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  • L' apparition mariale à Pontmain le 17 janvier 1871 (2)

    Ce texte est extrait du livre "Dictionnaire des Apparitions" pages 746 et sv. (lien ICI) paru aux éditions Fayard.

     

    (suite)

    Il y a maintenant plus de cinquante personnes : " V'là qu'elle tombe en humilité " (c'est-à-dire en tristesse), dit Eugène. Une discussion commence avec une femme qui conteste, au détriment de la prière, car elle ne voit rien...

    " Silence, dit le curé. S'il n'y a que les enfants à voir, c'est qu'ils en sont plus dignes que nous. Prions !" conclut-il.

    L'apparition semble grandir ainsi que la mandorle. L'étoile qui entoure l'apparition semble s'écarter ou même se poser sous ses pieds, tandis que les étoiles de la robe grandissent.

    "Ça se tape sû sa robe, c'est comme une fourmilière. Elle est bientôt toute dorée." Ils s'efforcent de distinguer "les étoiles du temps" (les constellations) des étoiles de l'apparition, sans y bien parvenir. Tandis que sœur Édouard entonne le Magnificat "sur le grand ton de Bretagne", les enfants s'écrient ensemble : "V'là cor de qué qui s'fait ! V'là un bâton !"

    Dans l'intervalle, entre les pieds de l'apparition et le toit de la maison, une banderole apparaît dans le ciel, horizontalement, "aussi longue que la maison Guidecoq : d'une cheminée à l'autre." Sur ce fond clair, un trait vertical se forme lentement et se prolonge en forme de lettre : " C'est un M !" disent les enfants. Puis : " V'là un A !"

    Ils déchiffrent ensemble, synchroniquement. C'est trop beau pour être vrai : " Il faut les séparer" dit un témoin méfiant. Aussitôt dit, aussitôt fait, car la foule, partagée, s'étonne de ne pas voir.

    Arrive le charretier Joseph Babin, de retour d'Ernée, avec une triste nouvelle : " Vous n'avez qu'à prier les Prusses sont à Laval." La foule continue sa prière. Dans le ciel, un premier mot est achevé : "MAIS".

    Sœur Vitaline proteste au nom de la grammaire : "Une phrase ne peut commencer par "mais", s'il n'y a rien avant.

    - Si, ma sœur, quand nous nous agitons, vous nous dites bien : "Mais étudiez donc, les enfants !"

    Les voyants continuent à déchiffrer lettre par lettre, en parfait accord, sans savoir où ils vont : "Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils..." Tout le monde avait compris. On salue la confirmation : c'est bien la Vierge ! Le déchiffrement continue : "se laisse...

    Sœur Vitaline connaît l'apparition de La Salette où  la Vierge disait : "Mon Fils se lasse".

    Elle corrige :

    - "Se laisse" ça ne veut rien dire.

    - Si ma sœur, il y a un I. 

    D'autres lettres viennent résoudre l'illogisme : "MON FILS SE LAISSE TOUCHER."

    L'apparition confirme la phrase d'un sourire : "V'là qu' è rit..."

    Il n'y a qu'un mot en patois pour dire "rire" et "sourire".

    La phrase consolante s'achève par un point conclusif : " gros comme un soleil ", disent les enfants.

    La prière est fervente, mais la contestation a son mot à dire dans ce village pourtant unanime dans le fond. Marie Guidecoq élève la voix dans la foule : "Le curé ne voit rien, ni les sœurs, ni moi ; les enfants non plus ! La vue leur beluette " (du patois "belot" qui signifie "éblouissement" ; autrement dit : ils ont la berlue).

    Mais soudain ses jambes fléchissent : elle tombe à genoux, clouée sur place, prie et pleure.

    Alors arrive le charpentier Basile Avice ; on vient de l'alerter : "Venez vite, des enfants voient la Sainte Vierge."

     

    A suivre...

     

  • L' apparition mariale à Pontmain le 17 janvier 1871 (1)

    Ce texte est extrait du livre "Dictionnaire des Apparitions" pages 746 et sv. (lien ICI) paru aux éditions Fayard.

     

    L'apparition de Pontmain est à certains égards la plus populaire et la plus limpide des apparitions, dans sa sobriété et sa brièveté harmonieuse à l'heure où l'armée allemande approchait du village.

