De l’Évangile selon saint Marc
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?
(...)
Alors Jésus, ayant jeté un grand cri, rendit l'Esprit
Méditation
Et maintenant, Seigneur,
tu n'es plus qu'un réseau de souffrances
l'une par l'autre tendues et multipliées.
Il n'est plus une respiration
qui ne souffle en toi le ravage et l'incendie,
il n'est plus une des fibres de ton corps,
chevillées comme les cordes de la harpe,
qui ne rende la vibration de la douleur.
Et cependant tu dis :
Père, pardonne-leur,
car ils ne savent pas ce qu'ils font.
Ils ne savent pas non plus ce qu'ils disent
quand ils te crient dans ton agonie :
Sauveur, sauve-Toi Toi-même !
Ils ne comprennent pas
que dans ton immobilité effrayante
tu vas les chercher au bout de leur misère
et de leur péché,
jusqu'au fond de leurs ultimes refus
et, plus loin encore,
dans les limbes de leur indifférence.
O Christ !
Tu ne connaissais pas la nuit,
et la voici qui vient
écouter les sombres paroles du psaume :
Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m'as-tu abandonné ?
Ces paroles il fallait que tu les prononces
pour que nul ne puisse dire
que tu n'avais pas connu
la suprême angoisse
de la condition humaine.
Et pour que s'éteignît en toi
la dernière étincelle de cette joie divine
que tu cachais à tes apôtres.
Enfin pour qu'il y eût
au sommet de ton sacrifice
cette éclipse de divinité
qui te fait semblable à nous.
Afin que fût dévié le coup fatal
que nous nous sommes porté
en nous choisissant nous-mêmes
à l'aube de la création.
Et enfin que nous ne soyons plus jamais
seuls dans notre mort.
Tu meurs, O Christ !
A.F
Prière
Seigneur, je vous dois le Salut : merci du plus profond de mon cœur !
Vous m'avez montré comment porter la souffrance et l'unique façon d'en venir à bout : par l'amour.
Je puis la porter à la seule condition de l'accepter comme vous de la main du Père,
à la seule condition de m'abandonner et de m'accrocher à Lui,
à la seule condition d'en faire comme vous une bénédiction pour autrui.
Alors, ma souffrance participera à la toute puissance de la vôtre ; elle appellera la grâce divine et portera secours là même où il n'y a plus rien à faire.
+R.G