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30. Sagesse du désert - La liberté intérieure

Va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres, et puis prends la croix, renie-toi toi-même pour pouvoir prier sans distractions.

Evagre Le Pontique – Prière 17

 

 

 

Evagre reformule ici, de manière originale, les paroles de Jésus indiquant ce qu’il faut faire pour le suivre. Dans l’Évangile de Matthieu, Jésus dit au jeune homme riche : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ! » (Mt 19,21). Evagre compare donc le fait de suivre Jésus avec la prière sans distraction. C’est une audacieuse réinterprétation de la prière de Jésus. On suit réellement Jésus à travers la prière, la contemplation.

La condition nécessaire à la prière sans distraction est, pourtant, de vendre et de donner aux pauvres tout ce à quoi nous sommes attachés, tout ce dont nous dépendons. Nous devons nous libérer de tout ce que nous possédons. Cela n’est pas seulement valable pour nos possessions matérielles mais pour tout ce avec quoi nous nous identifions : nos habitudes et nos pensées, notre travail et nos préoccupations, notre succès et notre bonne réputation. La liberté intérieure est le préambule nécessaire à une prière qui nous fonde en Dieu.

Evagre recense un dernier préambule nécessaire à la contemplation : prendre notre croix. La croix est le point de rencontre de tous les opposés. Nous devons donc accepter tous les contraires qui vivent en nous, y compris les zones d’ombre qui assombrissent l’image idéalisée que nous avons de nous-mêmes. Et prendre sa croix signifie dire « oui » à tout ce qui croise notre chemin, dire « oui » à la douleur qui nous frappe, aux échecs, relations brisées, aux fractures de notre histoire.

C’est seulement quand nous nous réconcilions avec la croix que la vie charge sur nos épaules que nous devenons capables de prier sans distraction. Seul celui qui s’accepte sans condition peut vraiment prier. Autrement il serait continuellement dérangé par tout ce contre quoi il s’insurge, à l’intérieur de lui.

La voix du désert – Anselm Grün – Parole et Silence, 2006

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