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  • Préliminaires à la prière - 06

    Si "les yeux du Seigneur sont ouverts sur les justes" (Ps 100,6), ses oreilles ne sont point fermées "à ceux qui crient vers lui nuit et jour" (Lc 18,7). 

    Pour chasser les distractions, pour secouer l'indolence de l'âme, peut-être serait-il bon, selon le conseil de sainte Thérèse d'Avila, de s'adresser au Seigneur, à mi-voix ; de le traiter, dès le début de l'oraison, comme un interlocuteur authentique et d'entamer avec Lui un dialogue. Ce qu'il faudra exprimer surtout avec vigueur, c'est sa foi en ce Dieu qui met tout son sérieux à nous écouter. "Seigneur, je suis certain que vous êtes là à me prêter l'oreille." 

    A ce propos, notons en passant combien le mot "croire", en français moderne, s'est affadi. Dire "je crois qu'il fera beau demain", n'est pas avancer une certitude absolue. Aussi dans le langage de l'oraison, vaudrait-il mieux lui substituer des expressions synonymes, par exemple : " Seigneur, je suis sûr de Vous, je suis absolument convaincu de Votre Présence, je m'appuie ferme sur Vous, je compte sur Vous, etc..."

    Ces paroles, ou de semblables, proférées à mi-voix, répétées plusieurs fois avec insistance procurent un double avantage : elles sont déjà une prière au vrai sens du terme, elles aident à délivrer l'âme , à rompre  les attaches qui la rivent  à tant d'objets étrangers, à la larguer vers le Seigneur. Là encore point de hâte. Il faut parler  lentement, laissant de brefs silences se couler au milieu de ces cris venus des profondeurs. Peu à peu j'en viendrai à me trouver seul avec Celui qui m'accorde une attention éternelle et "ma clameur sera entendue dans les hauteurs" (Is 58,4).

     

    Remarque :

    Il ne suffit pas  de se placer sous le regard de Dieu au début de l'oraison. L'expérience nous démontre, surtout lorsqu’il s'agit de durer longtemps dans la prière, combien les préoccupations, les froissements de l'amour-propre, voire les tentations remontent progressivement à la surface et, trompant la vigilance de l'âme, envahissent le champ de la conscience, comme une herbe tenace. Impossible de retrouver la limpidité de l'attention, la vivacité de la foi à travers laquelle Dieu pourrait se laisser voir. Au cours de l'oraison, il conviendra de  recommencer souvent ces remises sous les yeux du Seigneur - plus courtes, plus ardentes ou plus calmes selon la grâce - maintenant l'intention du cœur dans la vérité.

    "Mettez-vous en présence de Dieu par un acte de foi qu'il faut renouveler de temps en temps pendant le cours de l'oraison" (Rigoleuc). Si l'on tourne à vide, si l'on est miné de distractions, si la sécheresse règne, ces actes constitueront  la trame de notre prière. Rien ne sera perdu, puisque notre bonne volonté de croyant nous aura rendu agréable au Maître Souverain : " Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu" (Heb 11,6)

    Pour nous mettre à la disposition de notre Créateur et Seigneur, croire en Sa Présence paraît primordial. De cette intensité  dans l'application, de cette vigueur dans l'effort initial, la plupart du temps, dépend sinon la réussite, du moins la qualité de notre rencontre avec Dieu. La grandeur de Celui dont le regard nous cherche, et dont l'oreille nous écoute, explique qu'on accentue l'importance de notre premier pas vers Lui.

                              

                                            A suivre....

    Pierre Lauzeral- Préliminaires à la prière

     

  • Préliminaires à la prière - 05

    * Croire intensément que Dieu est là

     

    Avant de parler à Dieu ou de l'écouter, il faut être convaincu de son existence. Conviction non pas cérébrale et comme extérieure à nous-mêmes, mais conviction vécue, actuelle, saisissant l'être tout entier et le courbant  en présence de son Créateur et Seigneur.

