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  • avec nombre, poids et mesure

    (...) Certains, nous le savons bien, divisent l'Evangile de Jean en y distinguant des couches successives. C'est possible ; il est même possible que ce soient des disciples de Jean qui l'aient achevé, qui y aient mis la dernière main. Quant à la composition du livre, on ne saura jamais avec certitude comment elle a été réalisée, mais n'oublions jamais que l'Evangile de Jean ne nous est pas donné en premier lieu pour que nous cherchions comment il a été composé, mais pour qu'à travers lui nous découvrions d'une manière plus profonde le mystère de Jésus, Envoyé du Père.

     Or c'est toujours la finalité d'un message - et non la manière dont il a été composé - qui nous permet de comprendre pleinement ce message. D'autre part, ce n'est ni la connaissance de son origine, ni celle de sa composition qui nous permet de découvrir la finalité d'un écrit. Dès lors, comment pourrait-on prétendre - comme le font certains - qu'il ne faut surtout pas chercher un ordre dans l'Evangile de saint Jean puisqu'on peut y découvrir différentes couches ?

    Rappelons-nous toujours cette parole de l'Ecriture que saint Augustin et saint Thomas aimaient tellement et que tout théologien doit aimer beaucoup : " Tu as tout réglé avec nombre, poids et mesure " (Sg 11,20) Or, si l'évangile de Jean est le dernier moment de la Révélation, c'est donc, parmi les oeuvres de Dieu, l'une des plus grandes. La grande gloire de Jean au ciel, c'est bien sûr d'avoir aimé le Christ comme "le disciple bien-aimé" ; mais n'est-ce pas aussi d'avoir écrit son Evangile ? Il faut souvent le remercier de nous l'avoir donné. 

    Si toutes les oeuvres de Dieu "sont faites avec nombre (c'est-à-dire avec ordre), poids et mesure", l'Evangile de Jean, le dernier écrit de toute la Révélation, doit impliquer lui aussi un ordre, un poids et une mesure. Je suis persuadé que, quoi qu'on en dise parfois, l'Evangile de Jean n'implique aucun désordre, mais qu'il implique au contraire un ordre de sagesse, un poids d'amour, une mesure de sagesse. Evidemment, si on est trop cartésien, on risque d'être déçu, car on ne découvrira sûrement pas l'ordre de Descartes dans l'Evangile de Jean. Mais si on va plus loin en priant l'Esprit Saint, alors on découvrira progressivement l'ordre de la sagesse de Dieu dans cet ultime moment de la Révélation.

    M-D. Philippe - Suivre l'Agneau pp. 233-234 - ISBN : 2-35117-001-6

     

  • Au départ il y a eu Ephèse

    (...) Nous avons jusqu'ici regardé le premier chapitre de l'Evangile de saint Jean. Il reste donc encore beaucoup à découvrir. Il faudrait continuer cette lecture de l'Evangile selon saint Jean jusqu'au bout et ensuite, regarder la première épître [de Jean] et l'Apocalypse (puisqu'il faut regarder l'Apocalypse dans la lumière de l'Evangile de Jean). Si on faisait cela, on pourrait renouveler toute la théologie, car toute la théologie doit être renouvelée à travers Jean. N'est-ce pas précisément ce que Vatican II réclame de nous ? Il nous faut reprendre tout dans la lumière johannique, et c'est peut-être le rôle très particulier de la France - c'est pour cela qu'elle est tellement secouée - puisque le premier évêque de Lyon, saint Irénée, était disciple de saint Polycarpe, lui-même disciple de saint Jean. Il est important de regarder ces choses-là, car cela montre que nous sommes reliés à Jean d'une manière très particulière. Au point de départ il y a eu Ephèse, l'Eglise de Jean, qui est l'Eglise de la ferveur (cf. Ap 2,4). Mais l'Eglise de Jean ne doit-elle pas demeurer jusqu'au retour du Christ ? "S'il me plaît qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ?"...

