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Confession ou psychanalyse (11 et fin)

[suite des posts précédents]

 Si au contraire je m'aperçois qu'il me faut un certain laps de temps pour vérifier l'orientation de ma vie, eh bien je vais décider d'attendre un certain temps avant de m'approcher du sacrement de pénitence : que chacun prenne ses responsabilités. Si la fréquence est excessive c'est la routine. Si au contraire la fréquence est trop rare, alors on risque de perdre le sens du péché, et du même coup le sens de Dieu et également l'aspect communautaire et collectif du péché.

A partir d'ici, la conférence est finie.  François Varillon répond alors à des questions de l'auditoire (Q= question  R= réponse de F.V) 

R/ Vous avez compris qu'il y a deux choses qui sont absolument essentielles : 1°) c'est l'esprit de pénitence, la conscience de ce qu'est la grandeur du pardon divin. La profondeur même de Dieu c'est la gratuité absolue de l' Amour et puis le sentiment que dans nos actes, même les plus généreux, il n'y a pas le désintéressement absolu. Aucun d'entre nous n'est absolument désintéressé : or c'est ça le péché. 2°) La pénitence comme sacrement c'est aussi essentiel. L'Eglise ne laissera jamais tomber le sacrement. Mais alors quelle forme il revêtira dans l'avenir, alors là c'est une toute autre affaire.

Q/ Que devient la contrition ?

R/  C'est l'essentiel de tout. J'essaye de me mettre dans la peu da la personne qui a écrit ce billet. J'ai un peu peur que cette personne se souvienne un peu vaguement de son catéchisme, n'est-ce pas, avec les différentes parties du sacrement de pénitence : la confession, l'aveu, la contrition et le ferme propos. Autrement dit j'ai très peur que la personne qui a écrit ce billet se situe au plan des notions. Des notions abstraites et non pas au plan de la réalité profonde des choses. Que serait le pardon accordé à quelqu'un qui ne regretterait pas sa faute ? Que serait le pardon qui est l'acte le plus profond de l'amour si cet acte profond de l'amour ne rejoignait pas l'amour de la créature. Que peut être l'amour dans une créature pécheresse sinon le regret de manquer d'amour. Moi je suis assez content de ce genre de question. je garde soigneusement ce genre de question. Parce que c'est cela qui m'aide à comprendre que beaucoup de chrétiens sont encore dans des idées abstraites. Comme si la vie chrétienne était un ensemble de prescriptions  : il faut qu'il y ait la contrition, il faut qu'il y ait le ferme propos.... Heureusement qu'il faut qu'il y ait le ferme propos ! Qu'est-ce que serait cet amour qui dirait : j'ai péché, tu me pardonnes mais je continuerai comme avant ! Alors que devient la contrition ? Elle devient de plus en plus l'essentiel du sacrement. Précisément c'est dans la mesure où le monde moderne prend de plus en plus conscience de la réalité des choses que l'essentiel doit apparaître, beaucoup plus vigoureusement qu'avant. Alors, s'il y a eu tout au long de l' Histoire de l'Eglise des discussions interminables, même des polémiques entre différentes écoles de théologie sur la contrition parfaite, sur la contrition imparfaite (qu'on appelait aussi "attrition"), je pense qu'il importe que nous ayons là un langage nouveau, un langage que nos contemporains puissent comprendre. Alors qu'il soit bien entendu que la contrition ne revêtira pas nécessairement un aspect sensible. Le regret d'avoir été "moche", ce regret ne s'accompagne pas nécessairement d'une  souffrance physique, d'une douleur physique. Mais  il est bien évident qu'un mari pourra souffrir sensiblement, physiquement, d'avoir dit du mal à sa femme, d'avoir fait souffrir  sa femme parce que c'est sa femme et qu'il a pour sa femme un amour sensible et qu'il n'éprouvera pas la même souffrance sensible vis-à-vis de quelqu'un qui ne fait pas partie de sa famille. Ca c'est humain, c'est normal. Or, comme Dieu est invisible, comme Dieu ne tombe pas sous le sens, on n'aime pas Dieu comme on aime une femme, c'est très différent, c'est d'un tout autre ordre. Alors la contrition sera identique au ferme propos. C'est le même mot en latin qui signifie regretter et désirer. Ça veut dire que le regret c'est un désir qui porte sur le passé : je désire n'avoir pas commis tel acte. C'est-à-dire : je voudrais ne l'avoir pas commis. Je regrette que ça ait eu lieu. Alors cela implique que je désire que ça ne se renouvelle pas à l'avenir.

Soyez réels. C'est ça l'essentiel.

 

                                                               François Varillon s.j

 

 

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