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résurrection - Page 2

  • Jésus marchait sous les étoiles

    7. Jésus marchait sous les étoiles. Il ne se réhabituait à vivre qu'avec précaution. Il ne fréquentait encore que des tombes et son passage en réveillait les hôtes. Si insignifiants qu'ils aient été, ils avaient eu son expérience de naufrage. Ils se levaient prêts à lui faire escorte, mais il les congédiait gentiment, les laissant empotés dans leur résurrection. Beaucoup par une vieille habitude ou pour retrouver leur veuve et leur orphelin voulurent aller en ville, mais les portes étaient fermées et ces revenants qui pouvaient traverser les murs ne l'osaient pas. Ils gardaient dans des replis d'âme le respect de la matière et piétinaient désoeuvrés le long du rempart.

    Jésus errait sous des constellations qui n'avaient jamais tourné si lentement. Il 8. se rappela la nuit où il avait supplié son Dieu entre les oliviers et où les Romains l'avaient mené, les mains liées, chez le pape juif, les astres étaient plus pressés de changer de position. C'était l'ancien monde sans instant et maintenant l'instant était énorme. Il l'avait su dès qu'il s'était assis dans le sépulcre pour délier ses bandelettes. L'angoisse disparue lui avait laissé l' âme démobilisée. Il n'était sorti des ténèbres que pour rencontrer la nuit. Il avait enjambé les corps endormis des gardes que les criailleries juives avaient obtenues d'un colonial pleutre, mais il était délivré des hâtes. Il sentait que vivre n'avait été qu'une aventure raisonnable auprès de la hardiesse de revivre. Merveilleusement mal sûr, il s'égarait à tâtons dans la campagne. A peine si, à la longue, ses regards illuminèrent par-dessous les bribes de nuées qui traînaient dans le ciel. (...)

    Jean Grosjean - Le Messie - Gallimard 1974 

  • Souffle de vie

    Quel langage serait à la hauteur de ces choses, quelles paroles assez formidables pourraient nous faire saisir intuitivement la réalité infinie de cette Décision et de cette Action divines que nous appelons la Résurrection de Jésus ? De même qu'aucun œil humain n'est apte à regarder directement le centre d'une déflagration atomique, aucun regard, aucune pensée, aucun mot humains ne peuvent embrasser le mystère du Christ ressuscitant. Et nous savons que nous sommes loin du compte lorsque nous nous  contentons d'affirmer que l'histoire de Jésus s'est continuée après la Croix, que son corps s'est relevé du tombeau, que sa présence s'est faite sensible à ceux qui ont cru en lui et qu'il demeure agissant parmi nous, et tant d'autres balbutiements, d'ailleurs fort justes, par lesquels nous essayons de dire aux autres ce qui fait la substance de notre foi. (...)

    Pourtant je veux encore aller plus loin. Je veux descendre plus profond avec vous dans notre expérience chrétienne. Paul nous dit que l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en nous (Rm 8, 11). L'Esprit, le Souffle ! C'est par l'Esprit, c'est par le Souffle de Dieu que Jésus s'est relevé de la mort, et c'est ce même Esprit que nous avons reçu. C'est pourquoi, lorsque nous sommes obligés de convenir que l'événement proprement dit de la nuit de Pâques échappe à notre saisie, nous n'avons pas encore tout dit. (...)

    L'explosion initiale de l'événement de Pâques nous échappe sans doute, mais je dirai que nous avons été saisis par le souffle de l'explosion. Saisis, enveloppés, pénétrés par ce souffle. Par ce souffle, Jésus a été conduit de la mort à la vie, de ce monde à son Père, de la nuit du tombeau au grand jour de la gloire, et c'est ce Souffle, ce même Souffle, qui nous anime, qui cherche à nous entraîner, nous aussi ...

    Hélas, hélas, nous lui opposons tant de résistance, d'inattention, d'incrédulité ... Nous sommes si souvent enfermés par nos mentalités, par nos idées, par nos égoïsmes comme dans les scaphandres des marches sur la lune : aucun souffle du dehors n'est sensible à l'homme claquemuré dans un scaphandre! (...)

    Nous ne sommes pas faits pour la mort ni pour l'absurde. Nous sommes faits pour le Royaume  que Jésus n'a cessé d'annoncer et dont il nous a ouvert l'accès par sa Croix et sa Résurrection. "Et du lieu où je vais, vous connaissez le chemin ", disait-il tranquillement à ses disciples (Jn 14,4). 

     

     Albert-Marie Besnard - Il vient toujours - Cerf 1979 pp. 59-64

  • nouvelle création

    Si la condition humaine terrestre réside dans son lien intrinsèque au corps et à la mort, la condition du chrétien est de fonder sur cette caducité elle-même une confiance radicale en Dieu. Liée à ce corps mortel, sa foi en une vie future est une foi en Dieu confessé comme Créateur et comme Père. Abandonnant la vision matérialiste d'une création qui serait de l'ordre de la fabrication ou de la production, nous retrouvons le sens proprement théologique de ce terme: la création exprime la relation de la créature à Dieu.

