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39. Sagesse du désert - la paix intérieure

Heureux le moine qui regarde le salut et le progrès de tous comme le sien propre, en toute joie.

Evagre - Prière 122

 

 

 

Evagre considère ici comme bienheureux le moine qui regarde avec joie le salut de tous. C'est pour lui une conséquence de la prière. Le moine est en effet pour lui le symbole du vrai priant. Prier sans cesse est son devoir fondamental.

La prière transforme nos relations avec le prochain. Nous ressentons souvent les autres comme des rivaux ou des concurrents. Il y a par exemple un brave prédicateur qui présente la parole de Dieu de manière compréhensible pour son auditoire et qui est pour cette raison très populaire. Mais il ne peut pas souffrir le prêtre voisin, dont les sermons remportent un succès encore plus grand. Il lui faut l'humilier.
Ou il y a par exemple une femme qui montre de grandes capacités à diriger un cours. Mais si une femme compétente prend part à son cours, elle cherche à la diminuer et à lui manifester du mépris. Elle la voit  comme une concurrente. Nous dévaluons trop souvent les autres pour affirmer notre propre valeur.
Celui qui, à travers la prière, est parvenu à être en harmonie avec lui-même, et a trouvé son propre barycentre, n'a pas besoin de penser à la compétition. Il peut au contraire se réjouir des capacités des autres. Il est content si les choses se passent bien pour une autre personne, si cette dernière a fait des progrès dans son propre chemin professionnel ou spirituel.


Quand j'ai trouvé une paix profonde en Dieu, mon esprit n'est plus occupé par des pensées de compétition. Je ne me mets pas à penser qu'au fond, je suis plus avancé que la personne qui est à mes côtés. Bien sûr elle a du succès, mais son âme est vide. Elle donne de bons cours, mais en réalité elle ne fait que copier ce qu'elle a appris de moi. Cette femme a peut-être fait carrière, mais elle néglige sa famille. Nous cherchons toujours la petite bête dans la vie des autres, car nous avons bien du mal à accepter qu'ils puissent être meilleurs, plus avancés, et plus libres que nous.
Celui qui a apaisé et pacifié son propre cœur dans la prière peut se réjouir pour les autres, les aider sans arrière-pensée. La prière lui donne la liberté de laisser l'autre être ce qu'il est. À travers la prière, il voit dans l'autre Dieu à l'œuvre et il prie afin que Dieu puisse manifester en lui sa gloire et sa grandeur.

La voix du désert – Anselm Grün – Parole et Silence, 2006

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