    Plus concrètement encore, il faut se persuader qu'un regard attentif et pénétrant nous enserre, le Regard du Dieu  vivant : Dieu est là près de moi, en moi, qui me regarde et qui m'appelle. Je le crois, j'en suis  sûr. Toute la pédagogie de Dieu dans l’Écriture n'a-t-elle pas consisté à convaincre Israël qu'il était un peuple passionnément regardé par son unique Pasteur ? Dès que s'ouvre la geste des Patriarches, dès qu'apparaissent les premiers  "chevaliers de la foi", Abraham, Isaac, Jacob, le Seigneur inaugurera magistralement sa leçon. Il s'agit de convaincre ces "primitifs" que le Très-Haut est un Dieu proche. A l'ombre d'un chêne, auprès d'une source, autour d'une pierre rayonne la Présence Glorieuse . Peu à peu ces nomades du désert, si peu friands d'aventures spirituelles apprennent en quelle proximité insoupçonnée se déroule leur banale existence.

    Le mot d'ordre donné à Abraham rappelle la densité de cette découverte : " Je suis El-Chaddaï (le Dieu des montagnes) marche en ma présence et sois parfait" (Gn 17,1). Plus tard, Jacob, au terme d'un songe révélateur, s'écriera : "En vérité, Dieu est en ce lieu  et je ne le savais pas" (Gn 28,16).

    En pratique, plusieurs moyens s'offriront pour nous saisir fortement de cette divine Présence. C'est la suggestion proposée par saint Ignace :

    Avant d'entrer en oraison (en prière), "J'élèverai ma pensée vers le ciel, considérant comment Dieu Notre-Seigneur me regarde" (Ex n° 75). Ma prière ne s'identifie en rien avec une considération philosophique ou morale. Elle ne s'apparente pas à une rêverie où je n'aurai qu'à me laisser aller au fil de l'eau. Je suis sous le regard de Quelqu'un, de Quelqu'un qui, en toute vérité, me voit. Là encore, ne sommes-nous pas instruits par l'expérience des hommes de la Bible ? Lorsque sur la montagne, Dieu rend à Abraham son fils Isaac, le père des croyants s'écrie : "Sur la montagne, Dieu pourvoit" ou selon le grec : "Dieu voit" (Gn 22,14). En d'autres endroits, notamment dans les Psaumes, il est sans cesse parlé "des paupières, des prunelles du Seigneur". Anthropomorphisme certes, mais combien suggestif ! Où que nous soyons, où que nous allions, un regard nous cherche, nous investit, nous scrute. Heureux qui consent à se laisser  regarder ! A son tour, il deviendra un "voyant" selon l'appellation que l’Écriture décerne aux anciens prophètes. Il saura traverser l'épaisseur des choses  et s'enhardir jusqu’à la pleine lumière, où Dieu habite. 

    Pratiquement, pour nous imprégner de cette certitude, peut-être sera t-il bon de nous répéter quelques uns des versets du psaume 129 : " Seigneur, tu me sondes et me connais - tu perces de loin mes pensées." Ou bien creuser cette magnifique interpellation : " Tu es le Seigneur, le Dieu qui contemple les siècles" (Eccl 36,17. trad Vulgate)

     

                        A suivre...

     

    Pierre Lauzeral - Préliminaires à la prière

  • Préliminaires à la prière - 04

    Les trois conditions requises pour prier - première condition

     

    Pour entrer en prière (en oraison), trois conditions sont requises :

    - se placer sous le regard de Dieu, (sous le regard de Dieu)

    - purifier son cœur, (la purification du cœur)

    - invoquer l'Esprit Saint. (l'invocation du Saint-Esprit)

     

    Ces trois moments introduisent à l'oraison. Ils peuvent être plus ou moins longs, plus ou moins forts, mais, sauf grâce spirituelle de dieu, ils en constituent comme le seuil, et nul ne pourra aisément entrer en prière s'il ne l'a franchi.

     

    Sous le regard de Dieu

    Pourquoi la plupart de nos prières sont-elles molles, ravagées de distractions, incapables d'émouvoir en profondeur les racines de l'âme ou de nous nourrir ? Reconnaissons-le sans ambages : souvent, trop souvent, nous avons omis de nous placer sous le regard du Seigneur. Aussi, semble-t-il utile de dérouler au ralenti les diverses phases de cette mise en présence de Dieu.

