Introduction au psaume :
Les années lointaines…
« Se souvenir ! » c'est un devoir et c'est une nécessité. Chaque âme a son histoire où elle peut relever, perceptible à elle seule, la trace des pas de Dieu. Une histoire qui peut être pour elle, ainsi fixée est retenue, une garantie merveilleuse, car la main qui a commencé de tracer la ligne continuera.
Le peuple de Dieu a son histoire. L'Église « se souvient » : le mot même se trouve sur ses lèvres dans la liturgie du Vendredi-Saint, à l'instant où elle redit la prière du Seigneur, et chaque jour à la messe, aussitôt après la Consécration.
Car désormais ce n'est plus seulement de la Mer Rouge et des merveilles de l'Histoire Sainte, mais de la Passion et de la Résurrection qu'elle se souvient : tout ce qui s'est passé d'abord était fait pour figurer cela (1 Cor 10,11) et ce passé nous aide seulement aujourd'hui à mieux comprendre ce qu'il figurait et que nous avons vécu.
C'est l'Église en nous qui se souvient, car la prière continue dans la misère présente sa recherche laborieuse de Dieu :
Vers Dieu, je crie mon appel !
Je crie vers Dieu : qu'il m'entende !
Au jour de la détresse, je cherche le Seigneur ; +
la nuit, je tends les mains sans relâche,
mon âme refuse le réconfort.
Alors le souvenir du passé, si douloureux qu'il soit, devient une douce assurance :
Je me souviens de Dieu, je me plains ;
je médite et mon esprit défaille.
Tu refuses à mes yeux le sommeil ;
je me trouble, incapable de parler.
Je pense aux jours d'autrefois,
aux années de jadis ;
la nuit, je me souviens de mon chant,
je médite en mon coeur, et mon esprit s'interroge.
Le Seigneur ne fera-t-il que rejeter,
ne sera-t-il jamais plus favorable ?
Son amour a-t-il donc disparu ?
S'est-elle éteinte, d'âge en âge, la parole ?
C'est si dur de penser que Dieu semble loin et changé :
Dieu oublierait-il d'avoir pitié,
dans sa colère a-t-il fermé ses entrailles ?
J'ai dit : « Une chose me fait mal,
la droite du Très-Haut a changé. »
Mais le souvenir revient chargé d'espérance, avec le spectacle de la mer ouverte devant les pas du peuple de Dieu :
Je me souviens des exploits du Seigneur,
je rappelle ta merveille de jadis ;
je me redis tous tes hauts faits,
sur tes exploits je médite.
Dieu, la sainteté est ton chemin !
Quel Dieu est grand comme Dieu ?
Tu es le Dieu qui accomplis la merveille,
qui fais connaître chez les peuples ta force :
tu rachetas ton peuple avec puissance,
les descendants de Jacob et de Joseph.
Les eaux, en te voyant, Seigneur, +
les eaux, en te voyant, tremblèrent,
l'abîme lui-même a frémi.
Les nuages déversèrent leurs eaux, +
les nuées donnèrent de la voix,
la foudre frappait de toute part.
Au roulement de ta voix qui tonnait, +
tes éclairs illuminèrent le monde,
la terre s'agita et frémit.
Par la mer passait ton chemin, +
tes sentiers, par les eaux profondes ;
et nul n'en connaît la trace.
Tu as conduit comme un troupeau ton peuple
par la main de Moïse et d'Aaron.
Désormais Dieu n'ouvre même plus la mer. Pourvu que l'un des siens l'appelle et lui fasse confiance, c'est sur les eaux mêmes qu'il marche à la rencontre du Seigneur (Mt 14,29). Souvenons-nous !