    C'est arrivé le 17 janvier 1871. L'invasion allemande déferle vers la Loire. Le village de Pontmain, à cinquante kilomètres au nord de Laval, est menacé. On est sans nouvelles des villageois mobilisés. Une épidémie de typhoïde et de variole sévit par-dessus le marché. Vers midi, ce 17 janvier, la terre tremble, mais le travail paysan continue après dix-huit heures, dans la longue nuit d'hiver déjà commencée. Dans la grange des Barbedette, ce soir, on pile des ajoncs : les piquants ainsi désarmés font une nourriture substantielle pour les vaches, durant l'hiver. Eugène et Joseph Barbedette, enfants de chœur à la messe paroissiale, aident leur père au "pilage" à la lumière d'une torche de résine. Peu avant dix-huit heures, Jeannette Détais, l'ensevelisseuse (c'est son métier d'indigente), apporte aux Barbedette des nouvelles des soldats. Eugène en profite pour faire la pause et observer "les signes dans le temps" : le ciel est limpide , étoilé, et la neige couvre les toits. Va t-il revoir l'aurore boréale du 11 janvier ? 

    Non, mais tout autre chose qui l'intrigue et l'attire : du côté de la Grande Ourse, au-dessus du toit de la maison Guidecoq, voici une silhouette humaine : robe bleue parsemée d'étoiles d'or (analogue à celles du plafond de l'église) ; un sourire dans le ciel ; les mains de cette femme sont un geste d'accueil. Eugène est saisi et déconcerté : " Je la regarde et elle me regarde", dira t-il. Elle semble heureuse de le voir. Un voile noir, assorti au deuil de l'invasion encadre la figure "petite et blanche"  : " il couvre le front aux deux tiers et tombe derrière jusqu'à la taille." Sur la tête, une sorte de couronne "sans fleurons", plutôt une sorte de toque dont les bords s'écartent en trapèze vers le haut. Les étoiles sont plus lumineuses que ciel du ciel. Eugène fait part de sa découverte : " Jeannette, voyez-vous ce qu'il y a de beau ?" L'ensevelisseuse ne voit rien, le père non plus, mais Joseph s'exclame : " J'vè bin, mé !" (Je vois bien, moi !)

    Eugène l'interroge pour vérifier s'il voit bien la même chose, ce que les autres ne voient pas. Le père les ramène au travail et invite Jeannette à la discrétion, pour qu'on ne jase pas au village : " N'en dites rien, cela ferait du scandale."

    Les enfants obéissent, malgré l'attrait fascinant du ciel. Ils pilent consciencieusement, mais c'est le père qui s'inquiète : " Gàs Ugèn', va donc voir si tu vè encore. "Oui, c'est cor pareil", répond Eugène au premier coup d’œil. On vérifie avec la mère : seuls les deux garçons voient. Du coup, le village se rassemble. On appelle sœur Vitaline, l'institutrice qui loge dans l'école. Elle ne voit pas davantage, malgré les explications des voyants : " Mais si ! Les trois étoiles qui sont comme un trépied (la Grande Ourse)... eh bien, la tête de la Dame est juste au milieu."

    Arrivent Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé : deux filles de l'école. Elles voient et battent des mains, joyeuses, comme les garçons  : " Oh ! la belle Dame !" On avertit le curé : l'abbé Guérin  (soixante-neuf ans). Il arrive inquiet, avec sa gouvernante munie d'une lanterne. La prière s'est déjà improvisée , y compris le chapelet des martyrs japonais, connu de sœur Vitaline. Une litanie alterne. Deux tout-petits regardent aussi avec un sourire ravi : Eugène Friteau (deux ans), infirme, enveloppé dans le châle de sa maman et Augustine Boiteau, encore plus petite, qui gazouille  avec enthousiasme : " Le Zésus ! Le Zésus !" " Que lui avez-vous dit ?" demande le Curé. " Je ne lui ai rien dit, et elle ne m'a rien dit."

    Les voyants signalent alors : " V'là d'qué qui s'fait" (quelque chose se fait). Un cadre s'est formé autour de l'apparition, une sorte de mandorle, ornée de quatre bougies, à l'intérieur. Une petite croix rouge est apparue à l'endroit du cœur.

     

    A  suivre...

