès. Elle aura duré 10 ans et aura été remarquablement courte...tant la ferveur populaire aura pressé les procédures !

     

     

    Liens :

    Thérèse de Lisieux ou La Grande Saga d'une Petite Sœur : ici

    Nous les Poilus. Plus forte que l'acier (Éditions du Cerf, mai 2014)  : ici

     

     

     

     

  • 17-23 décembre : Grandes "O" de l'Avent

    Venant du grec αντιφωνη, le mot « antienne » signifie chant alternatif. Les grandes antiennes « Ô », en latin antiphonae majores, en anglais Great O antiphons et parfois « anthems1 », appelées aussi Antiennes de Magnificat (antiphonae super magnificat) parce qu'elles sont chantées avant et après le Magnificat, après le Rorate aux Vêpres dans la semaine précédant la nativité ou fête de Noël2. Lire la suite de cet article ici (wikipedia)

     

     

    17 décembre : O Sapientia

       pour écouter : ici

    18 décembre : O Adonai

       pour écouter : ici

    19 décembre : O Radix lesse

       pour écouter : ici

    20 décembre : O Clavis David

       pour écouter : ici

    21 décembre : O Oriens

       pour écouter : ici

    22 décembre : O Rex gentium

       pour écouter : ici

    23 décembre : O Emmanuel

       pour écouter : ici

  • Conseils pour l'oraison 03. Le conseil du vieux curé

    J'ai rencontré voici peu un paysan savoyard qui, outre son travail professionnel, assume d'importantes responsabilités dans les organismes agricoles. On m'avait parlé de son rayonnement chrétien assez exceptionnel. Nous faisons connaissance, nous nous présentons mutuellement  nos activités. Quand je lui parle des Cahiers sur l'oraison, son intérêt visiblement redouble. Devinant que sa réaction m'intrigue, il vient au-devant de ma curiosité.

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  • 3e dimanche de l'Avent - année B

    Homélie du Père M-J Le Guillou, O.P (Ordre des frères Prêcheurs)

    Réf  des textes : Is 61, -2a. 10- 11  1 Thess 5, 16-24     Jn 1, 6-8.19-28

    Ce texte est extrait du livre "Seigneur, rien n'est plus vrai que ta parole" (Éditions Parole et Silence) Homélies pour l'année B. Ce livre est malheureusement épuisé.

    Un livre pour connaître le père Le Guillou ici

     

    Les trois lectures que l’Église, en ce dimanche, nous demande de méditer sont comme trois appels à la joie. Saint Paul nous dit : " Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toutes circonstances : c'est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus". C'est le cri de Paul, c'est le cri d'un homme qui a passé sa vie sur les routes du monde et qui a subi tant de difficultés et de souffrances.

    Et pourtant c'est le même qui nous dit : " Soyez toujours dans la joie " La joie est le signe que la nature a atteint son but et alors tout s'éclaire à sa lumière divine : " Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers et qu'il garde parfaits et sans reproche votre esprit, votre âme et votre corps pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ."

    Nous sommes en marche vers Noël et nous devons comprendre qu'au plus profond de ce mystère, il nous faut recevoir la connaissance de Dieu que Jésus Christ veut pour nous. " N'éteignez pas l'Esprit, ne repoussez pas les prophètes, mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal... Il est fidèle le Dieu qui vous appelle : tout cela il l'accomplira."

    Le Seigneur nous demande la joie de la fidélité qui jaillit de notre adhésion à la volonté de Dieu, à la volonté toute puissante qui repose dans le cœur du Christ et qu'il nous a transmise.

    Le Seigneur nous demande de nous appuyer sur la vérité de Dieu. Et l’Église veut nous dire ce que Jean-Baptiste dit clairement : il n'est pas le Seigneur : " Voici quel fut le témoignage de Jean-Baptiste quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : " Qui es-tu ? " Il le reconnut ouvertement, il déclara : " Je ne suis pas le Messie." Ils lui demandèrent : "Qui es-tu donc ? es-tu le prophète Élie ? il répondit : Non. Alors, es-tu le grand prophète ? Il répondit : Ce n'est pas moi." On constate facilement la force de son non : il dit la vérité.

    Jean-Baptiste est une figure extraordinaire du début du christianisme. Il est chargé d'annoncer la venue du Seigneur et de l'Esprit-Saint : " Moi, je baptise dans l'eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c'est lui qui vient après moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale." C'est là qu'éclate la grandeur de Jean-Baptiste. Il disparaît derrière son Maître, celui qu'il annonce afin que la vraie présence du Christ se manifeste.  

