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comment prier

  • Préliminaires à la prière - 05

    * Croire intensément que Dieu est là

     

    Avant de parler à Dieu ou de l'écouter, il faut être convaincu de son existence. Conviction non pas cérébrale et comme extérieure à nous-mêmes, mais conviction vécue, actuelle, saisissant l'être tout entier et le courbant  en présence de son Créateur et Seigneur.

    Plus concrètement encore, il faut se persuader qu'un regard attentif et pénétrant nous enserre, le Regard du Dieu  vivant : Dieu est là près de moi, en moi, qui me regarde et qui m'appelle. Je le crois, j'en suis  sûr. Toute la pédagogie de Dieu dans l’Écriture n'a-t-elle pas consisté à convaincre Israël qu'il était un peuple passionnément regardé par son unique Pasteur ? Dès que s'ouvre la geste des Patriarches, dès qu'apparaissent les premiers  "chevaliers de la foi", Abraham, Isaac, Jacob, le Seigneur inaugurera magistralement sa leçon. Il s'agit de convaincre ces "primitifs" que le Très-Haut est un Dieu proche. A l'ombre d'un chêne, auprès d'une source, autour d'une pierre rayonne la Présence Glorieuse . Peu à peu ces nomades du désert, si peu friands d'aventures spirituelles apprennent en quelle proximité insoupçonnée se déroule leur banale existence.

    Le mot d'ordre donné à Abraham rappelle la densité de cette découverte : " Je suis El-Chaddaï (le Dieu des montagnes) marche en ma présence et sois parfait" (Gn 17,1). Plus tard, Jacob, au terme d'un songe révélateur, s'écriera : "En vérité, Dieu est en ce lieu  et je ne le savais pas" (Gn 28,16).

    En pratique, plusieurs moyens s'offriront pour nous saisir fortement de cette divine Présence. C'est la suggestion proposée par saint Ignace :

    Avant d'entrer en oraison (en prière), "J'élèverai ma pensée vers le ciel, considérant comment Dieu Notre-Seigneur me regarde" (Ex n° 75). Ma prière ne s'identifie en rien avec une considération philosophique ou morale. Elle ne s'apparente pas à une rêverie où je n'aurai qu'à me laisser aller au fil de l'eau. Je suis sous le regard de Quelqu'un, de Quelqu'un qui, en toute vérité, me voit. Là encore, ne sommes-nous pas instruits par l'expérience des hommes de la Bible ? Lorsque sur la montagne, Dieu rend à Abraham son fils Isaac, le père des croyants s'écrie : "Sur la montagne, Dieu pourvoit" ou selon le grec : "Dieu voit" (Gn 22,14). En d'autres endroits, notamment dans les Psaumes, il est sans cesse parlé "des paupières, des prunelles du Seigneur". Anthropomorphisme certes, mais combien suggestif ! Où que nous soyons, où que nous allions, un regard nous cherche, nous investit, nous scrute. Heureux qui consent à se laisser  regarder ! A son tour, il deviendra un "voyant" selon l'appellation que l’Écriture décerne aux anciens prophètes. Il saura traverser l'épaisseur des choses  et s'enhardir jusqu’à la pleine lumière, où Dieu habite. 

    Pratiquement, pour nous imprégner de cette certitude, peut-être sera t-il bon de nous répéter quelques uns des versets du psaume 129 : " Seigneur, tu me sondes et me connais - tu perces de loin mes pensées." Ou bien creuser cette magnifique interpellation : " Tu es le Seigneur, le Dieu qui contemple les siècles" (Eccl 36,17. trad Vulgate)

     

                        A suivre...

     

    Pierre Lauzeral - Préliminaires à la prière

  • Préliminaires à la prière - 03

    L'expérience des saints

     

    Aide de Dieu, collaboration de l'homme, ces deux vérités, les saints les ont vérifiées dans leur expérience. "Je ne sais pas prier, dites-vous, mais avant vous d'autres s'y sont essayés qui, grâce à Dieu, n'ont pas trop mal réussi." De leur intimité avec le Seigneur, ils nous ont laissé le souvenir. Sans doute, ont-ils goûté des rencontres indicibles, des états d'oraison qu'ils ne peuvent  décrire. "Si tu sondes la Majesté de Dieu, tu seras écrasé par la Gloire" (Prov 25,27) Mais, comme nous, beaucoup d'entre eux ont appris l'alphabet de la prière. Avant de devenir des maîtres, ils sont passés par un noviciat.