  • converser avec le Maître (06) : cinquième méthode

     

    LE FEU

     

    C'est l'illustration de la phrase de Notre Seigneur : " Je suis venu apporter le feu sur la terre, et que puis-Je vouloir sinon qu'il s'allume (Lc 12,49). Cette méthode a l'avantage de mettre l'accent sur la vertu essentielle du christianisme qu'est la charité. Vous pouvez prier de la manière suivante :

    1°) Faites un acte de foi en l'amour infini de Dieu pour vous. Pensez que Dieu vous a aimé jusqu'à la folie de la crèche, jusqu'à la folie de la croix, jusqu'à la folie de l'hostie, d'un amour personnel, s'adressant vraiment particulièrement à vous.

    " J'ai pensé à toi dans mon agonie. J'ai versé telle goutte de sang pour toi." (Pascal) Et cela malgré vos négligences et vos fautes : " Je t'aime plus ardemment que tu n'as aimé tes souillures." (Pascal) "Si l'on pouvait se rendre compte, disait sainte Thérèse, de l'intensité de l'amour de Jésus pour nous, nous serions comme anéantis."

    2°) Après Lui avoir demandé pardon de si peu L'aimer, suppliez-Le de vous accorder la grâce de L'aimer davantage. Ne craignez pas d'insister :

    "Seigneur, Vous qui savez tout, Vous savez bien que je suis loin de Vous aimer comme Vous méritez de l'être. Vous savez bien que je Vous ai souvent déçu et que je Vous déçois encore. Je Vous en supplie, mettez le feu à mon cœur, pour que toute ma vie soit dominée par votre amour."

    3°) Communiez à l'amour de Marie pour Jésus. Personne ne L'a aimé comme elle. Il n'y a pas de plus grande joie à lui faire que de lui demander de faire passer en nous quelque chose de son amour pour Jésus. (...)

    4°) C'est le point culminant de cette méthode : il s'agit pendant quelques instants, sans rien dire à Jésus, de Lui faire sentir l'intensité de votre amour pour Lui.  Il ne s'agit pas de vous forcer, mais, très paisiblement et très loyalement, de concentrer sur Lui toute votre volonté d'amour.

    5°) L'amour de Jésus doit avoir comme principale expression une plus grande charité vis-à-vis du prochain, aussi importe t-il de faire grandir en votre cœur quelque chose de l'amour de Jésus pour le monde entier et plus spécialement pour les personnes de votre entourage. (...)

    6°) Efforcez-vous de vous faire poste émetteur, et d'envoyer comme des ondes de charité, de bienveillance, de sympathie, à toutes les personnes auxquelles vous avez affaire et, d'une manière générale, à toute l'humanité. Prévoyez les personnes avec lesquelles vous serez en contact, et d'avance adressez-leur des pensées de bienvenue, des souhaites de bonheur et de vie meilleure.

    Alors, finalement, en esprit offrez toute l'humanité actuellement sur la terre, et offrez-la aux rayons du Cœur de Jésus, pour qu'Il daigne les embraser du feu de sa divine charité.

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)

     

     

  • converser avec le Maître (05) : quatrième méthode

     

    LES TROIS OFFERTOIRES

     

    Cette méthode des trois offertoires consiste :

    1. A s'offrir soi-même à Jésus pour se remplir de lui.

    2. A lui offrir l'humanité pour qu'il puisse la guérir et la sanctifier ;

    3. A l'offrir lui-même à son Père comme l'hostie parfaite de louange et d'amour, au nom de toute l'humanité.

     

    Reprenons ces trois points.

    1. S'offrir soi-même à Jésus

    Dans la vie du moine  Dom Marmion, il nous est rapporté que son père, fervent Irlandais, avait pris la résolution de ne jamais rester plus de dix minutes sans faire à Dieu l'offrande de tout lui-même. Sans arriver à cette performance spirituelle, il est bien certain que tout chrétien trouverait un enrichissement spirituel extraordinaire à s'offrir plus fréquemment à Notre Seigneur.

    Ce qui empêche peut-être certaines âmes de s'offrir à Dieu, c'est, pour les unes, la peur : "Songez donc, Dieu pourrait m'enlever ce que je vais Lui offrir !" ; pour les autres, une humilité pusillanime : " Que puis-je offrir à Dieu ? Je n'ai rien, et je ne suis rien."

    Si Dieu désire que nous nous offrions à Lui, ce n'est pas pour nous enlever ce que nous Lui présentons, mais pour nous remplir de tout ce qu' Il est, de tout ce qu'Il a. Infiniment respectueux de notre liberté humaine, Il ne pénètre en nous que dans la mesure où nous nous ouvrons à Lui, ou, en d'autres termes, dans la mesure où nous nous offrons à Lui. Il est tout don, toujours disposé à se répandre en chacun de nous et à dilater notre âme en intensifiant notre désir de nous laisser envahir par Lui.

