Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

purification

  • Cette grande vision

    Textes tirés du livre " Amour sans limites " par Un moine de l’Église d' Orient - Ed. Chevetogne 1971

     

    13

    Le feu jaillit du buisson qui brûle, sans que pourtant la flamme anéantisse le buisson. 

    Approche-toi du Buisson Ardent, mon enfant, et considère la grande vision et pourquoi le buisson brûle et n'est point consumé.

    Le feu qui brûle le buisson sans le consumer est un feu qui ne se nourrit d'aucun apport étranger. Par lui-même il subsiste. Et de lui-même il se propage, à l'infini.

    Ce feu ne détruit pas le bois du buisson. Il purifie le bois. Il fait disparaître ce qui, dans le buisson, est seulement ronce ou épine. Mais il ne déforme pas. Il respecte les structures originelles, lors même que s'évanouissent les excroissances. Il renouvelle sans tuer. Il rend feu le bois lui-même, et ce feu dure.

    Sans doute, selon l'interprétation la plus simple, la plus élémentaire, tu peux voir dans le Buisson Ardent l'expression d'une protection 14 divine qui, à travers toutes les brûlures et toutes les douleurs, maintient l'existence. Tu peux y voir, mon enfant, l'affirmation d'une Pitié suprême, d'une Miséricorde préservatrice. Tu peux y voir aussi le signe d'une Purification divine douloureuse, mais qui libère.

    Le Buisson Ardent a cependant un sens plus profond. Il apporte une Révélation relative à ton Dieu, à ton Seigneur lui-même.

    Le Buisson Ardent est une expression de la nature divine. Dans la flamme du buisson, tu peux entrevoir ce que je suis. Ton Seigneur, le Seigneur Amour, n'est-il pas un feu dévorant ?

    Comme la flamme du Buisson, je suis l'Amour qui se donne sans jamais s'épuiser. Je suis la générosité qui ne connaît aucune mesure. On ne peut dire à mon Amour : jusque-là et non plus loin.

    Je suis l'Amour qui toujours tend à incorporer et assimiler tous les éléments humains qu'il rencontre (et à l'origine desquels il est). Pas plus que le feu ne détruit le bois du buisson, je ne détruis les hommes que j'ai créés. Je veux seulement faire disparaître ce qui, dans un homme, contredit l'essence de l'Amour.

    Je prends et je fais mien. Je transforme et je transfigure. Je vivifie. Je transpose sur un autre plan, sur un plan plus haut.

    15 Celui qui aime s'unit à ceux qu'il aime. Je m'unis à vous, mes bien-aimés. Et cependant il ne peut y avoir de confusion entre moi, qui suis l'Amour, et vous, qui avez l'Amour.

    Oh, vois-tu maintenant la grande vision ? Vois-tu la flamme que personne n'allume, mais qui jaillit de mon Cœur même, la flamme qui est moi ? Vois-tu l'incendie divin s'étendre sur le monde ? L'univers entier est le Buisson Ardent.

     

  • décentrement de soi

    La foi identifiée à un acte de liberté privilégie l'attitude intérieure sur l'adhésion extérieure. Jésus, à la suite des prophètes, a opposé la droiture de conscience et la pureté d'intention à l'hypocrisie d'une religion ritualiste. La Parole que Dieu nous adresse en son Fils appelle à croire tout simplement en l'amour dont elle témoigne, un amour efficace, capable de recréer l'humain jusqu'à le rendre digne de Dieu pour la vie éternelle. Cet amour divin, décentré de lui-même, se donne à chacun(e) d'une manière unique. Il est descendu au plus profond de la perdition pour ouvrir à la lumière le plus ténébreux. D'une parole, il relève sans le briser le roseau froissé et, de son souffle, il éveille la mèche qui faiblit (cf. Is 42,3). Croire, c'est alors prier, être présent à quelqu'un, écouter, accueillir. C'est offrir sa vie à celui qui en est le sens, la justification et le fondement ultime.

    Il ne faudrait pas déduire de cela que la qualité de l'acte de foi se mesure à la ferveur sensible de la prière. Il se vit au contraire à travers tous les états de la conscience, des plus heureux aux plus sombres en passant par cette banale aridité que la fidélité appelle à traverser humblement. Il n'est pas synonyme par exemple de certitude paisible, car l'angoisse du doute n'empêche pas de le poser. La décision de croire peut en effet passer par des heures plus difficiles lorsque l'épreuve fait basculer la vie dans le non-sens. Croire, c'est alors parfois perséverer sans but dans l'ouverture du coeur. Et pourtant, la prière comme acte de foi met réellement en relation avec Dieu tel qu'il est en lui-même, par-delà les modalités de sa présence et de son action. Elle est communion avec lui dans la foi quelle qu'en soit l'expérience sensible. Elle est relation d'amitié, dialogue, jeu incessant de la liberté, du désir et de l'intelligence. Elle est parfois silencieux abandon du cœur à la Parole qui l'habite.

    Certes, nous espérons connaître cette douce dilatation intérieure, cette libération de la source des larmes, cette paix incompréhensible et donnée. Nous aspirons à ce sentiment de plénitude qui surgit parfois dans la joie d'exister, la certitude d'être. Cependant, nous ne devons jamais nous attacher à quelque forme d'expérience, car la foi, en tant que relation à l'Autre, est décentrement de soi. Accueillir la Parole, c'est consentir plus  radicalement à certaines heures, à cette perte qui est au cœur de l'annonce évangélique : « Appelant à lui la foule en même temps que ses disciples, il leur dit : Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se  charge de sa croix, et qu'il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Évangile la sauvera » (Mc 8,34 s). Le renoncement qu'implique la marche à la suite de Jésus peut être directement le fruit d'un choix positif comportant exigences et ruptures. Il peut se vivre aussi plus prosaïquement en accueillant avec foi les épreuves qui affectent notre vie matérielle ou affective. Il peut enfin concerner directement notre relation à Dieu à travers l'expérience de la nuit spirituelle. Jean de la Croix insiste sur cette purification continuelle de la foi comme condition de son authenticité.

    Olivier Rousseau - L'inconnu en chemin - DDB, 2008. pp 85-86