Introduction au psaume :
Toi, mon ami !
Jésus a laissé voir à quel point lui avait été cruelle la blessure faite par l'un des siens qui le trahit, " celui qui mettait la main au plat avec lui ", l'un de ceux qui " l'avaient accompagné depuis le commencement " (Ac 1,21).
Tout cela, tout cet amour et toute cette douleur, est contenu dans le simple mot dont Jésus accueille Judas au jardin des Oliviers : " Toi, mon ami, pour faire cela ! (Mt 26,50).
A quoi fait écho non seulement le tragique destin du traître, mais le mot terrible du Seigneur rapporté dans l'évangile de Marc : " Mieux vaudrait pour cet homme n'être pas né " (Mc 14,21).
Ce psaume est celui de la trahison des amis, celle que Paul a connue (2 Cor 11,26), celle qui éprouve toujours si profondément. Elle engendre les plus terribles détresses.
Elle fait voir le monde comme un chaos :
Mon Dieu, écoute ma prière,
n'écarte pas ma demande. *
Exauce-moi, je t'en prie, réponds-moi ;
inquiet, je me plains.
Je suis troublé par les cris de l'ennemi
et les injures des méchants ; *
ils me chargent de crimes,
pleins de rage, ils m'accusent.
Mon cœur se tord en moi,
la peur de la mort tombe sur moi ; *
crainte et tremblement me pénètrent,
un frisson me saisit.
Alors, j'ai dit : « Qui me donnera des ailes de colombe ? +
Je volerais en lieu sûr ; *
loin, très loin, je m'enfuirais
pour chercher asile au désert. »
J'ai hâte d'avoir un abri
contre ce grand vent de tempête ! *
Divise-les, Seigneur,
mets la confusion dans leur langage !
Car je vois dans la ville
discorde et violence : *
de jour et de nuit, elles tournent
en haut de ses remparts.
Au-dedans, crimes et malheurs ;
au-dedans, c'est la ruine : *
fraude et brutalité
ne quittent plus ses rues.
La trahison des amis creuse une plaie affreuse :
Si l'insulte me venait d'un ennemi,
je pourrais l'endurer ; *
si mon rival s'élevait contre moi,
je pourrais me dérober.
Mais toi, un homme de mon rang,
mon familier, mon intime ! *
Que notre entente était bonne,
quand nous allions d'un même pas
dans la maison de Dieu !
Elle appelle en effet - le mot de Jésus le montre - un sévère châtiment. Rien n'est plus odieux au Seigneur que l'hypocrisie dans l'amitié :
[Que la mort les surprenne,
qu'ils descendent vivants dans l'abîme, *
car le mal habite leurs demeures,
il est au milieu d'eux.]
Pour moi, je crie vers Dieu ;
le Seigneur me sauvera. *
Le soir et le matin et à midi,
je me plains, je suis inquiet.
Et Dieu a entendu ma voix,
il m'apporte la paix. *
Il me délivre dans le combat que je menais ;
ils étaient une foule autour de moi.
Que Dieu entende et qu'il réponde,
lui qui règne dès l'origine, *
à ceux-là qui ne changent pas,
et ne craignent pas Dieu.
Un traître a porté la main sur ses amis,
profané son alliance : +
il montre un visage séduisant,
mais son cœur fait la guerre ; *
sa parole est plus suave qu'un parfum,
mais elle est un poignard.
En cette extrémité comme en tout autre, il faut s'abandonner à Dieu :
Décharge ton fardeau sur le Seigneur :
il prendra soin de toi. *
Jamais il ne permettra
que le juste s'écroule.
Et toi, Dieu, tu les précipites au fond de la tombe, +
ces hommes qui tuent et qui mentent. *
Ils s'en iront dans la force de l'âge ;
moi, je m'appuie sur toi !