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  • psaume 1

    Introduction au psaume :

    Heureux qui sait dire non.

    Tout comme les "béatitudes" - qui prennent la même forme littéraire : " Heureux les pauvres " etc...- sont la porte des Évangiles, ainsi le psaume 1 est la porte d'entrée du livre des Psaumes. Il remplit parfaitement son rôle d'introduction. D'abord par sa signification profonde, car toute prière procède de la volonté et implique un choix  : un "non" dit franchement à quelque chose, un "oui" dit à quelqu'un. Tous les Psaumes ne feront que monnayer et diversifier le choix fondamental affirmé par ce psaume 1 en faveur de la volonté de Dieu et contre le monde, malgré ses épreuves, ses menaces ou ses défis.

    Ce psaume remplit aussi son rôle par sa forme qui est celle d'une alternative entre deux chemins. Deux chemins s'ouvrent, l'un qui est dans le sens des appels du monde : à ce monde on dit non, non et non; l'autre, qui est la voie du vouloir de Dieu : à cette volonté on s'abandonne de tout son cœur avec confiance.

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  • Introduction générale aux psaumes : 04. La forme des Psaumes

    Il a plu à Dieu que ces prières qu'il nous suggère pour lui répondre aient forme de poésie. Il a plu à Dieu qu'il en soit ainsi, et il ne nous est pas permis de l'ignorer. 

    On fausse donc radicalement l'instrument préparé par dieu si on prétend le faire fonctionner cotre sa nature, en ignorant comment il est construit. 

    C'est donc se conformer à la réalité et au vouloir de Dieu, c'est prévenir un contre-sens fondamental et par conséquent des déceptions, que de se rappeler que la poésie est un mode d'expression original et de savoir aussi quelque chose du genre de poésie qui est caractéristique des Psaumes. 

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  • Prier les Psaumes (4) : toute la Sainte Ecriture

    83.

    (suite)

    Dans leur humaine et nue littéralité, les psaumes sont à la fois poésie et prière : prière sans doute, mais sous forme de poème. Leur force vitale cependant ne vient pas que de l'homme. Dieu lui-même se sert de la parole du psaume et la profère. Elle est inspirée non seulement par le souffle de vie d'un homme, fût-il un poète de génie, mais par le souffle de Dieu qui est Esprit créateur. L'expérience qu'il traduit et communique est finalement l'expérience que Dieu lui-même crée dans les coeurs qui l'écoutent et qui s'ouvrent devant Lui.

    Aussi, plus que toute parole, toute poésie humaines, la Parole de Dieu est-elle insondable et inépuisable. Celui qui tente de la saisir ne peut que la réduire à ce qu'il est capable d'en percevoir. Car la Parole de Dieu s'élève au-dessus de tout ce que l'homme peut en saisir dans l'aujourd'hui. Elle a sa vie propre et son histoire. Toute Parole de Dieu ne pourra être mesurée qu'à la plénitude des temps. Elle ne cesse jamais d'accompagner l'Amour de Dieu pour le monde et de L'accomplir toujours à nouveau. C'est pourquoi la signification de la Parole de Dieu ne peut être établie une fois pour toutes. Cette parole est pleine de vie et elle engendre la vie en celui qui l'écoute. Dans sa Parole, Dieu est constamment en train de créer. En chaque liturgie, Il construit son Eglise convoquée autour de la Parole. En chaque croyant qui Lui ouvre son coeur et son esprit, Il creuse un abîme insoupçonné de connaissance et d'amour.

    Dans ce processus les psaumes occupent une place à part. Dans les Écritures inspirées, Dieu adresse Sa Parole à l'homme. Dans les Psaumes, au contraire, Dieu met dans la bouche de l'homme la Parole que celui-ci Lui donnera en réponse. Mais ce ne sont jamais des paroles neuves ni étrangères. A y regarder de plus près, ce sont les paroles mêmes de la Bible, mais haussées au niveau de la poésie et de la prière. La Bible, par exemple, contient des livres historiques ; il y a de même des psaumes historiques ; 85 des livres de sagesse et des psaumes de sagesse ; des livres prophétiques et des psaumes prophétiques. On peut retrouver toute la Bible dans les psaumes, mais comme poésie et prière. Dans la parole des psaumes la Bible atteint un sommet de vivante actualité et de force créatrice. A l'abbé Philémon dont la Philocalie a conservé le Logos askètikos (1, 241-252), on demandait pourquoi il trouvait tant de saveur au livre des psaumes, plus qu'en tout autre texte de l'Ecriture. Il répondit : "Je peux vous assurer que Dieu a imprimé dans mon pauvre coeur la force des psaumes, comme il est arrivé au prophète David. Sans la douceur des psaumes je ne pourrais plus vivre, ni sans la contemplation sans limites que les psaumes renferment. Les psaumes en effet contiennent toute la Sainte Ecriture".

