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acte créateur

  • Prier avec le P. Guardini : 23e jour

    Sitôt exaucé, la demande se mue en reconnaissance. Elle aussi, elle jaillit spontanément du cœur ; par elle l'homme répond aux dons de Dieu. Et il ne doit pas le faire seulement lorsque Dieu a exaucé une demande, mais en tout temps. C'est à chaque instant que le cœur de l'homme doit répondre à l'action providentielle du Dieu d'amour. Cette réponse de l'homme consiste surtout à reconnaître que tout ce qu'il est et tout ce qu'il possède vient de Dieu ; à l'admettre et à remercier.  

     

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  • Dieu ne peut être un Tout-Puissant

    (suite)

    29. (...) Alors, la question rebondit : Dieu ne nous a-t-il pas trahis ? Face à l'expérience du mal, et en particulier au cours de ce cruel XX ème siècle, on peut évoquer, et je viens de le faire, la réponse chrétienne ; elle ne peut être reçue que dans la foi, et c'est là que,B comme théologien, je reste forcément vigilant et critique. Finalement, pour répondre à la question presque blasphématoire, " Dieu nous a-t-il trahis ?", on répond par un autre blasphème, celui d'un Dieu crucifié.

    Mais n'est-ce pas là l'ultime ruse d'une apologétique qui veut innocenter Dieu devant l'injustifiable de la souffrance 30. innocente ? Je ne le crois pas. Je dirais plutôt que c'est l'honneur de la théologie moderne du XX ème siècle de montrer que, si Dieu existe, il ne peut être un Tout-Puissant, un potentat impassible et indifférent. La transcendance de Dieu, ce n'est pas celle de l'Etre absolu, c'est celle de l'amour. C'est le propre de l'amour de prendre la forme de l'extrême faiblesse. Les religions sous le signe du théisme renvoient l'homme à la toute-puissance de Dieu. La Bible, elle, renvoie l'homme à un Dieu faible et souffrant. Voilà la vérité, et le Dieu de la Bible est un Dieu différent  de celui des philosophes, mais aussi du Dieu d'une théologie traditionnelle qui était encore sous le signe du théisme.

    Cette méditation chrétienne sur le mystère de la kénose de Dieu, c'est-à-dire de l'auto-dépouillement de Dieu par amour, rejoint les intuitions les plus profondes de la pensée juive après Auschwitz, sur le retrait de Dieu, ce qui est autre chose que la trahison. Le philosophe juif Hans Jonas, à qui on doit  le grand livre Le Principe de responsabilité, a écrit aussi un essai intitulé Le Concept de Dieu après Auschwitz, où il écrit, à propos du drame de la Shoah : " Si Dieu n'est pas intervenu à Auschwitz, ce n'est pas parce qu'il ne voulait pas, mais parce qu'il ne pouvait pas." Il explique là-dessus, à partir de certains thèmes empruntés à la kabbale juive, que l'impuissance de Dieu est en quelque sorte une conséquence de l'acte créateur, celui-ci coïncidant avec un acte d'auto-dépouillement divin. En prenant le risque de créer une liberté finie, qui peut donc faire le mal, Dieu a renoncé  en même temps à la toute-puissance. C'est la grandeur de la liberté humaine : elle est ce par quoi l'homme ressemble le plus à Dieu, mais elle entraîne, d'une certaine manière, une auto-limitation de Dieu. Ou alors cette liberté n'est pas une liberté... 31 Je voudrais toutefois, suggérer que face à l'expérience du mal, c'est-à-dire de l'injustifiable, au-delà des tentatives d'explication, il y a tout de même des attitudes, des réponses existentielles qui sont très profondes, beaucoup plus profondes en tout cas que les réponses spéculatives d'une théodicée. J'en suggère trois.

                                                                             A suivre...

    Claude Greffé dans "La religion, les maux, les vices" - Conférences de l'Etoile présentées par Alain Houziaux - Presses de la Renaissance, Paris 1998 - ISBN 2-85616-708-X