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apparition mariale

  • L' apparition mariale à Pontmain le 17 janvier 1871 (2)

    Ce texte est extrait du livre "Dictionnaire des Apparitions" pages 746 et sv. (lien ICI) paru aux éditions Fayard.

     

    (suite)

    Il y a maintenant plus de cinquante personnes : " V'là qu'elle tombe en humilité " (c'est-à-dire en tristesse), dit Eugène. Une discussion commence avec une femme qui conteste, au détriment de la prière, car elle ne voit rien...

    " Silence, dit le curé. S'il n'y a que les enfants à voir, c'est qu'ils en sont plus dignes que nous. Prions !" conclut-il.

    L'apparition semble grandir ainsi que la mandorle. L'étoile qui entoure l'apparition semble s'écarter ou même se poser sous ses pieds, tandis que les étoiles de la robe grandissent.

    "Ça se tape sû sa robe, c'est comme une fourmilière. Elle est bientôt toute dorée." Ils s'efforcent de distinguer "les étoiles du temps" (les constellations) des étoiles de l'apparition, sans y bien parvenir. Tandis que sœur Édouard entonne le Magnificat "sur le grand ton de Bretagne", les enfants s'écrient ensemble : "V'là cor de qué qui s'fait ! V'là un bâton !"

    Dans l'intervalle, entre les pieds de l'apparition et le toit de la maison, une banderole apparaît dans le ciel, horizontalement, "aussi longue que la maison Guidecoq : d'une cheminée à l'autre." Sur ce fond clair, un trait vertical se forme lentement et se prolonge en forme de lettre : " C'est un M !" disent les enfants. Puis : " V'là un A !"

    Ils déchiffrent ensemble, synchroniquement. C'est trop beau pour être vrai : " Il faut les séparer" dit un témoin méfiant. Aussitôt dit, aussitôt fait, car la foule, partagée, s'étonne de ne pas voir.

    Arrive le charretier Joseph Babin, de retour d'Ernée, avec une triste nouvelle : " Vous n'avez qu'à prier les Prusses sont à Laval." La foule continue sa prière. Dans le ciel, un premier mot est achevé : "MAIS".

    Sœur Vitaline proteste au nom de la grammaire : "Une phrase ne peut commencer par "mais", s'il n'y a rien avant.

    - Si, ma sœur, quand nous nous agitons, vous nous dites bien : "Mais étudiez donc, les enfants !"

    Les voyants continuent à déchiffrer lettre par lettre, en parfait accord, sans savoir où ils vont : "Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils..." Tout le monde avait compris. On salue la confirmation : c'est bien la Vierge ! Le déchiffrement continue : "se laisse...

    Sœur Vitaline connaît l'apparition de La Salette où  la Vierge disait : "Mon Fils se lasse".

    Elle corrige :

    - "Se laisse" ça ne veut rien dire.

    - Si ma sœur, il y a un I. 

    D'autres lettres viennent résoudre l'illogisme : "MON FILS SE LAISSE TOUCHER."

    L'apparition confirme la phrase d'un sourire : "V'là qu' è rit..."

    Il n'y a qu'un mot en patois pour dire "rire" et "sourire".

    La phrase consolante s'achève par un point conclusif : " gros comme un soleil ", disent les enfants.

    La prière est fervente, mais la contestation a son mot à dire dans ce village pourtant unanime dans le fond. Marie Guidecoq élève la voix dans la foule : "Le curé ne voit rien, ni les sœurs, ni moi ; les enfants non plus ! La vue leur beluette " (du patois "belot" qui signifie "éblouissement" ; autrement dit : ils ont la berlue).

    Mais soudain ses jambes fléchissent : elle tombe à genoux, clouée sur place, prie et pleure.

    Alors arrive le charpentier Basile Avice ; on vient de l'alerter : "Venez vite, des enfants voient la Sainte Vierge."

     

    A suivre...

     

  • L' apparition mariale à Pontmain le 17 janvier 1871 (1)

    Ce texte est extrait du livre "Dictionnaire des Apparitions" pages 746 et sv. (lien ICI) paru aux éditions Fayard.

     

    L'apparition de Pontmain est à certains égards la plus populaire et la plus limpide des apparitions, dans sa sobriété et sa brièveté harmonieuse à l'heure où l'armée allemande approchait du village.

