L’âme rationnelle agit selon sa nature quand sa partie concupiscible penche vers la vertu, et que sa partie irascible se bat pour défendre la vertu elle-même, tandis que sa partie rationnelle s’applique à la contemplation des êtres créés.
Evagre Le Pontique – Traité pratique 86
Il est important pour Evagre que l’être humain vive de manière salutaire, qu’il se comporte conformément à sa propre nature. Le cheminement spirituel n’est pas une violence faite à l’âme, mais plutôt un sentier pour sa guérison, un chemin pour réaliser sa nature la plus authentique. Chacune des trois composantes de l’âme a un rôle important à jouer.
La partie concupiscible, qui est attaquée par les passions de la gourmandise, de la sexualité et du désir de posséder, a pour tâche de nous faire pencher vers la vertu. La vertu correspond aux capacités de la personne. Pour les Romains, la virtus est une force dont l’être humain a besoin pour se débrouiller dans la vie. Les pulsions veulent en réalité nous inciter à vivre vraiment, à développer les forces que Dieu nous a données. Nous devons reconnaître quel est le désir le plus profond de notre cœur. Pour Evagre, cela ne consiste pas seulement à devenir un avec Dieu, mais aussi à nous trouver nous-mêmes dans la réussite de notre propre existence.
La partie irascible de l’être humain est constituée par le domaine des émotions. Elles nous poussent à faire quelque chose. En fin de compte, elles voudraient nous inciter à nous battre pour la vertu et à la mettre en pratique dans la vie quotidienne.
La partie rationnelle a pour but la contemplation des êtres créés, elle cherche à reconnaître Dieu en toutes choses. Notre esprit aspire à la connaissance. Tant que nous n’augmentons que notre savoir, notre esprit reste inquiet. C’est seulement quand nous voyons la signification ultime des choses, en reconnaissant le Seigneur en elles, que notre pensée atteint son but. Seule la contemplation assainit notre esprit.
La voix du désert – Anselm Grün – Parole et Silence, 2006