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mystère

  • Prier avec le P. Guardini : 23e jour

    Sitôt exaucé, la demande se mue en reconnaissance. Elle aussi, elle jaillit spontanément du cœur ; par elle l'homme répond aux dons de Dieu. Et il ne doit pas le faire seulement lorsque Dieu a exaucé une demande, mais en tout temps. C'est à chaque instant que le cœur de l'homme doit répondre à l'action providentielle du Dieu d'amour. Cette réponse de l'homme consiste surtout à reconnaître que tout ce qu'il est et tout ce qu'il possède vient de Dieu ; à l'admettre et à remercier.  

     

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  • L'homme donné

    Notre difficulté à concevoir l' Incarnation viendrait alors de ce que nous pensons savoir clairement ce qu'est Dieu et ce qu'est l'homme, et que nous tentons de juxtaposer nos idées sur Dieu et sur l'homme, comme si Jésus  en était l'addition ou la synthèse. Le résultat est nécessairement impensable, irrationnel, bizarre, "mystère", au sens commun et non chrétien de ce terme.

    Mais sommes-nous tellement sûrs de savoir qui est Dieu et qui est l'homme ? Pascal nous invite à plus de modestie : " Non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus Christ, mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus Christ. Nous ne connaissons la vie, la mort, que par Jésus Christ. Hors de Jésus Christ nous ne savons ce que c'est ni  que  notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous-mêmes " (Pensées, 548) (...)

    En fait, nous l'avons vu, Dieu, celui que les philosophes et les savants recherchent en tâtonnant, ressemble à Jésus, puisque Jésus " c'est tout son Père ". Il est donc accueil, proximité, partage, inépuisable mouvement vers l'autre pour le faire vivre et le faire grandir. En ne vivant pas pour lui-même, mais toujours pour le Père et pour ses frères, Jésus, l'homme tout donné, l'homme pour les autres, nous a révélé que Dieu lui-même n'est que relation, communion, don de soi, pour faire exister l'autre.

    S'il en est ainsi, ce que nous appelons la divinité de Jésus n'est pas d'abord un pouvoir extraordinaire, qui écraserait son humanité, c'est sa relation au Père, qui n'est lui-même que partage et don de vie. (...)

    Alors, en Jésus, Dieu et l'homme cessent de paraître contradictoires. Un homme vraiment homme, pleinement homme parce qu'enfin pleinement Fils, devient l'expression parfaitement adéquate de qui est Dieu. Et Dieu, pleinement Dieu, sans rien abdiquer de son être, bien au contraire, se dit totalement, se révèle, se donne à voir en cette icône humaine, où il a mis toute sa lumière et tout son amour : Jésus.

     

    J-N Bezançon - Dieu n'est pas bizarre - Ed. Bayard/Le Centurion 1996 pp. 79-81