Ne disons plus alors que la Passion de Jésus nous dit son humanité et que sa Résurrection nous dit sa divinité. Dans la Résurrection, Jésus n'est pas désincarné : un homme ayant pleinement rempli la vocation filiale de l'homme, est "assis à la droite de Dieu", et il porte triomphalement les marques non abolies, de sa Passion. Et dans la Passion de Jésus, jusque dans sa mort elle-même, là précisément où "le Verbe" est le plus manifestement "chair", fragile, vulnérable, nous reconnaissons ce que Jean appelle "sa gloire", c'est-à-dire sa communion avec le Père. Au point que les chrétiens peuvent chanter devant le Crucifié : "Il est l'image du Dieu invisible" (Col 1,15). Dans sa Passion, Jésus n'abdique pas, ne voile pas sa divinité : il la révèle. Dans sa Résurrection, Jésus n'abandonne pas son humanité : il l'accomplit pleinement, il l'exalte.
J-N Bezançon - Dieu n'est pas bizarre - Ed. Bayard/Le Centurion 1996 pp. 84