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05. Sagesse du désert - le renoncement

Un frère interrogea l’abbé Moïse, en disant : « Je vois devant moi ce que je dois faire, mais je ne parviens pas à le faire. » L’ancien lui répondit : « Si tu ne deviens pas mort comme ceux qui sont ensevelis, tu ne pourras pas y parvenir. » (Apophtegme)

 

 

 

 

L’abbé Moïse donne ici un singulier conseil. Celui qui a un devoir important à accomplir doit d’abord s’imaginer qu’il est mort et qu’il gît dans sa tombe. Si tu en fais l’expérience, tu te rendras compte quel bien cela fait en effet, si tu identifies totalement à la tâche que tu dois mener à bien, tu as peur de ne pas être en mesure de la porter à son terme. Elle t’obsède et tu ressasses dans ta tête tout ce que tu dois encore apprendre pour pouvoir l’accomplir. Et lorsque tu dois vraiment entreprendre le travail, souvent tu restes bloqué.

Si au contraire tu t’imagines mort et reposant dans ta tombe, tu reconnaîtras qui tu es vraiment. Dans la tombe, tu te libères de toutes choses futiles. Tu te tiens devant toi-même pour ce que tu es aux yeux de Dieu. Tout le reste s’évanouit. Finalement tu cesses de t’identifier attends de voir. Cela te libère de son obsession. Et cette liberté intérieure est la condition nécessaire pour bien mener ta tâche à son terme.

Cette proposition de l’abbé Moïse correspond à ce que la psychologie transpersonnelle appelle « désidentification ». Nous ne devons pas nous identifier à nos devoirs, mais trouver en Dieu notre identité. Voyons ce que nous avons à faire, mais disons-nous à nous-mêmes : « J’ai une tâche à accomplir, mais je ne suis pas cette tâche. J’ai un problème, mais je ne suis pas mon problème. »

Il y a en moi un espace où les préoccupations sur les réalisations de mes tâches ne peuvent pénétrer, un espace qui n’est pas accessible aux problèmes et aux angoisses. Il s’agit au fond de la qualité que Jésus nous attribue dans l’Évangile de Jean, quand il dit que nous sommes dans le monde mais que nous ne sommes pas du monde (cf. Jn 17,16). Si je trouve en Dieu mon identité la plus profonde, je peux entreprendre mon devoir en toute liberté. Je ne me sens pas écrasé par la nécessité de le mener à bien de manière parfaite. Même si je commets une erreur, en effet, cela ne compromet pas mon identité en Dieu. Cela ne veut pas dire que je ne doive pas me donner du mal. La liberté est plutôt la condition nécessaire pour entreprendre vraiment la tâche qui m’est confiée.

 

La voix du désert - Anselm Grün - Parole et Silence, 2006

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