    Oui, les psaumes contiennent toute la Sainte Ecriture. Ils n'en sont pas seulement un résumé : ils sont une réponse vivante de l'homme à la Parole de Dieu. Une réponse qui ne vient pas de l'homme seulement, mais qui est suscitée dans son coeur par la Parole même de Dieu.

                                                                  A suivre...

     

     

     

    André Louf - Seigneur apprends-nous à prier - Ed. Lumen Vitae - ISBN 2-87324-000-8

  • Introduction générale aux Psaumes : 03. Les Psaumes instruments de la Parole

    La Parole de Dieu n'est pas seulement un énoncé. Elle est un acte ; elle tend à réaliser un dessein ; elle porte en elle une puissance de transformation de l'homme.

    Les Psaumes ne sont donc pas seulement un miroir, ils sont un instrument aux mains de Dieu, un instrument efficace. Ils tendent à créer en l'âme qui s'initie au dessein de Dieu des orientations profondes, des courants spirituels dans le sens du salut. 

    De ces orientations on peut énoncer quelques aspects. 

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  • Introduction générale aux psaumes : 02. Les Psaumes miroirs de la Parole

    Les Psaumes sont la réponse même que Dieu met sur nos lèvres à sa propre question. 

    Ce principe fondamental dit assez quelle sera la matière des Psaumes.

    La réponse ne peut que refléter la question. 

    Au-delà de descriptions complexes, il faut donc apprendre à reconnaître et à retrouver dans les Psaumes la Révélation tournée en prière : toute la Bible en ses divers aspects ; tout le dessein de Dieu dans les impulsions qu'il veut communiquer à l'âme. 

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  • Prier les psaumes (3) : une parole d'hommes

    82.

    (suite)

    La parole du psaume a mûri en premier lieu dans un coeur d'homme et elle est née sur des lèvres humaines. Les sentiments qu'elle éveille ne nous sont pas étrangers, même s'il arrive que le langage imagé où elle s'exprime ne soit pas immédiatement intelligible. C'est tout de même l'homme qui s'y révèle, comme en toute poésie, l'homme au-delà des races, des frontières, des époques, l'homme éternel qui sommeille dans notre coeur et que nous ne laissons monter à notre conscience que progressivement, et encore seulement en partie.

    Ici réside pour une part la force mystérieuse de la parole poétique des psaumes, qui saisit tout homme avec tant d'impétuosité. Elle ne s'adresse pas seulement, en nous, à l'homme devenu conscient ; au plan de l'inconscient, elle peut remuer les terres encore inexplorées de sa personnalité plus profonde, au point où il s'exprime librement mais encore inconsciemment, face aux autres hommes et face à Dieu. Pour autant, nous n'acceptons pas tout ce que le psaume ébranle en nous et éveille à la vie. Le psalmiste est un homme blessé par le péché et qui clame sa souffrance et son désespoir devant Dieu. Il crie son angoisse, sa désespérance, sa colère, sa haine, et n'éprouve visiblement aucune envie de dissimuler ces sentiments. Le lecteur, vingt siècles plus tard, n'est généralement pas conscient que son coeur abrite encore toutes ces passions. Plus il s'identifie aux normes courantes du groupe où il vit - surtout si ces normes sont évangéliques - plus il éprouve de difficulté à se reconnaître  dans ces sentiments païens. Plus rarement il a confessé son péché devant Dieu, plus insupportables sont ces mots trop humains qui brûlent ses lèvres.

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    Le malaise que le lecteur moderne éprouve en priant certains psaumes se situe en partie à ce niveau. Chaque génération a ses tabous propres, qui se déplacent régulièrement. L'irritation avec laquelle l'homme moyen réagit à tel ou tel thème de prière dans les psaumes, elle aussi se déplace.

    La question se pose de savoir si le procédé qui consiste à refouler tous ces sentiments, et par conséquent à en biffer l'expression dans les psaumes, est psychologiquement sain. La dynamique interne qui s'exprime dans les psaumes par ces sentiments ne doit peut-être pas se perdre. Ne peut-on mieux l'orienter et même s'en servir au profit d'une croissance saine de l'homme et de son développement positif ? Bien sûr, ces sentiments révèlent d'abord le pécheur que chacun reconnaît en soi et avec lequel il doit se réconcilier. Mais cette réconciliation une fois obtenue entre l'homme et lui-même, entre l'homme aussi et Dieu, la dynamique de ces sentiments ne peut-elle être infléchie et orientée vers le bien ? Si oui, les antiques paroles des psaumes, qui jadis exprimaient des sentiments par trop primitifs, peuvent évoluer avec l'homme et acquérir un sens nouveau et plénier. D'ailleurs ce que le poète humain chante dans le psaume n'est pas le dernier mot de celui-ci, car le souffle de vie qui inspire ses paroles lui vient finalement d'ailleurs et de plus grand que lui.  