    C'est arrivé le 17 janvier 1871. L'invasion allemande déferle vers la Loire. Le village de Pontmain, à cinquante kilomètres au nord de Laval, est menacé. On est sans nouvelles des villageois mobilisés. Une épidémie de typhoïde et de variole sévit par-dessus le marché. Vers midi, ce 17 janvier, la terre tremble, mais le travail paysan continue après dix-huit heures, dans la longue nuit d'hiver déjà commencée. Dans la grange des Barbedette, ce soir, on pile des ajoncs : les piquants ainsi désarmés font une nourriture substantielle pour les vaches, durant l'hiver. Eugène et Joseph Barbedette, enfants de chœur à la messe paroissiale, aident leur père au "pilage" à la lumière d'une torche de résine. Peu avant dix-huit heures, Jeannette Détais, l'ensevelisseuse (c'est son métier d'indigente), apporte aux Barbedette des nouvelles des soldats. Eugène en profite pour faire la pause et observer "les signes dans le temps" : le ciel est limpide , étoilé, et la neige couvre les toits. Va t-il revoir l'aurore boréale du 11 janvier ? 

    Non, mais tout autre chose qui l'intrigue et l'attire : du côté de la Grande Ourse, au-dessus du toit de la maison Guidecoq, voici une silhouette humaine : robe bleue parsemée d'étoiles d'or (analogue à celles du plafond de l'église) ; un sourire dans le ciel ; les mains de cette femme sont un geste d'accueil. Eugène est saisi et déconcerté : " Je la regarde et elle me regarde", dira t-il. Elle semble heureuse de le voir. Un voile noir, assorti au deuil de l'invasion encadre la figure "petite et blanche"  : " il couvre le front aux deux tiers et tombe derrière jusqu'à la taille." Sur la tête, une sorte de couronne "sans fleurons", plutôt une sorte de toque dont les bords s'écartent en trapèze vers le haut. Les étoiles sont plus lumineuses que ciel du ciel. Eugène fait part de sa découverte : " Jeannette, voyez-vous ce qu'il y a de beau ?" L'ensevelisseuse ne voit rien, le père non plus, mais Joseph s'exclame : " J'vè bin, mé !" (Je vois bien, moi !)

    Eugène l'interroge pour vérifier s'il voit bien la même chose, ce que les autres ne voient pas. Le père les ramène au travail et invite Jeannette à la discrétion, pour qu'on ne jase pas au village : " N'en dites rien, cela ferait du scandale."

    Les enfants obéissent, malgré l'attrait fascinant du ciel. Ils pilent consciencieusement, mais c'est le père qui s'inquiète : " Gàs Ugèn', va donc voir si tu vè encore. "Oui, c'est cor pareil", répond Eugène au premier coup d’œil. On vérifie avec la mère : seuls les deux garçons voient. Du coup, le village se rassemble. On appelle sœur Vitaline, l'institutrice qui loge dans l'école. Elle ne voit pas davantage, malgré les explications des voyants : " Mais si ! Les trois étoiles qui sont comme un trépied (la Grande Ourse)... eh bien, la tête de la Dame est juste au milieu."

    Arrivent Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé : deux filles de l'école. Elles voient et battent des mains, joyeuses, comme les garçons  : " Oh ! la belle Dame !" On avertit le curé : l'abbé Guérin  (soixante-neuf ans). Il arrive inquiet, avec sa gouvernante munie d'une lanterne. La prière s'est déjà improvisée , y compris le chapelet des martyrs japonais, connu de sœur Vitaline. Une litanie alterne. Deux tout-petits regardent aussi avec un sourire ravi : Eugène Friteau (deux ans), infirme, enveloppé dans le châle de sa maman et Augustine Boiteau, encore plus petite, qui gazouille  avec enthousiasme : " Le Zésus ! Le Zésus !" " Que lui avez-vous dit ?" demande le Curé. " Je ne lui ai rien dit, et elle ne m'a rien dit."

    Les voyants signalent alors : " V'là d'qué qui s'fait" (quelque chose se fait). Un cadre s'est formé autour de l'apparition, une sorte de mandorle, ornée de quatre bougies, à l'intérieur. Une petite croix rouge est apparue à l'endroit du cœur.

     

    A  suivre...