L’abbé Poemen a dit : « Si l’homme maintient les choses en ordre, il ne sera pas troublé. » (Apophtegme)
Nous souffrons souvent d’aridité et de vide spirituel. Nous voudrions prier mais nous n’y arrivons pas. Nous allons à la messe, mais intérieurement nous n’y prenons pas part. Aucune parole ne nous touche. Oui, même la communion n’enflamme pas nos cœurs. Dans ce cas l’abbé Poemen nous conseille simplement de maintenir les choses en ordre. Nous ne pouvons pas susciter de force l’expérience du divin à travers une quelconque technique spirituelle. Mais il nous appartient de mettre les choses en ordre. Mettre de l’ordre dans notre vie extérieure en mettra aussi dans notre âme.
L’ordre extérieur peut être constitué de rituels salutaires par lesquels nous débutons et nous concluons notre journée. Il peut s’agir d’un découpage précis de notre journée, qui laisse un temps suffisant au travail, au repos, au dialogue avec les autres, au silence et à la prière. Il est quelquefois aussi important de ranger ses propres affaires, de se débarrasser de certaines choses. Trop de désordre extérieur peut en effet peser aussi sur l’âme. En ce cas, le désordre extérieur n’est que le reflet de notre situation intérieure.
Poemen veut nous dire que l’ordre extérieur non seulement nous remet sur pied, mais nous empêche d’être embarrassé. Il évite que notre âme ne se trouble, qu'elle ne s’embrouille en elle-même. Quand notre âme est troublée, elle ne peut plus respirer librement. L’ordre extérieur démêle les nœuds de notre âme et amène une structure bien nette dans notre chaos intérieur. C’est la condition pour que nous puissions vivre, au lieu de subir notre vie.
La voix du désert – Anselm Grün – Parole et Silence, 2006