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paix

  • Ne t'inquiète pas

    Ami, pour la vie d'union avec Dieu, il faut à la fois beaucoup compter sur Dieu - car tout, absolument tout, vient de lui, gratuitement - et agir avec beaucoup de ténacité - car les grâces ne sont données qu'aux généreux, aux sacrifiés, aux avides.

    Donc, toujours, à la fois, deux attitudes : premièrement, implorer avec soumission : " Sans vous, rien n'aura lieu, Seigneur !" (Saint Jean de la Croix) ; deuxièmement, déployer "cette obstination douce" en laquelle le cher abbé Brémond reconnaît une caractéristiques des vrais mystiques".

    Remarque très importante, très encourageante : les efforts qu'on fait en vue de l'intimité divine sont un signe que Dieu veut nous donner cette intimité ! C'est évident puisque ces efforts eux-mêmes nous sont donnés par Dieu. Chaque pas que nous faisons nous prouve que le chemin est déjà préparé par Dieu. Chaque acte de volonté par lequel nous choisissons l'union avec Dieu est un signe que nous sommes déjà désignés pour le divin privilège.

    C'est ce qu'exprime Pascal en une formule très solide : " Console-toi, tu ne me chercherais pas, si tu ne m'avais trouvé !" Ou la variante ci-après : " Tu ne me chercherais pas, si tu ne me possédais. Ne t'inquiète donc pas."

     

    Père Jérôme, Écrits monastiques, Editions du Sarment, 2002 

  • Fascination du rêve

    D'où viennent ces rêves ? Quelle qualité, quelle consistance ont-ils ? Faut-il n'y voir que la sentimentalité propre à tous les frustrés de la terre ? De même que les midinettes, à travers les romans-photos qu'elles feuillettent dans le métro, imaginent l'amour idéal avec l'homme  riche et beau qu'elles ne rencontreront jamais, de même les peuples déchirés de conflits, soûlés de guerres, épuisés de querelles, se prennent à rêver la paix qui ne viendra peut-être jamais, jamais...

    Des observateurs fins psychologues ajouteront que de tels rêves constituent une utopie pernicieuse. Jamais le loup n'aimera l'agneau autrement que pour le manger, car c'est sa nature de loup. Jamais une société ne deviendra une cité harmonieuse dont ne cesse de parler la race des utopistes. Rêver à l'impossible, soupirer vers l'irréel, c'est très dangereux. Car les cœurs et les esprits, liquéfiés par l'émotion, ne voient plus alors les vrais problèmes, ne réagissent plus correctement. Se prendre à l'idylle de loups qui habitent avec les agneaux, c'est ne même plus avoir l'idée de veiller et de se battre pour qu'au moins un équilibre soit maintenu entre les loups et les agneaux, pour qu'au moins un droit protège les faibles et qu'une justice imparfaite mais ferme mette des bornes aux excès de l'injustice. 

    Jésus savait cela. Il ne laissera guère ses disciples succomber au rêve doux et amollissant de la paix paradisiaque. Il ne leur cachera pas la réalité qui les attend. Il leur annoncera en clair : ma venue n'apportera pas la paix mais des conflits (il le disait, bien sûr, en le regrettant) ; " je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups". Voilà peut-être le sens où s'accomplit la prophétie d'Isaïe ("le loup habitera avec l'agneau") : les artisans de paix, qui ont entendu la voix de Jésus, ne cherchent plus à partir pour un pays paradisiaque. Ils ne croient guère qu'ils réussiront à faire de leur pays un paradis. Mais une paix les habite, ils témoignent de la paix et ils œuvrent pour la paix. Dès aujourd'hui. Par une énergie venue d'en haut.

    Albert-Marie BESNARD - Du neuf et de l'ancien - Ed. du Cerf, 1979. pp. 8-9