    M-D. Philippe - Suivre l'Agneau - Ed Saint Paul 2005 p. 231 - ISBN : 2-35117-001-6

  • le témoin, le serviteur et l'ami

    (..) La grâce chrétienne est donc en premier lieu une grâce d'amour et d'intimité avec l'Agneau ; c'est le mystère de l'oraison et de la contemplation. Cela, c'est premier. On n'est chrétien que quand on aime, et qu'on aime d'une manière telle qu'on demeure auprès de l'Agneau. C'est tout le mystère de l'oraison, qui est une exigence fondamentale de la vie chrétienne.

    La grâce chrétienne va faire de nous des témoins. André, c'est le témoin, le témoin auprès de Simon. (...) André est à l'origine de la vocation de Simon - qui est devenu Pierre - et cela nous montre la grandeur du témoignage. Le témoin au sens fort, c'est celui qui est à l'origine de la vocation de Pierre.

    Troisième dimension de la vocation chrétienne : elle implique le service. Ne confondons pas témoignage et service, car ce n'est pas la même chose. Quand on fait la cuisine, quand on épluche des légumes, on n'est pas témoin, on est serviteur. Le serviteur est toujours caché. Chacun de nous a un service plus ou moins caché : son travail. C'est le serviteur qui travaille. Et le travail est la seconde grande rectification de notre vie. Il y a en effet deux grandes purifications dans notre vie : l'adoration et le travail. Le travail nous maintient dans un équilibre sain et purifie notre imagination, notre sensibilité. (...)

    Quatrième dimension :  la vie chrétienne doit être vécue dans la gratuité - cela, c'est la vocation de Philippe : "Suis-moi ", un appel tout à fait gratuit. La contemplation, le témoignage, le service, doivent être vécus dans la gratuité, toujours. Nous sommes des "serviteurs inutiles "(cf. Lc 17,10) Cette question du service est très importante - surtout dans le monde d'aujourd'hui. Il est difficile d'être de vrais serviteurs. On accepte d'être témoin (c'est tellement beau !), on accepte d'être des amis (très bien!) mais le serviteur...c'est moins attrayant ! (...)

    M-D Philippe - Suivre l'Agneau - Ed. St Paul 2005 pp.  224-226. ISBN : 2-35117-001-6

  • Sur Jésus qui passait

    Fixant les yeux sur Jésus qui passait... Le témoignage de Jean-Baptiste est un témoignage contemplatif : fixant les yeux sur Jésus qui passait. Il est "en arrêt", dans une attitude contemplative, tout entier pris par l'Agneau. Fixant les yeux sur Jésus qui passait, il dit : " Voici l'Agneau de Dieu (...), Jean-Baptiste ne dit que cela... Les deux disciples, l'entendant parler ainsi, suivirent Jésus.

    M-D. Philippe - Suivre l'Agneau - Ed Saint Paul 2005 p. 203-204 - ISBN : 2-35117-001-6

  • S'il venait ce soir

    (...) Cela est très significatif pour nous. tous les chrétiens attendent le retour du Christ. Ils sont bien obligés, puisque les Actes des Apôtres nous disent, au moment de l'Ascension du Christ, qu'un jour il reviendra (cf. Ac 1,11). Ils l'attendent en disant : " Pas tout de suite, Seigneur ! ", parce que, ayant jeté un coup d'oeil à l'Apocalypse sans essayer de la lire en profondeur, ils sont affolés : "C'est effrayant, les derniers temps ! L'Eglise n'en est qu'au début de son pèlerinage !" Ils disent attendre, mais en réalité ils n'attendent pas du tout. C'est une espérance messianique temporalisée, politisée. Ils attendent la libération de l'humanité pour elle-même, ils n'attendent pas vraiment le retour du Christ. Pour l'attendre, il faut être un pauvre qui n'a rien à perdre et qui a soif du retour de Jésus. Celui-là seul l'attend vraiment. 