    Aussi saint Ignace, nouveau converti, avouait-il que Dieu le traitait "comme un maître d'école". Sainte Thérèse d'Avila ne découvre que fort tard la vie d'oraison. Encore faut-il qu'elle en reçoive l'initiation des livres d'Osuna et de l'enseignement  de son oncle de Cepeda. Jean de la Croix, jeune prêtre, premier religieux de la Réforme carmélitaine, ne s'improvise pas aussitôt technicien de la Montée du Carmel. Mais, une fois déblayé le chemin, ces spirituels de race se tournent vers nous pour nous signaler le départ des routes, les manières d'engager l'étape, les chances et les risques de l'aventure. Voilà des guides sûrs : leur enseignement s'inspire de leur expérience. Ignace de Loyola, dès Manrèse, novice encore dans les voies de l'esprit, relève sur un cahier d'humbles remarques  destinées  à devenir les Exercices Spirituels. Thérèse  de Jésus, dans son Chemin de la Perfection, se réfère constamment, non à des théories abstraites, mais à l'itinéraire  que le Seigneur lui a fait suivre.

    De ces conseils autorisés, nul ne doute que nous puissions tirer quelque profit. Ils sont dotés d'une valeur quasi universelle. A ce titre, dirions-nous, ils s'imposent comme les lois générales de toute vie intérieure. Les négliger, surtout dans les premiers efforts d'une vie d'oraison, risque  de nous laisser indéfiniment piétiner à la porte du Royaume. Les appliquer avec fidélité nous achemine, au contraire, vers un succès à peu près  certain. Oui, l'art de bien prier, dépend avant tout de l'Esprit Saint, mais ce même Esprit, dans l'âme des saints, a laissé ses traces.

    Les suivre, n'est-ce pas aider la grâce ?

     

    A suivre....

     

    Pierre Lauzeral - Préliminaires à la prière

     

    prochain post : 3 conditions requises pour prier (faire oraison)

     

     

  • Préliminaires à la prière - 02

    Valeur et nécessité de l'effort

    Cependant, pour nous mettre à prier, il ne faut pas rester "oisifs sur la place" en attendant que le Maître nous embauche (Mt 20,3). De même que le Créateur nous a dotés d'une "intelligence capable, à travers ses œuvres, de saisir son invisibilité" (Rm 1,20), de même Il a mis dans notre esprit suffisamment de lumière pour l'atteindre. Bien plus, n'avons-nous pas été au baptême "plongés dans le Saint-Esprit" ? La Troisième Personne de la Sainte Trinité nous a été "donnée avec l'amour de Dieu qu'elle répand" (Rm 5,5). En nous, ce Dieu ne dort pas qui, dès l'origine, "couvait" le monde, "parlait par les prophètes", illuminait l'âme du christ, de la Vierge Marie, des Saints. Comme nous l'expliquerons plus au long, n'est-Il pas Celui dont la présence travaille le cœur de l'homme et l'oriente vers le Père ? De toute notre attention et la ferveur de notre amour, ne sommes-nous pas invités à collaborer à cette action de l'Esprit Saint qui, pour être mystérieuse, n'en demeure pas moins réelle ? Pour prier, il faut surtout la grâce de Dieu, il faut encore notre bonne volonté. Absolument comme pour parvenir au salut, il a fallu que le Fils de Dieu habitât chez nous, mais il faut que nous acceptions son Incarnation.

     

                           à suivre....

                       prochain post : L'expérience des saints

     

    Pierre Lauzeral - Préliminaires à la prière

  • Préliminaires à la prière - 01

    Seigneur, apprends-nous à prier

    "Un jour, quelque part, le Seigneur priait... Quand Il eut fini, un de ses disciples Lui demanda : " Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l'a appris à ses disciples" (Luc. 11,1)

    Cet épisode de l’Évangile en dit long sur le mystère de la prière. Seul, Jésus-Christ semble s'y mouvoir à l'aise. Sa dignité en présence de Dieu impressionne les apôtres, au point que l'un d'entre eux pose la question : " Seigneur, apprends-nous à prier !"

    Prier n'est pas à la portée de tout homme, disons, plus radicalement, prier dépasse l'homme. dès lors, pour franchir le seuil de l'oraison, ne faut-il pas que le Maître de la prière vienne à notre secours ? S'il "habite une lumière inaccessible" (Tim. 6,16), ne convient-il pas qu'il éclaire Lui-même la route pour nous mener vers Sa splendeur ?