    C'est une réalité de foi qui suppose la reconnaissance du Créateur. Il n'y a donc pas pour l'incroyant de création au sens propre, mais un cosmos provisoirement habité. Si la création n'est effective que pour une créature en relation avec Dieu, la vie éternelle elle-même n'est pas autre chose qu'une relation vivante entre des enfants et leur Père d' adoption. Dès lors que le croyant expérimente le caractère filial de sa relation à Dieu, il est entré dans la vie éternelle. Son existence est vécue de manière cachée en Christ dans la foi, l'espérance et la charité. Le principe de continuité de sa vie ne réside pas en lui-même, mais en cet amour dont Dieu l'aime en Jésus Christ.

    Les modalités du passage de cette condition présente à notre condition  future relèvent de la spéculation et non plus de la foi. La question de l'entre-temps, depuis la vie terrestre jusqu'à la vie éternelle, ne nous occupera donc pas ici, ce qui ne signifie pas qu'une réflexion sur ce sujet soit illégitime. Il faut, de plus, renoncer à toute représentation de la nouvelle création. Ce qui importe ici à notre propos est l'attitude de foi vive par laquelle nous accueillons l'amour dont nous sommes éternellement aimés entre notre humanité corporelle et glorieuse. De même que Dieu créa toutes choses par sa Parole, la résurrection est recréation par la Parole, audition par un être libre de son nom d'éternité inscrit comme sur un caillou blanc, figure d'incorruptibilité. Mieux que sur les tables de la Loi, Dieu gravera sa Parole en notre corps de gloire, elle qui détermine notre identité véritable et cachée depuis toujours dans son cœur de Père (cf. Ap 2,17).

    Olivier Rousseau - L'inconnu en chemin - DDB 2008, pp. 152-153

  • Dieu n'a pas voulu la mort

    "Il a plu à Dieu de rappeler à lui..." : pieuse intention de ceux qui rédigent ce genre de faire-part, mais quelle idée se font-ils de Dieu ? Quel plaisir peut-il prendre à la mort de sa créature, de son enfant, et au deuil des survivants ? "Que ta volonté soit faite", disent-ils parfois, dans une conversion douloureuse de la révolte en acquiescement. Mais est-ce vraiment sa volonté, son projet sur l'homme, et serait-il chrétien, et humain, de se soumettre à une telle volonté de mort ?

    (...) Dieu ne peut pas avoir voulu ce dépérissement, cette ruine.

    En effet, nous pressentons tout à la fois que la mort fait partie de la vie de l'homme, qu'elle est une dimension de son existence, que la dignité de l'homme est même d'être le seul animal capable d'envisager lucidement cette échéance, de lui faire face, et, en même temps, que tout en lui dément qu'il soit fait pour la mort : s'il est le fruit d'un projet, d'une intention, d'un amour, la mort ne peut en être le terme, l'objectif. (...)

    Pour un homme qui a perdu, par le péché, le sens de Dieu, comme on perd le Nord, pour un homme qui ne sait plus pourquoi ni pour qui il est fait, la mort risque toujours de devenir un vrai naufrage. C'est cette mort-là, la mort en ce second sens, "la seconde mort" (Ap 2,11), qui serait le fruit du péché. Non pas comme un châtiment ou comme une vengeance de la part du Créateur, mais comme un état de fait : en se coupant de la lumière, l'homme désormais se condamne à mourir dans la nuit. Ce qui aurait dû être sa naissance est alors appréhendé par lui comme un anéantissement. Et c'est jusque dans cette mort-là que Jésus, pourtant indemne de tout péché, s'est solidarisé avec nous. Il l' a traversée, dans la nuit, pour en arracher ceux qui s'y engloutissaient.

     

    J-N Bezançon - Dieu n'est pas bizarre - Ed. Bayard/Le Centurion 1996 pp. 88.92

  • Icône de Dieu

    Ne disons plus alors que la Passion de Jésus nous dit son humanité et que sa Résurrection nous dit sa divinité. Dans la Résurrection, Jésus n'est pas désincarné : un homme ayant pleinement rempli la vocation filiale de l'homme, est "assis à la droite de Dieu", et il porte triomphalement les marques non abolies, de sa Passion. Et dans la Passion de Jésus, jusque dans sa mort elle-même, là précisément où "le Verbe" est le plus manifestement "chair", fragile, vulnérable, nous reconnaissons ce que Jean appelle "sa gloire", c'est-à-dire sa communion avec le Père. Au point que les chrétiens peuvent chanter devant le Crucifié : "Il est l'image du Dieu invisible" (Col 1,15). Dans sa Passion, Jésus n'abdique pas, ne voile pas sa divinité : il la révèle. Dans sa Résurrection, Jésus n'abandonne pas son humanité : il l'accomplit pleinement, il l'exalte. 