    Le sentiment de notre misère, loin de ralentir l'élan de notre offrande, doit au contraire le stimuler. Et c'est précisément parce que nous sommes pauvres et misérables que nous avons besoin des richesses divines.

    Pour vous aider à faire ce premier offertoire, vous pouvez utiliser des phrases comme celles-ci (mais en veillant à ce qu'elles correspondent à votre véritable mouvement intérieur, car il n'y a de prière véritable que là où il y a loyauté du désir) :

    " Seigneur, je Vous offre mon esprit, remplissez-le de Vos pensées, pour que j'arrive à pensez comme Vous." (Arrêtez-vous quelques instants et précisez même les sujets sur lesquels vous désirez que le Christ fasse passer en vous son idée divine).

    " Seigneur, je Vous offre mes yeux, remplissez-les de votre regard pour que j'arrive à voir les gens, les événements et les choses comme Vous les voyez Vous-même."

    " Seigneur je Vous offre mon cœur, remplissez-le de votre amour, afin que j'arrive à aimer comme Vous."

    " Seigneur, je Vous offre ma volonté, remplissez-la de vos énergies, pour que j'arrive à vouloir comme Vous."

    " Seigneur, je Vous offre ma vie, remplissez-la de votre grâce, pour qu'elle serve à votre gloire."

    " Je Vous offre mon être tout entier, remplissez-le de tout Vous-même, pour que Vous puissiez Vous servir de moi, à volonté, en vue de la réalisation de vos desseins d'amour."

    Dans le même esprit, on peut offrir ce que l'on fait, ce que l'on souffre, ce que l'on espère, afin que tout cela, uni aux travaux de Jésus, aux souffrances de Jésus, aux désirs de Jésus, serve efficacement à la rédemption du monde.

    On peut même offrir l'heure de notre mort, afin qu'unie à la mort de Jésus en Croix, elle contribue, pour son humble part, au salut de l'humanité.

     

    2. Offrir l'humanité à Jésus pour qu'il puisse la guérir et la sanctifier

    En vertu de la communion des Saints, vous avez le droit, dans un grand élan de charité, de Lui offrir tous nos frères et sœurs de l'humanité. Vous pouvez aussi Lui offrir les prières de ceux qui prient, les douleurs de ceux qui souffrent, les combats de ceux qui luttent, les fatigues de ceux qui peinent, pour que tout cela, se coulant dans son oblation incessante, puisse prendre valeur de rédemption.

    Vous pouvez également Lui offrir les âmes découragées pour qu'Il les réconforte, les âmes en détresse pour qu'Il les console, les âmes courageuses pour qu'Il les soutienne, les âmes dans l'épreuve pour qu'Il les fortifie.

    Vous pouvez Lui offrir les péchés du monde pour qu'Il les pardonne, les efforts et les actes de vertu pour qu'Il les fasse fructifier, les défauts et les misères morales pour qu'Il y apporte le remède salutaire.

    "Seigneur, j'offre aux rayons de votre humilité toutes les âmes orgueilleuses, aux rayons de votre pureté toutes les âmes sensuelles, aux rayons de votre amour tous les égoïsmes et toutes les haines de la terre... etc..."

    Vous pouvez à ce moment-là renouveler le geste de ces disciples dont nous parle l’Évangile, qui n'hésitaient pas à présenter à Jésus tous les malades et tous les infirmes de leur voisinage. " Une force sortait de lui qui les guérissait tous " relate saint Luc (Lc 6,19). Vous pouvez prendre tous les malades du monde et les offrir ainsi aux radiations salutaires du Christ Sauveur.

     

    3. Offrir Jésus à son Père

    Jésus, Verbe incarné, est la parfaite Hostie de louange. C'est par Lui, avec Lui et en Lui que sont rendus au Père des cieux une gloire véritable et un honneur total, c'est-à-dire digne de Lui. Lui seul est capable d'adorer le Père autant qu'il est adorable, de L'aimer autant qu'il est aimable, de Lui demander pardon autant qu'Il a été offensé, de Le remercier autant qu' Il a été bienfaisant.

    Or, au baptême, en devenant membre du Christ, vous avez acquis le droit d'offrir au Père Celui qui est l'oblation parfaite.