    Jean-Baptiste ne baptise pas comme le Christ baptisera dans l'Esprit- Saint et le feu. L'Esprit-Saint est toute lumière et toute fidélité. Nous avons à découvrir avec Jean-Baptiste la vérité de Dieu. Jean-Baptiste est le témoin de la lumière mais il n'est pas la lumière. Jésus baptisera d'une tout autre manière avec l'Esprit-Saint que le Père lui donne, avec l'amour même de Dieu. 

    C'est ce qui fait que le texte d' Isaïe, que nous avons en première lecture, est si important : " L'Esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres... Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu." Ce que le Seigneur nous demande, c'est d'avoir au cœur cette paix, cette joie immense qui est la joie de Dieu. Tout s'oriente vers la joie.  L’Évangile est un évangile de joie car c'est la bonne nouvelle, oui c'est la joie de la bonne nouvelle. Dans l’évangile, "ne crains pas" revient souvent. C'est la présence de Celui qui est le Tout-Puissant et qui veut nous manifester son amour. " Il m'a enveloppé du manteau de l'innocence, il m'a fait revêtir  les vêtements du salut, comme un jeune époux se pare du diadème, comme une mariée met ses bijoux." Il ne peut y avoir pour chacun d'entre nous plus beau souhait que celui-là.

    Nous avons à demander au Seigneur la transformation de notre être  mais à condition d'accepter  l'amour de Dieu tel qu'il se manifeste. C'est un abaissement de l'être de Jésus-Christ en notre faveur. De cette reconnaissance jaillit la joie, la joie qui ne se donne pas comme si on pouvait l'acheter mais la joie qui se donne gratuitement et librement, la joie qui  absorbe toutes nos inquiétudes et qui fait, comme le dit saint Paul, que nous rendons grâce en toutes circonstances. Cela peut paraître insensé, c'est pourtant la vérité.

    Nous attendons de vivre cette action de grâce en plénitude mais toute Eucharistie est la préfiguration de cette action de grâce. En ce temps préparatoire à Noël, je ne puis vous dire qu'une chose  : soyez dans la joie de Dieu malgré la souffrance du monde, malgré les difficultés quotidiennes, malgré tout ce qui peut se passer. Le Seigneur est là, dans sa transparence, dans sa paix qui est au-delà de tout et qui garde notre cœur et notre intelligence dans le Christ Jésus.

    "Le Seigneur vient !" Ce n'est pas une formule littéraire. Il s'est engagé, il est venu dans le Christ, il reviendra dans la gloire. Et nous serons avec lui. Pensez-vous souvent à cette rencontre que nous aurons chacun d'entre nous avec le Seigneur ? Elle doit commencer dès maintenant. Demandons au Seigneur d'entrer dans sa paix qu'on ne peut imaginer, qui dépasse toute espérance. Le Seigneur est plein de bonté et de miséricorde. Il nous aime et nous donne d'être fidèles. Que notre sérénité soit connue de tous les hommes. Le chrétien est un signe par sa simplicité et sa vérité dans le mystère de Dieu. Nous connaissons Dieu, nous avons fait l'expérience de Dieu. A nous de nous laisser emporter par ce don du Seigneur, alors nous rendrons grâce à Dieu en toutes circonstances et nous ne serons inquiets de rien. Amen.

  • Conseils pour l'oraison 02. Vous êtes attendu

    Une sensation de détresse nous saisit lorsque, à notre arrivée dans une ville inconnue (au port, à la gare, à l'aéroport), personne n'est là pour nous attendre. En revanche, si un visage joyeux vous accueille, si des mains se tendent vers nous, nous voilà aussitôt merveilleusement réconfortés, délivrés de la cruelle impression d'être égarés, perdus. Qu'importe, alors, ces coutumes, cette langue, toute cette grande ville déconcertante : nous supportons très bien d'être pour tous un étranger du moment que, pour quelqu'un nous sommes un ami.

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  • Deuxième dimanche de l'Avent - année liturgique B

    Homélie du Père M-J Le Guillou, O.P (Ordre des frères Prêcheurs)

    Réf  des textes : Is 40, 1 - 11    2 Pierre 3, 8-14       Mc 1, 1-8

    Ce texte est extrait du livre "Seigneur, rien n'est plus vrai que ta parole" (Éditions Parole et Silence) Homélies pour l'année B. Ce livre est malheureusement épuisé.

    (Un livre pour connaître le Père Le Guillou : lien ici)

     

     

    L’Église nous donne aujourd'hui des textes de l’Écriture qui nous mettent dans un climat de fête et de joie. Ceux-ci nous rappellent tout de suite la joie que le Seigneur nous donnera et nous demandera d'avoir dans nos cœurs quand il nous quittera pour aller vers son Père.