    * Se calmer

    On ne s'engouffre pas dans la prière. C'est folie de l'ignorer. La prière est avant tout exercice de foi et de foi vive. Comme Moïse, il faut  "voir l'Invisible" (Heb 11,21), le toucher, l'habiter, y établir sa demeure. Or, nous voici aux prises avec des réalités très visibles, contraignantes ou attirantes : nos affaires, nos soucis, nos passions, les provocations ou le divertissement de l'ambiance. Force nous est de nous arracher énergiquement à ce décor, à ces personnages, à nous-mêmes, de créer une zone de vide et de silence autour de nous et en nous, première étape de notre marche vers le Seigneur.

    Prier, en outre constitue une activité très sérieuse. C'est au Maître des mondes que je vais parler. Je deviens, éphémère et banal, celui qui tutoie Dieu ! Devant Lui, terre et ciel se taisent. Toute la Bible tonne sa grandeur et les prophètes qui le rencontrèrent tremblent au souvenir de ces rendez-vous peu rassurants. Je n'irai jamais aussi loin que ces familiers du Très-Haut. Combien plus, à leur exemple, dois-je prendre de précautions pour affronter cette Présence !

    La tradition de l’Église ne l'a pas oublié qui, depuis longtemps, introduit ses prêtres  et ses moines à l'Adoration par un psaume appelé "Invitatoire" : "Venez adorons le Seigneur" (Ps 94,6). Tandis qu'il est comme graduellement conduit vers le Seigneur de toute majesté , l'homme peut s'apaiser "et, reins ceints, lampe allumée" (Lc 12,35), sortir au-devant du Maître en attente."

    Concrètement pour faire oraison, il conviendra  de rechercher un lieu calme, un silence extérieur favorisant la détente nerveuse et la délivrance des pensées étrangères. Chacun doit, selon ses possibilités, appliquer le conseil du Seigneur : "Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre  et prie ton Père" (Mt 6,6). En fait, plus ce "secret" l'environnera, plus notre prière  se placera sous le regard du Père. 

    Pourquoi ne pas insister encore sur la création d'une atmosphère de recueillement comme  le suggère saint Ignace : les volets clos, un rideau tiré, une table nette, la Bible ouverte , voilà qui favorise l'entrée en oraison. 

    Enfin, pourquoi ne pas inviter celui qui va prier  à se détendre physiquement : respirer lentement, au besoin, s'étendre quelques secondes délasse le corps et laisse l'âme comme délivrée. Si l'on vient d'entendre les points d'oraison et que la tête  soit lourde, une rapide promenade, un oubli momentané de tout, facilite le début de la méditation ou de la contemplation. 

    Quant aux distractions légères  qui affleurent l'imagination, il ne faut pas s'en préoccuper, mais les laisser couler comme l'eau.

    Bref, si j'ai créé des conditions favorables de recueillement, il est bien assuré que troubles et énervements intérieurs se décanteront plus aisément.

                                                                        A suivre....

     

    Pierre Lauzeral - Préliminaires à la prière

     

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  • Préliminaires à la prière - 03

    L'expérience des saints

     

    Aide de Dieu, collaboration de l'homme, ces deux vérités, les saints les ont vérifiées dans leur expérience. "Je ne sais pas prier, dites-vous, mais avant vous d'autres s'y sont essayés qui, grâce à Dieu, n'ont pas trop mal réussi." De leur intimité avec le Seigneur, ils nous ont laissé le souvenir. Sans doute, ont-ils goûté des rencontres indicibles, des états d'oraison qu'ils ne peuvent  décrire. "Si tu sondes la Majesté de Dieu, tu seras écrasé par la Gloire" (Prov 25,27) Mais, comme nous, beaucoup d'entre eux ont appris l'alphabet de la prière. Avant de devenir des maîtres, ils sont passés par un noviciat.