    A fréquenter le Christ, les disciples ont senti cette vérité et c'est là une grâce que nous devrions leur envier. "Nul n'est monté aux cieux, sinon Celui qui en est descendu" (Jn. 3,13) "Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant" (Jn 13,36)

    En somme, le chemin parcouru par le Verbe Éternel pour rencontrer l'humanité déchue, n'est-il pas celui que notre prière doit suivre, en sens contraire, pour atteindre son Créateur et Seigneur ? Étrange âpreté de  l'entreprise! Une parole de Jésus la décrit, encore qu'il l'ait prononcée en d'autres circonstances : " Pour les hommes, impossible, non pour Dieu  ; car tout est possible à Dieu" (Mc 10,27). En bref, savoir prier est une faveur de Dieu. Comme tout "don excellent, il descend d'En-haut, du Père des Lumières" (Jn 1,17). Jésus-Christ l'a clairement insinué. Après Lui, les saints l'ont répété à satiété. "Oh ! je ne voudrais pas aller à Dieu, si Dieu ne venait à moi", déclarait saint François de Sales, et Mme de Chantal en écho : " L'oraison doit se faire par grâce et non par artifice." Première certitude dont il faut nous assurer si nous voulons pénétrer dans les voies de la prière.

    Or, ce que la foi enseigne, l'expérience bien souvent le démontre. Combien de jeunes s'enquièrent : "Que faut-il faire pour prier ? Comment s'y prendre ?" Des adultes, des prêtres, après plusieurs années de vie spirituelle s'aperçoivent avec effroi qu'ils ne savent pas prier.

    La prière elle-même ne connaît-elle pas ses saisons ? Dans les premiers temps, facile et simple, elle s'écoule quasi naturellement de l'âme. Puis viennent les heures arides ou froides. "La terre sèche, altérée, sans eau" (Ps 63,2). Prier s'avère très pénible : marche au "pays qu'on n’ensemence pas". La tentation surgit, redoutable, de laisser un exercice (l'oraison) où l'on perd son temps. Faut-il ajouter que notre prière est fonction de notre allure spirituelle tout court ? Au lendemain de fautes, dans le doute ou le malheur, en référer à Dieu, à plus forte raison Le contempler nous paraît surhumain. "Route barrée de pierres de taille, sentiers obstrués" (Tim 3,9), la Bible dit bien. Ignorance, malfaçons ou difficultés quelles qu'elles soient, l'expérience spirituelle nous ramène à la conclusion de tout à l'heure : prier, nous ne le pouvons pas, si Dieu lui-même n'intervient. Première donnée de foi.

     

                                             A suivre....

     

    Pierre Lauzeral - Préliminaires à la prière - Apostolat de la prière 1960

     

    Prochain post :  " Valeur et nécessité de l'effort"

     

     

     

     

  • Le quart d'heure de prière (2)

    Suite du post du 13 mars 2011

     

    Le "moi" et notre vraie personne

    Un des pauvres lots de notre nature humaine, c'est de sentir toujours notre moi. Nous ne savons pas comment il s'est constitué, mais dès que nous réfléchissons un tout petit peu, nous n'avons aucune difficulté à découvrir qu'il y a en nous un énorme moi égoïste, un moi égocentrique, jouisseur, vaniteux, dominateur, un moi qui veut toujours tout ramener à lui...

    Et dès que nous cherchons un peu à aimer Jésus, nous souffrons terriblement de ce moi. C'est lui le grand obstacle à la vie intérieure, bien plus que toutes les conditions extérieures dans lesquelles nous pouvons nous trouver. Socrate déjà le disait : " convertis-toi toi-même !"

    Avant que le bon Dieu nous ait touchés, nous étions peut-être beaucoup moins tiraillés par ce moi... Notre moi nous faisait souffrir uniquement par les désagréments sociaux qu'il pouvait  nous attirer. Mais dès que l'Esprit Saint se donne un peu à nous, nous souffrons de notre moi, et cela prouve que nous n'y sommes déjà plus attachés. 

    L'amour de Jésus nous découvre ce moi, et nous donne le désir qu'il meure, pour que naisse notre vraie personne d'enfant de Dieu. Or c'est la prière, et la prière uniquement, qui peut former notre vraie personne, profondément. 

    La prière, en effet, repose sur cette foi que la grâce de Dieu est enfouie au plus profond de nous-mêmes dans la conscience d'amour du tout petit enfant. Cette grâce s'enracine en nous avec les trois vertus théologales : la foi, l'espérance, et la charité qui nous mettent directement en rapport avec Dieu et permettent au Saint Esprit d'intervenir en nous par ses dons.  (...)

                                                                            Suite au prochain post... 

     Le quart d'heure de prière - P. Thomas Philippe - Ed St Paul, 1994

    (Le P. Thomas Philippe (+) est à l'origine de l'Arche avec Jean Vanier)