Par la foi, je ne rejoins pas seulement sur le témoignage des apôtres quelqu'un de bien réel sans doute, mais qui vécut très loin de moi, dans le passé. Par mon acte de foi je rejoins quelqu'un qui vit, qui à l'instant même entend les pauvres mots par lesquels j'essaie de vous mettre en contact avec lui, car c'est dans ce contact actuel avec le Christ que consiste la foi. Cet homme auprès de qui Marie-Madeleine, Thomas et tous les autres se sont prosternés, c'est quelqu'un qui ne meurt plus, c'est quelqu'un d'éternellement vivant. Le témoignage qu'ils lui ont rendu est sans doute loin derrière moi, mais ce Christ qu'ils ont vu, touché, sur qui ils ont compris tout à coup que la mort ne pouvait plus rien, c'est le Verbe de Vie. Il est là maintenant devant moi aussi réel, aussi vivant, aussi tendre qu'au matin de Pâques : " Marie ! - Rabbouni ! "
Il m'appelle comme cela. Il vous appelle, chacun d'entre vous comme cela, en ce moment même, par votre petit nom.
(...)
" Ce que nous avons vu, entendu..." Mais qu'est-ce qu'ils ont vu ? Qu'est-ce qu'ils ont entendu ? Qu'est-ce qu'elle nous dit cette parole des apôtres ? Elle nous dit la réalité de Dieu. Non pas un rêve, non pas le produit d'une imagination surchauffée, non pas une chimère que nous nous serions créée pour trouver dans l'au-delà une compensation à nos misères d'ici-bas, mais quelqu'un. Quelqu'un que nos premiers frères dans la foi ont touché dans son corps glorifié et dont ils nous crient, par-dessus les siècles, la réalité désormais immortelle. Quelqu'un d'aussi réel aujourd'hui pour moi, qu'il le fut hier pour eux.
Pierre-Jourdain Houyvet - Jésus, que ma joie demeure - Cerf, 1994