    Aussi saint Ignace, nouveau converti, avouait-il que Dieu le traitait "comme un maître d'école". Sainte Thérèse d'Avila ne découvre que fort tard la vie d'oraison. Encore faut-il qu'elle en reçoive l'initiation des livres d'Osuna et de l'enseignement  de son oncle de Cepeda. Jean de la Croix, jeune prêtre, premier religieux de la Réforme carmélitaine, ne s'improvise pas aussitôt technicien de la Montée du Carmel. Mais, une fois déblayé le chemin, ces spirituels de race se tournent vers nous pour nous signaler le départ des routes, les manières d'engager l'étape, les chances et les risques de l'aventure. Voilà des guides sûrs : leur enseignement s'inspire de leur expérience. Ignace de Loyola, dès Manrèse, novice encore dans les voies de l'esprit, relève sur un cahier d'humbles remarques  destinées  à devenir les Exercices Spirituels. Thérèse  de Jésus, dans son Chemin de la Perfection, se réfère constamment, non à des théories abstraites, mais à l'itinéraire  que le Seigneur lui a fait suivre.

    De ces conseils autorisés, nul ne doute que nous puissions tirer quelque profit. Ils sont dotés d'une valeur quasi universelle. A ce titre, dirions-nous, ils s'imposent comme les lois générales de toute vie intérieure. Les négliger, surtout dans les premiers efforts d'une vie d'oraison, risque  de nous laisser indéfiniment piétiner à la porte du Royaume. Les appliquer avec fidélité nous achemine, au contraire, vers un succès à peu près  certain. Oui, l'art de bien prier, dépend avant tout de l'Esprit Saint, mais ce même Esprit, dans l'âme des saints, a laissé ses traces.

    Les suivre, n'est-ce pas aider la grâce ?

     

    A suivre....

     

    Pierre Lauzeral - Préliminaires à la prière

     

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  • Préliminaires à la prière - 02

    Valeur et nécessité de l'effort

    Cependant, pour nous mettre à prier, il ne faut pas rester "oisifs sur la place" en attendant que le Maître nous embauche (Mt 20,3). De même que le Créateur nous a dotés d'une "intelligence capable, à travers ses œuvres, de saisir son invisibilité" (Rm 1,20), de même Il a mis dans notre esprit suffisamment de lumière pour l'atteindre. Bien plus, n'avons-nous pas été au baptême "plongés dans le Saint-Esprit" ? La Troisième Personne de la Sainte Trinité nous a été "donnée avec l'amour de Dieu qu'elle répand" (Rm 5,5). En nous, ce Dieu ne dort pas qui, dès l'origine, "couvait" le monde, "parlait par les prophètes", illuminait l'âme du christ, de la Vierge Marie, des Saints. Comme nous l'expliquerons plus au long, n'est-Il pas Celui dont la présence travaille le cœur de l'homme et l'oriente vers le Père ? De toute notre attention et la ferveur de notre amour, ne sommes-nous pas invités à collaborer à cette action de l'Esprit Saint qui, pour être mystérieuse, n'en demeure pas moins réelle ? Pour prier, il faut surtout la grâce de Dieu, il faut encore notre bonne volonté. Absolument comme pour parvenir au salut, il a fallu que le Fils de Dieu habitât chez nous, mais il faut que nous acceptions son Incarnation.

     

                           à suivre....

                       prochain post : L'expérience des saints

     

    Pierre Lauzeral - Préliminaires à la prière

  • Préliminaires à la prière - 01

    Seigneur, apprends-nous à prier

    "Un jour, quelque part, le Seigneur priait... Quand Il eut fini, un de ses disciples Lui demanda : " Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l'a appris à ses disciples" (Luc. 11,1)

    Cet épisode de l’Évangile en dit long sur le mystère de la prière. Seul, Jésus-Christ semble s'y mouvoir à l'aise. Sa dignité en présence de Dieu impressionne les apôtres, au point que l'un d'entre eux pose la question : " Seigneur, apprends-nous à prier !"

    Prier n'est pas à la portée de tout homme, disons, plus radicalement, prier dépasse l'homme. dès lors, pour franchir le seuil de l'oraison, ne faut-il pas que le Maître de la prière vienne à notre secours ? S'il "habite une lumière inaccessible" (Tim. 6,16), ne convient-il pas qu'il éclaire Lui-même la route pour nous mener vers Sa splendeur ?