    Demandons-nous si nous attendons vraiment le retour de Jésus, si dans notre coeur il y a cette soif ardente, cette soif de le rejoindre, d'être avec lui éternellement ; ou bien si, au contraire, nous sommes trop occupés de notre avoir, de nos opinions, en considérant que notre gloire humaine n'est pas encore suffisamment achevée. " Je n'ai pas encore dit tout ce que j'avais à dire ! Il ne faut surtout pas que le Christ arrive avant ! Il ne faut pas que le Christ arrive avant que l'humanité soit parfaitement épanouie, qu'elle soit adulte." Mais si l'on attend que l'humanité arrive à une sorte de splendeur et de gloire humaines, après quoi le Christ reviendrait pour couronner cela, alors on attend pas vraiment le retour du Christ.   On ne peut l'attendre que comme celui qui seul nous donne l'amour, comme le feu du Ciel qui doit tout transformer. Chacun de nous doit faire ce petit examen de conscience, c'est excellent. C'est là qu'on voit combien il est difficile d'être chrétien ! Parce que cela nous demande un grand déracinement.

    Il faut accepter de reconnaître que nous sommes encore très enracinés et que nous avons beaucoup de peine à attendre le retour du Christ. Il faut reconnaître que nous ne sommes pas encore totalement chrétiens, que nous avons beaucoup d'attaches à quantité de choses, et que nous avons de la peine à désirer le retour du Christ.

    Si le Christ devait revenir ce soir, combien parmi nous seraient-ils dans la joie, dans la vraie joie, la joie plénière en disant : "Enfin, il est là !" Ne dirions-nous pas au contraire : " Mais je suis encore trop jeune, j'avais tellement de choses à faire et à voir !  (...) Pour ceux qui sont au terme de leur vie, très bien, ils ont vécu, mais nous ? Attendez encore un peu, Seigneur, laissez-nous réaliser quelque chose ! " (...) Attendre le Christ comme devant venir ce soir exige de nous de l'attendre comme de vrais pauvres, c'est-à-dire en comprenant que ce ne sont pas nos réalisations que Dieu regarde avant tout, mais bien plutôt les désirs de notre coeur (cf. Catherine de Sienne). Comme c'est apaisant !

    Marie-Dominique Philippe - Suivre l'Agneau (t1) - 1 ère édition, 1978. 3 ème tirage : Ed St Paul 2005 pp.195-196 (ISBN : 2-35117-001-6)

  • le Vivant

    Chaque fois qu'on nous demande pourquoi nous sommes chrétiens, chaque fois que nous sommes en face d'un athée, de quelqu'un qui ne croit plus, n'oublions jamais que nous sommes chrétiens parce que le Christ est vivant. Le Christ, mort, est ressuscité. Il est vivant et il est proche de nous, il habite en nous par la foi. Nous avons donc, si notre foi est vivante, un contact direct avec lui. Si nous avons une foi contemplative, personnelle, si notre foi est libre, alors nous sommes en contact direct avec Jésus et il n'y a pas de distance entre lui et nous. Jésus est plus proche de nous que nous le sommes de nous-mêmes, puisqu'il habite en nous par la foi et qu'il est source de notre grâce, actuellement. (...)

    Comprenons bien qu'il y a deux connaissances de Jésus. Il y a d'abord une connaissance selon les traditions religieuses et familiales. Si nous appartenons à une famille chrétienne, on nous a parlé du Christ dès notre enfance. C'est bien, c'est très heureux, c'est un patrimoine merveilleux, mais à un moment donné nous avons compris que nous étions chrétiens, non pas parce que nous appartenions à telle ou telle famille, mais parce que le Christ est vivant, parce que c'est lui qui nous choisit et que nous avons ce lien direct avec lui. C'est lui qui nous appelle, c'est lui que nous suivons. Si nous sommes chrétiens, ce n'est pas pour être fidèles à nos parents ou à nos grands- parents (...) la raison première, c'est ce lien direct que nous avons avec celui qui est l'Agneau de Dieu. Il faut demander à l'Esprit Saint cette révélation de l'Agneau de Dieu (...)

     

    Marie-Dominique Philippe - Suivre l'Agneau (t1) - 1 ère édition, 1978. 3 ème tirage : Ed St Paul 2005 pp.187 (ISBN : 2-35117-001-6)