                                                                                      A suivre...

    André Louf - Seigneur apprends-nous à prier - Ed. Lumen Vitae - ISBN 2-87324-000-8

  • Introduction générale aux psaumes : 01. Position des Psaumes

    L'Eglise aime les Psaumes ; l'Eglise en use inlassablement. Les aimons-nous autant qu'elle ? Leur faisons-nous la même place ? 

    Ces simples interrogations obligent à s'avouer un problème, et elles demandent de nous un acte de foi. Nous ne pouvons pas, en effet, ne pas désirer nous accorder à Dieu et à son Eglise : il faut donc regarder en face le problème. Mais il faut avoir confiance en l'Eglise : si elle nous dit qu'il faut, c'est donc que nous pouvons. 

    C'est dans cet esprit que toute réflexion doit être menée, si l'on veut en espérer la lumière. 

    Ce que l'Eglise pense des Psaumes, quelques constatations suffisent à le faire entendre. 

    Les Psaumes ont porté la prière et l'espérance des siècles.

    De cette espérance, saint Paul, saint Pierre, après l'Evangile, nous apportent un écho puissant : " C'est dans la foi qu'ils moururent tous, sans avoir vu s'accomplir pour eux les promesses, mais après les avoir aperçues et saluées de loin et s'être qualifiés d'étrangers et de voyageurs sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent bien qu'ils sont à la recherche d'une patrie. S'ils avaient entendu par là celle d'où ils étaient sortis, ils auraient bien trouvé l'occasion d'y retourner ; mais non, c'est à une patrie bien meilleure qu'ils aspirent, la patrie céleste " (Hébr 11, 13-16) 

    "Le salut de vos âmes dont vous êtes sûrs et qui vous fait tressaillir de joie... c'est lui qui a fait l'objet des recherches, des méditations des prophètes qui ont prédit la grâce qui vous était destinée. Ils cherchaient à découvrir l'époque et les circonstances indiquées par l'Esprit de Dieu... Ce n'était pas pour eux-mêmes, mais pour vous qu'ils étaient les ministres de ces mystères..." ( 1 Pierre 1,10-12)

    "Je vous le dis en vérité, bien des prophètes et des justes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu " (Math. 13,17). 

    De toute cette prière et de toute cette espérance, nous saisissons l'expression dans sa parfaite pureté et sa définitive ferveur, à l'heure où elles atteignent enfin leur but, dans le Magnificat de Notre-Dame ou le Benedictus de Zacharie. 

    Les Psaumes ont porté aussi la prière du Seigneur. 

    Ce fait, sensible en particulier dans les cris de la Passion, se passe de commentaire. 

    Les Psaumes portent aujourd'hui la prière officielle de l'Eglise.

    Dès ses plus anciennes formes et dans celles qui se sont conservées en vue des heures plus solennelles de la vie de l'Eglise, comme la Semaine Sainte, la prière de l'Eglise apparaît comme une composition "d'un type fixé une fois pour toutes... elle présente toujours le même rythme ternaire : leçons bibliques, répons psalmodiques, prière silencieuse que conclut l'oraison dite Collecte... La psalmodie conduit à tirer de la Bible l'enseignement vivant qu'on doit y trouver... L'ensemble des lectures dont sont rapprochés les passages du Psautier  fournit aux formules ... de celui-ci la plénitude de leur signification..." (P. Louis Bouyer, Bible et Vie chrétienne, n°10, p. 23-24). 

    L'office du moine comme celui du prêtre, c'est avant tout la récitation du Psautier, et la liturgie de la Messe lui emprunte de quoi former sa prière. 

    Les Psaumes portent la prière des Saints.

    On a pu dire d'un saint Bernard par exemple que sa pensée ne puisait pas seulement dans ces sources mais qu'elle y "baignait". 

    Pourquoi cette place unique accordée aux Psaumes ? 

    C'est le sens même de la Révélation qui est ici en cause. 