    A fréquenter le Christ, les disciples ont senti cette vérité et c'est là une grâce que nous devrions leur envier. "Nul n'est monté aux cieux, sinon Celui qui en est descendu" (Jn. 3,13) "Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant" (Jn 13,36)

    En somme, le chemin parcouru par le Verbe Éternel pour rencontrer l'humanité déchue, n'est-il pas celui que notre prière doit suivre, en sens contraire, pour atteindre son Créateur et Seigneur ? Étrange âpreté de  l'entreprise! Une parole de Jésus la décrit, encore qu'il l'ait prononcée en d'autres circonstances : " Pour les hommes, impossible, non pour Dieu  ; car tout est possible à Dieu" (Mc 10,27). En bref, savoir prier est une faveur de Dieu. Comme tout "don excellent, il descend d'En-haut, du Père des Lumières" (Jn 1,17). Jésus-Christ l'a clairement insinué. Après Lui, les saints l'ont répété à satiété. "Oh ! je ne voudrais pas aller à Dieu, si Dieu ne venait à moi", déclarait saint François de Sales, et Mme de Chantal en écho : " L'oraison doit se faire par grâce et non par artifice." Première certitude dont il faut nous assurer si nous voulons pénétrer dans les voies de la prière.

    Or, ce que la foi enseigne, l'expérience bien souvent le démontre. Combien de jeunes s'enquièrent : "Que faut-il faire pour prier ? Comment s'y prendre ?" Des adultes, des prêtres, après plusieurs années de vie spirituelle s'aperçoivent avec effroi qu'ils ne savent pas prier.

    La prière elle-même ne connaît-elle pas ses saisons ? Dans les premiers temps, facile et simple, elle s'écoule quasi naturellement de l'âme. Puis viennent les heures arides ou froides. "La terre sèche, altérée, sans eau" (Ps 63,2). Prier s'avère très pénible : marche au "pays qu'on n’ensemence pas". La tentation surgit, redoutable, de laisser un exercice (l'oraison) où l'on perd son temps. Faut-il ajouter que notre prière est fonction de notre allure spirituelle tout court ? Au lendemain de fautes, dans le doute ou le malheur, en référer à Dieu, à plus forte raison Le contempler nous paraît surhumain. "Route barrée de pierres de taille, sentiers obstrués" (Tim 3,9), la Bible dit bien. Ignorance, malfaçons ou difficultés quelles qu'elles soient, l'expérience spirituelle nous ramène à la conclusion de tout à l'heure : prier, nous ne le pouvons pas, si Dieu lui-même n'intervient. Première donnée de foi.

     

                                             A suivre....

     

    Pierre Lauzeral - Préliminaires à la prière - Apostolat de la prière 1960

     

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  • La Création et l'existence d'un Dieu créateur (8 et fin)

    [36 suite] Certains se demandent comment ce fait que les moindres détails soient prévus par Dieu et disposés par Lui pour le bien de ses créatures qu'Il aime est compatible avec la liberté humaine. Concernant d'abord la prévision d'actes futurs libres il faut remarquer qu'il n'y a de futur que pour nous qui sommes placés dans la succession du temps, mais que passé, présent et futur sont également présents au regard de l'éternité divine  en laquelle il n'y a point de succession. Quant au fait que Dieu est la cause d'existence de nos actes libres eux-mêmes comme de tout ce  qui existe, il faut comprendre qu'il ne s'agit pas d'une cause qui agirait de l'extérieur sur notre volonté libre et en supprimerait ainsi ou en diminuerait la liberté, mais d'une cause intérieure qui est la source même d'existence de notre liberté, qui la fait exister : et Dieu donne à toute chose d'exister avec  sa nature, donc aux actes libres d'exister avec leur nature  qui est d'êtres libres.


    Puisque Dieu est le Bien infini qui donne leur bonté à tous les biens créés, c'est donc Lui qu'en définitive nous cherchons et aimons en tout ce que nous aimons puisque nous n'aimons aucune chose qu'en y trouvant  une bonté qui vient de Lui. Mais aucun de tous ces biens imparfaits et limités vers lesquels se porte notre volonté ne peut la rassasier ni la satisfaire pleinement. Dieu seul est le souverain Bien et par conséquent le but suprême qui peut orienter  toute notre vie morale. Ce qui est bon est ce qui nous oriente vers Lui, ce qui est mal est ce qui nous détourne de Lui, car sans Lui il n'y a que dégradation et misère. Il semble donc  que ce soit vers Lui que doive s'orienter la vie immortelle de notre âme. Mais comment cela se réalisera-t-il ? Nous nous heurtons toujours à l'impénétrable mystère.

