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01. Sagesse du désert - le péché

L’abbé Antoine a dit à l’abbé Poemen : « La grande œuvre de l’homme, c’est de rejeter sa faute sur lui-même devant Dieu et de s’attendre à la tentation jusqu’à son dernier souffle. » (Apophtegme)

 

 

 

Quand les Pères du désert pensent à Dieu, ils se souviennent en même temps qu’ils sont des êtres humains. Leur rapport avec Dieu est fait de sincérité et de franchise. Devant Dieu, ils parviennent à leur tour à reconnaître qui ils sont vraiment. Mais ils ne s’arrêtent pas là. Ils sont conscients qu’aux yeux de Dieu, ils seront toujours moins que l’image qu’il s’est faite d’eux. Et ils restent sur le qui-vive, car ils s’attendent à être soumis à la tentation jusqu’à leur dernier soupir. Il ne s’agit pas pour autant d’une spiritualité humiliante et marquée par la crainte, mais d’une spiritualité qui aide les gens à rester en chemin. Nous devons toujours repartir pour une nouvelle destination et savoir que dans chacune de nos actions pieuses, il peut toujours se glisser quelque chose qui soit capable d’altérer notre rapport avec Dieu.

De nos jours, il ne semble pas très engageant de devoir tout de suite penser à nos erreurs quand nous parlons du Seigneur. Les gens se sont trop souvent sentis humiliés quand on leur a dit qu’ils devaient se considérer comme de pauvres pécheurs. Antoine [saint Antoine] parle très sobrement du péché et de la tentation, qui nous accompagnent tout au long de notre vie. Il ne les craint pas. Il les offre au Seigneur. Il n’est pas obsédé par ses propres fautes mais il regarde l’amour de Dieu. Il ne se juge pas lui-même. Ses péchés deviennent plutôt l’occasion de tourner son regard vers Dieu. Il sait qu’il est aimé de manière inconditionnelle par Dieu et il sait aussi qu’il ne peut pas retenir l’expérience de cet amour. Un instant plus tard, il se retrouvera confronté au vide intérieur et à l’éloignement de Dieu. À ce moment-là, il ne se mettra pas en colère, mais, plein de confiance, il offrira aussi cela au Seigneur. Voilà le chemin de liberté du moine : toute chose a le droit d’exister. Nous ne nous condamnons aucun péché. Nous offrons simplement à Dieu tout ce qui est en nous. De cette manière, nous en arrivons à être transfigurés dans l’image à laquelle le Seigneur voulait donner forme par notre intermédiaire.

 

La voix du désert - Anselm Grün - Parole et Silence, 2006

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