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34. Sagesse du désert - L’ange du silence

Quand un ange survient, à l’instant tous ceux qui nous tracassent s’éclipsent, et l’intelligence se trouve dans une grande détente où elle prie allègrement. Parfois, au contraire, la guerre habituelle nous presse ; l’intelligence se débat sans pouvoir lever le regard. C’est qu’elle a été affectée par des passions diverses. Néanmoins, en cherchant davantage, elle trouvera ; si elle frappe vigoureusement, on lui ouvrira.

Evagre – Prière 30

 

 

 

Evagre considère le fait qu’en certaines périodes nous ne parvenons pratiquement pas à prier, parce que nous sommes trop inquiets intérieurement. Nous sommes alors oppressés par les angoisses et les passions. Nous sommes tellement préoccupés de nous-mêmes que nous n’arrivons presque pas à tourner notre regard vers Dieu. Il est consolant de savoir qu’un maître spirituel aussi expérimenté qu’Evagre ait fait l’expérience de situations du même genre. Ce que nous pouvons faire est de ne pas nous avouer vaincus, de continuer à chercher à offrir notre cœur à Dieu, jusqu’à ce que le Seigneur lui-même le comble d’une paix profonde. Il peut alors arriver que, tout à coup, nous ressentions en nous un calme empli de paix. Pour Evagre, c’est le signe que l’ange du Seigneur se tient auprès de nous.

[…] Les anges contemplent jour et nuit le visage de Dieu. Quand un ange est près de nous et veille sur notre prière, notre cœur s’apaise en Dieu, nous parvenons à la prière pure. Pour Evagre, la prière pure est la contemplation. En elle notre prière n’est plus troublée par des pensées ou des représentations. Nous sommes, simplement, en Dieu. Nous sommes une seule chose avec lui. Rien ne trouble cette union avec Dieu, aucune réflexion, aucune passion, ni même aucune image que nous nous formons de Dieu. Nous éprouvons simplement davantage un sentiment d’union. Nous sommes une seule chose avec nous-mêmes, avec notre histoire, une seule chose avec Dieu, une seule chose avec l’ange qui, dans la prière, est auprès de nous et nous aide à prier, et une seule chose avec l’humanité tout entière.

 

La voix du désert – Anselm Grün – Parole et Silence, 2006

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