    De toutes parts le mystère nous environne, et surtout en ce qui concerne nos rapports avec Dieu. Dieu est la source de notre existence, présent par là au plus profond de notre être, Il est notre souverain Bien dont l'attrait est caché au sein de tous nos amours, et pourtant Il est pour nous cet Inconnu dont la nature et la vie intime nous sont impénétrables et incompréhensibles [37] et dont la perfection infinie est séparée de nous par un abîme. Nous l'aimons à cause de tous les biens qui viennent de Lui, et pourtant Il demeure pour nous ce Maître lointain avec lequel aucune amitié, aucune intimité, aucune relation de société ne nous est possible, puisque nous ne savons même pas  ce qu'Il est en Lui-même.

    Voici jusqu'où vont et où s'arrêtent les possibilités de la nature humaine, de l’intelligence et de la volonté  dont elle est douée. Rien n'est possible au-delà sur le plan des capacités de notre nature d'hommes. Tout serait possible à une initiative de Dieu lui-même venant suppléer aux incapacités  de notre nature humaine. Cette initiative de Dieu s'est-elle produite dans l'histoire de l'humanité ?


    Jean DAUJAT - Connaître le christianisme - Éditions Pierre Téqui 1947


     

  • La Création et l'existence d'un Dieu créateur (7)

    [35] La dépendance de notre existence et de notre bien par rapport à l'Amour Créateur de Dieu nous fait comprendre pourquoi l'homme ne trouve son bien qu'en conformant son action à une loi  qui ne dépend pas de lui et à laquelle sa liberté doit se soumettre, la loi morale. Cette loi, avons-nous dit, résulte de la nature de l'homme orientée vers des biens qui constituent son achèvement et sa perfection.

    Mais pourquoi l'homme est-il ainsi, sinon parce que Dieu l'a fait ainsi ? Ici encore, c'est parce que l'homme est une créature qu'il faut pour sa perfection qu'il se soumette : c'est parce qu'il ne s'est pas fait lui-même et qu'il est tel que Dieu l'a fait qu'il trouve son bien conformément à la loi que Dieu a mise en sa nature en le créant.

    Mais cette loi qui lui vient de son Créateur est le chemin de son bien et non une contrainte qui lui serait imposée de l'extérieur. On caricature Dieu en Le représentant comme cette sorte de tyran dont le caprice nous imposerait un règlement de vie contrariant toutes nos aspirations : la loi morale ne vient pas de Dieu en ce sens que Dieu l'imposerait de l'extérieur à notre nature, mais en ce sens qu'elle vient de notre nature dont Dieu est l'auteur et que la perfection pour laquelle nous sommes faits est un don de Dieu en vue duquel Dieu a disposé notre nature suivant certaines lois.

    La créature s'enrichit et se perfectionne en suivant les lois par lesquelles Dieu la mène  vers son plus grand bien. Dieu est la source de toutes les lois par lesquelles est réglé l'univers : Il est la loi éternelle dont procède toute loi qui existe dans la création. Mais cette Loi éternelle n'est que l'impulsion d'Amour qui porte toute chose vers son bien et sa perfection et meut de l'intérieur  tous les êtres.  Hors de la Loi de Dieu il n'y a pour l'humanité comme pour tous les êtres que souffrance et dégradation. Le monde contemporain a fait la triste expérience du malheur auquel l'humanité se condamne quand elle se révolte contre Dieu et sa Loi. Toutes les lois humaines, tous les pouvoirs humains ne valent que dans la mesure de leur conformité à la Loi de Dieu. Elle est la règle de vie et source de bien des sociétés comme des individus.

    Dieu n'est pas seulement la Loi éternelle qui règle l'orientation générale des êtres vers leur bien, car puisque rien n'existe [36] sans recevoir de Lui l'existence aucun détail ne Lui échappe et c'est pourquoi on L'appelle la Providence.


    Jean DAUJAT - Connaître le christianisme - Éditions Pierre Téqui 1947