Introduction au psaume :
Un homme ne se rachète pas.
Le mystère du monde est grand, il est lourd.
Mais un fait est là, contre lequel ne peuvent rien les prétentions des hommes et leurs fanfaronnades : la mort, cette mort dont l'ombre plane sur toute existence, même la plus favorisée, et qui réduit durement l'humanité à sa " servitude " (He 2,15).
Devant la mort se réalise une égalité totale : la richesse et la puissance cèdent à sa loi. Elle résoud les injustices apparentes. Elle contraint tous ceux qui se flattent de leur avoir et de leur sagesse à se sentir les égaux du pauvre ou du sot dans ce nivellement final. Aucune richesse, aucune habileté ne permettent d'échapper à l'implacable échéance : " Nous sommes entrés en ce monde sans y rien apporter, et nous ne pourrons pas en emporter davantage " ( 1 Tm 6,7)
" Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme ? Ou bien que donnera l'homme en échange de son âme ? " (Mt 16,26)
Tout ce psaume n'est qu'un commentaire à cette pensée qui doit nous être familière. Il commence gravement, car l'énigme est scandaleuse, en effet, de ces hommes qui semblent imperturbablement heureux malgré leur indignité :
Écoutez ceci, tous les peuples,
entendez bien, habitants de l'univers,
gens illustres, gens obscurs,
riches et pauvres, tous ensemble.
Ma bouche dira des paroles de sagesse,
les propos clairvoyants de mon cœur ;
l'oreille attentive aux proverbes,
j'exposerai sur la cithare mon énigme.
Il faut regarder de plus près : la mort à son heure les réduira eux aussi à sa merci :
Pourquoi craindre aux jours de malheur
ces fourbes qui me talonnent pour m'encercler,
ceux qui s'appuient sur leur fortune
et se vantent de leurs grandes richesses ?
Nul ne peut racheter son frère
ni payer à Dieu sa rançon :
aussi cher qu'il puisse payer,
toute vie doit finir.
Peut-on vivre indéfiniment
sans jamais voir la fosse ?
Vous voyez les sages mourir :
comme le fou et l'insensé ils périssent,
laissant à d'autres leur fortune.
Ils croyaient leur maison éternelle, +
leur demeure établie pour les siècles ;
sur des terres ils avaient mis leur nom.
R/ L'homme comblé ne dure pas :
il ressemble au bétail qu'on abat.
Tandis que celui qui aura volontairement, à la suite du Seigneur crucifié, perdu son âme, la retrouvera ( Mt 10,39) au-delà de la mort, " racheté, non contre de l'or et de l'argent périssables, mais par le sang précieux du Christ, l'Agneau sans défaut (1 Pierre 18-19)
Tel est le destin des insensés
et l'avenir de qui aime les entendre :
troupeau parqué pour les enfers
et que la mort mène paître.
A l'aurore, ils feront place au juste ;
dans la mort, s'effaceront leurs visages :
pour eux, plus de palais !
Mais Dieu rachètera ma vie aux griffes de la mort :
c'est lui qui me prendra.
Ne crains pas l'homme qui s'enrichit,
qui accroît le luxe de sa maison :
aux enfers il n'emporte rien ;
sa gloire ne descend pas avec lui.
De son vivant, il s'est béni lui-même :
« On t'applaudit car tout va bien pour toi ! »
Mais il rejoint la lignée de ses ancêtres
qui ne verront jamais plus la lumière.
R / L'homme comblé qui n'est pas clairvoyant
ressemble au bétail qu'on abat.