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Confession ou psychanalyse (9)

[suite du post 8 ]

Le rite du sacrement de pénitence.

Oh alors là mesdames et messieurs, attendez vous à des changements. Il y en aura. Il y en aura parce que les choses ne peuvent pas continuer comme elles sont. Et que tout au long de l'histoire de l'Eglise il y a constamment eu des changements. Dites vous bien qu'il n'y a pas de chapitre plus difficile en théologie que l'histoire du sacrement de pénitence. Alors ne comptez pas sur moi pour vous raconter toutes les mutations, toutes les fluctuations, tous les changements qui se sont produits au cours de l'histoire. Comme dit le père Karl Rahner avec beaucoup d'humour : "Ce n'est quand même pas saint Joseph qui a fabriqué le premier confessionnal."  Le premier confessionnal date du XVIe siècle. Comme disait Jacques Maritain qui n'est pas un farfelu, qui est au contraire l'homme le plus sérieux qui soit, il dit : "ce meuble sinistrement cocasse". En effet, le confessionnal un meuble "sinistrement cocasse" ça date du XVIe siècle. C'est un cardinal, c'est un très saint homme, saint Charles Borromée, qui a institué à Milan cette espèce de meuble "sinistrement cocasse".

Alors, j'emprunte à un journal qui s'appelle Le Monde,  sous la signature de Robert Solé, qui est correspondant du Monde à Rome pour les choses religieuses,  il a fait un article excellent pour résumer en quelques mots cette histoire compliquée du sacrement de pénitence. Figurez-vous que ce n'est qu'au IIIe siècle que s'est fixée une discipline pénitentielle réservée aux fautes graves, pratiquée une seule fois dans la vie. Une seule fois. La confession apparaît alors comme l'unique planche de salut après le baptême. Une fois. L'acte est public mais l'aveu est privé et les peines d'une très grande sévérité. On vous donnait pour pénitence d'aller à Jérusalem, ou d'aller à Saint Jacques de Compostelle, en Espagne. Et à cause de ça les gens hésitaient à se confesser et attendaient la fin de leur vie pour qu'on ne leur donne pas - alors qu'ils étaient des vieillards - comme pénitence d'aller à Jérusalem ou à Saint Jacques de Compostelle. L'expiation s'accompagne d'une véritable excommunication qui peut se prolonger à perpétuité. Et cela poussera nombre de chrétiens à ne demander la pénitence que sur leur lit de mort. Ce n'est qu'au VIIe siècle que la confession telle que nous la connaissons a été importée en France par des moines venus d'Irlande. Alors progressivement, à partir de cette date,  la confession devient privée, périodique et puis, à partir du IVe concile de Latran, c'est-à-dire 1215, elle devient obligatoire une fois par an pour les péchés mortels. Cette évolution s'accompagne d'une liberté pour le pénitent de choisir son confesseur et d'une obligation pour celui-ci de garder rigoureusement le secret : c'est l'origine du secret de confession. mais les fautes graves jugées particulièrement  scandaleuses comme l'inceste, le parricide ou l'hérésie, devront encore, pour un temps, faire l'objet d'une pénitence publique.

Le confessionnal fait son apparition au 16e siècle. Et savez-vous pourquoi on a inventé le confessionnal ? Robert Solé dit les choses avec discrétion : "ce meuble destiné à séparer le pénitent du confesseur semble avoir été créé dans un souci de décence à une époque où les mœurs étaient quelque peu relâchées." C'est très bien dit, c'est discrètement dit ! Il n' y a pas tellement longtemps, le code de droit canonique précisait : [le code de droit canonique d'alors était celui promulgué en 1917 remplacé par un nouveau code en 1983. Lorsque cette conférence a été donnée vers 1973/1975 ce code était déjà en cours de révision. Note de l'auteur de ce blog.]. Ce code précisait que "la grille à travers laquelle se parlent le prêtre et le pénitent doit être fixe ! et munie de trous étroits ! L'article que j'ai sous les yeux est de 71. Donc en 71 il était toujours interdit d'accorder aux femmes l'absolution en dehors du confessionnal. Or, des enquêtes ont montré que c'était elles qui souffraient le plus du caractère rébarbatif de ce meuble, "sinistrement cocasse" comme dit jacques Maritain dans son dernier ouvrage. Bon, c'est vous dire qu'il ne faudra pas vous étonner si des changements profonds ont lieu dans le rite du sacrement de pénitence. Vertu de pénitence : rien de plus fondamental. Ça touche au fond de Dieu [voir les posts précédents sur ce sujet]. Sacrement de pénitence : l'Eglise ne l'abandonnera jamais. Le rite du sacrement de pénitence : je ne suis pas prophète. Comment les choses se passeront-elles demain ? Certainement il y aura multiplication des cérémonies pénitentielles. Les cérémonies pénitentielles ont une raison d'être très profonde car il y a des péchés collectifs, il y a des péchés de "milieu", des péchés de classe sociale,  des péchés de nation... Nous participons à un péché qui est collectif, et il est bien certain que pendant trop longtemps, nous avons considéré le péché comme étant quelque chose de purement individuel. Il se peut qu'à l'heure actuelle on exagère en sens inverse. Il se peut que, mettant très fortement l'accent et avec raison sur l'aspect collectif de la pénitence, on oublie qu'il y a des responsabilités qui sont très personnelles et très individuelles ; et c'est la raison pour laquelle je pense pour ma part qu'on ne supprimera jamais la confession auriculaire. Seulement, il faudra qu'une éducation se fasse auprès des chrétiens pour qu'ils ne cherchent pas dans le sacrement de pénitence l'équivalent d'une psychanalyse. En première approximation, en surface, on serait tenté de dire : absolution collective, cérémonie pénitentielle pour le peuple chrétien, pour les péchés du peuple chrétien. Les cas particuliers alors cela relève de la thérapeutique psychologique ou psychanalytique. Non. Jamais vous ne m'entendrez dire une chose pareille. Je pense que le sacrement de pénitence et la psychanalyse ne se situent absolument pas sur le même plan. 

                                                       .... à suivre prochain post.

                                                               François Varillon s.j 

 

 

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