    Pour réaliser ce troisième offertoire, vous pouvez, en union avec Marie, procéder ainsi :

    "Père éternel, en union avec Marie Vous présentant Jésus à Bethléem, au temple de Jérusalem, au Calvaire, à la descente de Croix, je Vous offre la prière incessante de Jésus pour tous les besoins du monde. Je vous offre ses humiliations, en réparation de toutes les fautes d'orgueil ; ses jeûnes au désert, en réparation des fautes de gourmandise ; ses fatigues, en réparation des fautes de paresse ; sa flagellation, en réparation des fautes d'impureté; sa charité totale, en réparation de tous les égoïsmes de la terre."

    Vous pouvez également vous unir à Lui dans l'acte incessant d'offrande qu'Il ne cesse de faire Lui-même à son Père, par ses prêtres, sur tous les autels de la terre.

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)

     

     

  • converser avec le Maître (04) : troisième méthode

    LES PHRASES D'ÉVANGILE

     

    Vous possédez certainement un Évangile ; pas simplement les passages d’Évangile qui sont dans votre missel, mais les quatre récits évangéliques complets de saint Matthieu, saint Marc, saint Luc, saint Jean. 

    Constituez-vous une anthologie, ou, si vous préférez, des morceaux choisis, à votre usage personnel, des phrases d’Évangile, et surtout des phrases de Notre Seigneur qui vous touchent davantage.

    Et maintenant, voici comment vous pouvez procéder :

    Après avoir adoré Notre Seigneur, imaginez que Jésus vous adresse telle parole - et ce n'est pas une imagination factice, car en prononçant cette phrase, Il savait qu'un jour vous la noteriez, et Il y a caché un sens spécial pour vous. Demandez-Lui de vous la faire comprendre, et répétez-la plusieurs fois, savourez-la pour en extraire tout le suc caché. 

    Peut-être ces simples mots seront-ils le point de départ d'une conversation cœur à cœur avec Lui ? Alors, ne cherchez pas plus loin, et laissez-vous aller avec une grande simplicité à cette conversation intérieure qui facilite la mystique étreinte de l'âme avec son Dieu où, par le don mutuel, s'opère en nous une imprégnation plus profonde des vertus divines. 

    Si, au contraire, telle phrase s'est vite usée, et aujourd'hui ne vous dit rien, prenez-en une autre, puis une troisième. Vous en tirerez au moins une prière courte et fervente que vous pourrez murmurer, méditer tout au long de votre journée.

    En tout cas, on ne perd jamais à "presser" l’Évangile. Et même si, sur le champ, on ne semble rien en retirer, plus tard, dans le travail, à l'heure de la lutte ou de la souffrance, on s'aperçoit que les idées de Jésus ont pénétré notre substantifique moelle.

    Vous pourriez d'ailleurs faire la même chose avec les psaumes, les lettres de saint Paul, les textes de la liturgie du jour.

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)

  • converser avec le Maître (03) : deuxième méthode

    GETHSEMANI

     

    Cette méthode convient surtout en cas de fatigue, de manque de temps ou de goût à prier, d'absence d'idées.

    Rappelez-vous ce que l’Évangile nous rapporte de la prière de Jésus au Jardin des Oliviers : "Entrant en agonie, Il prolongeait sa prière" (au lieu de la raccourcir comme nous serions tous tentés), répétant toujours la même chose : " Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de Moi, mais que votre volonté soit faite, et non la mienne !" (Lc 22,42). 

    Il n'y a rien de plus simple que cette méthode. Pour être toujours en mesure de l'utiliser, ayez habituellement avec vous, sur un petit carnet, une liste d'intentions qui vous tiennent à cœur, ou, si vous préférez, un catalogue personnel de courts versets bibliques correspondant à vos véritables besoins d'âme et aux désirs que vous avez au fond de vous-même concernant la gloire de Dieu, le bien de l’Église, le bonheur de tous ceux qui vous sont chers...

    Pour établir ce carnet on peut se servir de phrases prises dans l’Évangile : " Seigneur, je crois, mais augmentez ma foi. - Seigneur, Vous qui savez tout, Vous savez bien que je vous aime. - Seigneur, si Vous le voulez, Vous pouvez me guérir "; des différentes paroles du Notre Père, etc. ou bien de prières prises dans les psaumes ou dans la liturgie; ou plus simplement encore, de formules que l'on invente soi-même parce qu'elles correspondent vraiment à nos nécessités personnelles.

