[suite de : préliminaires à la prière - 10 ]
Les trois conditions requises pour prier : seconde condition
Pour entrer en prière (en oraison), trois conditions sont requises :
- se placer sous le regard de Dieu, [billets 01 à 06 ]
- purifier son cœur, [billets 07 à 11 ]
- invoquer l'Esprit Saint. [ billets 12 à 14 ]
- conclusion : billet 15
LA PURIFICATION DU CŒUR (suite)
Conclusions pratiques
De l'ensemble de ces textes on retiendra aisément que la purification du cœur s'impose à qui veut s'approcher de Dieu. D'abord, parce que chacun d'entre nous n'étant qu'une créature a besoin de s'humilier devant son Créateur et Seigneur. Reconnaître qu'elle est "l’œuvre de ses mains" (Ps 138,7), qu'elle reçoit tout de Lui, qu'elle est pauvre et insignifiante aux yeux de sa Souveraine Majesté glorifie assurément le Seigneur des Seigneurs, mais encore fait du bien à l'âme. Se remettre à sa vraie place, voilà qui nous assainit radicalement.
En outre, l'homme mis en contact de la présence divine se découvre souillé et misérable. Le geste du publicain naît spontanément en lui-même pour peu qu'il veuille jeter les yeux sur sa misère et regarder le Très-Saint dans la vérité. Enfin, il faudrait ajouter que l'âme aimante éprouve devant l'Amour lui-même comme l'instinct du Prodigue pénitent. Dire "Père, j'ai péché" (Lc 15,18) avant d'oser toute requête, ou simplement avant de jeter un regard sur la splendeur de la maison paternelle - ne nous a-t-il pas appelés "des ténèbres à son admirable lumière" (Lc 2,10) - paraît pour le cœur d'un fils pardonné comme le premier devoir de l'amour.
"Offrir à Dieu un cœur saint et pur de toute souillure actuelle de péché", pour citer un ancien texte du Carmel, résume bien la seconde attitude à susciter lorsque nous passons le seuil de la prière. Alors seulement il nous sera accordé " de boire au torrent".
Comment pratiquement réaliser cette purification ?
"Faire un acte de révérence et d'humilité".
Saint Ignace suggère, au début de l'oraison, un geste physique, par exemple faire une génuflexion, une prosternation, baiser la terre. Beaucoup de psychologie entre dans ce conseil. Au commencement de l'oraison, l'âme est froide, engourdie souvent ; un geste extérieur secouera son inertie et l'inclinera à se modeler sur la position du corps. Cette révérence corporelle peut fort bien s'accompagner de prières pour lui donner meilleure signification.
Réciter le "Confiteor" comme au début de la messe. Répéter quelques versets de Psaumes (...)
L’Écriture nous fournira de plus longs passages pour exprimer cette humilité intérieure, par exemple au Livre de Daniel chapitre 9, etc., ou des phrases incisives telle la prière du publicain répétée à satiété : " Seigneur, ayez pitié de moi." On sait combien la simple invocation " Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur " est devenue la source, dans la piété orthodoxe, d'une véritable mystique de la prière.
Notons enfin qu'il est urgent et bienfaisant, surtout en temps de sécheresse, de recommencer au cours de l'oraison cette humiliation initiale. Chercher sans se lasser, demander sans se décourager, frapper indéfiniment jusqu'à ce qu'on tire le verrou, selon le conseil du Seigneur, n'est-ce pas se tenir comme un mendiant à la porte de la Grâce ? Alors seulement, la conviction de notre totale indigence amènera le Dieu de miséricorde à jeter les yeux sur nous pour nous combler de ses biens.
Pierre Lauzeral s.j
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