L’abbé Pambo disait : « Si tu as du cœur, tu peux être sauvé. » (Apophtegme)
Certains utilisent leurs pieuses formes de dévotion pour obtenir des résultats devant le Seigneur, pour se sentir en règle vis-à-vis de lui. Ce n’est pas Dieu qui compte pour eux, mais plutôt le fait d’être parfaits, la sensation de tout accomplir de manière juste aux yeux du Seigneur et des autres. Ils veulent s’affirmer eux-mêmes. Mais leur cœur reste froid. Ils ne se laissent pas véritablement touchés au cœur par Dieu. Ils ferment aussi leur cœur au prochain. Ils s’occupent tellement d’eux-mêmes et de leurs formes de dévotion qu’ils se protègent ainsi de tout ce qui pourrait les remettre en question et toucher profondément leur cœur.
L’abbé Pambo nous indique que le point essentiel de notre spiritualité consiste à avoir du cœur, un cœur qui réussisse à partager ses émotions, qui se laisse toucher, qui éprouve des sentiments, qui aime.
Celui qui a un cœur peut être sauvé. Même lorsque le cœur se détourne du droit chemin parce qu’il est attiré par quelque chose qui ne correspond pas à la volonté divine, il mènera tout de même à la fin l’homme à Dieu. Car le cœur éprouve aussi de la souffrance pour tout ce qu’il accomplit contre l’amour. Le cœur qui aime connaît l’existence de Dieu. Et même quand l’amour s’engage sur une mauvaise route il ouvrira de toute façon tout grand notre cœur à Dieu. Car toute forme d’amour contient toujours un profond désir de l’amour divin, d’un amour qui soit stable et non pas fragile comme notre amour humain, toujours marqué par le désir de possession et par la jalousie.
Quelques personnes utilisent la dévotion pour fuir leur propre cœur. Mais leur activisme pieux ne sert à rien. Il est bien plus fondamental que nous ouvrions notre cœur à Dieu, surtout quand il est brisé. Alors l’amour de Dieu se déversera dans notre cœur grand ouvert, il le conduira à cette paix que l’on ne peut trouver qu’en lui.
La voix du désert – Anselm Grün – Parole et Silence, 2006