    Il est parfaitement licite d'introduire dans cette liste des intentions d'ordre temporel, comme la santé, la réussite de tel projet, le succès de telle entreprise, etc. Notre Seigneur s'intéresse à tout ce qui nous touche. Dans le Pater, Il nous fait demander le pain quotidien. Il ne Lui est pas plus difficile de donner beaucoup que de donner moins. C'est de la mesure de notre confiance qu'Il fait dépendre la mesure de sa puissance effective à notre égard.

    Ne vous laissez jamais arrêter par la stupide objection : " Le Seigneur sait mieux que moi ce dont j'ai besoin, pourquoi donc Lui préciser mes intentions ? "

    Certes, le Seigneur sait toutes choses mieux que nous, mais Il sait aussi qu'il nous est salutaire, pour nous garder dans l'humilité et stimuler notre prière, de nous rendre compte de nos besoins, et c'est pourquoi Il tient à ce que nous entrions dans les détails.

    L'essentiel c'est de Lui faire confiance pour qu'il trie dans nos désirs ceux qui s'harmonisent avec son dessein d'amour sur nous.

    Ce qui est certain, c'est qu'aucune de nos demandes ne reste sans la réponse que nous aurions donnée nous-même, en voyant les choses comme Il les voit. Et Il attend notre prière pour nous accorder ce qui nous convient le mieux. "Demandez et vous recevrez ! Frappez et l'on vous ouvrira ! " (Mt 7,7)

    Après avoir adoré Notre Seigneur et vous être humilié devant Lui, choisissez quelques unes de ces intentions, et répétez-les lentement dix ou vingt fois de suite. Mais, prenez garde, il ne s'agit pas de vous transformer en moulin à prières ou de battre un record de vitesse, comme certaines personnes qui récitent en s'essoufflant  chapelets ou litanies. Méfiez de ce que Notre Seigneur appelle "l'abondance de paroles" (cf. Mt 6,7).

    Voici comment il vous faut procéder :

    Exprimez clairement, à voix basse ou au fond de vous-même, la phrase que vous avez choisie, en vous adressant à Notre Seigneur. Puis faites une pause d'une ou deux minutes ; pendant ce temps, concentrez votre volonté sur l'intention que vous venez d'exprimer, et sans rien dire essayez de faire sentir l'intensité de votre désir. Ce qui fait la force de notre prière, ce n'est pas le nombre de nos paroles, mais la puissance de notre cri intérieur. Vos prières, souvent, ne sont pas exaucées parce qu'elles ne sont pas assez "violentes" (cf. Mt 11,12)

    Puis exprimez à nouveau la même phrase, et ainsi de suite. Pour varier, vous pouvez d'ailleurs la prononcer en union avec Notre-Dame, avec votre Ange gardien, avec tel saint qui vous est cher, en union avec tous ceux qui prient en même temps que vous sur la terre, ou au nom de tous ceux qui ne prient pas.

    Quand une intention vous semble avoir été suffisamment présentée au seigneur, prenez-en une autre. Mais surtout ne cherchez ni la complication, ni la multiplication.

    Terminez comme Notre Seigneur à Gethsémani, ou sur la Croix, par un acte de communion à la volonté du Père et d'abandon confiant entre ses mains. " Père, que votre volonté soit faite et non la mienne" (Lc 22,42) - "Entre vos mains je remets mon esprit et tout ce que je suis" (Lc 23,46).

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)

     

     

  • Pour converser avec le Maître 02 : première méthode

    La Halte féconde

    Considérez le temps dont vous disposez comme le temps d'une halte bienfaisante, où vous rencontrez le Seigneur. Rencontre de deux regards, de deux cœurs, de deux désirs.

    Rencontre de deux regards :

    Pensez qu'Il est là, qu'Il vous voit, qu'Il vous regarde... Restez-là sans rien dire, à Le regarder vous aussi le plus longtemps possible, sans vous fatiguez, à la manière du paysan d'Ars qui résumait sa prière par ces mots : "Je L'avise et Il m'avise".

    Faites passer dans ce regard intérieur tous les sentiments qui vous viennent à l'esprit: votre foi... votre adoration... votre reconnaissance... votre repentir... votre confiance...

    Rencontre de deux cœurs :

    On raconte que sainte Thérèse de Lisieux interrogée sur ce qu'elle disait au Bon Dieu quand elle priait, répondit : " Je ne Lui dis rien, je L'aime."

