[suite de : préliminaires à la prière - 12 ]
Les trois conditions requises pour prier : troisième condition
Pour entrer en prière (en oraison), trois conditions sont requises :
- se placer sous le regard de Dieu, [billets 01 à 06 ]
- purifier son cœur, [billets 07 à 11 ]
- invoquer l'Esprit Saint [billets 12 et 13 ]
- conclusion : billet 14
Invoquer l'Esprit Saint
(suite)
Parfois aussi la prière s'embrase - Sentiment poignant de repentir devant son péché et le péché du monde. Mais au même instant où le coeur est broyé , l'impression inexprimable du pardon glisse sur lui. " A mesure que tu les expieras, tes péchés tu les connaîtras et il te sera dit : vois, vois les péchés qui te sont pardonnés." (Pascal, Mystère de Jésus). Parfois sans doute, approchons-nous déjà de l'oraison passive - l'âme s'oublie. Dépossédée d'elle-même , de son intérêt, de ses désirs, elle ne souhaite qu'une chose : que Dieu soit glorifié ! Elle s'offre dans la confiance et l'abandon. Elle aime :
"Qui donc aurais-je dans le ciel ?
Avec Toi je suis sans désir sur la terre.
et ma chair et mon cœur sont consumés :
roc de mon coeur, ma part, Dieu à jamais" (Ps 78, 25-26)
ou bien elle se trouve aussitôt investie d'un recueillement profond. Peu d'idées s'agitent. La mémoire est comme abolie, l'imagination vidée d'images. Dieu est là. Il suffit. Le temps passe très vite. Vraiment l'être est tout entier "enlevé en la louange et en l'Amour de son Créateur et Seigneur". Cet enthousiasme est contenu , sans violence, ni vibration de la sensibilité. Seul avec le Seul. Silencieux dans l'Adoration. Mais l'homme sait que son silence parle haut à Dieu. Quand cette quiétude s’évanouit dans l'activité retrouvée, elle lui laisse l'impression d'une paix sans borne, d'une unification de toute son intériorité...Que ces situations sont difficiles à décrire ! N'est-ce pas là "les gémissements indicibles" dont parle saint Paul ?
Faudrait-il ajouter une ultime remarque ? Il se peut très bien que la prière soit restée pénible, qu'elle ait paru se durcir à mesure quelle se prolongeait. L'âme cependant y a persévéré avec patience. Incapable de parler à son Seigneur et ami, ou de l'entendre, n'importe. Elle se savait avec Lui. De cette sécheresse, elle retire une paix solide, peut-être plus durable, plus savoureuse, plus fructueuse qu'au sortir d'un état consolé. N'expérimente-t-elle pas alors la vérité de cette phrase de Jean de la Croix : "Le chemin de la souffrance est plus sûr et même plus profitable que celui de la jouissance et de l'action personnelle ; tout d'abord, parce que, quand on souffre, on reçoit des forces de Dieu, tandis que quand l'âme agit et est dans les jouissances, elle met en mouvement ses misères et ses imperfections; en second lieu, c'est dans la souffrance que l'on exerce et que l'on augmente peu à peu les vertus; c'est alors ainsi que l'âme se purifie et grandit en sagesse et en prudence" (St Jean de la Croix, Nuit Obscure, chap.16 verset 1)
"Celui qui sonde les cœurs sait quel est le désir de l'Esprit et que son intercession pour les saints correspond aux vues de Dieu", conclut saint Paul. L'Esprit a purifié le cœur de ce subtil amour-propre qui trouble toujours notre quête de Dieu. Grâce à ce Maître intérieur, ne se trouve t-il pas en état de charité, sensibilisé à tous les besoins du Corps mystique du Christ ? L'Esprit Saint unit le baptisé en prière au propre Fils de Dieu dans le mouvement d'amour qui l'entraîne vers le Père. Ensemble, ils veulent tout tout ce que Dieu veut, cette réunion de tous les hommes dans l'unité de la Trinité. Dès l'instant commence "cette remise de toutes choses au Père par le Fils" (1 Co, 15,24) dont l'accomplissement éclatera à la fin des temps. Dans cette union totale au Fils par l'Esprit, impossible à celui qui prie de souhaiter autre chose que la venue du Royaume et "de correspondre ainsi au plan de Dieu sur le Monde"
Il est certain que notre description rend un compte bien incomplet des divers aspects de l'oraison "in spiritu". Heureux cependant qui pénètre mieux cette vérité : pour aller vers Dieu nous ne le pourrons que portés par ce même Esprit du Seigneur. En définitive, c'est lui le Maître. "L'Oraison est un don de Dieu qui dépend beaucoup plus de la grâce que de nous. Le Saint esprit en est l'auteur et le Maître. C'est lui qui nous y appelle. C'est de Lui que nous devons en attendre le succès" (P. Rigoleuc).
Conseils pratiques :
Comment solliciter l'aide de l' Esprit Saint ? Quand nous nous sommes retirés à l'écart pour prier, nous pouvons formuler une prière personnelle, ou détacher telle ou telle strophe du "Veni Creator" , ou bien du "Veni, Sancte Spiritus", ou bien encore une des oraisons de l'Octave de la Pentecôte. Nous pouvons répéter lentement telle ou telle phrase, insister sur tel ou tel mot selon le goût intérieur. En cette matière, il n'y a pas d'autres conseils à donner. A suivre...
Pierre Lauzeral s.j
prochain post : conclusion (générale) sur ces Préliminaires à la prière