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Prier les Psaumes (6) : Jésus priait les psaumes

88. (suite)

Prier un psaume ne peut se faire que dans l'Esprit. Aussi la signification de chaque psaume dépend-elle de l' Esprit dans lequel il est lu ou prié. Comme toute parole de Dieu, chaque psaume a sa vie propre. Il commence comme une petite semence, il germe, il grandit et s'épanouit. En soi, son avenir est illimité. Dans l'Ancien Testament, le psaume ne chantait qu'une ébauche du Royaume de Dieu. Avec les mots du même psaume, Jésus parle du Royaume déjà présent dans sa personne. Et l'Esprit Saint l'utilise encore aujourd'hui dans l'Eglise pour soutenir son attente. La Parole ne sera épuisée que lorsque Dieu sera tout en tous.

Le psaume est ainsi en relation étroite avec l'histoire du Salut, depuis le premier Adam, dans la venue de Jésus, second Adam, jusqu'à son retour à la fin des temps. Parce que la Parole est inspirée par le Pneuma de Dieu, elle peut, en cours de route, signifier toujours mieux la réalité croissante du Peuple de Dieu. Au rythme de l'Esprit, chaque Parole grandit corrélativement 89 à l'histoire du salut qui progresse. 

Cela s'est fait pour la première fois, une "fois"  décisive et définitive, lorsque Jésus priait les psaumes. Le  même processus se prolonge chaque jour dans le croyant qui accueille en lui la Parole  et la chante à nouveau par le moyen du psaume. Pour celui qui ne vit pas, ou ne vit que trop peu de Jésus et de l'Esprit, le psaume est mort et appartient à l'Ancien Testament. Celui-là ne peut pénétrer au-delà de la lettre, grossière et humaine. Mais pour celui qui vit de l'Esprit communiqué par Jésus, le psaume est lui aussi vivant. Avec celui qui grandit dans ce même Esprit, le psaume grandit lui aussi. Pour celui-là des perspectives  toujours nouvelles montent à l'horizon de la Parole. Les limites se distendent  et craquent. Jésus et son Royaume sont déjà près de lui.  

Il ne faut donc pas craindre de s'habituer jamais aux psaumes. Ils ne peuvent susciter aucun ennui, à condition que l'on grandisse au rythme de leur dynamisme interne, avec l'Esprit qui les inspire et les garde vivants. Cela suppose qu'on s'ouvre de plus en plus à l'Esprit et qu'on se livre à Lui. De même que l'homme extérieur en nous diminue de jour en jour, tandis que l'homme intérieur grandit, ainsi la lettre du psaume s'efface pour nous, comme une écorce devenue superflue, tandis que sa teneur en Pneuma, sa force spirituelle est toujours plus clairement ressentie. Ces deux développements sont corrélatifs. L'un dépend de l'autre  et réagit sur l'autre. Celui qui vit selon la chair et en qui les œuvres de la chair tuent l'Esprit, ne retrouve dans le psaume que la chair et demeure enfermé dans la lettre de sa parole humaine. Celui qui vit dans l'Esprit, retrouve aussi l'Esprit dans les psaumes, sans contrainte ni effort, loin de l'acrobatie artificielle de certaines applications subtiles.

                                                                          A suivre...

 

André Louf - Seigneur apprends-nous à prier - Ed. Lumen Vitae - ISBN 2-87324-000-8

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