    Vous aussi, sans rien Lui dire, pensez qu'Il vous aime comme Lui seul peut aimer, et en retour essayez de Lui faire sentir, du mieux que vous pouvez votre amour pour Lui. Ce sera peut être timide, mais avec sa grâce, peu à peu, ce sera de plus en plus loyal, de plus en plus profond, de plus en plus intense. Dites-vous bien que rien en vous ne Lui échappe, et ce qui compte à ses yeux c'est précisément la sincérité de vos sentiments intérieurs.

    Rencontre de deux désirs :

    Cette fois-ci, demandez-Lui tout ce que vous pouvez désirer, pour vous, pour l’Église, pour Lui-même. Si vous n'avez pas d'idées précises, récitez par exemple le Pater, en vous arrêtant quelques secondes après chaque demande.

    Puis, et ce n'est pas la partie la moins importante de votre entretien, demandez-Lui qu'Il vous inspire ce qu'Il peut bien avoir à désirer de vous en ce moment. Si vous ne trouvez pas, posez-Lui lentement la question, par une phrase très simple, comme celle de saint Paul sur le chemin de Damas : " Seigneur, que voulez-Vous que je fasse ? Seigneur, qu'attendez-vous de moi ? Seigneur que puis-je faire pour Vous faire plaisir ?" Ce serait bien étonnant que Dieu sous une forme ou sous une autre , ne vous envoie pas une inspiration sollicitée avec une telle confiance.

     

    Pour terminer, demandez à Notre Dame de vous aider à réaliser ce que son Fils attend de vous, et repartez confiant pour une nouvelle étape.

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)

  • Pour converser avec le Maître (1) : introduction

    Jusqu'à présent, vous avez surtout conçu la prière comme une pieuse obligation qui consistait dans la récitation, aussi attentive et loyale que possible, de formules apprises par coeur, ou lues dans un livre. Oui, sans doute, prier c'est un peu cela. Mais ce n'est pas que cela.

    Voulez-vous une autre définition de la prière ? Je l'emprunte à sainte Thérèse d'Avila : " Prier, c'est converser cœur à cœur avec Dieu." Oh ! j'entends d'ici votre objection : " Converser avec Dieu ? Mais je ne saurais quoi dire... Je me trouverais très vite à court, surtout en face d'un interlocuteur muet !"

    Muet ? D'abord, pas tant que cela. Sans doute Il ne vous parlera pas par bruit de paroles qui frappent vos oreilles. Mais Il a d'autres moyens de faire passer en vous ses idées. Croyez-vous que Celui qui, selon la parole de saint Augustin, "est plus intime à nous-mêmes que nous-même" soit embarrassé pour faire jaillir en nous telle lumière qu' Il lui plaît, ou simplement pour dégager, à travers le mystérieux complexe de notre psychisme, telle pensée qu'il désire mettre en valeur ?

    " Mais, dira-t-on, ne serait-ce pas là purement et simplement le fruit de l'imagination ? d'une sorte d'autosuggestion ? " Appliquons ici la règle du discernement des esprits. On juge d'un arbre à ses fruits. Si les idées qui vous viennent vous incitent à devenir plus humble, plus généreux dans le sacrifice, plus charitable envers ceux qui nous entourent, plus fidèle à votre devoir d'état, allez, rassurez-vous, l'Esprit de Dieu est là, qui peut d'ailleurs, nous l'avons laissé entendre, se servir, pour nous communiquer sa parole ineffable, du jeu normal des lois psychologiques dont Il est l'auteur.  (...)

    " Mais précisément, dites-vous, je suis avant tout un homme (ou une femme) d'action, un esprit pratique, je ne suis pas du tout un mystique..."

    Eh ! qui vous parle de mystique ! Croyez-vous d'abord que "mystique" s'oppose à "pratique" ? Personne n'a eu une vie mystique aussi profonde que la Sainte Vierge. Personne n'a été aussi pratique qu'elle. N'est-ce point elle qui, la première, à Cana, s'est aperçue que le vin allait manquer ? 

    De même, n'est-ce pas Notre Seigneur qui, le premier, se préoccupa de nourrir les foules qui L'avaient suivi au désert ?

    En vérité, puissiez-vous devenir un véritable mystique, c'est-à-dire une âme pour qui les réalités "cachées" ("mystique" vient d'un mot grec qui veut dire "caché") de la foi comptent pratiquement dans sa vie parce qu'elles sont devenues des réalités vécues. 

