Introduction au psaume :
Un cœur brisé…
Le Miserere a porté depuis des siècles et des siècles, il a purifié, acheminé vers Dieu les misères spirituelles de l'humanité.
Il risque de s'être usé. Il faut en redécouvrir toute l'admirable et pure beauté. Il faut se laisser emporter dans ce mouvement puissant et sûr qui roule comme une marée pécheresse et, à chaque vague, fait jaillir, sous le soleil de la grâce, la brillante étincelle d'une âme qui rencontre la vérité et la bonté de Dieu.
Chaque verset contient en effet une lumière. On a comparé ce psaume à un joyau : chaque verset en est une facette éclatante. Il importe de dire cette prière de bout en bout, car elle est animée d'une vie qu'il ne faut pas tuer ; mais il faut au passage profiter de la pure et nouvelle lueur qui nous arrive à chaque moment : que Dieu peut effacer et réduire à néant n'importe quelle misère, nous restituer la virginité de notre âme, nous recréer ; que c'est bien contre lui, contre lui seul que nous avons péché, car toute offense au bien, finalement c'est lui qu'elle atteint ; mais surtout que Dieu, en définitive, n'attend de notre part, pour déployer sa générosité, que l'offrande sincère d'un cœur brisé par le repentir.
Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.
Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j'ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait.
Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice,
être juge et montrer ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute,
j'étais pécheur dès le sein de ma mère.
Mais tu veux au fond de moi la vérité ;
dans le secret, tu m'apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur ;
lave moi et je serai blanc, plus que la neige.
Fais que j'entende les chants et la fête :
ils danseront, les os que tu broyais.
Détourne ta face de mes fautes,
enlève tous mes péchés.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
Rends-moi la joie d'être sauvé ;
que l'esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j'enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.
Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur,
et ma langue acclamera ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.
Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas,
tu n'acceptes pas d'holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu,
c'est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu,
un cœur brisé et broyé.
Accorde à Sion le bonheur,
relève les murs de Jérusalem.
Alors tu accepteras de justes sacrifices,
oblations et holocaustes ;
alors on offrira des taureaux sur ton autel.
C'est ainsi que le publicain qui se frappait humblement la poitrine en disant : " Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis " s'en retourna dans sa maison " justifié " (Luc 18,13-14)