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l'évangile vécu

Philippiens 2, 1-11

(...) Faites-vous naturaliser dans l’Évangile.

Comme le souligne Paul en chantant l'exaltation auprès du Père de celui qui s'est ainsi mis tranquillement à la dernière place (comme le dirait si bien Charles de Foucauld), c'est cette vie-là qui serait notre vraie vie, qui assurerait notre joie, qui comblerait notre soif d'accomplissement. Cette vie-là, et non pas celle que nous menons si souvent et où nous sommes, selon la description de l'apôtre, intrigants et vantards, assurés d'être supérieurs aux autres et décidés à le leur faire sentir, préoccupés de nous-mêmes plus que des autres, revendiquant d'être pareils à Dieu en prétendant nous passer de lui, et décider par nous-même du bien et du mal comme Adam sous la suggestion du serpent.

Voudriez-vous donc avec moi jouer aux portraits ? Un jeu très sérieux, vous vous en doutez. Il consiste à se souvenir de toutes les personnes que nous avons rencontrées et qui, d'une manière qui ne nous avait pas toujours frappés sur le moment, réalisaient au moins partiellement le portrait du Christ humble et serviteur. Car cette race existe bel et bien parmi nous. Il y a de tels êtres. Ils ne se recrutent pas forcément parmi les pratiquants les plus assidus. (...)

Voici par exemple ceux qui ne se vantent pas, mais qui font le travail, et il est bien fait. Dans toute famille, en toute communauté, il y en a. S'il n'y en avait pas, quel chaos ce serait ou quel foyer glacial ! Ils ne rechignent pas, ne se dérobent pas : ce qui doit être fait est fait. Au jour le jour, chaque chose à son moment. Ainsi fut, je pense, Marie à Nazareth, ainsi sont d'innombrables mères de famille, d'innombrables anonymes au dévouement inlassable, d'innombrables êtres qui sont occupés à servir les autres, sans même penser qu'ils pourraient au moins tirer gloire du titre de serviteur, aujourd'hui si fiévreusement recherché par l'opinion chrétienne. On ne songe même pas à les remercier parce qu'ils agissent avec une telle justesse que tout sous leurs mains semble aller de soi. (...)

Évoquons aussi ceux qui ne proclament pas à tort ou à travers  les louanges de l'amour, mais qui aiment "en acte.... et véritablement".  Ils sont ainsi : ils aiment et ça rayonne d'eux. (...) Comme il y aurait encore à dire ! Par exemple à évoquer ceux  qui auraient bien des raisons de désespérer de la vie, ou de leur santé, ou de leur réussite, ou de leur conjoint, mais qui tiennent bon, nullement par résignation ou lâcheté, mais en sachant ce qu'ils font. Et encore  ceux qui auront peiné pour un certain résultat , et ce sont d'autres qui s'en attribuent la gloire. (...)

J'ai rencontré de tels êtres. Pas très nombreux, mais ils m'ont toujours donné envie d'essayer de leur ressembler, et j'estime que ce sont eux qui sont la vraie gloire de l'homme. A la manière de Jésus.

 

Albert-Marie Besnard - Du neuf et de l'ancien - Cerf 1979. pp 52 et sv.

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