Introduction au psaume :
"Vous mourrez"
« Ne soyez pas nombreux… à assumer l'office de docteurs, dit saint Jacques ; vous savez que nous n'en serons que plus sévèrement jugés » (Jc 3,1).
Ceux qui ont à remplir parmi leurs frères une charge de « juges », que ce soit dans les affaires séculières ou dans le domaine plus grave où « se lient et se délient » les consciences, ne peuvent que réciter ce psaume avec émotion.
Dieu, Juge des juges, sera sévère.
La mise en scène, pour ce Tribunal des tribunaux, est impressionnante : c'est un réquisitoire, et un verdict.
L'office du juge est grand, et le psaume ne craint pas d'appeler « dieux » suivant un mot que confirme notre Seigneur lui-même (Jn 10,34), ceux qui ont reçu mission en son nom :
Dans l'assemblée divine, Dieu préside ;
entouré des dieux, il juge.
C'est pourquoi l'abus de confiance est grave, impardonnable. Collaborer avec Dieu c'est travailler aux mêmes fins que lui, pour une Justice qui dépasse finalement la justice tout court, et qui sert la cause non des plus grands mais des petits, et en fin de compte leur salut :
« Combien de temps jugerez-vous sans justice,
soutiendrez-vous la cause des impies ?
« Rendez justice au faible, à l'orphelin ;
faites droit à l'indigent, au malheureux.
« Libérez le faible et le pauvre,
arrachez-les aux mains des impies. »
C'est pourquoi le verdict est terrible : Dieu écrase l'orgueil du juge inique qui a déconsidéré la justice et servi, au nom de Dieu, la cause du mal :
Mais non, sans savoir, sans comprendre, +
ils vont au milieu des ténèbres :
les fondements de la terre en sont ébranlés.
« Je l'ai dit : Vous êtes des dieux,
des fils du Très-Haut, vous tous !
« Pourtant, vous mourrez comme des hommes,
comme les princes, tous, vous tomberez ! »
Lève-toi, Dieu, juge la terre,
car toutes les nations t'appartiennent.
L'épître aux Hébreux demande qu'on prie pour ceux qui doivent « rendre compte des âmes" (He 13,17) : il y a lieu. Et les paroles de Jésus font écho au psaume : « Malheur à vous, guides aveugles… » (Mt 23,16)