    Dans le livre d'Isaïe, il y a un appel à dépasser tout ce qu'il y a de négatif pour retrouver la splendeur du mystère de Dieu : " Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné " ou encore : " Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur". Il n'y a pas de plus belles formules qui puissent nous donner la joie.

    Le temps de l'Avent n'est pas un temps de tristesse mais un temps de joie qui s'ouvre sur la fête de Noël et le retour du Christ qui mettra en pleine lumière la gloire de Dieu au cœur du monde, comme nous l'annonce Isaïe : " La gloire du Seigneur se révèlera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé." Il faut donc que notre joie soit vivante et qu'elle  se développe constamment. Cette joie est personnifiée par Jean Baptiste qui proclame un baptême de conversion pour le pardon des péchés.

    Un baptême de conversion. Conversion et joie vont ensemble. La conversion consiste à retourner son cœur comme un gant pour pouvoir, comme nous dit saint Marc : " Préparez le chemin du Seigneur et rendez droits ses sentiers". Cette invitation  est un appel à répondre au salut que le Seigneur vient nous apporter. Car si tout nous est donné merveilleusement par le Seigneur, il nous est demandé de nous engager dans son mystère. Il faut engager le tout de nos êtres, le tout de nos possibilités.

    Nous avons à dire au Seigneur que nous le suivons et que nous sommes à lui : " Moi, je vous ai baptisé dans l'eau ; lui vous baptisera dans l'Esprit-Saint". Quelle formule étonnante ! Mais quelle merveilleuse aventure que celle du chrétien qui découvre le salut de Dieu et l'action du Seigneur dans sa vie ! Nous sommes des êtres habités par Dieu qui ne demande qu'à venir habiter en nous encore encore plus profondément. Nos difficultés doivent disparaître pour qu'apparaisse le mystère du Seigneur.

    C'est à cette  condition que la joie du Seigneur transparaîtra dans nos  vies, qu'elle s'épanouira  comme elle l'a fait en Pierre qui montre dans sa lettre une tendresse infinie pour les membres de sa communauté.

    Pierre emploie une formule étonnante pour que tous entrent dans la vraie connaissance du Seigneur et la parfaite clairvoyance de ce qu'ils doivent faire : " Frères  bien aimés, il y a une chose que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. Le Seigneur n'est pas en retard  pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines personnes ; c'est pour vous qu'il patiente : car il n'accepte pas d'en laisser quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir... Dans l'attente de ce jour, frères bien-aimés, faites donc tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables, dans la paix."

    Nous sommes des êtres habités par Dieu et nous avons besoin de la connaissance de tout son amour qui nous emporte dans son cœur : c'est à ce niveau qu'il nous faut vivre. 

    Nous marchons vers le jour du Christ c'est-à-dire vers le jour où Dieu nous délivrera totalement de ce corps de mort pour nous livrer à sa plénitude et à sa joie. Dès maintenant, il nous faut devenir des êtres nouveaux comme le dit saint Irénée : " En s'apportant lui-même, il a apporté toute plénitude". C'est cette plénitude de justice, cette plénitude d'amour, cette plénitude de connaissance que nous demanderons au Seigneur. 

    J'aime souligner l'amour de Dieu qui habite  ces témoins vivants que sont les apôtres Pierre, Paul, Jacques ou Jean : ils doivent être pour nous plus proches que tout au monde dans le Christ. Il faut les découvrir dans la lumière du Seigneur car nous faisons partie du même mystère. 

     

    Oui, nous sommes engagés dans le même mystère et la gloire du Seigneur se révèlera. Nous avons à chanter Dieu, à le louer, à le bénir. Béni soit le Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les cieux (cf Eph 1).   Bénissons en ce temps d'Avent. Bénissons le Seigneur pour tout ce qu'il a fait, tout ce qu'il va faire en en sa venue ici-bas et pour sa seconde venue lorsqu'il viendra nous prendre pour transformer nos corps. 

    Demandons au Seigneur le pardon de nos péchés et ouvrons-nous à la miséricorde infinie de Dieu qui dépasse  tout ce qu'on peut imaginer en nous révélant son vrai visage. Tout ravin sera comblé. Tout homme verra le salut de Dieu. On ne peut mieux dire.

    Que le Seigneur nous aide à prier pour le salut du monde, pour le triomphe de son amour qui nous appelle à une intelligence plus vraie du mystère du Christ. Nous dépendons de son mystère ; notre vocation est d'aimer le Christ du plus profond de notre cœur.

    Que la joie et la paix du Christ soient dans votre cœur et vous verrez que le Seigneur est là dans une présence infinie, celle même de l'amour. Amen !