« Mon fils, ne fais chaque jour que le travail que peut faire ton corps lorsque tu es étendu, ainsi ton travail avancera peu à peu et tu ne te décourageras pas ».
Quand le jeune eut entendu ce conseil, il le suivit, et en peu de temps le champ fut nettoyé et prêt à être cultivé. Fais de même, mon frère, fais ton travail petit à petit, et tu ne seras pas démoralisé.
(Apophtegme)
Nous avons ici un jeune. Il est très triste parce que son champ est plein d’épines. Il n’a pas la force de se mettre au travail. Il pense que cela n’aurait aucun sens, qu’il n’y arrivera jamais. C’est souvent ce qui nous arrive devant une tâche difficile à accomplir. Si nous n’avons pas une vision d’ensemble sur la durée du travail et sur ce qui nous attend, nous nous sentons comme paralysés. Nous sommes face à une montagne et nous avons l’impression que nous ne viendrons jamais à bout de cette montagne de travail. Nous ne savons pas par où commencer et nous laissons tout aller.
L’abbé donne au jeune un bon conseil. Il ne doit pas regarder tout le champ. Cela ne ferait que le décourager. Il suffit que chaque jour il retourne autant de terre que son corps occupe d’espace. Cela n’est pas beaucoup. C’est facile à faire. S’il travaille chaque jour ne serait-ce que cela, en peu de temps le champ se trouvera débarrassé de ses épines.
Lorsque je me lève le matin, il est suffisant d’implorer la bénédiction de Dieu pour cette journée. Je voudrais faire aujourd’hui ce qui m’est demandé. Et quand j’arrive au bureau, je commence par faire quelque chose. Si j’exécute une chose après l’autre, le soir une bonne partie du travail aura été faite. Si au contraire je m’affole devant les nombreux dossiers et des nombreuses lettres qui jonchent mon bureau, si j’en prends un par-ci par-là, je n’avancerai jamais. Une chose à la fois, un pas après l’autre, c’est un chemin que nous pouvons parcourir, sans prétendre trop de nous-mêmes.
Cela n’est pas seulement valable pour le travail à la maison, au bureau, dans l’entreprise, mais aussi pour le travail sur nous-mêmes. Si nous reculons apeurés devant nos erreurs, en pensant que nous ne nous améliorerons jamais, nous n’entreprenons rien du tout. Nous nous avouons vaincus. Alors qu’il suffit de retourner chaque jour un peu de terre du champ de notre âme. De cette manière, l’âme entière en sera à la fin bonifiée.