     

    J-N Bezançon - Dieu n'est pas bizarre - Ed. Bayard/Le Centurion 1996 pp. 84

  • Resurgir du tombeau

    Luc nous montre aussi pour aujourd'hui une voie qui nous indique comment nous situer par rapport aux autres religions et comment reprendre positivement leurs idées sans réduire le message chrétien. La spécificité chrétienne qui dépasse l'image  du monde de la philosophie et de la religion grecque c'est, pour Luc, la résurrection de Jésus.

    Mais de quelle manière nous est-il possible d'annoncer aujourd'hui la résurrection de Jésus pour faire bien comprendre l'essence du christianisme ?

    Commençons par la Bonne Nouvelle de notre propre résurrection. Nous ne sommes pas empêtrés dans une série interminable de réincarnations, mais à notre mort, nous mourrons dans la gloire de Dieu. Le Christ lui-même nous attend, lui qui nous a adressé au bon larron cette parole de réconfort : " Aujourd'hui même, tu seras avec moi dans le Paradis" (Lc 23,43). Notre vie a un but. La résurrection est davantage que l'immortalité de l'âme telle que l'a défendue le philosophe grec Platon. Nous serons accueillis corps et âme dans la gloire de Dieu, même si ce corps sera voué à la corruption, pour être ensuite transformé en un corps céleste, comme l'a exprimé Paul dans la Première lettre aux Corinthiens : " On est semé corps psychique, on ressuscite corps spirituel " (1 Co 15, 44)

    Quant au message de la résurrection de Jésus, elle revêt encore un autre aspect. Elle est la promesse que rien dans notre vie ne peut nous séparer de Dieu. Il n'existe aucun échec qui débouche sur un recommencement, aucune obscurité qui ne puisse être illuminée, aucun désespoir qui ne puisse se muer en confiance , aucun raidissement qui n'appelle une nouvelle vitalité. Mort et résurrection se présentent à nous comme l'affirmation selon laquelle Dieu transformera tout en nous et que même ce qui est mort en nous suscite en nous une vie nouvelle. Paul a exprimé en des paroles admirables ce mystère de la mort et de la résurrection de Jésus : " Oui, j'en ai l'assurance, ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni présent, ni avenir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune créature ne pourront nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur." (Rm 8, 38 s.) Dès cette vie, nous pouvons sans cesse ressurgir du tombeau de notre peur, du tombeau de notre pitié individuelle, de notre obscurité et de notre désespoir."

    Anselm Grün - La foi des chrétiens - Ed. Desclée de Brouwer, 2008 p. 60-61 

  • Annoncer la Bonne Nouvelle (1)

    Il est aisé de remarquer l'énorme distance culturelle qui nous sépare des contemporains de Jésus - leur univers religieux, social, économique et politique est si éloigné du nôtre que nous avons de la peine à comprendre ce langage où l'on parle de Royaume de Dieu et d'accomplissement des temps, de repentance et de rémission des péchés, d'Alliance Nouvelle et éternelle ou de culte en esprit et en vérité, de salut ou de nouvelle naissance. Mais plus on se rend familier de ce langage, plus on s'aperçoit que, sous la variété des thèmes et des concepts, un unique message, infiniment simple, est véhiculé, proclamé, expliqué. Ce message est celui-ci : Jésus est le Messie ou le Christ, c'est-à-dire celui qui a établi l'humanité dans une structure nouvelle de destin ; celui en qui se joue notre destin à tous, aussi bien notre destin le plus personnel que le destin collectif de l'humanité.

    Dans notre foi chrétienne, il y a donc cette certitude, reçue de Dieu, que l'humanité n'est pas une simple succession linéaire de générations, disparaissant les unes derrières les autres, dont la cohésion et la réussite dépendraient uniquement des liens de la chair et du sang, où des personnalités individuelles ou collégiales émergeraient selon des lois complexes mais purement socio-biologiques, pour en "conscientiser" le mouvement, ou même en infléchir l'aventure dans un sens ou dans un autre, et de toute manière vers un néant final. L'humanité est centrée, c'est-à-dire qu'elle à un centre, un " chef " au sens où saint Paul emploie le mot, et qui est précisément le Christ (cf. Eph 1)

    Saint Paul veut dire tout d'abord que le Christ récapitule en lui le destin de tous et de chacun, jouant ainsi le rôle de "nouvel Adam" (Rm 5,18 s. ; 2 Co. 5,14).

    La chance de l'humanité s'est jouée et définitivement gagnée dans le Christ, par sa victoire sur la haine, le péché, la mort. Ce faisant, il n'a pas confisqué le destin humain : il en a révélé les dimensions, l'horizon, l'enjeu. (...)

    Il est le point de passage obligé de tout homme vers l'accomplissement de son destin. Ce qu'a vécu Jésus fait partie intégrante de l'histoire personnelle de chacun d'entre nous, ou, si l'on préfère, de notre préhistoire, mais qui a marqué chaque homme à jamais. Cette solidarité est établie une fois pour toutes depuis que Jésus (...) est mort et ressuscité. Un jour, nous le croyons, " chacun le verra, même ceux qui l'ont transpercé " (Ap. 1,7)  

    Albert -Marie Besnard - Un certain Jésus - Ed. du Cerf, 1968