    Tout chrétien est appelé à vivre de foi, et par conséquent à vivre d'une certaine vie mystique. Il n'est pas nécessaire de connaître la définition de la mystique pour en vivre, pas plus qu'il n'était nécessaire à M. Jourdain de connaître la définition de la prose pour en faire.

    Précisément parce que vous êtes plongés dans l'action, vous avez besoin de venir de temps en temps passer un moment en tête à tête avec Celui qui est " la Voie, la Vérité et la Vie", source  de toute lumière et de toute fécondité.

    Vous l'avez déjà certainement constaté vous-même : sans l'aide de Dieu, nous ne pouvons pas faire grand chose. Le naturel revient si vite au galop ! Nous sommes tentés d'agir plus sous l'influence des considérations humaines que par fidélité à un idéal, plus par égoïsme que par amour véritable, et la recherche subtile de nous-même se glisse à travers tout ce que nous faisons.

    Rien de tel qu'une reprise de contact en profondeur avec Dieu pour nous remettre dans l'axe, voir les choses avec son regard, puiser auprès de Lui les lumières et les énergies en vue d'une nouvelle étape. Notre équilibre intérieur en bénéficiera et notre action aussi.

    Auprès du Maître, on acquiert un sens plus nuancé des proportions de toutes choses, une clairvoyance étonnante pour résoudre les problèmes qui se posent à nous, une intuition plus fine du plan divin sur nous. On acquiert surtout ce sens de Dieu et ses exigences d'amour qui sont le secret du véritable sens de l'homme.

    Ne l'oublions pas : un chrétien, ce n'est pas seulement celui qui pratique, qui va aux offices ; mais celui qui, dans toute sa vie, que ce soit sa vie de famille, de travail, de loisirs, de relations ou sa vie personnelle, s'efforce d'avoir dans la tête les idées de Jésus-Christ, dans le cœur les sentiments de Jésus-Christ, dans la volonté les réactions de Jésus-Christ.

    Or, le proverbe est toujours vrai : " Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es."

    Il n'y a pas de moyen plus efficace pour acquérir les réflexes du Christ que d'entrer peu à peu dans son intimité et de Lui réserver, chaque fois que la chose est possible, un temps d'entretien suffisant pour entretenir la flamme.  Peu importe le nom que l'on donne à ces minutes fécondes ou à ces précieux instants : oraison, méditation, action de grâces, visite au Saint-Sacrement, heure sainte. Peu importe le lieu : une cathédrale, une modeste chapelle, un jardin, une forêt, ou tout simplement un coin de votre chambre. L'essentiel est de venir au Seigneur avec toute votre bonne volonté et, en toute humilité, de vous mettre entièrement "face à Lui".

    Au début, laissez-vous conduire par ce modeste guide qui n'a d'autre prétention que de vous aider à orienter vos premiers pas. Vous trouverez ici exposées plusieurs méthodes. Prenez celle qui vous convient le mieux. Pour éviter la routine ou la fatigue, variez de temps en temps. Le rêve de l'auteur, c'est qu'assez tôt vous arriviez à vous passer de lui et à voler tout seul de vos propres ailes, à la rencontre ineffable du Seigneur. (...)

    J'entends votre objection : " Nous n'avons pas le temps." Si l'oraison est un luxe, j'admets que dans vos vies surchargées par les besognes professionnelles et familiales il ne puisse y avoir place pour elle. Mais si prier est une nécessité vitale, comme de manger et de dormir, alors l'objection est absurde (...)  Au vrai ce n'est pas le temps qui vous manque, c'est la foi : si vous étiez convaincus de l'importance  de la prière, vous trouveriez un quart d'heure ou une demi-heure par jour. Parmi les soirées  employées à la lecture, aux travaux de la maison ou réservées à un film, à une visite, vous n'hésiteriez pas à en garder une pour la recherche de Dieu. Ce qui vous fait aussi défaut c'est le sens de l'effort : alors que vous avez consacré des années à vos études, alors que vous dépensez des sommes considérables de temps, d'imagination d'énergie pour développer vos affaires, vous "calez" dès qu'il s'agit de vous initier à la plus haute activité humaine : la prière. 

     

    Extrait du livre : "Pour converser avec le Maître" de G. Courtois (Éditions Fleurus 1949)