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25. Sagesse du désert - L’impassibilité du cœur

L’esprit, quand il se bat dans la guerre provoquée par les passions, ne peut percevoir les raisons de la guerre. Il arrive en général la même chose à celui qui combat de nuit mais dès qu’il aura atteint l’impassibilité, il reconnaîtra facilement les ruses de ses ennemis.

Evagre Le Pontique – Traité pratique 83

 

 

 

Cela n’a pas beaucoup de sens d’attaquer de face ses propres passions. En effet, plus je lutte contre ma colère, ma jalousie, ma sexualité, plus j’augmente la force contraire déclenchée par les passions. Et j’en serai obsédé. Je dépenserai toute mon énergie pour m’attaquer à mes pulsions. Et cette énergie me manquera quand je devrai m’occuper des tâches que j’ai à faire.

Malheureusement, certains chrétiens ne pensent qu’à leurs propres péchés, au lieu de se consacrer à Dieu et au prochain de toutes leurs forces. La condition nécessaire pour trouver un juste rapport avec ses passions est, selon Evagre, d’avoir découvert l’impassibilité du cœur. Il veut dire par là la contemplation, l’état de paix intérieure. Dans la contemplation, je trouve le centre de moi-même, ce lieu de silence dans lequel Dieu demeure en moi. À partir de ce lieu, je peux distinguer clairement ce que veulent réellement les passions, quelle force est cachée en elles, en quoi elles voudraient m’être utiles et en quoi elles pourraient devenir dangereuses.

Celui qui lutte aveuglément contre ses passions est destiné à être toujours vaincu. Mais celui qui reconnaît clairement leurs intentions peut les intégrer dans son propre cheminement spirituel. Alors il ne les craindra plus. Elles continueront à se réveiller en lui mais elles deviendront comme des amies qui continuent à lui rappeler qu’il est un homme de cette terre. Et c’est seulement quand il acceptera d’être un homme de cette terre que le ciel pourra s’ouvrir tout grand au-dessus de lui, à travers la contemplation.

 

La voix du désert – Anselm Grün – Parole et Silence, 2006

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