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28. Sagesse du désert - Le rapport avec les passions

Si Moïse, quand il tenta d’approcher du buisson ardent, en fut empêché jusqu’à ce qu’il eût ôté de ses pieds les chaussures, comment toi, qui prétends voir celui qui est au-dessus de toute pensée et de tout sentiment, ne te dégages-tu pas de toute pensée passionnée ?

Evagre Le Pontique – Prière 4

 

 

 

Evagre désire vivement que nous puissions prier sans distractions. Le but de la prière est de se fondre en Dieu, sans que nos pensées ne viennent s’interposer. Cela n’arrivera certainement que si nous nous oublions nous-mêmes dans la prière. Quand je ne me regarde plus moi-même, mais que je regarde Dieu et son amour, alors je suis en Dieu, je me coule dans son amour.

Le premier pas vers la fusion* (voir note) avec Dieu consiste pour Evagre à retirer ses chaussures, comme l’a fait Moïse. Les chaussures symbolisent les passions. Tant que les passions restent en nous, nous ne pouvons pas vraiment prier. Notre prière sera en effet perturbée par la colère, la jalousie, la douleur. […] Nous devons d’abord abandonner les passions. Nous ne pourrons toutefois nous libérer d’elles que si nous nous sommes d’abord familiarisés avec elles et que nous avons lutté contre elles. La manière juste d’agir envers les passions est donc le préambule nécessaire à la réussite de la prière.

Prier n’est pas simplement une technique qui nous permet de nous concentrer sur Dieu. Prier signifie plutôt se fondre dans le Seigneur. Il faut pour cela que chaque partie de nous s’unisse à Dieu, même les passions elles-mêmes. Enlever nos chaussures signifie pour Evagre que nous devons nous détacher de nos passions. Alors nous pouvons les remettre à Dieu, pour qu’il les éclaire et les transforme.

Si nous amenons nos passions avec nous, elles ont barre sur nous. Elles nous empêchent de prier. Retirer ses chaussures signifie pourtant aussi les prendre en main. Je dois avant tout accepter mes passions, je dois les prendre en main et les observer. Puis je peux y renoncer. Je comparaîtrai ainsi devant Dieu les pieds nus, tel que je suis. Les passions ne s’interposent plus entre Dieu et moi. Le feu de l’amour divin peut imprégner et transfigurer mon corps, mon âme, comme il a transfiguré le buisson ardent.

 

La voix du désert – Anselm Grün – Parole et Silence, 2006

 

Note*  de l'auteur de ce blog :

"Le premier pas vers la fusion" écrit Anselm Grün. Est-ce bien la traduction de l'allemand ? On peut se poser la question. Car le but de la vie chrétienne n'est pas d'atteindre une sorte de vie fusionnelle avec Dieu. Le terme de "fusion" pourrait induire en erreur. En effet, nous sommes appelés à participer à la vie même de Dieu (dans la foi, durant notre vie sur terre et dans la pleine vision après notre mort). Mais ce ne sera pas fusionnel. L'Amour suppose l'altérité. Il faudrait reprendre des passages de St Paul pour approfondir cette notion, mais ce n'est pas le sujet de cette série de textes.  

 

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