    Dieu  s'adresse à nous ; il nous adresse sa Parole, la Parole du salut qu'il nous appartient d'accueillir. Cette Parole ne veut être que le premier terme d'un dialogue : le cercle se fermera par notre réponse, par une prière. Mais cette prière ne pourra être formée en nous que par Dieu même. C'est Dieu qui nous la donnera, ou bien elle ne sera jamais : " Nous ne savons pas prier comme il faut ; l'Esprit lui-même intercède pour nous..." (Rom. 8,26). Une prière chrétienne authentique ne saurait être en son fond autre chose que la prière inspirée : la prière où c'est Dieu lui-même dans la bouche des hommes qui répond à Dieu. " La prière chrétienne est une prière où l'homme n'a pas l'initiative, mais Dieu ; une prière où ce n'est pas l'homme qui cherche peu à peu, en tâtonnant dans les ténèbres, à démasquer un Dieu muet, mais où c'est Dieu qui cherche l'homme et où celui-ci n'a qu'à se livrer à l'appel entendu en écoutant de mieux en mieux... Non seulement la Parole doit susciter une réponse, comme une parole humaine une autre parole humaine, mais elle doit vraiment la créer. Car la Parole divine est toujours la Parole créatrice et sa suprême création, c'est la recréation du cœur de l'homme selon le cœur de Dieu... C'est pourquoi un livre entier de la Bible... n'est fait que de prières, c'est le Livre des Psaumes... et c'est pourquoi ce même Psautier demeure comme le noyau de l'Office divin, c'est-à-dire de cette partie de la liturgie qui est proprement la prière de l'Eglise " (P. Louis Bouyer, Maison-Dieu, n° 33, p.10-11)

    On peut trouver bien d'autres explications à cette faveur de l'Eglise pour les Psaumes. Mais toutes les réponses, même valables, s'éclipsent devant cette réponse fondamentale. 

    Certes les Psaumes ne sont pas l'unique réponse possible à la Parole de Dieu ; ils ne sont même pas l'unique réponse inspirée ; mais ils en sont la forme exceptionnelle et privilégiée. 

     

    Le problème demeure donc avec toute sa brutalité : comment se fait-il que cette prière, qui est si parfaitement celle de l'Eglise, soit en fait si peu celle de chacun des membres de l'Eglise ? En réalité, l'absence des Psaumes dans la prière de chacun est moins totale qu'il ne semblerait au premier abord : chaque chrétien use des Psaumes du moment qu'il prie avec l'Eglise, même s'il n'a pas toujours conscience de ce qu'il doit, par le fait même, à cette prière. 

    Il y a cependant un " désaccord ", qu'il serait malhonnête de nier. De ce désaccord, les causes sont nombreuses. Les unes sont d'ordre assez théorique et elles peuvent être sur le même plan assez vite résolues. On peut invoquer l'archaïsme des formes d'expression qui sont celles des Psaumes : cette poésie n'est pas la nôtre. On peut invoquer l'archaïsme des sentiments : l'Evangile a passé par là et certaines attitudes spirituelles dont témoignent les Psaumes sont devenues pour nous étrangères, voire choquantes. 

    Il y aurait bien à dire sur tous ces points, en particulier sur le dernier, et l'on peut se demander si la répugnance que nous éprouvons à l'égard de certains traits des Psaumes ne signifie pas en profondeur une méconnaissance de l'Evangile. La charité chrétienne est bien autre chose qu'une simple douceur facile : elle entre dans le monde au prix d'une véritable guerre contre un ennemi qui ne désarme pas, qu'il s'appelle le monde ou le démon. C'est la pratique à la fois des Psaumes et de l'Evangile qui résoud progressivement de telles difficultés. 

    Il y a des explications plus profondes, d'ordre subjectif. Notre prière, en dépit du Pater, reste dans une large mesure une prière individuelle : or les Psaumes sont faits pour être dits dans une autre clé. Notre prière reste également dans une large mesure une prière tournée vers l'homme, " anthropocentrique" : or les Psaumes sont toujours à quelque degré une prière de louange, un acte d'adoration.

    Il suffit d' avoir noté ces deux discordances fondamentales pour comprendre bien des choses. 

    Mais finalement, si les Psaumes ne sont pas dans l'usage du fidèle devenus plus familiers, c'est faute de savoir. Une initiation est nécessaire, les fidèles ne peuvent pas connaître ce qu'on ne leur a pas appris, pratiquer ce à quoi on ne les a pas initiés. 

    L'effort du pape Pie XII pour réduire les difficultés de surface en brisant la convention d'un texte traditionnel et vénéré, mais souvent inexact, est à cet égard une indication. 

    Dans la voie que le Souverain Pontife ouvrait ainsi, il faut avec courage entrer. 

                                                               

    Mgr Garonne, archevêque de Toulouse (+) Les Psaumes, prière pour aujourd'hui - Ed. Tardy. 1963